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Corinne Marotte (Traducteur)Robert Frank (II) (Préfacier, etc.)
EAN : 9782228902595
383 pages
Payot et Rivages (31/10/2007)
4.31/5   26 notes
Résumé :
L'un des plus grands massacres du XXe siècle s'est déroulé en Chine à la fin de 1937. Le 13 décembre, quelques mois après le début du conflit qu'ils imposent aux Chinois, les Japonais s'emparent de Nankin, alors capitale de la Chine. Durant des semaines, ils vont se livrer à une orgie de violence : tortures, viols, meurtres en masse.

Dans cet ouvrage pionnier, Iris Chang raconte avec force et précision ce qui s'est passé selon le triple point de vue d... >Voir plus
Que lire après Le viol de Nankin : 1937 : un des plus grands massacres du XXe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le documentaire écrit par Iris Chang est un ouvrage que j'ai lu il y a déjà plus d'un an. Impossible pour moi de faire un avis à cette époque. Alors pourquoi aujourd'hui ? Ce documentaire est resté ancré en moi et a plutôt chamboulé ma vie, j'y repense régulièrement et je suis scandalisée de voir que l'on parle très rarement de cet événement. Iris Chang, en se documentant pour écrire et faire connaître cet événement ne s'en est d'ailleurs jamais remise et s'est suicidé. La ville de Nankin a subi un véritable massacre. Je ne rentrerai pas dans les détails des tortures mentales et physiques subit par le peu de survivants tant c'est inhumain.

Iris Chang nous offre ici un documentaire (un des seuls d'ailleurs?) parfaitement documenté et nous prouve finalement que des événements, même de cette ampleur, peuvent être « oubliés » et passé sous silence et c'est cela finalement le plus effrayant.
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The Rape of Nanking : The Forgotten Holocaust of World War II
Traduction : Corinne Marotte

Passionné, douloureux, implacable, ce livre, signé par la petite-fille de Nankinois réfugiés aux USA par miracle, est absolument à lire par tous ceux qui, lassés de la vision réductrice que l'on donne et l'on redonne en Europe de ce que nous appelons la Seconde guerre mondiale, veulent en savoir plus sur la face asiatique de l'horreur qui s'abattit sur le monde à la fin des années trente. On le conseillera aussi aux autres, ne serait-ce que pour qu'ils puissent varier un peu leur sempiternel discours.

Pour la toute jeune République chinoise, dirigée, depuis 1930, par le chef du Kuomintang (ou "Parti nationaliste"), Chiang Kaï-chek, les hostilités avec le Japon, pays qui se posait comme le fédérateur d'une sorte de "Grande Asie" face à l 'Occident et surtout face aux Etats-Unis, avaient démarré, le 18 septembre 1931, lorsque l'armée impériale avait envahi la Mandchourie, terre natale de la dynastie Qing. Cette invasion n'était que le premier acte d'une tragédie qui allait ensanglanter une bonne partie de l'Asie, dont la Chine du Nord et de l'Est, jusqu'en 1945.

Pourtant, il est de tradition de placer le début de la Seconde guerre sino-japonaise le 7 juillet 1937, avec l'Incident du Pont Marco Polo (ou de Lugou) encore que le Japon n'ait déclaré officiellement la guerre à son voisin que le 7 décembre 1941, c'est-à-dire après l'attaque de Pearl Harbour. Mais peu importe la date retenue : ce qui est important, c'est que les Chinois, nationalistes ou communistes, vont résister avec rage à l'avance des troupes impériales et que ces dernières, convaincues par la propagande qu'elles n'auraient guère de mal à triompher de l'ennemi, vont en ressentir un tel dépit qu'elles arriveront à Nankin dans un état de frustration et de haine d'une rare intensité.

C'est cette explication que l'on donne en général non pour justifier mais pour expliquer les atrocités qui se déroulèrent à Nankin pendant six semaines à compter du 13 décembre 1937. ( I - A suivre ...)
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Iris Chang divise son ouvrage en trois parties : le récit de l'invasion planifiée de la Chine orientale, et tout particulièrement de Nankin, du point de vue des Japonais de l'époque ; le Viol de Nankin vu par les Chinois qui survécurent ; le Viol de Nankin vu par les Occidentaux qui, contre vents et marées, s'entêtèrent à rester à Nankin pour tenter de préserver la population.

Parmi ceux-ci, Chang retient les destins d'un Allemand John Rabe, chef du parti nazi de Nankin, et de deux Américains, George Fitch, chirurgien qui ne cessa d'opérer et de soigner les victimes épouvantablement mutilées qui arrivaient dans son hôpital, et Minnie Vautrin, plus tard surnommée par ceux qu'elle avait aidés "la déesse de Nankin".

Tous officiaient dans ce que l'on appelait "la Zone de Sécurité", territoire interdit en principe aux soldats japonais mais qui dut cependant supporter bien des attaques, de jour comme de nuit, de la part de simples troupiers avides de femmes à violer comme de hauts gradés qui recherchaient eux aussi le sexe et le meurtre.

Que dire ici sur tous ces gens qui aimaient tellement la Chine et son peuple qu'ils risquèrent leur vie pour eux ? Simplement que Nankin ne les oublia jamais. Lorsque, après la guerre, les Nankinois apprirent que John Rabe, qui n'avait pas hésité à défendre leur cause auprès d'Hitler et avait, pour cela, basculé dans le collimateur de la Gestapo, était privé de tout pour cause de "dénazification", ils réunirent un maximum de fonds et expédièrent leur maire en Suisse où il se procura une foule de vivres qu'il fit remettre à Rabe et à sa famille.

Pourtant, en dépit de tous leurs efforts - tous, revenus dans leur pays, essayèrent de faire connaître les atrocités japonaises en diffusant notamment un film enregistré en partie par le Dr Fitch sur les horreurs dont ses malades étaient les bien fragiles rescapés - et encore aujourd'hui, en 2010, les atrocités commises par les militaires japonais, à Nankin mais aussi dans une grande partie de l'Asie, et cela avec très vraisemblablement l'aval d'Hiro-Hito, sont passées sous silence, voire complètement ignorées. En d'autres termes, L Histoire enseignée en Occident (et au Japon) est une Histoire tronquée, qui ne tient pas compte des souffrances endurées par des victimes dont il faut rappeler le nombre : en huit ans, plus de trois millions de soldats et neuf millions de civils.

Faites vivre leur mémoire : lisez "Le Viol de Nankin" et faites-le lire. ;o) (Suite & fin.)
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Chiang Kaï-chek avait fait de Nankin la capitale de sa République nationaliste mais lorsque les Japonais arrivèrent en vue de la ville et qu'il devint évident qu'on ne parviendrait pas à les arrêter, les gouvernants prirent bien entendu le large. Chiang donna également l'ordre formel aux milliers de soldats qui restaient de se rendre à l'ennemi. Il escomptait sans doute que les Japonais prendraient en charge les prisonniers mais ce fut loin d'être le cas ...

Le Viol de Nankin fit entre 100 000 et 300 000 victimes. Parmi elles, il faut compter :

1) tout d'abord les soldats chinois qui furent rassemblés en un premier temps, puis séparés en plusieurs petits groupes et exécutés, souvent à la mitrailleuse, après avoir été forcés de creuser ce qui deviendrait leurs fosses communes ;

2) ensuite les civils de sexe masculin, des vieillards aux petits garçons et aux bébés, que les Japonais abattaient à vue dans les rues ou encore chez eux. Des concours de "décapitation" avaient lieu, dont je vous laisse découvrir par vous-même les circonstances exactes. Il en sera de même pour les tortures infligées ;

3) et enfin les civils de sexe féminin, là encore des vieilles femmes aux fillettes, qui furent violées de façon singulièrement atroce, souvent jusqu'à la mort. Très peu en réchappèrent et, parmi les rescapées, beaucoup se suicidèrent ...

4) A cela, on doit ajouter toutes celles qui furent emmenées comme "femmes de réconfort." Sur ce statut imaginé par les militaires japonais, vous en apprendrez un peu plus en lisant "Les Orchidées rouges de Shanghaï" de Juliette Morillot, une fiction certes mais qui a le mérite de s'intéresser à des faits trop souvent ignorés des Occidentaux, obnubilés par Hitler, les Nazis et les camps de concentration. (Vous trouverez la fiche correspondant à cet excellent roman sur Babelio, sur mon blog ou sur Nota Bene.) ;o)

Signalons pour en terminer que les viols n'épargnèrent pas certains hommes et jeunes garçons. (II - A suivre ...)
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Assez calé en histoire et ayant beaucoup lu sur la 2ème guerre mondiale, et notamment sur les crimes nazis, je dois dire que ce livre a réussi à m'étonner : les atrocités commises par les Japonais à Nankin surpassent en horreur tout ce que j'ai pu étudier précédemment. Durant toute la première partie, c'est une longue litanie de descriptions épouvantables, à réserver à des coeurs bien accrochés.
Ce qui étonne presque plus encore, c'est le déni d'une grande partie de la société japonaise (en particulier de ses élites) vis-à-vis de ces massacres... Là où l'on voit que les tristes dénégations nippones n'ont rien à envier à celles des Turcs à l'égard du génocide arménien de 1915.
Les raisons en sont fort bien analysées par Iris Chang : là où l'Allemagne, mise à genoux et occupée, n'a guère eu d'autre choix que de faire amende honorable (et de façon admirable, s'il en est, et jusqu'à aujourd'hui), l'élite criminelle japonaise a bénéficié de la complaisance des USA (même si le terme paraît curieux après Hiroshima et Nagasaki) pour faire face à la menace du bloc soviétique et communiste pendant la guerre froide.
Iris Chang brille également par son analyse des raisons qui ont pu pousser une armée à une telle orgie de violence et de meurtre : l'éducation, bien sûr, l'élitisme et le sentiment de supériorité, rien de bien nouveau par rapport aux nazis, mais surtout, la brutalité humiliante avec laquelle les soldats japonais étaient accoutumés à être traités... qu'ils n'ont fait que transférer sur leurs victimes chinoises. Voilà qui fait diablement écho à ce qu'on appelle aujourd'hui "l'éducation bienveillante", à ne pas confondre avec l'éducation laxiste. le monde va mieux partout où elle s'applique.
Qui est violenté, violentera. Qui est humilié, humiliera. C'est aussi simple que cela.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De fait, même au regard des standards de la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité, le Sac de Nankin représente l'une des pires instances de l'extermination de masse. Pour tenter de l'imaginer, penchons-nous encore sur quelques statistiques. A Nankin, le nombre de morts dépasse celui de certains pays pendant l'ensemble du second conflit mondial : la Grande-Bretagne perdit 61 000 civils, la France 108 000, la Belgique 101 000 et les Pays-Bas 242 000. Aux yeux des spécialistes de ces questions, les bombardements aériens représentent l'un des instruments les plus atroces de destruction massive. Et pourtant, aucun des raids les plus meurtriers ne dépassa les ravages de Nankin. Il est probable que les morts y furent plus nombreux qu'à Dresde lors de l'expédition britannique sur la ville et de l'incendie qui s'ensuivit (à l'époque, on avança le chiffre de 225 000 morts mais des rapports plus objectifs parlent aujourd'hui de 60 000 morts et de 30 000 blessés). Quoi qu'il en soit, que l'on se réfère au chiffre le plus faible - 260 000 - ou le plus élevé -350 000 - il est choquant de constater que le nombre des victimes de Nankin dépasse de loin celui des raids américains sur Tôkyô (entre 80 000 et 120 000 morts) et même les scores des deux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki à la fin de 1945 (estimés respectivement à 140 000 et 70 000 morts.)
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[...] ... Un historien, un jour, estima que, si les morts de Nankin pouvaient se donner la main, ils formeraient une chaîne jusqu'à Hangzhou, à deux cents kilomètres de là. Leur sang pèserait 1 200 tonnes et leurs cadavres rempliraient 2 500 wagons de marchandises. Empilés les uns sur les autres, ils auraient la hauteur d'un immeuble de soixante-quatorze étages.

Le massacre de Nankin dépasse en nombre de tués la plupart des pires crimes de tous les temps. Les Japonais battirent dans l'horreur les Romains à Carthage (qui n'avaient fait "que" 150 000 morts), les armées catholiques pendant la période de l'Inquisition et même certaines des atrocités de Tamerlan qui massacra 100 000 prisonniers à Delhi en 1398 et édifia deux tours de crânes en Syrie en 1400 et 1401.

Certes, au cours du XXème siècle, quand les outils du meurtre de masse furent parfaitement au point, Hitler tua environ six millions de Juifs et Staline, plus de quarante millions de Russes, mais il fallut plusieurs années pour arriver à de tels résultats. A Nankin, la tuerie fut concentrée sur quelques semaines.

De fait, même au regard des standards de la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité, le Sac de Nankin représente l'une des pires instances de l'extermination de masse. Pour tenter de l'imaginer, penchons-nous encore sur quelques statistiques. A Nankin, le nombre de morts dépasse celui de certains pays pendant l'ensemble du second conflit mondial : la Grande-Bretagne perdit 61 000 civils, la France 108 000, la Belgique 101 000 et les Pays-Bas 242 000. Aux yeux des spécialistes de ces questions, les bombardements aériens représentent l'un des instruments les plus atroces de destruction massive. Et pourtant, aucun des raids les plus meurtriers ne dépassa les ravages de Nankin. Il est probable que les morts y furent plus nombreux qu'à Dresde lors de l'expédition britannique sur la ville et de l'incendie qui s'ensuivit (à l'époque, on avança le chiffre de 225 000 morts mais des rapports plus objectifs parlent aujourd'hui de 60 000 morts et de 30 000 blessés). Quoi qu'il en soit, que l'on se réfère au chiffre le plus faible - 260 000 - ou le plus élevé -350 000 - il est choquant de constater que le nombre des victimes de Nankin dépasse de loin celui des raids américains sur Tôkyô (entre 80 000 et 120 000 morts) et même les scores des deux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki à la fin de 1945 (estimés respectivement à 140 000 et 70 000 morts.) ... [...]
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[...] ... Si l'échelle et la nature des exécutions qui prirent place à Nankin sont pour nous difficiles à comprendre, il en va de même pour les viols.

Il s'agit sans aucun doute de l'un des plus grands viols collectifs de l'histoire de l'humanité. Selon Susan Brownmiller, auteur du livre de références en la matière, "Against our will : Men, Women & Rape / Contre Notre Gré : Hommes, Femmes & Viol", Nankin fut probablement l'exemple le plus important de viols de guerre infligés à une population civile à l'exception du traitement dont furent victimes les Bengalaises de la part des soldats pakistanais en 1971 (entre 200 000 & 400 000 femmes auraient été violées au Bangladesh pendant les neuf mois de terreur qui suivirent l'échec d'une rébellion) : les viols surpasseraient en nombre ceux qui furent commis en ex-Yougoslavie quoi qu'il soit difficile de se prononcer avec certitude à cause du manque de fiabilité des statistiques en la matière.*

A Nankin, les estimations vont de 20 000 à 80 000 femmes violées. Mais nous ne connaîtrons jamais le tribut psychologique payé par les victimes. Certaines survécurent et se retrouvèrent enceintes de leurs bourreaux. Le sujet est si sensible qu'il n'a jamais été étudié en détail. A ma connaissance et à celle des officiels chinois responsables du mausolée en l'honneur des victimes du Massacre de Nankin, aucune femme n'a jamais reconnu avoir eu un enfant à la suite des viols. Selon un sociologue américain présent à Nankin à l'époque, de nombreux nourrissons sino-japonais moururent noyés ou étouffés à la naissance. On ne peut qu'imaginer la culpabilité, la honte et le dégoût de soi que durent subir les femmes confrontées au choix d'élever un enfant qu'elles seraient incapables d'aimer, ou de commettre un infanticide. Beaucoup furent incapables de choisir : un diplomate allemand raconte qu'entre 1937 et 1938, un nombre incalculable de femmes mirent fin à leur jour en se jetant dans le Yangzhi.

Nous savons en revanche qu'il fut très facile d'être victime de viol à Nankin à l'époque. L'occupant ne faisait pas de distinctions de classes : fermières, étudiantes, enseignantes, cols blancs et cols bleus, épouses d'employés du YMCA, professeurs d'universités et même nonnes bouddhistes, dont certaines furent violées en groupe jusqu'à ce que mort s'ensuivît, toutes étaient des victimes potentielles. Les soldats étaient systématiques dans leurs recherches de femmes dès qu'ils pénétraient dans une maison. Certains se livrèrent à un véritable porte-à-porte, exigeant de l'argent et des hua guniang - des jeunes femmes.

* : le livre de Susan Brownwiller date notamment d'avant la guerre au Rwanda qui pourrait sans doute figurer en bonne place dans ce macabre palmarès. ... [...]
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