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EAN : 9782081226395
411 pages
Flammarion (12/01/2011)
3.88/5   17 notes
Résumé :
Lorsqu’au printemps 2006, René Girard et Benoît Chantre décidèrent d’écrire un livre sur Carl von Clausewitz (1780-1831), la perspective d’une catastrophe nucléaire s’était bien éloignée des esprits. La Guerre froide semblait révolue. Quant à la « vieille Europe », elle feignait de penser qu’elle avait exorcisé ses conflits séculaires. Lancé en octobre 2007, Achever Clausewitz fut très bien accueilli et traduit en de nombreuses langues : un succès que ne garantissai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après Raymond Aron, qui publia en 1976, un "Penser la guerre, Clausewitz", René Girard, se lance dans une nouvelle somme destinée à mieux cerner et comprendre le militaire prussien qui se piquait de philosophie.
Par son titre "achever Clausewitz", Girard entend simplement mener à terme une réflexion que, d'après lui, l'auteur du traité de la guerre, n'a jamais menée à son terme.
La poursuite de l'oeuvre de Clausewitz suppose de mener une analyse qu'il ne pouvait mener à son époque (son traité a pour l'essentiel été écrit
en référence aux guerres napoléoniennes).
Le monde contemporain, après avoir connu une période de paix relative, et d'équilibre, avec la guerre froide et le principe de la force de dissuasion, rentre dans une période de guerres nouvelles, dans lesquelles ces principes ne sont plus la préoccupation des belligérants.
De plus, ces guerres, ne sont plus le résultat d'affrontement entre états et armées de métiers, mais sont le fait de groupes organisés souvent en marge des états qui les soutiennent ou les combattent.
Pour citer René Girard :
"Il semble que nous ne parvenions pas à penser le pire et c'est à cela que peut nous aider Clausewitz"
Ce "pire" selon l'auteur, il pourrait prendre trois visages :
- Les manipulations biologiques
- le risque écologique
- le prolifération des armes nucléaires dans le monde

Comme aurait dit Colin Powell, (stratège empêtré dans la recherche vaine d'Armes de Destruction Massive), lors de la troisième guerre du golfe, après sa lecture du traité de Clausewitz en 1975 (il était alors étudiant au War Collège) : « ce fut comme si un rayon de lumière avait surgi du passé, illuminant toujours les dilemmes des militaires d'aujourd'hui».

A lire pour tous ceux qui sont convaincus de l'actualité de Clausewitz, et de l'imminence d'une apocalypse.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Cette réflexion sur la guerre à partir de l'essai du théoricien allemand Clausewitz vient clore admirablement le cycle sur le désir mimétique romans commencé quarante ans plus tôt. Ces conclusions sont plus que jamais d'actualité. Il anticipe avec une clairvoyance redoublée les dérives actuelles. La connaissance de l'oeuvre de Clausewitz est certes un atout pour mieux saisir la manière dont Girard l'éclaire. Mais ce dernier avec son obsession du détail , délivre suffisamment de clefs pour le rendre transparent au néophyte. C'est un livre-testament puisqu'il décèdera quelques temps plus tard. Retenons en conclusion la perspective eschatologique qu'il propose dans son ouvrage afin de comprendre ce qui se passe. A lire absolument.
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Une lecture lointaine, retenue par un membre dans le cadre d'un club de lecture. Un choix bien étrange et peu divertissant, une lecture difficile, laborieuse et déprimante. Inachevée. Réservé à un public initié. René Girard est un historien assez ardu.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
On peut donc en déduire que l'hominisation a com­mencé quand ces rivalités internes sont devenues assez fortes pour briser les réseaux de dominance animaux, et libérer une vengeance contagieuse. L'humanité n'a pu naître et survivre en même temps que parce que les prohi­bitions religieuses ont émergé assez tôt pour parer à ce risque d'autodestruction. Mais comment ces prohibi­tions ont-elles émergé ? Seuls les mythes de fondation (ou les mythes d'origine) nous renseignent sur ce point. Ils débutent en général par le récit d'une crise immense symbolisée d'une manière ou d'une autre : dans le mythe d'Œdipe, nous l'avons vu, c'est une épidémie de peste ; ce peut être ailleurs une sécheresse ou un déluge, ou encore un monstre cannibale qui dévore la jeunesse d'une cité. Derrière tous ces thèmes, on trouve une dislo­cation des liens sociaux, ce que Hobbes appelle « la guerre de tous contre tous ».
Que se passe-t-il ? Dès que cette agitation a « indiffé­rencié » l'ensemble des membres de la société, l'imitation devient plus intense que jamais, mais opère différem­ment et avec différents types d'effets. Quand le groupe est devenu une foule, l'imitation tend d'elle-même à le réunifier : des substitutions interviennent, la violence se polarisant sur des antagonistes de moins en moins nom­breux, cela jusqu'au dernier. Les hommes ont découvert la cause du trouble et ils finissent enfin par se ruer, comme un seul homme, sur un ennemi désormais uni­versel, ceci pour le lyncher. La même énergie mimétique qui avait provoqué un désordre de plus en plus grand, tant qu'il y avait assez de rivaux pour s'opposer, va finale­ment rassembler toute la communauté contre le bouc émissaire et faire revenir la paix.
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L'emploi de Wechselwirkung, et de ses deux sens : « action réciproque » et « commerce » permet en outre de com­prendre pourquoi Clausewitz établit une équivalence entre la guerre et l'échange monétaire, et pourquoi il ne fait pas de réelle différence entre ces deux activités. Il y a, à cet égard, chez lui, une formidable prophétie de Marx : le commerce ne serait pas une métaphore de la guerre, mais concernerait la même réalité.
Nous sommes aux antipodes de Montesquieu, pour qui le commerce est ce qui permet d'éviter les conflits armés. Clausewitz reproche à la Révolution française son caractère exalté, le mépris qu'elle a des activités privées. Les Prussiens, pense-t-il en revanche, font du commerce avec moins d'intensité qu'ils font la guerre, mais il s'agit de la même activité. Notez que la vision irénique des échanges de Montesquieu est toujours très présente chez les économistes d'aujourd'hui, qui n'ont souvent pas idée que la monnaie puisse être là pour neutraliser les risques de guerre. Ce n'est pas un hasard, de ce point de vue, si les aristocraties européennes se sont reconverties dans les affaires, une fois les modèles héroïques et guerriers deve­nus caduques. La France a très vite pris du retard sur l'Angleterre : Louis XIV avait encore des visées impé­riales sur l'Europe, quand l'Angleterre, elle, conquérait le monde de façon beaucoup plus efficace. Le commerce est une guerre redoutable, d'autant qu'elle fait moins de morts C'est pour des raisons strictement économiques que les aristocrates français étaient pauvres en 1789. Et c'est pour la même raison que l'Angleterre et 1 Allemagne ont finalement gagné contre Napoléon.
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Pourquoi Clausewitz, qui entrevoit et le principe de l'action réciproque, et celui de la montée aux extrêmes, c'est-à-dire le mouvement apocalyptique de l'histoire, s'interdit-il d'aller jusqu'au bout de cette pensée fulgurante et se replie sur une forme d'héroïsme individuel ? Il s'agirait d'une sorte de reniement si le duel n'était pas toujours là, en filigrane. Ce qui n'est pas explicitement pensé, mais constitue souvent le moteur d'une pensée, Nietzsche nous a appris à l'appeler ressentiment. Je pour d'un cran cette intuition en disant que le ressentiment, par définition mimétique, produit de la méconnaissance, c'est-à-dire du sacré.
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Rappelons que le Directoire voulait rejeter Bonaparte sur l'Italie, parce qu'il voyait bien qu'il était dangereux. On lui donnait une armée sans chaussures, et pourtant les résultats éclatants vinrent de là, et non pas du front allemand. Moins les moyens de Bonaparte étaient grands et plus son génie s'est manifesté. Pour des gens orgueilleux comme lui, c'était parfaitement normal. On n'a pas peur de l'échec lorsque l'échec est la chose qui doit se produire, ce que vos ennemis attendent et que la raison raisonnante impose. Là, vous devenez paradoxal et capable de tout.
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La première mort de Dieu ne débouche pas sur la restauration du sacré et de l'ordre rituel, mais sur une décomposition du sens tellement radicale et irrémédiable qu'un abîme s'ouvre sous les pas de l'homme moderne. Cet abîme, on a l'impression dans l’aphorisme, qu'il se referme enfin, quand la deuxième annonce débouche, cette fois sur l'ordre du surhomme de Zarathoustra : « Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte est trop grande pour nous. Ne faut-il pas devenir dieux nous-mêmes pour, simplement, avoir l'air digne d'elle. » L'aphorisme affirme l'éternel retour. Mais il en révèle le moteur, le meurtre collectif de victimes arbitraires. Il va trop loin dans la révélation. Il détruit son propre fondement. Du fait même qu'elle fonde l’éternel retour sur le meurtre collectif, son fondement vrai qui devait rester caché pour rester fondateur, cette violence est minée, secrètement subvertie par cela même dont elle croit triompher, le christianisme. C'est tout le drame de Nietzsche que d'avoir vu et de ne pas avoir voulu comprendre cette sape opérée par le biblique. La violence n'a plus de sens. Nietzsche va pourtant essayer de lui en redonner, en pariant sur Dionysos. Il y a là un drame terrible, un désir d'Absolu dont Nietzsche ne sortira pas.
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Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-qui_dit_on_que_je_suis_le_mystere_jesus_joel_hillion_stan_rougier-9782336428567-78949.html ___________________________________________________________________________
L'Apocalypse de Jean commence par ces mots : « Révélation de Jésus Christ : Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. » Comment Jésus a-t-il « connu » cette révélation ? À partir de quand s'est-il lancé dans sa mission ? À quelle fin ? Pour tenter d'y voir plus clair, Joël Hillion est parti de la théorie mimétique de René Girard. L'hypothèse est simple : le christianisme est le plus grand « déconstructeur » du sacré qu'on ait connu. Qu'est-ce que Jésus apporte qu'aucun autre humain n'avait compris avant lui ? Cette compréhension du message non sacrificiel de Jésus ne va pas de soi. Après 2 000 ans, nous en sommes encore à nous interroger sur ce qu'il signifie. Conscient de l'originalité absolue de sa mission, Jésus répétait souvent : « Qui dit-on que je suis ? » C'est à nous que la question est posée.
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Bonnes lectures !
Crédit : Ariane, la prise de son, d'image et montage vidéo
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