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EAN : 9782365693134
480 pages
Editions Les Escales (23/08/2018)
3.45/5   43 notes
Résumé :
Changer la vie.
Trois mots pour s’inventer un destin. Trois mots que Françoise, fraîchement divorcée, a décidé de faire siens, elle qui, pour la première fois, a voté à gauche le 10 mai 1981.
Au 26, rue de Naples, un appartement ouvert aux quatre vents, Françoise tente de changer la vie – sa vie. Elle métamorphosera surtout celle de ses enfants en les plongeant dans un tourbillon
aussi fantasque que brutal. Tandis que son fils Laurent crée un gr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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1981. le début des années Mitterrand, vues à travers une famille qui se désagrège, qui se disloque. C'est d'abord la mère, figure essentielle déjà dans le premier roman de l'auteur, qui apparaît. Françoise, habituée à un univers bourgeois protégé , se retrouve seule avec sa fille et son fils, dans le grand appartement quitté par son mari.Elle qui pour la première fois vote à gauche fait sienne la devise mitterrandienne " Changer la vie".

Elle bascule alors dans une vie bohème, recevant tous ces philosophes et artistes de gauche qui refont le monde à coups de mots, on sent une ironie entre les phrases face à ces hommes bien-pensants, qui se croient l'esprit novateur, au-dessus de la mêlée. Et Françoise voudrait trouver sa place dans ce monde inconnu, elle qui n'a pas fait d'études.

J'avoue que cette première partie ne m'a pas vraiment enthousiasmée, j'ai eu du mal à m'intéresser au sort de Françoise. Par contre, l'éclairage est mis ensuite sur Laurent, son fils, que l'on suit durant son adolescence, et là, je me suis attachée à lui, à ses flottements d'adolescent, livré un peu à lui-même, aux dangereuses amitiés qui penchent vers le côté sombre, celui de la drogue et des prises de risques.

C'est ce personnage qui a apporté une clarté particulière au récit, qui illumine de sa présence ces années d'espoir factice, d'illusions vite avortées. Laurent est émouvant, évolue, trace les contours de sa destinée , ouvre sa voie dans l'écriture. Et, rappel de " Avant que naisse la forêt ", cherche refuge et ressourcement dans la forêt et les arbres.

Mais si l'écriture est toujours très belle, je n'ai pas retrouvé l'atmosphère singulière et magique du premier roman. Il est vrai qu'il est difficile de se renouveler ensuite. Je suivrai en tout cas cet auteur , intéressant et prometteur.
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Publié en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions Les Escales, " Les enfants de ma mère ", est le nouveau roman de Jérôme Chantreau, un témoignage de l'ère mitterrandienne, dans une famille dont les idéaux et les certitudes vont volés en éclats !
p. 33 : " - Il est vingt heures. François Mitterrand est élu président de la République. "
Françoise avait tout pour être heureuse : un mari qui gagne confortablement sa vie, deux beaux enfants - Nathalie et Laurent - et un bel appartement dans Paris. Elle s'est mariée très jeune, et a dû pour cela sacrifier ses études au profit du bien-être familial, comme il était souvent de rigueur à cette époque pour les femmes. Mais cette aisance financière et matérielle va s'envoler le jour où son mari l'invite au restaurant pour lui annoncer son intention de divorcer.
p. 59 : " Pendant l'année de son divorce, elle fuma beaucoup de Stuyvesant au menthol et réfléchit à son avenir."
Alors que sa fille Nathalie excelle dans sa scolarité, Laurent suscite bien plus de préoccupations chez Françoise. Plus timide et introverti, il passe le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre. C'est finalement au collège qu'il va établir des liens avec d'autres garçons, abîmés par la vie.
D'une âme charitable, Françoise décide de prendre sous son aile une amie de Nathalie, en rupture familiale et scolaire, quelque peu marginalisée : Édurne. Mais toute sa bonne volonté ne pourra suffire à sauver cette adolescente, entraînant dans sa chute sa propre fille.
p. 131 : " Qu'est-ce qui lui avait pris de s'occuper du destin de cette fille ? Françoise se rappela les bouffées de satisfaction quand, les premiers jours, elle avait accueilli ce petit oiseau, quand elle avait senti qu'elle était en train de changer le destin de quelqu'un. "
Changer la vie, ce n'est semble-t-il pas une option accordée à tout un chacun...
p. 440 : " Elle avait cru, pendant dix ans, que changer la vie était possible. Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait, la façonnait comme les falaises par l'érosion, et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets. "
Le zoom narratif se concentre au fil de la lecture sur le personnage de Laurent. A la fois attachant mais influençable, il a certainement hérité cette faiblesse de sa mère. Victor intègre la bande de copains. Empreint du désir de se mettre en danger, il va leur insuffler ce goût de plus en plus prononcé pour l'interdit.
p. 180 : " La compagnie de Victor donnait aux choses le goût métallique du danger [...] A partir de cet instant, chaque acte allait engendrer des conséquences, et aucune mère, aucun prof, aucun surveillant samouraï ne pourrait s'interposer entre eux et ce qu'ils allaient faire naître. "
Françoise ne peut concéder à voir la réalité, et malgré la mise en danger de son fils Laurent, continue d'ouvrir grandes les portes du 26 rue de Naples.
p. 151 : " L'envie était grande d'accueillir encore tous les gamins perdus. "
Très sensible et bien conscient de son entrée dans la vie d'adulte et de sa périlleuse descente aux enfers, Laurent se confie  à Édurne, écorchée de la vie elle aussi.
p. 342 : " - J'ai peur de sauter du train. Ça accélère tous les jours. Je n'ai plus un instant de bonheur. Plus rien de fluide. Avant, je savais exactement ce que je voulais, ce que j'aimais. Aujourd'hui, j'en ai plus aucune idée. "
A travers ces protagonistes, c'est également le reflet d'une société en mal d'espoir et d'ambition, prise dans une série de mouvements de protestation.
p. 251 : " La vie laborieuse érodait les gens comme une rouille. Elle abaissait les têtes et les espérances. "
Plus Laurent s'enfonce dans la noirceur de sa vie, plus Françoise se déleste aveuglément de ses responsabilités, avide de liberté.
Dans un Paris amputé de toute prétention et  sous haute tension, le lecteur est le témoin de cette  période politique et sociale délicate, dans laquelle les personnages évoluent au gré des épreuves. L'écriture est à la fois tragique et poétique. L'auteur nous embarque sur plusieurs décennies, sans perdre en intensité.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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**,*

Françoise est une épouse, un mère et une femme au foyer. Quand, en 1981, elle décide de voter pour François Mitterrand, avec l'angoisse que quelqu'un l'apprenne, un autre changement intervient dans sa vie : son mari la quitte. Désormais maîtresse de sa vie, elle décide alors d'élever ses enfants dans l'appartement du 26 rue de Naples, à Paris, et de faire ce qu'elle veut. D'amants en amants, de projets artistiques en ballade sur la mer, elle est avide de liberté. Mais ce besoin d'espace et de lâcher prise se fait au détriment de sa présence auprès de ses propres enfants, Nathalie et Laurent...

Je ne connaissais pas l'écriture de Jérôme Chantreau, dont Les enfants de ma mère est le deuxième roman.
Il dépeint ici la vie d'une famille dans les années Mitterrand, pour qui la liberté n'a pas de prix. Si "changer de vie" est le slogan qui règne sur la France, il devient aussi celui de Françoise, mère de famille et jeune divorcée.
Tout au long des 480 pages, l'auteur dresse le portrait de cette femme pour qui la liberté est synonyme de lâcher prise, de perte de repères aussi et d'oubli de soi. laissant ses enfants à l'abandon, elle redevient la jeune fille qu'elle n'a pas pu être... Manquant de confiance en elle, Françoise croit être obligée de se cultiver auprès de personnes qui ne la respectent pas, confondant alors amitié et ignorance...

J'ai aimé l'écriture, fluide et enlevée, mais j'ai trouvé que le roman trainait parfois en longueur. Certains souvenirs ou anecdotes ne me semblaient pas à leur place, et je me suis souvent demander le sens que l'auteur a voulu leur donner.

Un grand merci aux 68, une fois encore, pour la découverte d'un roman riche et particulier...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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J'ai lu « Les enfants de ma mère » avec un plaisir en demi-teinte. D'un côté, j'ai énormément apprécié le contexte temporel de l'histoire, les années 80 et 90. Je m'y suis plongée avec mes propres souvenirs de jeunesse, la même bande sonore compilant Blondie, Pat Benatar et The Pogues tournant à fond et en boucle dans ma chambre d'adolescente. La dérive de Laurent, le fils de Françoise, je ne l'ai pas vécue personnellement, probablement par instinct de conservation ou grâce à une certaine vigilance parentale ; par contre, j'en ai eu des amis au destin saccagé, brisé par la drogue.
Car le thème profond du roman c'est bien l'attention que porte un père ou une mère sur ses enfants et qui permet à ceux-ci de ne jamais sombrer dans la dérive. Ici, Françoise, la mère de Nathalie et Laurent, divorcée alors qu'ils étaient encore petits, est une femme au grand coeur, mais bien trop naïve. Elle porte sur les autres un regard bien trop candide à un point même où l'on peut se demander si elle n'est pas un brin stupide par moment. Ainsi, Edurne, Reza, et les copains de son fils ; Victor et Andréa profitent de cette naïveté pour vivre sous son toit, être nourri, boire et passer ses journées à fumer, ceci à ses frais.
Le roman aurait pu me plaire davantage s'il avait été plus court. En effet, les passages sur la ville de Paris, notamment, m'ont réellement ennuyée, moi, la provinciale qui n'a aucune idée des quartiers cités et décrits longuement dans certains chapitres. Et puis avec une bande son aussi rock, un peu plus d'action aurait dynamisé le récit !
Mais je retiens le côté agréable de la plume de Jérôme Chantreau, que je ne connaissais pas.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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C'est le troisième roman de Jérôme Chantreau qui boucle son cycle sur la mort que je lis, il est le deuxième de cette trinité, je les ai lu dans le désordre, Avant que naisse la Forêt, son premier sur sa maman, le dernier Bélhazar sur un ancien élève du même nom et d'une jeune fille malade Dana qui lui a donné le courage de commencé ce troisième ouvrage qui devra clore ce thème sur la mort, Les enfants de ma mère est le deuxième roman, ma troisième lecture, cette linéarité logique de l'auteur est rompue par cette lecture inexplicable du lecteur que je suis, cet opus est une traversée de Paris au coeur des années 80 à travers le regard d'une femme et des enfants qui gravitent autour d'elle. La fin amorce le sentiment d'hommage, livrant le pont de Madrid, ce passage vers le 26 rue de Naples, comme cette maison perdue dans les bois du ce premier roman, Andréa, Victor, Coralie vont être le spectre de certaines scènes de vies anciennes que l'auteur n'oublie pas, que l'auteur façonne dans l'imaginaire littéraire, Françoise semble être l'héroïne, c'est Les enfants de ma mère, Edurne, Reza seront présent, des âmes vagabondes perdues dans une société qui broient les exclus, la différence, les clandestins et ces rêveurs qui sombrent dans l'oubli.
Mon sentiment est partagé, je viens de finir ce roman prolixe de plus de 450 pages, Laurent se retrouve entre les cuisses de Céline, écoutant un CD, le douceur matinale de deux amants dans l'alcôve de leur passion, pourtant ce n'est pas un roman d'amour, au contraire, l'amitié est ce sentiment fort qui inonde cette histoire, l'amour semble être mis à l'écart, Françoise la mère de Nathalie et Laurent s'est séparé rapidement de leur père, restant leur géniteur mais se transformant juste en banquier, un divorce avec la lâcheté du père, Victor et Andréa sont orphelin de leur père, tous deux morts, l'un assassiné, l'autre d'un accident de voiture, ces femmes monoparentales éduquent leurs enfants dans une société en mouvement, Mitterrand vient d'accéder aux pouvoirs, son slogan Changer de vie tinte chez Françoise, cet écho sera le refrain de cette femme engluée par le poids de ces racines, Françoise est cette lumière fragile, quelque fois terne qui va être ce fil d'Ariane de ce roman, Jérôme Chantreau retrace surement sa vie Parisienne de son enfance, il y a toujours une part de l'auteur dans ces écrits, Laurent, Victor, Coralie, Edurne, Andréa et les autres sont des fantômes de son passé et Vincent à qui il dédie ce roman est-il celui qui cristallise la genèse de ce roman, cet ami mort, pour qui le pont de Madrid est la stèle lointaine de la liberté et de l'insouciance.
Françoise Le coeur de ce roman, dérive tout le long de cette rivière de conscience, celle de ces années mitterrandiste vers un changement de vie, ce slogan placardé lors de la campagne des élections présidentielles de 1981 par François Mitterrand, « Changer de vie », cette musique ondule dans le creux de l'oreille de Françoise, dès qu'elle osera mettre son bulletin de vote dans l'urne, votant pour cet homme de gauche, à contre-courant du 26 rue de Naples, tout bascule, la France ouvre la porte à un socialiste d'espoir, Françoise divorce, elle se maquille beaucoup, porte des robes Kenzo hors de prix, prends des amants, organise des repas le samedi soir avec des jeunes érudits de toutes horizons, héberge des jeunes paumés, laisse sa porte ouverte du 26 rue de Naples, oublie Laurent son fils et surtout rêve d'être cultivée. Françoise est joyeuse en femme sociale, désirant vouloir aller aider les autres, au contraire de ceux de droite, qu'elle a toujours subit, elle veut être libre, elle veut devenir artiste de sa vie, peintre le tableau de son existence où la femme s'émancipe, où la société dérive lentement, S.O.S raciste et son slogan de la main jaune arbore les jeunes de la rue, Françoise surfe malgré elle sur monde moderne qui évolue vers des nouvelles technologiques. Françoise est une femme bourgeoise dans sa nature extérieur, ces habits, son appartement, la vie en elle-même, l'argent de son ex-mari, sa Rolex à son poignet offerte par son ex-mari à la naissance de Nathalie et surtout cette nonchalance des événements, cette boite à Bac pour son fils, ses week-end en Bretagne laissant seul ces enfants livrés à eux-mêmes, laissant son fils plonger lentement dans l'héroïne, Françoise est une femme prisonnière de ces démons, elle voltige comme une équilibriste sur ces petites crises d'angoisses, puis le brouhaha des mots dans son cerveau qui l'empêche d'évoluer, déjà à l'école, elle n'écoutait plus, les mots étaient trop gros, trop lourds pour entrer dans sa tête, elle se perd dans ces diners du samedi soirs avec ces dandys devenus des petits bourgeois, sans saveurs, sans noblesses, gargantuesques avec la cave de Françoise, allant à se battre comme des chiffonniers, oubliant la gentillesse de leurs hôtes, Françoise laisse sa fille Nathalie se disputer avec son Compagnon et collègue de travail, Pascal, lors des repas où volent les couverts et assiettes, considérant cette cacophonie comme harmonieuse, Françoise sans ces enfants aurait vécu une vie de bohème, elle aspire à cette vie d'artiste, la peinture sera sa voix, celle libératrice de son indépendance.
Ce roman me ramène dans ces années qui ont bercés mon adolescence, ces années 80 qui pétillent encore de leurs effervescences, elles ne sont pas limitées dans la cartographie Parisienne, cette ville déplie sa carte des rues où déambulent Laurent et ses amis, où se déroulent le commencement des rêves, de l'amitié, de la fuite, des jeux d'enfants au prolongement de la délinquance, de la musique dans les caves, de la drogue, des hauteurs des toits qui regardent Paris dans sa grandeur d'âme où s'évaporent la peur, Paris dévore ces gamins prisonnier de leurs amitiés, celle entre Victor et Laurent, toxique par la faiblesse de Laurent, Victor est ce spectre égaré dans un champs, devant ce tableau moderne de ce dormeur à la seringue planté dans le bras, cette scène figeant l'instant dans une profondeur poétique, tout est vivant, ce garçon et cette incrédulité de son âge, cette jeunesse qui est déjà partie, son père est mort, sa mère ne le dispute plus, le dormeur à la seringue git dans cette voiture comme ce poème de Rimbaud, le dormeur du val, Victor est spectateur de son avenir, sa vie ne sera pas comme les autres, il n'a pas peur sur les toits avec Laurent, funambule de la vie, proche du précipite, il vit sa vie sans contrainte sans avenir, ne pas subir ces hommes et femmes dans la rue en costume de travail, à subir une vie, Victor brûle sa vie, il la consomme trop vite, laissant Laurent suivre son ombre, Victor est l'ombre néfaste de Laurent, Edurne donnera à Laurent le sésame pour quitter cette amitié néfaste et gangréneuse, cette amitié devenant une dictature qu'il aurait voulu échapper en moto comme Steve McQueen, avec elle la liberté est proche ! Je n'ai pas retrouvé mes années 80, je ne suis pas un Parisien, ni un enfant stagnant dans la bourgeoisie, Andréa et Coralie sont surement plus proche de moi, dans leurs couches sociales, je n'ai pas vécu au 26 rue de Naples, mais j'aurai pu être un ami à Laurent, celui qui rêve les mots, qui écoute Brel, qui lit Au bonheur des tristes, un magnifique roman, je détestais Les Rolling Stones, j'aurai libéré Laurent de Victor, je serai surement tombé amoureux de Coralie, aurai-je pu sauver Victor de son destin, je ne crois pas, Laurent coule dans la chaleur de la chair de Céline, cette fin est belle, sans oublier Françoise, son rêve d'être l'héroïne de Belle du seigneur lorsqu'elle prend son bain, elle voguera plutôt dans l'art qui la caractérise la peinture ; réalisant le portrait de ces enfants pour être exposé dans une galerie.
J'ai encore beaucoup à dire sur ce roman, j'oublie le Viking, Reza, Edurne et tant de choses, je me limite pour ne pas être trop prolixe, trop déborder, trop raconter, trop dévoiler, trop m'étaler, Jérôme Chantreau a une prose agréable, j'aime sa façon d'écrire et le destin de mes lectures est naturel, ma chronologie de lecture correspond à la valeur de profondeur des émotions ressenties, Les enfants de ma mère est celui qui m'a le moins transporté, sans pour autant ne pas l'aimer, il y a moins de magie surement, beaucoup de nostalgie et il me manque cet Éden musicale, Pink Floyd et son Dogs dans Animal ou voguent les cochons et l'analogie avec 1984, je plaisante, J'aime lorsque Jérôme Chantreau vacille dans une autre dimension pour faire de notre monde le sien comme dans ces deux autres romans, dans celui-ci c'est moins présent, la prosaïque a été magnétique jusqu'au bout, avec moins de surprise que les deux autres, étant ce mince regret.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
« Pour un peu, elle aurait juré que la peur avait changé de côté. Au bout d'un moment, Il commença une sorte de discours sur un ton grandiloquent. Cela dura le temps d’une introduction emberlificotée, puis il peina à terminer ses phrases. Aux tables voisines, les clients du restaurant feignaient de ne pas les voir alors qu’il était évident qu’ils ne s’intéressaient qu’à leur conversation. Elle avait commandé une sole. Elle ne pourrait jamais plus manger de sole. Elle se demandait pourquoi il mentait, alors qu’il était là, de toute évidence, pour annoncer la vérité. Elle avait mal pour lui. Elle lui aurait bien mis les mots dans la bouche. Mais il arrive un moment où les femmes comprennent qu’il faut cesser d’infantiliser les hommes. Ce moment-là, c’est souvent le jour de la rupture. Françoise aurait pu, malgré tout, l’aider encore une fois, tant était puissant en elle le sentiment maternel. Prendre sur soi la douleur des autres. L’encaisser, pour qu'ils restent heureux et légers. Être encore une fois la femme, la mère, inépuisable et inconditionnelle. Elle sentit monter en elle une force inconnue. E1 cette impression nouvelle provoqua une poussée d’endorphine qui répandit dans tout son corps quelque chose qui ressemblait à du bonheur. C'était du bonheur. Elle faillit relancer la conversation, parce qu'à elle, les mots venaient tout seuls: Tu es un homme qui s’en va, un homme qui renverse tout en partant, se cogne contre les meubles, oublie ses affaires, revient penaud, ressort bêtement. Um homme, comme tous les hommes, qui rate sa sortie. »
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1 CHANGER LA VIE
Françoise posa dans l'entrée ses valises en tissu écossais et ses deux enfants.Elle apprécia la luminosité des pièces, la hauteur des plafonds ,les moulures en plâtre. Le pan de mur qui menait jusqu'au salon était couvert d'un miroir que le reflet vermillon de la moquette faisait flamboyer.L'effet espéré ėtait moins de proposer une image satisfaisante de soi qu'une fuite du regard,mais une fuite brûlante,un luxe d'espace en trompe l'oeil.Elle en fut troublée. Dès son premier pas sur le tapis rouge ,Françoise sentit que sa vie allait se jouer là. L'impression que cet appartement l'attendait.Elle n'en voudrait plus d'autre.Elle était arrivée.
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Le passage de ses enfants l'avait rendue mélancolique .Elle ouvrit la fenêtre,alluma une Stuyvesant au menthol et plongea son regard dans la cour d'immeuble. Elle avait cru ,pendant dix ans ,que changer la vie était possible.Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait,la façonnait comme les falaises par l'érosion,et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets. Elle avait appris des choses ,empilé des connaissances dans tous les coins de sa tête ;fatras inutile.Il n'existe pas de vide-greniers pour les idées obsolètes. Les gens qu'elle avait rencontrés s'étaient montrés gentils et décevants, ceux qu'elle avait aidés étaient les meilleurs souvenirs qu'elle conservait mais alors c'était elle qui les avait déçus
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Dans la cour ,les collégiens étaient devenus une meute justifiant le pogrom à venir par le simple crime de ressemblance. Et puis, ils étaient allés trop loin .Il n'était plus question de prise de conscience ou d' une quelconque pitié .Le lynchage de Shlomo devait être la seule justification de cette hystérie collective .Être allé trop loin apparaît souvent comme la seule raison de continuer.
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« Pour le moment, il entrait en sixième, et c’était Nathalie qui se montrait la plus brillante à l’école. L’espérance des débuts avait fait place à une routine bien réglée qui ressemblait à une vie harmonieuse. Les années passaient avec une rapidité stupéfiante. Qu’est-ce qui fait passer la vie si vite? se demandait Françoise. L’ennui ou bien le bonheur? Est-ce d’avoir vécu quantité de choses ou de n’avoir rien vécu? Le plein ou le vide? »
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