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3,59

sur 264 notes
Un livre atypique, fort et riche, dont je ressors avec l'étrange impression que c'est un excellent livre, mais que je n'ai pas complètement saisi que c'était un grand livre, ce qu'une deuxième lecture, un jour, me confirmera sans doute.

Atypique, Une douce lueur de malveillance de Dan Chaon – traduit par Hélène Fournier – l'est assurément. D'abord parce qu'il est inclassable : ni polar, ni thriller, ni roman noir, ni drame psychologique… et en même temps, un peu de tout cela.

Bien sûr au début, le lecteur sera tenté de suivre le fil de l'intrigue de ces disparitions d'étudiants étrangement retrouvés noyés à des dates mystiques, sur lesquelles « enquête » Dustin Tillman. Aujourd'hui thérapeute, il a lui-même été marqué enfant par le massacre de ses parents, oncle et tante par son propre frère Rusty. Un drame familial fondateur dans la construction psychologique des différents protagonistes.

Que s'est-il réellement passé il y a trente ans ? Les disparitions d'étudiants sont-elles à relier aux rumeurs récurrentes de crimes sataniques qui hantent cette banlieue de Cleveland depuis des années ? À travers Dustin et son fils Aaron (dont le meilleur ami disparait à son tour), quel est le lien entre ces différentes affaires et époques ? Alternant chapitre après chapitre les allers-et-retours entre les époques, Dan Chaon fait méthodiquement avancer son intrigue. Mais doucement, tout doucement, car l'essentiel est ailleurs.

La force du livre réside en effet dans la richesse et la complexité des portraits que Chaon dresse et dans la façon - saine ou perverse - dont ils interagissent les uns envers les autres.

Celui de Dustin d'abord, adolescent en demande, influençable à loisir, ce dont ne se privent pas ses cousines Kate et Wave et même Rusty, sans savoir qu'ils le conditionnent à jamais. Entre réalité et fantasme, Dustin se perd toujours un peu plus dans les dimensions complexes dans lesquelles il évolue. Devenu adulte, cela ne s'est pas arrangé. Ce dont tout son entourage s'est aperçu. Sauf lui…

Autour de Dustin, tels des électrons s'agitant autour du noyau (faible), gravitent Aaron le fils, tentant de grandir dans l'indifférence générale entre drogue et alcool ; Aqil l'ancien flic un brin manipulateur qui convertit Dustin en enquêteur à deux balles ; et Kate, la cousine restée proche, dont la peur communicative n'arrange rien aux contradictions de Dustin. Et un peu plus loin, en deuxième rideau, il y a Rusty, désormais sorti de prison, et Wave dont l'absence ne peut masquer une omniprésente influence sur la vie de Dustin. Et comme la physique nous l'a appris depuis longtemps, quand tant de particules s'agitent autour d'un même noyau, la réaction ne tarde pas à se produire et est souvent détonante !

Une douce lueur de malveillance est le récit d'hier et d'aujourd'hui, de ces interactions déstabilisantes sur l'esprit déstructuré qu'est celui de Dustin, dont l'illustration est renforcée par la mise en page du livre souhaitée par l'auteur : à l'image des phrases rarement terminées de Dustin, les mots manquent parfois en fin de texte ; des espaces que le code typographique n'accepterait pas se glissent ci-et-là ; des mises en pages en colonnes et à trois voix apparaissent sans prévenir… Sans être fan de ces artifices, ils font incontestablement partie de l'oeuvre de Chaon.

Il reste au final une profonde réflexion sur les thèmes de la croyance, du mensonge, de la subjectivité, de la déstabilisation menant à la réalité améliorée et des bornes aux frontières mouvantes de ce que d'aucuns appellent la « vérité ». D'ailleurs comme le dit Dustin, « parfois, il y a un grain de vérité dans ce que les gens disent ». Cela n'est pas faux. Parfois…


Un grand merci à Léa et à son PicaboRiverBookClub comme à Albin Michel pour cette lecture en avant-première.
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Dan Chaon nous livre un thriller crépusculaire passionnant dans lequel on s'englue dans la noirceur avec autant de délice que la malveillance est douce.

Ce roman nous propose non seulement des énigmes emboîtées à résoudre, mais aussi une écriture expérimentale au plus près des pensées décousues et inquiétantes de nos héros instables qui fréquentent assidûment les paradis artificiels et les confins de la raison.

Pourtant, à mon avis, ça démarre plutôt mal avec trop de tout, un côté grand guignol et caricatural. Un héros, psychologue, qui a vécu avec ses cousines, l'assassinat de toute sa famille dans son enfance , qui vient de perdre sa femme, dont le fils cadet est un drogué , un demi-frère innocenté des meurtres qui sort de prison...tout ça au milieu d'une affaire de tueur en série apportée dans son cabinet par un patient, flic de son état et particulièrement perturbé lui aussi...il ne manque que les zombies !

L'auteur se sort assez habilement d'une histoire qui pourrait être classique et prévisible en distillant le doute permanent. Il nous attire dans les filets de son écriture énigmatique, car on a envie de savoir le fin mot de toutes ces affaires qu'un irrationnel pseudo religieux embrume copieusement.

On ne sait vraiment jamais où sont les méchants et les victimes, les malades mentaux ou les sains d'esprit . On navigue en permanence entre deux eaux, on se laisse faire ... j'apprécie la liberté créatrice, ce voyage dans des pensées instables et des perceptions floues. Il nous met en position d'enquêteur extérieur guettant de maigres indices dans les signes de cette écriture particulière à décoder.

Bien évidemment, je ne vous dirai rien de l'issue. Essayez ! c'est un bon polar noir, bien construit et écrit de façon originale.


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Grandiose et terrifiant, ce sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit.

Je suis subjuguée par le tour de force littéraire de Dan Chaon qui m'a fait aimé ce livre malgré des heures  d'angoisse, dont la fin est un summum de perversité. Ce livre est diaboliquement bien écrit !
Peu habituée à lire et à chroniquer des romans noirs,  me voici maintenant  confrontée à la difficulté de  dire sans trop raconter ce thriller psychologique qui m'a glacé le sang.

2011 :« Un jour au début de mois de novembre, le corps du jeune homme qui avait disparu sombra au fond de la rivière » ;
1983 : « Personne ne savait qu'ils seraient tous morts avant la fin du week-end ».

Le lien entre ces deux événements tragiques est Dustin Tillman, psychologue  à Cleveland dans l'Ohio.

En 2011, à la suite de plusieurs morts par noyade d'étudiants,  Dustin accepte la proposition de l'un de ses patients, un ancien policier en arrêt maladie, de mener avec lui l'enquête sur ces disparitions, imputées à un tueur en série ou à l'alcool, mais toujours classées sans suite.
En 1983, ses parents, son oncle et sa tante ont été sauvagement assassinés par arme à feu. le frère adoptif de Dustin, Rusty a été accusé et mis en prison. Dustin a aujourd'hui  deux enfants, Aaron et Dennis,  qui ignorent tout  du massacre. Mais la remise en liberté de Rusty qui est déclaré non coupable au bout de 29 ans de prison, va semer le trouble dans la famille.

J'ai aimé que l'histoire se déroule sur une longue période, de l'enfance de Dusty en 1978 jusqu'en 2014 qui permet de mieux cerner sa personnalité, celle de ses soeurs Kate et Wave et celle de Rusty. Rusty, l'orphelin et le mauvais gamin, le Heathcliff des Hauts de Hurlevent. Celui qui ne pensait pas à mal en faisant ses bêtises d'adolescent, que Dusty, enfant, adorait.

J'ai aimé la manière dont l'auteur a construit son roman. Il alterne le temps présent et passé sur une longue période, le rythme n'est pas linéaire, il passe sans cesse de l'un à l'autre. Et les quelques SMS qui ponctuent son texte sont terriblement efficaces. Je me suis un peu perdue dans les tableaux ne sachant plus qui parlait et où raccrocher ma lecture mais j'ai aimé cette coupure dans le texte qui me bouscule dans mes habitudes.

Don Chaon a joué avec mes nerfs et mon coeur, il assène la réalité  avec des phrases tranchantes mais il ne dit pas tout.  Que ce soit pour la série de meurtres ou le crime filial, le mobile et les circonstances sont imbibés au compte-gouttes d'une noirceur gothique à en perdre le souffle. J'ai été déstabilisée par le fait que Dusty ne termine pas ses phrases quand c'est lui qui parle. Et là aussi, Dan Choan a redoublé d'intelligence vénéneuse  quand il emploie le « je » pour Dusty : j'étais Dusty dans ma tête et je ressentais péniblement son désarroi et sa souffrance. 
En prise avec l'enquête des meurtres des étudiants et de son propre passé qui lui échappe, il ne se méfie pas assez  du piège que la faucheuse est en train de lui tendre, à lui et aux siens.

C'est un roman époustouflant de détresse intérieure et de manipulations perverses que je ne suis pas prête d'oublier !
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Titre : Une douce lueur de malveillance
Auteur : Dan Chaon
Editeur : Albin Michel
Année : 2018
Résumé : Les parents de Dustin Tillman furent sauvagement assassiné alors qu'il n'était qu'un enfant. En partie à cause de son témoignage accablant, son frère adoptif fut accusé du meurtre. de nombreuses années plus tard, alors que Justin est devenu psychologue, une analyse ADN vient innocenter le frère Rusty, qui est finalement libéré. En parallèle, Dustin se passionne pour de mystérieuses disparitions qui ont lieu dans la région. Aidé de Aquil, un policier qui est aussi son patient, Dustin franchit la ligne rouge et enquête sur cette affaire.
Mon humble avis : Atypique ce roman, inclassable, étrange et complexe. Ainsi le décor est planté : une douce lueur de malveillance n'est pas un roman comme les autres, sur le fond comme sur la forme. Je ne connaissais pas Dan Chaon avant de m'attaquer à ce texte et, en préambule, je peux d'ores et déjà vous dire que ce fut une expérience intéressante. Intéressante pour plusieurs raisons, la première réside dans la construction du texte : des aller-retours incessants entre les époques, des phrases coupées, des ruptures de style, des SMS, des chapitres où l'action se déroule simultanément en trois lieux différents - mise en page en colonnes - et tout cela lié par une écriture directe et fluide. Intéressante également car ce roman est, encore une fois, inclassable : il y a du polar dans une douce lueur de malveillance, il y a aussi du drame psychologique, de l'horreur, du roman noir, du thriller. Si l'ensemble est assez réussi, j'avoue avoir eu plus du mal avec l'intrigue, trop prévisible et l'accumulation d'effets qui, à la longue, peuvent paraître un tantinet superficiel. Mais là où l'auteur excelle, c'est dans les analyses psychologiques de ses personnages, dans les relations troubles qu'ils entretiennent, ici personne n'est épargné, peu de lueur mais des tonnes de malveillance... Dans cette famille dysfonctionnelle où la drogue et les traumatismes sont omniprésents, difficile de s'y retrouver, et c'est là l'un des grands talents de Chaon : égarer son lecteur avec des informations contradictoires, des avis divergents, pour mieux le mener par le bout du nez jusqu'au dénouement final. C'est fort malin, pervers et intelligent, et c'est maitrisé à la perfection par Chaon.
Mon humble avis : Assurément oui. Je ne me joindrais pas au concert de louanges qui ont accompagné la sortie de ce roman, mais il est indéniable qu'une douce lueur de malveillance est un roman assez perturbant, manipulateur et Choan un auteur bourré de talent. A découvrir assurément.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Une lueur ? quelle lueur ?? pas de lueur dans ce très sombre roman de Dan Chaon; pour la malveillance par contre, vous allez être servi !
Dustin est psychologue, père de famille et mari aimant. Il coule des jours paisibles à Cleveland quand il apprend que Russell, son frère adoptif, est sur le point de sortir de prison. Arrêté il y a trente ans pour le meurtre de ses parents, de son oncle et de sa tante, il est finalement déclaré innocent et blanchi. Mais alors, qui est coupable ?
Dustin, qui avait témoigné contre lui prend peur. Dans sa vie tout vacille : son fils aîné s'éloigne, le cadet se drogue, sa femme tombe malade; peu à peu il perd pied et va se lier d'amitié avec un de ses patients, ancien policier, qui se passionne pour une affaire de crime sataniques...
En sortira t'il indemne ?
Crimes, sexe, drogues dures, disparitions, manipulations... tout y passe.
Un thriller addictif qui vous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine, là où se cachent les pires travers, les perversions et la folie.
Vous reprendrez bien un shoot de noirceur ? Allez-y, c'est de la bonne !
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«  En fin de compte ,
C'est le mystère qui dure et pas l'explication. »
« Le nom qui peut être nommé n'est pas le vrai nom » .

Deux extraits de ce gros livre addictif ( âmes sensibles s'abstenir ) de 528 pages dont le lecteur ressort terrifié , obsédé ou soulagé ? je ne sais pas....à la construction originale, semblable à un puzzle géant, au rythme endiablé : écriture résolument expérimentale : pagination, ponctuation étrange , colonnes, espaces verticaux, bulles, textos, choses cachées , choses révélées de l'esprit , pensées décousues et complexe des héros, surtout de Dustin Tillman.....

L'auteur a réalisé un travail de titan, en nous baladant à travers les époques, énigmes familiales emboîtées, allers et retours dans le temps: 1978, 1983, 2012, 2014: disparitions mystérieuses, assassinats sauvages, addictions aux substances illicites et paradis artificiels entraînant une vision déformée de la réalité.
Dustin Tillman 13 ans et ses cousines jumelles de 17 ans vivent un drame terrible en 1978: leurs parents vont être assassinés par Rusty, le frère adoptif , recueilli après la mort de ses parents décédés dans un incendie, emprisonné depuis trente ans , sur le témoignage de Dustin , condamné à perpétuité , jusqu'à ce que un ADN retrouvé prouve son innocence .

Que s'est - il vraiment passé voici trente ans?

Drame fondateur de celle d'un homme plongé dans ses contradictions , les failles , les manques de sa mémoire d'adolescent ...

Dustin, maintenant quadragénaire ,devenu psychologue , dans la banlieue de Cleveland et père de deux enfants, se lance dans une enquête périlleuse au risque de dépasser les limites de son rôle de thérapeute , au milieu de ses doutes et ses souvenirs...

Manipulations diverses , détresse extrême, héros instables , noyades d'étudiants inexpliquées , croyances , subjectivité, déstabilisations , compliquent encore ce roman noir , crépusculaire , cette quête intense de vérité .

Mi - roman psychologique , mi- thriller, mi - polar, questionnement de soi, douleurs de la maladie, descente aux enfers, images contradictoires, fantasmes , rêveries——inventif et stylé , très contemporain, vertigineux et inclassable—— meurtres opportunistes ou noyades accidentelles ——-ce monument littéraire vous déchire le coeur, vous glace le sang, vous déstabilise———
Vous ne le lâchez pas ....
Une relecture me semblerait nécessaire, rarement un écrivain ( que je ne connais pas ) aura su explorer le mystère des identités avec un réalisme et un imaginaire aussi obsédant .
Un beau moment de lecture dérangeant qui prend aux tripes ...
Très difficile de donner une note à cet ouvrage !



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La façon de décrire la manipulation de certains enfants sur d'autres m'a fait plonger dans ce roman. Rusty est adopté par les parents de Dustin. Vacances prévues dans le parc de Yellowstone avec les cousines jumelles et leurs parents. Au réveil, les ados découvrent les quatre adultes assassinés. Étrange que les nombreux coups de feu dans le camping-car ne les ont pas réveillés ? Dustin et une de ses cousines chargent Rusty. Il sortira de prison 30 ans plus tard suite à test ADN tandis que lui deviendra psychologue et sympathisera avec un de ses patients avec qui il enquêtera, persuadé d'avoir affaire à un tueur en série. Aller-retour des deux époques avec différents narrateurs pas toujours facile à retrouver. Sur la façon dont la mémoire interprète surtout les souvenirs d'enfance. Je m'y suis vite ennuyée. Personnages et cheminement trop ambigus.
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Petite traversée du désert avec cet insolite roman noir!
J'ai même risqué l'abandon, croyant avoir un ebook corrompu avec ces bouts de phrases manquantes, cette pagination parfois en colonnes doubles, et ces espaces typographiques vides insolites.

L'enthousiasme des babeliotes m'a maintenue rênes serrées en me donnant quelques codes de compréhension et j'ai poursuivi l'esprit plus libre pour entrer dans ce bizarre « fouzitou » de noirceur, de psychologie, de saga familiale et d'enquête policière. Impression d'étrangeté et d'incohérence, accentuée par le brouillage temporel des chapitres.

Aucune douceur au fil des pages: psychose, folie meurtrière, addiction, maladie, deuil, disparitions, manipulation... sans pour autant agresser le lecteur car l'auteur évite la surenchère et sa narration se déroule sereinement tragique, l'air de rien. C'est une écriture très personnelle, incontestablement.

J'ai malheureusement un sentiment de frustration pour ne pas avoir tout saisi! Et ma petite névrose à moi, d'être ancrée dans le réel, m'a fait prendre trop de distance pour le sujet que beaucoup disent génial, mais que je ne suis pas loin de trouver fumeux.

Juste mon avis! À vous de tester...
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Ce livre a fait parler de lui à sa sortie, en 2018, acheté à ce moment là, mis dans ma pile, toujours énorme, des livres à lire et ressorti seulement maintenant...j'arrive donc après les critiques, nombreuses, de 2018 à son propos. Je me souviens l'avoir pris grâce à la 4ème de couverture parlant de "livre virtuose" et "d'inventivité littéraire". Grâce au titre aussi, cet oxymore vaguement inquiétant.

Alors, en effet, l'inventivité évoquée provient de la composition même du livre, de sa structure : une alternance de chapitres, de narrateurs différents, de temps différents, le tu prend parfois la place du je, le passé s'immisce entre deux tranches de présent. Mais cela ne dérange pas la lecture, au contraire même, cette composition donne une respiration au livre. Les chapitres s'enchainent agréablement, et chaque narrateur donne son point de vue et ses sentiments. Éclairages différents d'un même drame du passé.

Le personnage principal est Dustin Tillman, psychologue à Cleveland. Pendant son enfance, ses parents (son père, sa mère, son oncle et sa tante) ont été assassinés et les soupçons se sont immédiatement portés sur son demi-frère, Russell. Il faut dire que ce dernier a vécu des choses difficiles et inquiétantes avant son adoption et s'est comporté avec Dustin, alors bien plus jeune, de façon troublante, voire malsaine.
Dustin mène une vie familiale normale avec sa femme et ses enfants jusqu'à l'annonce (par sa cousine Kate) de la libération de ce demi-frère, innocenté grâce à des tests ADN, mais qui a passé tout de même presque trente ans en prison.

Alors que sa femme décède d'un cancer, en parallèle commence à s'épanouir une inquiétude qui ronge Dustin nuit et jour. Comme pour se focaliser sur quelque chose, pour faire taire ce qui gronde en lui, il s'intéresse de façon presque obsessionnelle aux nombreux autres meurtres jamais élucidés : la disparition de plusieurs étudiants des environs que l'on a retrouvés noyés. C'est un de ses soit-disant patients, Aquil Ozorowski, un ancien policier, qui va se joindre à lui, après l'avoir testé, pour essayer de rassembler les pièces de ce puzzle. Cette quête, presque malsaine, le rend aveugle au délabrement de son propre fils et lui permet en tout cas de faire taire l'angoisse qui monte doucement.

Le lecteur devine, au fur et à mesure, les contradictions subtiles d'un homme à qui tout échappe : sa vie de famille, ses propres fils et son passé si bien cadenassé, mouvant, ses souvenirs si incertains. Nous nous posons des questions sur son identité. Qui est-il vraiment ? Dan Chaon nous déstabilise, nous qui nous croyons "experts de notre propre vie". Composés de multiples facettes, savons nous qui nous sommes vraiment ? Savons nous reconnaitre en nous, accepter, assumer, nos facettes les plus sombres...qui brillent comme de douces lueurs de malveillance ? En les ignorant, ne deviennent-elles pas explosives et dévastatrices ? Des déflagrations...



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Quelle oeuvre étrange ! Il m'a fallut un moment afin de savoir si je l'avais apprécié ou non. le roman en lui-même est tellement spécial que l'on se pose réellement cette question, à la fin. C'est un mélange de thriller, de polars, de littérature contemporaine et de roman noir. Ce qu'on appelle un « fourre-tout ». Mais ce « fourre-tout » là, fonctionne plutôt bien après réflexion. Évidemment, ceux qui ne sont pas adeptes des romans noirs, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin. Parce que celui-ci l'est particulièrement ! 
En lisant les premiers chapitres, je me suis dit que ce roman avait tout pour me plaire : des chapitres courts, un rythme très soutenu, un meurtre … Banal, mais qui fonctionne toujours ! Puis, ça a dérapé dans un genre que je n'avais jusque-là jamais vu : des textos insérés dans l'intrigue, des tableaux, des lettres, des émoticônes … C'était bizarre, et je dois l'avouer, parfois ça m'a vraiment coupé de l'intrigue. J'avais souvent l'impression d'être droguée en même temps que les protagonistes, ce qui était assez déconcertant. J'ai vraiment eu l'impression d'avancer dans un compact brouillard, parfois sans que ma lampe frontale ne me soit d'aucun secours. Pourtant malgré cet épais brouillard, on comprend vite (trop vite, et je le regrette) l'identité de Jack Daniels. Si l'histoire de Rusty et Dusty nous surprend (simplement parce qu'on nous a poussé à penser à cette solution), ce n'est pas le cas de celle-ci. le côté sombre de l'histoire aurait été encore plus exacerbé avec une autre solution. D'ailleurs parlons de sa noirceur. Entre les meurtres, les disparitions, la drogue, le sexe et les rites sataniques, on est servi. Mais qu'à cela ne tienne ! À ça, l'auteur ajoute une ambiance glauque digne de la Louisiane. Moi qui trouve généralement que les romans noirs n'en font pas assez, je me suis retrouvé contenté. Les allusions au « Seigneur des anneaux » ne suffiront pas à alléger le ton de l'oeuvre (le pieds de Frodon et dame Galadriel ne font pas le poids).
Côté personnage, que dire ? Je ne me suis attaché à aucun d'eux … Et étrangement, pour la première fois, j'ai aimé ça et c'est, je pense, ce qui l'oeuvre encore plus noire qu'elle ne l'est déjà. Chacune des personnalités des personnages est bien travaillée. Cela-dit, je regrette un peu la facilité utilisée par l'auteur : un enfant maltraité qui en maltraite un autre, fait automatiquement de lui un « maltraiteur » … Non, c'est faux ! Pas tous les enfants abusés ou maltraités ne reproduisent le schéma familial. Puis, cette famille dans son ensemble m'a semblé particulièrement malsaine. Des nièces, aux grand-parents. 
Autre fait qui m'a légèrement dérangé, c'est que je n'ai pas eu l'impression de changer d'années selon les narrateur. J'ai continué à évoluer à l'époque où Rusty et Dusty étaient petits, et jamais le paysage les entourant n'a changé dans mon imaginaire. 
À la fin, je me suis dit : « Noooooooon, il peut pas s'arrêter comme ça ! » - « Eh bien » (comme dirait Dusty), si ! Ça s'arrête comme ça. J'étais un peu blasée par la fin, mais j'ai fini par accepter en me rappelant qu'on était en plein roman (plus que) noir et que, donc, cette fin avait une certaine logique. 
En résumé, j'ai aimé ! C'est particulier, ça change, ça dérange, ça fait un peu froid dans le dos … Mais surtout, ça marque les esprits ! Et c'est avec ça que l'auteur a tout gagné. Parce que lire ce roman, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, une chose est sûre : on ne l'oublie pas !
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