La maîtresse de mon mari

An 1997, on ne parlait pas encore d'autofiction. et pourtant qu'est que que ce roman sinon la version à peine romancée de la vie de l'auteur, renommée Béatrice et de son premier mari, Jean-Jacques Servan Schreiber, nommé Christian, et Françoise Giroud, alias Andrea, la maîtresse, collaboratrice et cofondatrice de L'Express. 

Madeleine / Béatrice vit, maladive, une vie d'oisive (tiens une héroïne de Françoise Sagan !). Elle passe ses journées à lire, dormir, traîner en terrasse de cafés, profiter de la vie après les années de guerre, et le soir, elle accompagne Christian / Jean Jacques dans des dîners mondains où se retrouvent industriels et patrons de presse. 

Lors d'un de ces dîners, ils font la connaissance d'Andrea. Et Christian d'homme à femmes, devient le pivot de ce ménage à trois (Alexandre Dumas, repris par Sacha Guitry a bien dit : "Les Chaînes du mariage sont si lourdes à porter, qu'il faut être deux. Parfois trois.") 

Christian et Andrea vont fonder l'Essentiel (alias de l'Express) qui deviendra LE magazine d'informations que tout le monde s'arrache. Béatrice y tiendra une chronique littéraire prémices de sa carrière d'écrivain. 

Béatrice t Andrea deviendront amies, disséquant Christian ... 

Jusqu'au jour où l'envie de produire une progéniture taraudera Christian et qu'il plaquera Andrea et divorcera de Béatrice. La plus faible mais ex-officielle s'en tirera mieux ! 

Il me semble que cet ouvrage aurait eu plus de force qi l'auteur avait osé l'autobiographie plutôt que ce pseudo-roman à clés qui ne trompe personne. 

Je n'avais encore jamais lu de roman de Madeleine Chapsal. Je ne renouvellerai probablement pas l'expérience ! 
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Quand l'héroïne entend la nouvelle à la radio, elle n'en croit pas ses oreilles. Elle appelle sa soeur pour l'avertir : Andréa vient de mourir. Claudine semble tout autant dubitative. Elle ne l'aurait pas cru lui répond-elle.
Andréa, en effet, semblait inoxydable. Pendant des années, Béatrice, la narratrice, l'a côtoyé bien malgré elle. Elle a appris à la connaître, à l'apprivoiser, à l'apprécier, à la trouver utile, à l'aimer même.
Andréa, pourtant, était la maîtresse de son mari.
Mais, loin de la jalouser, elle a admiré cette femme qui lui volait pourtant une partie de son mari.
Le récit de ce ménage à trois est banal, mais pas commun. Derrière Béatrice se cache Madeleine Chapsal et derrière le couple adultère se cache deux autres grands noms : Christian est Jean-Jacques Servan-Schreiber et Andréa est François Giroud.
C'est bien de cette histoire folle qu'il est question. Une passion dévorante, Un couple à trois. Des ambitieux qui montent un journal, leur bébé. Ici, L'Express est nommé L'Essentiel.
Madeleine Chapsal conte la genèse du couple Christian-Andréa, le besoin qu'il a eu d'elle, la place qu'elle a pris dans sa vie à lui. Béatrice, elle, n'est ni reléguée à côté, ni au centre, Elle maintien une place bien à elle, un pied dedans un pied dehors. Sa mésaventure est accueillie avec philosophie. A quoi bon ruer dans les brancards, à quoi bon poser des ultimatum. Non, son Christian, elle l'aime, elle le soutien, elle lui presque un culte. Il est doué, brillant, solaire. Elle, elle mènera sa vie à côté.
L'obsession qu'elle développe pour Andréa peut surprendre. Elle ne la déteste pas, loin de là. Andréa est une femme forte et indépendante. Pour Béatrice, Andréa a totalement sa place. Bien sûr, personne ne peut comprendre, mais personne n'a a comprendre de toute façon.
Christian les quittera toutes les deux en même temps, pour fonder une famille et avoir des enfants. Toutes deux se retrouveront seules paradoxalement, mais ne couperont pas les liens.
Etonnante histoire. Un beau récit, une écriture soignée.