Il s'agit là d'une suite de notes que
René Char a pris lorsqu'il oeuvrait dans la Résistance, des notes, oui, mais des notes poétiques -si ce dernier qualificatif suffit à correctement représenter la vibration que celles-ci provoquent, ce dont je doute.
Le style aphoristique nous offre la poésie à l'état pur, délivrée de son enveloppe, de ce qui la prépare et la prolonge ; elle existe seule et il faut apprendre à l'apprécier ainsi pour réellement prendre conscience du génie de cette oeuvre. Chaque note est séparée de ses voisines par le numéro qu'elle occupe dans l'ouvrage, mais au fur et à mesure que l'on plonge plus avant dans celui-ci, on se rend compte que ces nombres qui défilent ne sont pas uniquement là pour servir de cloison délimitantes, ils ne sont que l'illustration mathématique de l'évolution du "récit". Car il y a une réelle progression, qui n'est pas forcément apparente au premier coup d'oeil.
Réduire cet ouvrage à une simple suite de notes plus ou moins lyriques prises pendant la guerre et la Résistance serait injuste, car il est beaucoup plus que ça, la plupart de ces pépites poétiques explosent en notre imaginaire tel l'atome isolé capable de rayer une ville de la carte ; elles se révèlent être universelles et intemporelles, voire même visionnaires.
C'est une poésie nouvelle que j'apprécie énormément, ne m'étant jamais vraiment plongé très profond dans ce style littéraire, je n'oserai pas prétendre qu'elle révolutionne celui-ci, mais il s'agit là tout du moins de celle que je préfère jusqu'à maintenant.
J'achève donc le premier livre de
René Char que j'ai lu et il me semble évident qu'il ne devrait pas se sentir seul trop longtemps.
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