: Non, vous ne rêvez pas.
Le personnage en 1ère de couverture n'a pas derrière lui un chariot à jouets comme votre petit frère.
Il ne tire pas non plus dans son sillage les courses d'une semaine dans un caddie chargé comme vos parents, il charrie avec lui un...cercueil.
Le titre le disait.
Mais le roman nous jouera t-il des tours,
Alexandre Chardin nous roulera t-il dans la farine et la drôle de métaphore?
Les débuts du roman ne détrompent en tous cas pas sur le sujet, le jeune Gabriel, 15 ans, annonce à sa classe médusée le décès de sa maman.
Chacun s'attendait à une excuse moins audacieuse pour avoir à justifier qu'il n'ait encore pas fait ses devoirs. Gabriel a l'air d'être un ado compliqué.
Peut-être est ce là le vrai sujet finalement, conclue t-on.
Cette dimension qui pourrait l'obliger à tomber lourdement dans le mytho monumental, car cacher un parent contre son gré, c'est une opération compliquée, nous le savons, vous le savez, surtout pour les convocations des professeurs.
D'autant qu'un mensonge pareil ne passerait pas après inaperçu, cela ferait en général le tour du lycée comme une traînée de poudre pour son effronterie.
Alors? Où cela va t-il nous mener?
Dans le calme et la tempête, chers lecteurs.
Alexandre Chardin chahute son contexte de départ où l'on peine à savoir si c'est hier ou aujourd'hui.
C'est l'urgence.
Gabriel crache ses mots, les phrases sont souvent courtes, un style à bout de souffle, il est en révolte.
Et puis à quelques pages parcourues, nous ne savons plus où il est.
Peut-être que son excuse n'en est pas une fausse, s'étonne t-on.
Quel malheur!
Alexandre Chardin ne nous avait pas habitué à des récits aussi grâves.
Où est Gabriel?
Sa mère, elle, finalement, nous savons, elle n'est plus, mais lui, où est-il parti trainer sa colère?
L'auteur nous réserve un secret de famille désagreable qui explique la rancune de l'ado.
Rancune, oui, car en plus de l'avoir laissé, les dernières volontés de la mère ne seront que plus douloureuses pour Gabriel.
Son monde n'a pas de sens commun, son monde va mal.
Gabriel va tenter d'accorder à l'histoire qu'il partageait avec sa mère un mot de la fin qui lui conviendra pour aller de l'avant.
Mais pour cela, il va falloir opérer quelques changements majeurs pour lui.
La 1ère de couverture. Vous y êtes?
Les frais d'enterrement, les frais de concession, ça ne se résumera pas à une histoire d'argent pour Gabriel et quelques adultes sembleraient l'appuyer dans son drôle de projet.
Grands dieux, diraient les bouches pincées, sacrilège! On ne joue pas avec le dernier voyage des défunts!?
Curieux. Touchant. Étrange. Brûlant.
C'est à s'en rendre malade pour le jeune Gabriel.
Ça se lit tout seul et sans curiosité mal placée, on a envie de savoir.
Où précisement Gabriel et sa maman trouveront respectivement le repos et la sérénité?
Une idée d'histoire culotée et des âmes de personnages à fleur de peau.