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Critique de Christophe_bj


Coup de coeur ! ● Un écrivain à succès, Octave Milton, passe une année comme pensionnaire à la Villa Médicis à Rome (ce qui est aussi arrivé à Lise Charles, séjour dont le présent roman est le fruit). de là, faute de faire ce pour quoi il a été sélectionné – écrire un roman sur son ancêtre l'architecte Borromini –, il entretient une correspondance électronique nourrie avec plusieurs correspondants : une vieille amie qui fut sa maîtresse, Livia Colangeli, une admiratrice, Prune, et une universitaire, Marianne Renoir (qui est le pseudonyme qu'utilise Lise Charles pour ses publications pour la jeunesse). ● Je ne sais quel adjectif choisir pour qualifier ce roman épistolaire : riche, fin, subtil, élégant, cultivé, érudit, sophistiqué, délicieux… : c'est dire s'il m'a plu ! Il est aussi très original et se démarque au sein des parutions de cette rentrée littéraire. Créé par une grammairienne spécialiste des siècles classiques, ce roman est une magnifique réécriture des Liaisons dangereuses, avec une intrigue qui ne se centre plus sur le sexe mais sur l'écriture elle-même, dans un jeu vertigineux entre la réalité et la fiction, et qui se termine magistralement en revenant à la phrase en exergue au début. ● Les autres pensionnaires de la Villa sont campés avec beaucoup de drôlerie. Au passage, l'art contemporain est critiqué de façon pertinente et drôle – le livre étant d'un bout à l'autre plein d'un humour qui s'exerce au premier, au deuxième (et non second) et même au troisième degré (il sera question de ce degré dans plusieurs passages du livre). ● Lorsque les mails font place au journal d'une enfant qui devient adolescente, on craint le pire tant l'exercice est périlleux, mais les aphorismes enfantins font merveille (voir mes citations) et on ne s'ennuie pas une seconde à leur lecture. L'autrice (qui ne doit pas tellement aimer ce mot) a bien su trouver ce qu'il fallait pour en « dramatiser la lecture » comme le conseille l'éditeur Frédéric Boyer à Octave Milton (page 339) : « on attend que quelque chose se noue », et quelque chose se noue ! ● La réflexion sur le langage qui s'exerce à plusieurs endroits du livre est passionnante et je trouve que Lise Charles sait particulièrement bien vulgariser sa discipline universitaire (elle est maître de conférences en langue française) que d'aucuns croient (à tort) austère. ● La réflexion sur la littérature n'est pas moins passionnante, par exemple lorsque l'on voit comment l'écrivain Octave Milton opère deux traitements littérairement différents d'un même événement. On est subjugué par la petite cuisine de la littérature qui se donne à voir dans ce roman. ● On sait gré à Lise Charles d'avoir évité aux mails l'habillage habituel des romans contemporains qui usent de force @ et autres abréviations (pour « faire vrai » ? pour faire « moderne » ?). ● Un petit regret : de ne pas avoir plus développé le personnage de la mère d'Octave. ● Un autre : le titre. ● Une éclatante réussite qui, je l'espère, aura le prix Médicis (Lise Charles y est sélectionnée et ce serait une belle coïncidence pour ce roman qui se passe à la Villa du même nom !).
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