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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce magnifique roman a été couronné du Prix Goncourt en 1966, année de ma naissance mais ce n'est que beaucoup plus tard que je l'ai embarqué dans mes valises lors d'un séjour en Sicile. C'est toujours intéressant de lire "en contexte" les romans qui en disent beaucoup sur un pays et ses natifs. Ici, il s'agit de retour au pays, d'ambition, de quête d'identité, d'amour aussi. Bref, tous les ingrédients pour un très joli moment de lecture.
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Étrange roman que celui d'Edmonde Charles-Roux, empreint d'une douce désespérance. Aucun de ses protagonistes ne sort indemne de l'histoire violente et brûlée où les précipitent les liens indéfectibles au sol natal, à cette Sicile auréolée de fatum et de grandeur.
Dans le New-York des années 50, Gianna Meri tient une rubrique voyages et gastronomie dans un magazine à grand tirage, Fair (n'oublions pas que l'auteur a été rédactrice en chef de Vogue). Elle est placée sous la responsabilité de Barbara, une célibataire qui incarne la femme moderne, active, émancipée, maîtresse de sa destinée. Gianna et Babs logent chez Mrs. Mac Mannox – Tante Rosie – qui veille sur sa nièce Babs avec la vigilance d'un mentor parfaitement informé des usages et des codes de la bonne société new-yorkaise. La jeune femme, lisse en tout, doit pouvoir, malgré les années qui passent, faire un brillant mariage en épousant l'un de ces hommes d'affaires, éditeurs, avocats invités à la party annuelle qu'elle donne.
Quelle nostalgie poignante étreint Gianna ? Pourquoi a-t-elle fui Palerme? Pourquoi se refuse-t-elle à parler du passé ? Qu'a-t-elle laissé derrière elle et qu'elle tait même à Babs, surtout à Babs ? Les souvenirs tenus à distance vont pourtant affluer quand elle rencontre Carmine Bonnavia dans une soirée. D'origine sicilienne, il mène une belle carrière politique et brigue la mairie. Son père, émigré sicilien de la première génération, tient un restaurant « Chez Alfio ». Mais le fils a d'autres ambitions, faites de conquête du pouvoir, d'ascension sociale. D'ailleurs, Barbara pourrait être la femme capable de lui ouvrir certaines portes jusque-là fermées et d'effacer l'image du fils d'immigré.
Au contact de Carmine, la Sicile s'impose de nouveau à Gianna, avec la torture des jours heureux qui ont tourné au cauchemar. Elle se souvient de sa grand-mère aimante, de la plage inondée de soleil, du village de Sólanto où enfant elle accompagnait son père médecin chez le baron de D. où il soignait le rejeton de la lignée familiale, Antonio. Les années passant, une amitié est née entre les enfants qui s'est transformée en amour à l'adolescence. Un amour solaire, exclusif, auquel s'abandonnent les deux jeunes gens parce qu'ils se sont trouvés et reconnus. Quand la guerre survient, Antonio rejoint les troupes italiennes qui combattent sur le front grec et y trouve une mort absurde, débarqué avec son peloton sans munitions. Pour Gianna, c'est la première des morts, celle qui frappe avec une douleur fulgurante. Don Fofò, le père d'Antonio, prendra le maquis et le baron sera exfiltré de justesse vers les États-Unis avant son arrestation par la milice. Viendra pour Gianna, la disparition d'autres êtres chers, son père, sa grand-mère et les bombardements qui sèment la destruction et le chaos.
Carmine, malgré lui, est contaminé par la Sicile, comme s'il devait une première fois et une dernière fois boire à la source de toutes les sources avant de poursuivre sa voie et de l'accomplir. Contre l'avis de son père, il décide de faire son voyage de noces avec Babs à Palerme. Cet homme calme, maître de ses émotions, habile tacticien, subit au bout de quelques jours l'étrange alchimie du lieu qui révèle en lui sa part d'ombre : l'Américain, le nanti, le fanfaron est ridiculisé par un petit vendeur de jasmin qu'il va se mettre à poursuivre dans toute la ville par blessure d'orgueil et besoin de revanche. Quand enfin Carmine retrouve Gigino, la rencontre tourne à la rixe et l'enfant est gravement blessé. À partir de ce moment, l'implacable roue de la vengeance va broyer Carmine. Soustrait aux recherches de la police, il est caché avec Gigino dans une cave. Quand l'état de l'enfant devient désespéré, malgré les recommandations, il quitte son abri pour aller chercher un médecin et est abattu en pleine rue. Au moment où il a pleinement incarné toutes les valeurs siciliennes, après la violence et l'orgueil, la loyauté, le sens de l'honneur et du devoir, le secours aux plus faibles, il mourra.
le roman d'Edmonde Charles-Roux n'a pas pris beaucoup de rides, comme toutes les oeuvres fortes. La description du journalisme de mode et du fonctionnement d'un hebdomadaire féminin est toujours d'actualité – ah ! Fleur Lee, la figure incontournable des salles de rédaction – et le portrait de Babs, jeune femme confrontée au vide abyssal des vies gouvernées par le bon ton, les codes étriqués et la sécheresse des sentiments, est percutant. Quand le récit quitte New-York pour la Sicile, la langue se fait riche, dense, chargée de parfums et d'évocations poétiques. le livre se referme sur l'espoir, celui d'être « prisonnière volontaire de l'oubli ». Car faire voeu d'oublier revient à toujours se souvenir de l'essentiel, comme s'il était vain de terrasser ce qui est inscrit en nous de façon indélébile, la pulsion de vie se chargeant de nous faire avancer sur nos chemins parfois chaotiques.
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Je n'ai pas vraiment aimé ce roman. j'ai vraiment eu du mal à aller au bout, d'ailleurs j'ai arrêté à la page 241. Je n'ai pas compris qu'on ait décerné un Goncourt pour cette histoire. Les va et vient entre les souvenirs de Sicile et la vie à New-York sont mal organisés, le passé des uns et le présent des autres se mélangent sans aucune harmonie. Quelques jolies scènes de pieds nus m'ont pourtant charmés. Les personnages de New-York m'ont carrément énervés.
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