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EAN : 9782371270152
143 pages
La Cheminante (23/10/2014)
4/5   13 notes
Résumé :


"Naître et ne pas être" pourrait résumer ce roman de l'exclusion familiale. Née d'un adultère, une jeune femme noire lutte contre le rejet de sa famille blanche.

Le ressentiment changé en haine de sa mère lui fait vivre le pire dans ses relations intimes, particulièrement avec les hommes.

La violence contenue dans le début du récit se mue peu à peu en une quête de sérénité où il s'agit de contourner le destin pour retr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« C'est comme si toi et moi étions sous l'emprise d'une fatalité, comme si nous portions les mêmes chaînes sans qu'aucune ne soit parvenue à s'en défaire librement, comme si nous avions laissé l'amour de l'homme nous broyer, comme si nous avions laissé l'homme broyer l'amour de nous-mêmes. » (p. 121) Je découvre l'écriture de Charline Effah avec ce tout petit roman, qui m'a charmée plus que je ne m'y attendais. On y fait la rencontre de Lucinda Bidzo, la narratrice. Née d'une relation éphémère qu'a eu sa mère alors qu'elle était mariée, non désirée et élevée en partie par sa tante Effiri jusqu'à ses douze ans, lorsque sa mère la reprend pour l'amener dans sa famille où elle n'aura pas véritablement sa place, Lucinda vit maintenant en France, où elle a une relation avec Amos, un homme marié et père de deux enfants… de N'Être à être, il y a un grand pas, et c'est celui que Lucinda pourrait bien franchir, à travers ce portrait touchant d'une relation mère-fille manquée. À lire pour le sujet et pour la beauté des phrases : « Tu me disais des mots que je n'entendais pas parce que le temps où je devais les entendre avait rejoint les souvenirs de ces choses qu'on regrette de n'avoir jamais vécues. » (p. 84)
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Ce petit livre nous parle de grands sujets : la condition de la femme, notamment ici de la femme africaine, la relation compliquée mère/fille lorsque l'enfant est né d'un adultère et la difficulté de se retrouver dans la position de maitresse. Ce très court roman est criant de vérité et décrit les sentiments avec beaucoup de justesse, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé certaines métaphores et réflexions de l'auteure. Il est également question dans le livre de l'amour, un amour fort, pas toujours partagé, et des relations dans un couple. La couleur de peau et la discrimination sont aussi abordés.
J'ai apprécié le fait que la narratrice tutoie le lecteur, ou plutôt ici la lectrice puisqu'elle parle à sa mère. Mettre par écrit ce qu'elle ressent semble être pour elle un geste d'expiation, un moyen de se recentrer sur elle-même et de panser ses blessures.
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Si je fais attention cette année à lire plus d'auteures, j'essaie également d'étendre mes horizons de lecture qui jusqu'ici étaient – malheureusement – majoritairement blancs, hétéros et européens / blancs… J'étais donc impatiente de découvrir Charline Effah, auteure d'origine gabonaise, et la quatrième de couverture m'avait séduite et intriguée.

Et quelle bonne découverte ! Rapidement, déjà sur le format : absolument adorable, je m'attendais à un format standard mais il est en fait très petit et j'ai trouvé ça adorable (et très pratique à lire pour mes petites mains, mais passons). La couverture est simple, presque minimaliste mais elle attire l'oeil, intrigue et finalement représente parfaitement l'histoire qui se cache derrière.

Les premiers paragraphes ont été suffisants pour que je tombe d'admiration pour la plume de Charline Effah. Elle utilise beaucoup de phrases courtes, qui donnent un rythme et une poésie particulière à son texte, s'en est presque envoûtant. le vocabulaire employé est simple et l'auteure n'a pas besoin de fioritures pour toucher le lecteur. J'ai été agréablement surprise de trouver des mots que je ne connaissais pas du tout, dont on devine l'origine gabonaise. C'est des plus intéressants et ça n'empêche pas la compréhension du texte, même si j'étais un peu à côté de la plaque pour certains mais heureusement le glossaire à la fin du livre m'a remis dans le droit chemin. D'ailleurs, ce glossaire n'est pas annoncé donc je ne savais pas que les mots seraient explicités… Dans ce cas là je préfère généralement les notes de bas de page, mais le glossaire fonctionne tout aussi bien.

C'est avec sa plume magnifique que l'auteure aborde des sujets très sérieux, au travers d'une narratrice qui s'adresse à Medza, sa mère, tout au long du livre. Enfant d'adultère, Lucinda est abandonnée chez sa tante sous les ordres du mari de sa mère, appelé dans le livre « le Père ». La majuscule comme le titre sont tout à fait représentatif de la position dominante du père de famille dans cette (la ?) société.

Lucinda ne connaît que très peu de chose de son passé, ce qui la hante, mais on ressent la profonde rancoeur qu'elle entretient envers sa mère. Pour l'avoir abandonnée, pour ne rien lui avoir expliqué, etc. La première partie du roman nous montre une narratrice perdue, qui se complaît dans une relation destructive et presque abusive, en se posant tout un tas de questions. Puis, c'est pleine de courage qu'elle retourne voir sa mère, après tant d'années, pour demander des explications. La conversation qui s'ensuit est à la fois abrupte, touchante, et déroutante. Lucinda se rend alors compte qu'elle partage beaucoup de traits de caractère et d'expériences, avec sa mère.

Rien n'est magique pour autant, si une réconciliation (ou plutôt, une compréhension) est entamée à la fin du roman, on comprend qu'il faudra encore beaucoup de temps et de discussions pour que mère et fille soient proches.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Je vais commencer ma critique comme il se doit, en remerciant les éditions La Cheminante et Babelio pour cet ouvrage puisque je l'ai reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Il est vrai que sans cela, je n'aurais jamais acheté ce livre pour différentes raisons, à commencer par son format (archi mini poche de 150 pages) et son prix (10€). Au premier abord on se dit mauvais rapport qualité prix mais bon c'est peut-être mon côté Picsou qui parle.
En commençant ma lecture, je ne savais presque rien de cet ouvrage et de l'auteur si ce n'est qu'elle abordait des sujets susceptibles de m'intéresser dans ma récente quête d'identité raciale.
Au fil de ma lecture je me suis trouvé énormément de point commun avec notre héroïne. Tellement qu'à certains moment je me suis demandé si l'auteur ne m'avait pas secrètement espionné.
C'est donc tout naturellement que je me suis attaché au personnage et pourtant ce n'était pas gagné car voyez-vous, notre héroïne à un odieux secret.
Secret qui va d'ailleurs l'entraîner dans cette recherche d'elle-même jusqu'à la découverte de ses "vraies" origines et à la compréhension de l'univers dans lequel elle a grandit et qui l'avait conditionné malgré elle.
Je ne voudrais pas trop en dire pour vous donner envie de lire ce petit ouvrage, les pages se tournent vite malgré la pudeur de l'auteur à dévoiler toute l'histoire.
Le choc viendra pour moi à la fin lorsque je me suis rendue compte que l'auteur était originaire du même pays que moi. Avec ce livre, j'ai gagné beaucoup plus que ce à quoi je m'attendais.
C'est simple, drôle par moment mais surtout bourré d'émotions justement dosé. A lire cet été allongé sur un transat lorsque la pluie aura enfin décidé de nous lâcher un peu...
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Lucinda est une jeune femme libre, mieux libérée. Quoique l'expression « femme libérée » n'est plus en odeur de sainteté. Nous ne ferons pas dans le cadre de cette chronique la guerre des mots, ni celle des qualificatifs. Nous dirons juste que Lucinda vit une relation amoureuse avec un homme marié tout en étant courtisée par un autre homme du même entourage. Quoi de plus banal de nos jours à une époque où des sites internet proposent de faciliter la relation physique extra-conjugale… de quoi passer pour un réactionnaire et être associé à la contre-révolution des moeurs. Alors que j'abandonne mes élucubrations pour revenir à ce monologue intérieur, Charline Effah choisit de prendre son lecteur par la main et de le conduire dans les méandres des distorsions psychologiques de son personnage narrateur.

Pour cela, elle construit un roman non linéaire où l'expression de la narratrice évolue en fonction de ses interlocuteurs. Les choix, les orientations de Lucinda, ce qui forme le Graal de son combat, trouve son essence dans une enfance complexe où rejet et marginalisation furent des maîtres mots. Au-delà de cette dimension, la figure de Medza, sa mère, est extrêmement présente. La vie de Lucinda n'est construite que dans la négation de la figure maternelle qui est synonyme de trahison, de veulerie et d'abdication. C'est par un « Tu » dénonciateur que Lucinda entretient l'imaginaire associé à sa mère.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
« Que diras-tu, Medza? Que diras-tu à ta maisonnée à notre sujet?Trouveras-tu des mots assez justes, assez forts, assez puissants, des mots sans t’écorcher les lèvres, des mots pour conter l’histoire de la femme debout devant la porte entrouverte? Cette femme est ta fille. Cette femme est leur soeur. Cette femme aurait pu être la fille de leur père. Cette femme, c’est moi. Je m’appelle Lucinda Bidzo » P.26
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"On ne peut réinventer l'amour. On prend celui qu'on nous donne, comme on nous le donne et quand on nous le donne". N'être, P 25
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Nous nous regardons sans dire un mot. Je crois, je sens, je ressens que, toutes les deux, nous sommes traversées par la même envie de pleurer, les mêmes craintes au sujet de la suite, la même volonté de faire que les choses ne soient plus comme hier. C’est certainement pourquoi toutes les deux nous ne pleurons pas. Et nos silences et notre joie anxieuse se rejoignent, comme une conspiration intime et profonde à rattraper le temps perdu.
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Or, les apparences sont comme le sable dans le désert, elles recouvrent des carcasses de vies le temps qu’une tempête se lève et les mette à jour. (p. 59)
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Un immense corridor conduit à la salle de séjour du rez-de-chaussée face à la porte attenante à la cuisine extérieure. Medza. Tu marches devant moi, nonchalamment. Je te suis bruyamment, traînant avec difficulté une grosse valise noire. Tu ne me demandes pas si j'ai besoin d'aide. Tu ne te retournes pas. Et même lorsque tu t'arrêtes un moment pour ajuster tes mules, tu ne me parles pas. Je m'arrête aussi, fixant nos deux ombres sur le sol, oblongues et voûtées. Je pense au temps, aux années, aux gens, à moi, aux ambitions, aux plans c'est-à-dire tout ce qui parasite et brouille l'amour
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Videos de Charline Effah (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charline Effah
VLEEL 258 Rencontre littéraire avec Charline Effah, Les femmes de Bidibidi, Emmanuelle Collas
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