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EAN : 9782866459710
324 pages
Le Félin (20/01/2022)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Comment la droite, qui venait pourtant d'élire Valéry Giscard d'Estaing, un président jeune et dynamique soutenu par les plus purs héritiers du Gaullisme dont le premier d'entre eux, Jacques Chirac sera aussi le Premier ministre, comment cette droite au sommet de sa gloire a réussi l'improbable : perdre l'élection présidentielle de 1981 !?
Si de nombreuses études sont revenues en détail sur les conditions de la victoire de François Mitterrand, le propos de Pi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une analyse très complète et très bien documentée sur les raisons de l'échec de VGE à se faire élire pour un second mandat le 10 mai 1981.

1974, VGE est élu tambour battant (comme en témoigne le film de Depardon sur sa campagne) et fait de l'élimination de l'état UDR l'un des axes de sa campagne.
Il a su capter la volonté de changement de la société française - 53 % des femmes ont voté pour lui contre 47 % pour Mitterand, de même 55 % des inactifs, 63 % des cadres supérieurs et 70 % des agriculteurs. Des scores que les 52 % de cadres moyens et employés et 67 % d'ouvriers en faveur de Mitterand ne parviennent pas à contrebalancer.

Tous les feux sont au vert pour VGE. Mais voila, il y a un hic qui s'appelle l'UDR et deviendra le RPR…On connait la suite !

Pour l'UDR, VGE est un traitre il y a eu son « oui mais » et « l'exercice solitaire du pouvoir » en 1967, pour qualifier la politique du Général de Gaulle, et l'appel à voter NON au référendum de 1969 qui s'est traduit par le départ du Général.

L'auteur documente très bien l'épisode Chaban, candidat malheureux abandonné par ses compagnons gaullistes. Considéré comme un social-démocrate par Pierre Juillet et Marie-France Garud, les deux stratèges qui poussent Chirac à la trahison et choisissent VGE pour éviter que la droite ne perde. Chirac premier ministre UDR va en baver des ronds de chapeau confronté à VGE et sa clique (Michel Poniatowski et consort) à laquelle il réserve des informations qu'il ne transmet pas à son premier ministre.
On connait la suite, qui a trahi sera trahi…

Les suites de de la démission de Chirac sont ravageuses :
Le 5 décembre 1976, Porte de Versailles, devant 50 000 personnes, « Jacques Chirac se voit triomphalement élu président du RPR avec 96,52 % des suffrages. »
À la société libérale avancée de VGE, il oppose une « démocratie du quotidien » apte à repousser les deux fléaux qui menacent la France : le « collectivisme » et le « renoncement » - Autrement dit, le programme commune la gauche et le giscardisme. »
VGE déclare « Chirac a tout de Perón. » ; Roger Chinaud parle de « national-chiraquisme » et Jean-Pierre Fourcade, « Le Rassemblement c'est Nuremberg. »
La messe est dite !

En 1977, Chirac remet le couvert en se présentant contre Michel d'Ornano, poulain de VGE, à l'élection du maire de Paris.
Au journal de 20 heures de TF1, Chirac déclare « Je viens dans la capitale de la France parce que, dans notre histoire, depuis la révolution de 1789, chaque fois que Paris est tombé, la France a été vaincue. »
Élu en mars, dès le mois de juin, Chirac reçoit Brejnev à la Mairie de Paris à l'occasion d'une visite officielle de ce dernier en France…

Avec la nomination de Raymond Barre, considéré comme un technicien avec tout ce que cela a de péjoratif dans la bouche des politiques, au poste de 1er ministre, les choses ne s'arrangent pas : Les échanges d'amabilité avec ce dernier, présenté comme le meilleur économiste de France par VGE, se font par courrier « Ne dites pas, monsieur le Premier ministre que vous n'êtes pour rien dans la constitution du front anti-RPR » écrit Chirac.

Malgré ces escarmouches permanentes, le soleil brille à nouveau dans le ciel giscardien avec la création de l'UDF en 1978, et contre toute attente le bon maintien de cette fédération de partis et d'associations, aux législatives de 1978. le RPR perd 29 députés et l'UDF en gagne 4. Même si VGE perd son pari de voir l'UDF remporter ces élections, la droite avec 277 députés contre 199 pour la gauche qui pâtit de ses divisions, reste au pouvoir. Et RPR + UDF constituent, malgré les rancoeurs, une majorité présidentielle. Voire !

« Le lundi 13 mars, à la réouverture de la bourse, les valeurs françaises font un bond de 9,06 %, tandis que le Franc regagne entre 1,5 et 3,5 % face aux monnaies étrangères. »

« Le « Programme de Blois » de Raymond Barre a constitué l'assise de la campagne giscardienne. »

Paix armée ou guerre ouverte ? Chacun des protagonistes regarde l'autre en chien de faïence, personne n'osant faire le premier pas vers la rupture. Encore 3 années à patienter…Mais ce qui est sûr, c'est que le RPR revendique être l'acteur principal de la victoire de la droite !
L'élection de Jacques Chaban-Delmas au perchoir sera une couleuvre de plus pour le RPR.

En 1979, la question de l'Europe ravive la guerre Giscard-Chirac, le fameux « Appel de Cochin » lancé par Chirac depuis son lit d'hôpital stigmatisant « le parti de l'étranger », une initiative appuyée et encouragée par les durs du RPR (Juillet, Garaud, Pasqua, Tibéri, Guéna, Devaquet Sanguinetti…)
Yves Guéna écrit « (…) on l'a vu par exemple en 1940. Il y a eu. Un « parti de l'étranger » dans tous les partis. À droite (…) avec Maurras (…) au sein du parti radical avec les « Munichois » (…) qui firent partie du gouvernement Pétain.»
Hélas, l'UDF remporte haut la main les élections européennes, leur liste menée par Simone Veil remporte 26 % des suffrages, celle du RPR 16 %. C'est la fin des illusions, le départ du couple Juillet Garaud et l'entrée, dans l'entourage immédiat de Chirac, des jeunes du RPR (Juppé, Toubon(, accompagnés des anciens Pasqua et Balladur.

Mais c'est du côté de l'économie que vient la menace. Pour faire face à l'enchérissement du prix du pétrole, la diplomatie française joue un double jeu qui se retournera contre le pays, négociation d'un prix raisonné du baril avec le Shah d'Iran et accueil de l'Ayatollah Khomeyni à Neauphles le Château…
C'est dans ce contexte que vont se mettre en place les prémices du scandale des avions renifleurs qui éclatera avant la campagne présidentielle de 1981.
Le RPR est à la manoeuvre pour fustiger la politique de Raymond Barre, relayé par l'opinion dans des manifestations où un slogan populaire moque la succession des plans Barre : Barre 1, Barre 2, barres toi !

Raymond Barre est obligé de dégainer 4 fois le 49.3 pour parvenir à faire voter le budget 1980.
Charles Pasqua porte un diagnostic sévère sur le docteur Barre « L'opération a réussi mais le malade est mort. »

Au sein du gouvernement, le meilleur économiste de France est contesté par Robert Boulin, un gaulliste sociale dont les avertissements sur les effets néfastes de la politique d'austérité ont de plus en plus l'oreille de VGE.
Ce dernier ne franchira jamais le pas et Barre restera 1er ministre jusqu'en 1981…

VGE louvoie et s'éloigne de plus en plus des promesses de 1974, abolition de la peine de mort repoussée, loi sécurité et liberté poussée par Alain Peyrefitte.
Parallèlement les affaires « Broglie, Boulin, Bokassa et Copernic (minent) la fin de régime » sans compter « les virées nocturnes du nouveau président » ; ni « les chasses fastueuses en Sologne ou en forêt de Rambouillet. »

Le président sortant annonce sa candidature à la télévision, le 2 mars 1981 aux côtés de son épouse Anne-Aymone « Je ne serai pas un Président-candidat, mais un citoyen-candidat. »
Très vite sa campagne patine, il refuse de la faire sous la bannière UDF. le soutien de la Pravda à VGE dans le contexte de l'invasion de l'Afghanistan ne joue pas en sa faveur. Son bilan, avec la hausse du chômage n'est guère vendable. VGE croit en la pertinence de ses analyses qu'il a développées dans « Démocratie Française », mais comment incarner le changement après ces 7 années passées à l'Élysée ?


L'attitude ambigue du RPR face au PS, l'abandon du Programme commun au profit des 110 propositions du candidat Mitterand, la dispersion des lectorats entre VGE, Mitterand, Chirac et Marchais fait qu'au soir du 1er tour, le 26 avril 1981, la défait est prévisible, Charles Pasqua n'avait-il pas déclaré«  « Si en avril, au premier tour, nous nous retrouvons dans le schéma Giscrad/Mitterand, Giscard sera battu : il aura contre lui au deuxième tour 70 % des voix communistes et 25 % des voix de Jacques Chirac. de toute façon, la solution est entre nos mains. »

Un livre passionnant !
S'il traite d'une élection qui a déjà 40 ans, il montre de façon éclairée que les fractures actuelles au sein des partis politiques et dans l'électorat trouvent en partie leurs origines dans cette guerre fratricide des droites depuis 1974 et l'opposition Chirac/Giscard.
Je l'ai d'autant plus apprécié qu'il traite d'une époque où j'ai voté pour la 1ère fois aux présidentielles de 1974.

Les dernières pages proposent une chronologie détaillée, une bibliographie impressionnante, et un index des noms fort utile.
Une somme et une référence.
Merci Pierre-Frédéric Charpentier. Merci Masse Critique et les éditions du Félin.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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L'intitulé de l'ouvrage « La Fin de règne » est complété par un sous-titre « Comment la droite a perdu la Vé République (1976 – 1981) ». Pierre-Frédéric Charpentier déroule l'engrenage événementiel qui aboutit à une alternance politique : comment perd-on le pouvoir ? le livre apporte un éclairage précis et documenté. le déroulement se déplie en trois temps marqués par ruptures, rivalités et intrigues politiques. La victoire de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 porte déjà les stigmates des divisions. Défection (trahison pour certains) de Jacques Chirac qui, venu du camp gaulliste, « torpille » la candidature de Jacques Chaban-Delmas à la Présidence de la République en 1974. La droite conserve le pouvoir mais l'alliance des libéraux avec les gaullistes se brise sur la rivalité entre le Président Giscard d'Estaing et le Premier Ministre Jacques Chirac. La rupture de l'Union de la Droite est consommée (1976 -1977). L'ouvrage révèle avec efficacité le rôle des personnalités politiques, les différences de caractères, les « duels » des chefs de partis… Avec Raymond Barre, nommé premier ministre, l'économie s'impose au politique. le choc pétrolier de 1973 provoque chômage et inflation. Les élections municipales de 1977 sont un échec cuisant pour la droite. Jacques Chirac fonde le RPR en écartant les gaullistes historiques, mais il reste dans la majorité en critiquant le Président. de 1976 à 1979, s'ouvre une seconde période. Giscard d'Estaing fonde l'UDF et rassemble la droite libérale et les centres. Menacée, la droite conserve le pouvoir en gagnant les élections législatives en 1978. Jacques Chirac, en lançant « l'appel de Cochin » commet une erreur tactique. La défaite du RPR aux élections européennes de 1979 marque le départ des deux conseillers occultes, Marie-France Garaud et Pierre Juillet. Les difficultés économiques se multiplient avec le second choc pétrolier de 1979. de 1979 à 1979, les difficultés s'amoncellent. La majorité est divisée, les querelles politiques minent la majorité. Les affaires se suivent (assassinat du prince de Broglie, les diamants de Bokassa, la mort de Robert Boulin…). le pouvoir est atteint, Valéry Giscard d'Estaing paraît éloigné des Français. L'élection présidentielle de 1981 s'annonce incertaine pour le Président qui croit à un rebond de dernière minute. C'est sans compter sur le positionnement d'une partie du RPR qui vote François Mitterrand. La droite perd le pouvoir. « La Fin de règne » présente avec efficacité les jeux politiques, les ambitions personnelles, les alliances nouées et dénouées. Les acteurs y tiennent le devant de la scène politique sur une toile de fond marquée par les crises économiques. Une chronologie, une bibliographie et un index complètent utilement l'ouvrage. En cette année électorale, l'ouvrage a une portée particulière. Etude d'une période politique complexe et passionnante, il résonne par son actualité. Reste sur cette scène politique aux allures de guerre picrocholine, le questionnement sur la place des programmes politiques et le vote du citoyen. Un livre fort documenté à conseiller.
Merci à Babelio (à l'Opération Masse Critique) et aux éditions du félin pour cette découverte.
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Chronique d'une défaite annoncée, c'est un peu le sentiment qui ressort de ma lecture.
1974, après des années de présidence » Gaullienne » la France se choisit un jeune président.
Valéry Giscard d'Estaing incarne la modernité et le progrès qui doivent conduire notre pays vers le renouveau.
Beaucoup à l'instar d'Alain Peyrefitte pense que la droite est au pouvoir pour 30 ans.
Mais cette belle assurance va progressivement voler en éclat.
En fait les problèmes commencent dès le lancement de la campagne présidentielle. La majorité est fracturée entre gaullistes et centristes, les rancoeurs cachées, vont ressortir.
La nomination d'un jeune 1er Ministre ambitieux, Jacques Chirac, ne va pas arranger les choses.
Malmené au sein même de son gouvernement par les fidèles du Président, il démissionnera avec fracas le 25 août 1976.
Cette date marque un tournant important dans l'histoire de notre République.
A partir de cet instant rien ne sera plus comme avant.
De multiples querelles se feront jours au sein de la majorité : Election du Maire de Paris, désaccords sur le mode de scrutin aux Européennes de 1979, création de l'UDF, scandales divers et multiples…. Querelles dont le point d'orgue sera le 10 mai 1981 qui verra l'accession au pouvoir de François Mitterrand.
J'ai apprécié cet ouvrage, qui se dévore comme une bonne vielle Série Noire.
Comme beaucoup, je m'intéresse à la politique.
Même si j'étais très jeune au moment de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec des élections plus récentes.
Comme d'autres après lui, VGE était un jeune président qui voulait dépoussiérer la France.
Comme d'autres, il avait un goût certain à gouverner seul, le 1er Ministre n'ayant qu'un rôle de faire valoir.
Comme d'autres enfin il s'est brulé les ailes, isolé et coupé des réalités quotidiennes, il n'a pas vu le désir de changement de la société.
Malgré les tords qui étaient les siens, je ne peux qu'avoir de la sympathie pour ce Président tant les obstacles qu'il a dû surmonter étaient importants.
Enfin ce qui m'a le plus marqué dans cette lecture, c'est la description du personnel politique. Les ambitions des uns et des autres sont telles que le sort du pays importe peu. Je pense notamment au couple Juillet / Garaud, gardiens d'un gaullisme pur et dur qui n'auront de cesse d'affaiblir l'exécutif.
Un grand merci à Babelio et aux Editions du Félin pour ce beau moment de lecture qui nous a rappelé une époque oubliée.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Seul Valéry Giscard d'Estaing continue à être confiant envers et contre tout. Certains signes ne trompent pas. Le président décide ainsi de changer de porte-parole et Jean -Philippe Lecat cède sa place à Pierre Hunt (1925-2021), ambassadeur de France à Madagascar. Il est reproché à Lecat sa mollesse avec les médias et le fait d'avoir fait dire qu'il était soutenu par le RPR à Beaune. À la fin du mois de février le chef de l'État prononce également une allocution télévisée depuis Brégançon dans laquelle il fait de nouveau appel à « l’intelligence » des électeurs. La gauche hurle au parti pris électoraliste, il n'en a cure, et ce, d'autant moins que les sondages tendent à montrer que l'écart se resserre entre l'opposition et la majorité. Bientôt, l'incertitude la plus totale règne quant à l'issue du scrutin. Du côté de la presse nationale, l'Aurore du 7 mars dramatise à loisir les enjeux du scrutin en titrant sur une opportune citation de Clémenceau « Que les Français n'oublient pas qu'un grand pays peut disparaître ! » L'heure est si grave que le chef de l'État lui-même, en parfaite violation de la loi électorale, prend une dernière fois la parole à la télévision, le samedi 11 mars, pour adjurer à nouveau les Français de faire le « bon choix ». Tous les sondages sont formels : la victoire de la gauche est plus que probable. Intervenu le même jour, un événement dramatique totalement étranger à la sphère politique, le décès accidentel du chanteur Claude François, suscite une très forte émotion, qui détourne un temps l’attention des Français des joutes électorales du moment.
Un jour plus tard, au soir du dimanche 12 mars 1978, flotte sans conteste un peu du parfum de la campagne menée tambour battant qui, quatre ans plus tôt, a permis l’élection du candidat Giscard d’Estaing. Avec une participation record sous la Vème République, à près de 83 %, et contre toute attente, les résultats sont beaucoup plus favorables que prévue à la majorité sortante : Ils laissent espérer une victoire de la droite au second tour des élections. Minés par l’éclatement du Programme commun, les partis de gauche ne totalisent que 45,1 % des suffrages, et c’est la coalition RPR-UDF qui arrive en tête avec 46,5 % des voix.
Symbole du retournement de tendance qui est en train de s’effectuer, Raymond Barre est élu dès le premier tour dans la 4ème circonscription du Rhône. Tandis qu’une maladroite tentative de replâtrage électoral rassemble trop tardivement une gauche affaiblie pas ses divisions, les accords de désistement s’enclenchent sans accroc majeur à droite, et c’est une majorité unie qui part conclure la bataille.
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Tout remonte en effet au 24 décembre 1976. Ce jour-là, le prince Jean de Broglie (1921-1976) avait été découvert assassiné de trois balles dans la tête (...) L'affaire de Broglie commençait à la façon du plus sordide des faits divers. (...) de Broglie était un ami personnel du président de la République en exercice. (...) Fondateur et animateur des Républicains Indépendants aux côtés de ce dernier et de Michel Poniatowski. (...) Les liens autrefois chaleureux, avaient commencé à se distendre avec Giscard d'Estaing. (...) il figurait au premier rang des auditeurs de Jacques Chirac, le 5 décembre 1976, lors du grand meeting de la Porte de Versailles qui avait vu la naissance du RPR. (...)
Le 29 décembre 1976 (...) Michel Poniatowski satisfait et trop sûr de lui (annonce) que l'enquête était résolue et que les coupables venaient d'être appréhendés. (...) Déjà on parlait de "forfaiture" et VGE semblait lui-même condamner une initiative intempestive, en déplorant peu de temps après devant le presse "la confusion du politique et du judiciaire"
(...) l'instruction s'était enlisé et le procès des assassins présumés n'était toujours pas fixé. (...)
Le 2 avril 1980 le Canard Enchaîné (révèle) sans l'ombre d'un doute que les services de police étaient au courant du projet d'assassinat du prince de Broglie, plus de trois mois à l'avance. (...)
Ce qui n'était somme toute qu'une banale affaire crapuleuse se transforme en authentique affaire d'État. (...) À l'Assemblée nationale, le 9 avril, Gaston Defferre pose la question que tout le monde attendait : "Michel Poniatowski était-il au courant ?
(...)
Les remous de l'affaire de Broglie ne font pas que des heureux à gauche. Au RPR, on juge en haut lieu qu'il serait regrettable de laisser passer l'occasion de toucher le pouvoir giscardien par la bande, d'autant plus que les attaques visent l'un de ses représentants les plus honnis.
(...)
La commission d'enquête parlementaire aboutit à un non lieu.
Pages 221-222
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Il est urgent de travailler à l'image du candidat Giscard d'Estaing. Du candidat ou du président ? S'interrogeant sur la meilleure conduite à tenir le premier intéressé souhaite avant tout éviter que ses adversaires puissent lui reprocher d'utiliser l'Élysée comme une rampe de lancement pour les présidentielles. Plusieurs mois avant de se lancer dans la campagne, il va même jusqu'à sonder Raymond Barre : "Je me demande si je ne vais pas démissionner pour me présenter, si jamais je me présente..."
Le lundi 2 mars 1981 (...) Le président de la République apparaît en costume bleu sombre, cravate bordeaux, son épouse Anne-Aymone à ses côtés. (...)
"Je ne demanderai l'investiture d'aucune formation. (...) Je fais appel à toutes les Françaises et tous les Français pour que ce soient eux qui organisent le soutien à partir de leur ville (...)
Le président de la République conduira sa tâche jusqu'au bout, comme c'est son devoir. Le candidat s'en distinguera entièrement. Je ne serai pas un Président-candidat, mais un citoyen-candidat."
Pages 249-250
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(...) le 5 décembre 1979, une nouvelle livraison du Canard Enchaîné révèle que, contrairement à ce qu'il a affirmé à la télévision, VGE, a bien reçu des diamants depuis son élection et qu'aucun d'entre eux n'avaient été confié à une oeuvre.
(...) Libération titre le même jour en une "Waterdiam/Valéry le tricheur". Jusqu'à la présidentielle, il ne se passera plus une semaine sans que la presse d'opposition ne revienne sur le sujet. (...) Thierry Le Luron, salue chaque soir son public, d'un "Bonsoir mes diams, bonsoir mesdemoiselles, bonsoir messieurs..."
(...)
Un an plus tard, après une interview de Bokassa, l'affaire est encore relancée. Jacques Fauvet dans Le Monde évoque un Watergate à la française.
Pages 213
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Le 3 octobre 1976, Jacques Chirac fait sa grande rentrée politique devant 2000 militants sur ses terres à Égletons. C'est dans ce chef-lieu de canton corrézien, fief de Charles Spinasse (1893-1979), l'ancien ministre du Front populaire, soutien du maréchal Pétain sous l'occupation, et devenu par la suite mentor politique de Chirac, que l'ex premier ministre de VGE prononce son premier discours depuis l'annonce de sa démission. (...) Une formule a retenu l'attention générale, cet étonnant "travaillisme à la française". Selon certains, l'expression serait due à un malencontreux lapsus de Chirac, emporté par son propos (...) Le principal intéressé, lui, précisera dans ses mémoires que la formule lui aurait été directement soufflée par Spinasse en vue d'élargir sa démarche aux militants de la gauche non communiste.
Page 75
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