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EAN : 9782253247159
320 pages
Le Livre de Poche (03/01/2024)
3.8/5   60 notes
Résumé :
Alors que notre société vieillit, nous avons un problème avec les vieux en général et les vieilles en
particulier, soumises à une double injonction contradictoire : être authentiques et naturelles, mais
rester minces et jolies.
Si elles sont moins regardées, invisibilisées, mises de côté passé un certain âge, de nombreuses
vieilles se découvrent en contrepartie une liberté nouvelle. Est-ce cette émancipation qui nous rend
parfois m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Un essai. Essai d'une journaliste et romancière. 
Et sans attendre plus: un essai réussi, qui mérite d'être lu. Pas uniquement par des "vieilles" (terme revendiqué par l'autrice de préférence aux succédanés comme senior etc...); pas uniquement par des femmes. Au-delà de l'empathie pour ce que vivent les "vieilles", les constats, les interviews sont aussi de fructueux sujets de réflexion pour les hommes, .... vieux ou jeunes. 
Un peu à la manière de Marie Charrel qui du haut de ses 38 ans ne peut prétendre à faire partie de cette catégorie! Elle partage, en fin d'ouvrage (timidité, pudeur?), la motivation de son intérêt: " qu'ont elles compris de l'existence? ont-elles trouvé comment supporter ses contradictions, son absurdité, les douleurs qui la traversent ... Je pose l'hypothèse, parce que je suis une femme, que d'autres femmes, mes ainées, peuvent m'aider à y voir plus clair."

Marie Charrel passe en revue la vieillesse sous divers angles:
- via le regard des hommes (de tous temps: "cachez les vieilles")
- le tabou de la ménopause
- "ou sont les vieilles" : bannies du cinéma à quelques rares exceptions, invisibles dans la rue, dans le regard des autres
- l'histoire: les sorcières, les écrits peu amènes de certains philosophes ... 

L'autrice développe le diktat connu et intériorisé: "la peau lisse tu auras, tes cheveux tu tiendras, un corps ferme tu garderas". Mais elle se garde d'une approche monolithique. Ainsi, par le biais des interviews, fait-elle remarquer que le refus d'un jugement de l'autre fondé sur la seule beauté ne saurait impliquer le renoncement à une certaine séduction. 

A travers l'information collectée sur blogs, lectures et interviews, elle esquisse des pistes susceptibles de faire sortir de "l'impasse" de la vieillesse féminine:
- transmission bienveillante aux plus jeunes (sous réserve de dissiper une certaine méfiance réciproque)
- créer une manière d'être soi en faisant fi de l'image, permis par le fait d'être moins exposée aux regards des autres, des accomplissements déjà prouvés
- repousser la timidité, laisser la puissance intérieure s'exprimer
- vivencia!
- retisser le lien perdu avec la nature, la création, la folie, ou tout simplement une forme de paix....
C'est sur ces pistes que portera mon (petit) regret quant à cet essai: plus de détails quant aux pistes et voies explorées, retenues ou non, illusoires ou non, recueillis auprès des personnes interrogées auraient été bienvenus, sans pour autant tomber dans l'illusion de boîtes à outils simplificatrices. Certes le contexte Covid d'écriture de ce livre ne se prêtait pas aisément à des discussions approfondies: une discussion en vidéo n'apporte pas la même proximité qu'un face à face!

Cet essai est un travail de journaliste : documenté, appuyé de nombreuses interviews, étayé  de quelques chiffres, avec une prise de recul et des questionnements qui permettent d'éviter des raccourcis trop rapides. Libéré(e) de l'impression d'être embarqué dans un brûlot, une thèse monolithique, le lecteur (la lectrice...) peut y trouver des points de départ pour une réflexion personnelle.
Essai ne veut pas (forcément!) dire lecture ennuyeuse: le style est alerte (la romancière n'est pas loin), ponctué quelques autodérisions, de pointes d'humour comme cette paraphrase de Françoise Giroud: "l'égalité en terme de pouvoir sera atteinte lorsque des femmes incompétentes et aussi grossières que certains présidents masculins d'hier et d'aujourd'hui seront élues à la tête de démocraties...."

Pour terminer , une citation encore: " autorisez votre visage à raconter la vie que vous avez vécue. Parce que cette vie là, ces chemins dessinés sur les joues et les fronts sont votre richesse".

Merci à Babelio et aux éditions Les Pérégrines de m'avoir permis de découvrir ce livre, que je n'aurais peut-être pas identifié dans les rayonnages d'un libraire.

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C'est une essai très pointu et très documenté.
Un vrai travail journalistique, mais Marie Charrel n'est-elle pas journaliste.
Les témoignages fusent qu'ils soient de femmes ordinaires, de femmes publiques, de femmes célèbres, de femmes connues..........
Il s'agit d'âge bien sûr, mais influencé par la condition de la femme au fil des siècles, des époques.
Il n'est pas toujours facile de vieillir, j'en sais quelque chose, et certaines décennies sont plus questionnantes que d'autres.
Mais c'est une étape inéluctable de la vie, et le mieux à faire est de profiter des avantages que la vieillesse procure, et ils sont finalement nombreux.
Le vieillissement commencerait à partir de la ménopause.
Certes c'est aussi une période significative (pour ma part libératrice) ;
mais tout est relatif dans cette notion d'âge.
Pour une personne de 70 ans, une personne de 50 ans est encore jeune.
Pourtant il est certain que dans bien des métiers, on le fait sentir aux femmes de 50 ans.
Quoiqu'aux hommes aussi.
Le vieillissement du corps est plus problématique pour les femmes que pour les hommes.
On a trouvé Belmondo magnifique avec son beau visage ridé.
On l'a moins pardonné à Brigitte Bardot.
Avec une approche sociologique, philosophique, très intéressante, Marie Charrel s'efforce de bousculer de nombreux préjugés qui ont encore la vie dure.
C'est un essai qui aurait pu être rébarbatif,mais qui, grâce à la belle écriture de l'auteur, se lit aisément.
La couverture du livre est magnifique.
Quant à moi : Même pas peur !

Un grand merci à Marie Charrel pour son livre et sa touchante dédicace
Merci aux éditions Pérégrines
Merci à babelio
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Quelle question ! Et que de réponses…
Marie Charrel décortique les représentations du vieillissement de la femme dans tous les domaines : le travail, la médecine, le couple, la publicité, etc.
C'est assez effrayant quand on sait que ce vieillissement est considéré débuter vers l'âge de 45 ans, c'est-à-dire quand il est admis que la faible fertilité de la femme la rend inapte à la procréation.
Car oui, la femme est toujours considérée à l'aune de sa fonction de reproduction de l'espèce. La représentation primaire du rôle de chacun et chacune a la vie dure.
Le plus délicat est que les femmes elles-mêmes se rendent alors invisibles, celle-ci cachant sa ménopause à son mari, celle-là renonçant à la pratique d'un loisir.
Pourtant, les témoignages recueillis montrent que souvent les femmes se sentent (enfin) bien dans leur corps et dans leur tête, ce cap hormonal franchi. Cela leur a demandé pour autant une réflexion poussée et du temps pour dépasser les représentations de la société.
Marie Charrel explore le milieu artistique, politique, celui de la mode, d'autres encore et dresse dans cet ouvrage un panorama du statut de la femme de plus de 50 ans.
C'est aussi passionnant que désespérant.
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Cinquième ouvrage à paraître dans la collection GENRE! des éditions Les Pérégrines, « Qui a peur des vieilles ? » est à la fois un essai historique et sociologique et une compilation de témoignages des principales concernées : les femmes vieilles. Cet adjectif est revendiqué par beaucoup de femmes qu'on qualifie habituellement de « femmes mûres », « seniors » ou « aînées »... Un sujet passionnant et peu abordé par les féministes (avec quelques rares exceptions comme Simone de Beauvoir et Benoîte Groult).

Littéralement effacées de l'Histoire à l'époque des procès de sorcières, grandes oubliées du féminisme, absentes des productions culturelles... Dès la ménopause, les femmes sont victimes de discriminations à l'intersection de l'agisme et du sexisme et deviennent invisibles. Comment vieillir et aborder le tournant de la ménopause sereinement sans modèles ? Quelle perception avoir de son corps quand il est perçu par la société comme repoussant et inutile car plus capable de « donner la vie » (un essentialisme très discutable) ? Pour Marie Charrel, si la quatrième vague féministe et le mouvement #MeToo font tomber les tabous, « le prochain à briser sera celui portant sur le corps vieillissant ».

Ce livre m'a beaucoup fait réfléchir, notamment sur le supposé « conflit des générations » qui, sans nier une possible conflictualité entre jeunes et vieux, vise principalement à diviser. Même Audre Lorde le disait. Quant à l'horizontalité des âges suggérée par le concept de « sororité », elle est à éviter. Nous sommes ensemble, toutes puissantes, et nous avons beaucoup à apprendre des femmes vieilles. Elles aussi sont nos soeurs, il faut se battre avec elles.

Un ouvrage pour questionner nos a priori, documenté et agréable à lire, porté par la très belle plume de la journaliste et romancière Marie Charrel. Alors notez bien la date du 16 septembre dans vos agendas ! Plusieurs pépites sortent ce jour-là et « Qui a peur des vieilles ? » de Marie Charrel en fait partie.
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Le mot « vieille » renferme toute une symbolique. À moins d'un usage péjoratif, on lui préfère des termes plus politiquement corrects comme « aînée », « senior », « femme mûre », etc. Comme le dit si justement l'autrice, notre société a un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier.

Après une expérience personnelle face à son propre vieillissement, Marie Charrel, journaliste et écrivaine, a décidé de comprendre pourquoi après 50 ans les femmes sont invisibilisées et mises à l'écart dans la société comme dans l'intimité. Elle s'est ainsi plongée dans l'histoire, les arts, la sociologie, mais elle a aussi interrogé de nombreuses femmes de tous horizons.

Loin des préjugés et des valeurs patriarcales sur le corps vieillissant, Marie Charrel nous montre que le 3e âge n'est pas un lent déclin vers la mort mais au contraire une courbe ascendante vers un apogée pour ces femmes : un 3e âge synonyme de liberté, d'audace, de puissance mais aussi d'apaisement.

Bien plus qu'un essai éclairant et inspirant, Marie Charrel signe un texte véritablement passionnant qui ouvre l'esprit et l'enrichit de points de vue étonnants. La lectrice comme le lecteur verront leur regard sur leur propre vieillissement et celui des autres évoluer et sortir des carcans.

À l'ombre de la mise au placard des vieilles sous prétexte de ne plus pouvoir procréer sommeille une nouvelle vie libératrice, un 3e souffle qui peut permettre aux femmes de s'affranchir du poids des préjugés subis pendant toute une existence. Au-delà du cliché de la mamie gâteau et une fois libérées des injonctions de jeunesse éternelle, les femmes âgées peuvent non seulement trouver une nouvelle voie mais aussi nous éclairer vers un autre regard sur le vieillissement. Les vieilles ont quelque chose à dire, et il serait temps de les entendre !
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critiques presse (2)
LeFigaro
08 janvier 2022
Pas une lecture, pas une référence qu’elle n’ait absorbée, pas une rencontre pertinente, pas un acteur engagé sur le sujet qu’elle n’ait rencontré. Marie Charrel sait tout! C’est du moins l’impression du lecteur qui commence en se représentant peu de choses et qui voit s’alourdir son bagage de données et mesures, de faits et remarques, de témoignages qui complètent utilement son éventuelle expérience personnelle…
Lire la critique sur le site : LeFigaro
MadmoizellePresse
08 janvier 2022
Une des grandes forces de cet essai est d’aller au-delà de la dénonciation de l’âgisme et du sexisme. Grâce à de nombreux témoignages, Marie Charrel dessine les multiples voies qu’explorent les femmes avec l’âge. Et montre comme la vieillesse peut rimer avec audace, puissance, liberté ou même queer.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Prenez Adam Smith, l'inventeur de la fameuse «main invisible», père du libéralisme et auteur de La richesse des nations, cet ouvrage fondateur de la discipline qu'un certain nombre d'économistes citent régulièrement. Dans un essai aussi passionnant que drôle, Le diner d'Adam Smith l'écrivaine suédoise Katrine Marçal se penche sur son cas afin de décrypter pourquoi les bases théoriques qu'il a jetées sont fortement marquées par un biais sexiste imprégnant toute l'histoire de la pensée économique. Le raisonnement d'Adam est le suivant. Si tous les soirs un dîner l'attend sur la table, ce n'est pas parce que le boucher et le boulanger l'aiment bien, mais parce qu'ils poursuivent leur intérêt personnel: lui vendre leurs produits pour gagner leur vie.
En poursuivant leurs intérêts individuels, ils contribuent au bien-être collectif - c'est la main invisible. À première vue, la logique est implacable. Adam Smith, dans son raisonnement bien huilé, a néanmoins oublié un léger détail: sa mère. Car sans elle, non seulement le diner non cuisiné ne serait pas arrivé sur la table, mais en plus, la viande et le pain, qu’il a bien fallu aller chercher, seraient toujours en boutique.
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Ce n’est pas par méchanceté : ils ne me voient pas tout de suite parce que je suis invisible. Je ne capte plus la lumière alors que toi, si. Leur regard glisse sur moi. Vieillir, c’est ça : enfiler la cape d’invisibilité d’Harry Potter. Disparaître. Passer de l’autre côté du miroir.
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Si elles restent sous-représentées dans l'art, les femmes mûres y montent en puissance depuis quelques décennies. Elles sont les pionnières. Les vibrionnantes. Plusieurs d'entre elles montrent que la vieillesse n'est pas le naufrage dont parlait de Gaulle. Qu'elle peut aussi être indocile, déraisonnable, se muer en espace de réflexion sur la société. En bulle de subversion et de révolte: une liberté dans et par l'acte de créer.
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C'est dire si nos livres d'histoire sont encore bourrés d'idées reçues. Parmi celles-ci, le mythe d'une société matriarcale antique et initiale, où le pouvoir et l'organisation sociale auraient été orchestrés par les femmes, a fait long feu. Si l'archéologie revisitée apporte quelque chose, ce n'est pas de remplacer une domination par une autre.
Elle enseigne que les sexes étaient, à l'origine, plus égaux qu'on ne le pensait. Et surtout, que de nombreuses formes d'organisations humaines ont cohabité, tantôt matrilocales (les femmes restent dans leur groupe de naissance, tandis les jeunes hommes partent à l'adolescence), ou plus souvent patrilocales (l'inverse), et dont la diversité est encore mal connue.
L'écueil serait, bien sûr, d'idéaliser un supposé âge d'or des chasseurs-cueilleurs. Car tout n'était pas rose chez eux non plus.
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Voilà qui fait écho aux propos de Victor Hugo : « Le privilège de la vieillesse, c’est d’avoir tous les âges. »
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Videos de Marie Charrel (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Charrel
Les Éclaireurs de Dialogues, le podcast de la librairie Dialogues, à Brest.
Dans cet épisode, nos libraires du rayon littérature, Julien, Rozenn, Laure et Nolwenn, vous livrent leurs premiers coups de coeurs de la rentrée de janvier 2024.
Voici les romans conseillés dans cet épisode :
La Fille de Lake Placid, de Marie Charrel (éd. Les Pérégrines) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109440-la-fille-de-lake-placid-marie-charrel-les-peregrines ;
Ceux qui appartiennent au jour, d'Emma Doude van Troostwijk (éd. Minuit): https://www.librairiedialogues.fr/livre/23012111-ceux-qui-appartiennent-au-jour-emma-doude-van-troostwijk-les-editions-de-minuit ; 
Du même bois, de Marion Fayolle (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22871516-du-meme-bois-marion-fayolle-gallimard ;
Mon nom dans le noir, de Jocelyn Nicole Johnson (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23047285-mon-nom-dans-le-noir-jocelyn-nicole-johnson-albin-michel ; 
Une simple intervention, de Yael Inokai (éd. Zoé) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23113442-une-simple-intervention-yael-inokai-zoe ; 
La Langue des choses cachées, de Cécile Coulon (éd. L'Iconoclaste) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23140391-la-langue-des-choses-cachees-cecile-coulon-l-iconoclaste ; 
Arctique solaire, de Sophie van der Linden (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22914881-arctique-solaire-sophie-van-der-linden-denoel ; 
Kintsugi, d'Isabelle Gutierrez (éd. La Fosse aux ours) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109315-kintsugi-isabel-gutierrez-fosse-aux-ours.
+ Lire la suite
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