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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un essai. Essai d'une journaliste et romancière. 
Et sans attendre plus: un essai réussi, qui mérite d'être lu. Pas uniquement par des "vieilles" (terme revendiqué par l'autrice de préférence aux succédanés comme senior etc...); pas uniquement par des femmes. Au-delà de l'empathie pour ce que vivent les "vieilles", les constats, les interviews sont aussi de fructueux sujets de réflexion pour les hommes, .... vieux ou jeunes. 
Un peu à la manière de Marie Charrel qui du haut de ses 38 ans ne peut prétendre à faire partie de cette catégorie! Elle partage, en fin d'ouvrage (timidité, pudeur?), la motivation de son intérêt: " qu'ont elles compris de l'existence? ont-elles trouvé comment supporter ses contradictions, son absurdité, les douleurs qui la traversent ... Je pose l'hypothèse, parce que je suis une femme, que d'autres femmes, mes ainées, peuvent m'aider à y voir plus clair."

Marie Charrel passe en revue la vieillesse sous divers angles:
- via le regard des hommes (de tous temps: "cachez les vieilles")
- le tabou de la ménopause
- "ou sont les vieilles" : bannies du cinéma à quelques rares exceptions, invisibles dans la rue, dans le regard des autres
- l'histoire: les sorcières, les écrits peu amènes de certains philosophes ... 

L'autrice développe le diktat connu et intériorisé: "la peau lisse tu auras, tes cheveux tu tiendras, un corps ferme tu garderas". Mais elle se garde d'une approche monolithique. Ainsi, par le biais des interviews, fait-elle remarquer que le refus d'un jugement de l'autre fondé sur la seule beauté ne saurait impliquer le renoncement à une certaine séduction. 

A travers l'information collectée sur blogs, lectures et interviews, elle esquisse des pistes susceptibles de faire sortir de "l'impasse" de la vieillesse féminine:
- transmission bienveillante aux plus jeunes (sous réserve de dissiper une certaine méfiance réciproque)
- créer une manière d'être soi en faisant fi de l'image, permis par le fait d'être moins exposée aux regards des autres, des accomplissements déjà prouvés
- repousser la timidité, laisser la puissance intérieure s'exprimer
- vivencia!
- retisser le lien perdu avec la nature, la création, la folie, ou tout simplement une forme de paix....
C'est sur ces pistes que portera mon (petit) regret quant à cet essai: plus de détails quant aux pistes et voies explorées, retenues ou non, illusoires ou non, recueillis auprès des personnes interrogées auraient été bienvenus, sans pour autant tomber dans l'illusion de boîtes à outils simplificatrices. Certes le contexte Covid d'écriture de ce livre ne se prêtait pas aisément à des discussions approfondies: une discussion en vidéo n'apporte pas la même proximité qu'un face à face!

Cet essai est un travail de journaliste : documenté, appuyé de nombreuses interviews, étayé  de quelques chiffres, avec une prise de recul et des questionnements qui permettent d'éviter des raccourcis trop rapides. Libéré(e) de l'impression d'être embarqué dans un brûlot, une thèse monolithique, le lecteur (la lectrice...) peut y trouver des points de départ pour une réflexion personnelle.
Essai ne veut pas (forcément!) dire lecture ennuyeuse: le style est alerte (la romancière n'est pas loin), ponctué quelques autodérisions, de pointes d'humour comme cette paraphrase de Françoise Giroud: "l'égalité en terme de pouvoir sera atteinte lorsque des femmes incompétentes et aussi grossières que certains présidents masculins d'hier et d'aujourd'hui seront élues à la tête de démocraties...."

Pour terminer , une citation encore: " autorisez votre visage à raconter la vie que vous avez vécue. Parce que cette vie là, ces chemins dessinés sur les joues et les fronts sont votre richesse".

Merci à Babelio et aux éditions Les Pérégrines de m'avoir permis de découvrir ce livre, que je n'aurais peut-être pas identifié dans les rayonnages d'un libraire.

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Le mot « vieille » renferme toute une symbolique. À moins d'un usage péjoratif, on lui préfère des termes plus politiquement corrects comme « aînée », « senior », « femme mûre », etc. Comme le dit si justement l'autrice, notre société a un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier.

Après une expérience personnelle face à son propre vieillissement, Marie Charrel, journaliste et écrivaine, a décidé de comprendre pourquoi après 50 ans les femmes sont invisibilisées et mises à l'écart dans la société comme dans l'intimité. Elle s'est ainsi plongée dans l'histoire, les arts, la sociologie, mais elle a aussi interrogé de nombreuses femmes de tous horizons.

Loin des préjugés et des valeurs patriarcales sur le corps vieillissant, Marie Charrel nous montre que le 3e âge n'est pas un lent déclin vers la mort mais au contraire une courbe ascendante vers un apogée pour ces femmes : un 3e âge synonyme de liberté, d'audace, de puissance mais aussi d'apaisement.

Bien plus qu'un essai éclairant et inspirant, Marie Charrel signe un texte véritablement passionnant qui ouvre l'esprit et l'enrichit de points de vue étonnants. La lectrice comme le lecteur verront leur regard sur leur propre vieillissement et celui des autres évoluer et sortir des carcans.

À l'ombre de la mise au placard des vieilles sous prétexte de ne plus pouvoir procréer sommeille une nouvelle vie libératrice, un 3e souffle qui peut permettre aux femmes de s'affranchir du poids des préjugés subis pendant toute une existence. Au-delà du cliché de la mamie gâteau et une fois libérées des injonctions de jeunesse éternelle, les femmes âgées peuvent non seulement trouver une nouvelle voie mais aussi nous éclairer vers un autre regard sur le vieillissement. Les vieilles ont quelque chose à dire, et il serait temps de les entendre !
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Cinquième ouvrage à paraître dans la collection GENRE! des éditions Les Pérégrines, « Qui a peur des vieilles ? » est à la fois un essai historique et sociologique et une compilation de témoignages des principales concernées : les femmes vieilles. Cet adjectif est revendiqué par beaucoup de femmes qu'on qualifie habituellement de « femmes mûres », « seniors » ou « aînées »... Un sujet passionnant et peu abordé par les féministes (avec quelques rares exceptions comme Simone de Beauvoir et Benoîte Groult).

Littéralement effacées de l'Histoire à l'époque des procès de sorcières, grandes oubliées du féminisme, absentes des productions culturelles... Dès la ménopause, les femmes sont victimes de discriminations à l'intersection de l'agisme et du sexisme et deviennent invisibles. Comment vieillir et aborder le tournant de la ménopause sereinement sans modèles ? Quelle perception avoir de son corps quand il est perçu par la société comme repoussant et inutile car plus capable de « donner la vie » (un essentialisme très discutable) ? Pour Marie Charrel, si la quatrième vague féministe et le mouvement #MeToo font tomber les tabous, « le prochain à briser sera celui portant sur le corps vieillissant ».

Ce livre m'a beaucoup fait réfléchir, notamment sur le supposé « conflit des générations » qui, sans nier une possible conflictualité entre jeunes et vieux, vise principalement à diviser. Même Audre Lorde le disait. Quant à l'horizontalité des âges suggérée par le concept de « sororité », elle est à éviter. Nous sommes ensemble, toutes puissantes, et nous avons beaucoup à apprendre des femmes vieilles. Elles aussi sont nos soeurs, il faut se battre avec elles.

Un ouvrage pour questionner nos a priori, documenté et agréable à lire, porté par la très belle plume de la journaliste et romancière Marie Charrel. Alors notez bien la date du 16 septembre dans vos agendas ! Plusieurs pépites sortent ce jour-là et « Qui a peur des vieilles ? » de Marie Charrel en fait partie.
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Surprise que ce sujet interpelle une jeune journaliste et romancière, j'avoue que j'étais curieuse de découvrir cet opus. Pour l'écrire, Marie Charrel est allée à la rencontre, directe ou virtuelle, de femmes qui, artistes ou anonymes, arrivées au seuil de la cinquantaine, deviennent les invisibles de la société. Fallait-il craindre que les témoignages et le résultat de ses recherches s'inscrivent dans un catalogue qui aurait pu appuyer un peu plus les traits marqués des visages ridés et des corps raidis ? Pas de vrais risques lorsque l'on connaît la délicatesse et le talent de l'autrice pour sublimer le courage et la détermination des femmes.

Je pense à l'héroïne de « Je suis ici pour vaincre la nuit » fiction dans laquelle elle brosse le portrait et évoque le destin de Yvonne Bellot, son arrière grande tante, artiste méconnue (1879-1944), femme forte qui s'était érigée en frondeuse pour assouvir sa passion artistique face aux adversités , ainsi qu'à Jean Seberg, femme engagée et éprise de liberté, dans « Une nuit avec Jean Seberg ».

Quel rapport avec les vieilles, héroïnes de son essai ? La vieille d'aujourd'hui n'est-elle pas en partie le prolongement de sa jeunesse, de son vécu, de ses expériences ? Et tous ces ingrédients ne seraient-ils pas à l'origine d'une nouvelle personne, assumant rides et panache blanc, ou bien camouflant les signes naturels des ans pour, qui sait, garder d'elle une image avant transformation ?

Dans cet essai, Marie Charrel exploite avec minutie le fruit de ses interviews, citant certains témoignages pour ne rien enlever ou modifier qui pourrait nuire à la personnalité de leurs auteures.

Marie Charrel a su mêler plaisirs et désagréments de la vieillesse comme ombres et lumières dans un tableau de maître. Si cet essai n'offre pas une cure de rajeunissement ( !!), il aide la femme à relativiser, à réfléchir sur ses a priori et à se considérer dans son intégralité.
Merci Marie!

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Un sujet maîtrisé, traité sous un angle journaliste et agrémenté d'interviews, d'études et d'empirisme.
J'ai vraiment aimé lire cet essai qui parle d'un sujet encore trop peu abordé et qui touche pourtant notre société entière : l'âgisme envers les femmes. Les femmes, dès lors qu'elles atteignent la ménopause, disparaissent de notre société et il est grand temps de les remettre au devant de la scène, comme le fait cet ouvrage !
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Un documentaire sur l'évolution du regard sur les femmes. Les regards de la société sur l'évolution de l'âge chez les femmes.
La vieillesse : peut-on vraiment parler de vieillesse quand on parle des femmes de 45 à 70 ans ? J'y ai retrouvé bien sûr toutes ces injustices générées par le regard des "jeunes", la différence entre l'avancée en âge des hommes et des femmes.
Ces petites remarques piquantes -à la limite de l'agression verbale.
La perte du désir d'émerveillement de la vie en général (ah bon ?) mais aussi l'inverse : la découverte et l'émerveillement face à la vie qui occupe à plein temps les corps vieillissant.
De toutes manières, qui que l'on soit, jeunes ou vieilles, on est toutes de passage alors le regard des autres ... Vivre notre vie, à travers nos ressentis et laisser dire (en se disant que ... un jour la roue tourne pour tout le monde).
Est-ce que la société voudrait dire que pour laisser une trace "acceptable" il faudrait mourir jeune, sans ride, sans bourrelet et sans cheveux blancs ?
Quant au milieu du travail, il y aurait tant à faire et à dire, que ce soit sur la condition féminine que sur les relations et le regard jugeant. Avant que les mentalités évoluent, il me semble plus judicieux d'apprendre à s'endurcir pour affronter ce qui nous attend. Que l'on soit femme ou homme.
Un bon documentaire à mettre entre les mains des "jeunes" -mais auront-ils envie de le lire ?-, entre les mains des hommes (?)
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If evil old witches sell tickets at the cinema (especially around Halloween), honest representations of women thriving in old age are still rare. It is easier to turn a blind eye, especially when young. Granted, being a young woman does not mean being absolved of sexism (obviously), but growing old complexifies matters. Marie Charrel analyses how old women are rendered invisible within our patriarchal Western society. When sexism and ageism join forces, the weight put on women's shoulders can become unbearable. Add yet another element to the mix, namely capitalism, and we got ourselves the perfect recipe for disaster. The quest to remain forever young is a profitable market. Creating a safe space outside all this nonsense is not an easy task for the vast majority of ageing women.

Concretely, how does this dual oppression (sexism and ageism) enhance the invisibility of women over 50? Marie Charrel shows us that the mechanisms used by the patriarchy are not always blatantly obvious, especially since we interiorise and perpetuate them ourselves very early on. In both the private and the public spheres, ageing women deal with a plethora of hostilities that can come in many forms, going as far as losing their financial freedom.

Starting from the first sedentary human settlements and going through history, Marie Charrel does not only focus on the present. She deconstructs many stereotypes along the way, putting forth historical and contemporary voices that defy(ed) the status quo. Mixing research with bits of interviews, this essay is very accessible. It is also optimistic. Together, we can destroy this invisibility cloak that suffocates our elders. We can also learn a thing or two from them, restoring the dialogue between generations.

This book is an ode to old women, a step further in my deconstruction.
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Un documentaire complet et inclusif !

Intriguée par le titre, puis par le thème, j'ai lu cet ouvrage en quelques jours à peine. Autant dire que je l'ai dévoré ! Entre témoignage et constat, nous sommes plongées face à une étrange réalité : l'invisibilisation des femmes. Des vieilles femmes.

Ce livre nous interroge sur la vieillesse, évidemment, mais aussi sur l'acceptation de celle-ci, sur la ménopause, l'histoire des vieilles, la place que nous leur laissons dans notre quotidien, etc.
Car après tout, ces femmes, qu'elles se considèrent vieilles ou pas, ont toutes quelque chose à nous apprendre ! Parce qu'un jour, tout le monde devient vieux.
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui m'a enrichie et permis d'avoir un nouveau point de vue. Plusieurs même, car l'auteure a interrogé des femmes de tous horizons, célèbres ou inconnues, aisées ou défavorisées, qui se sentent vieilles ou pas. le documentaire nous évoque aussi les vieils hommes, un point qui m'a beaucoup plu pour son inclusivité !
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L'auteure démonte les stéréotypes et propose un nouveau regard sur les femmes âgées.



Bienvenu au pays des rides heureuses ! Un super titre pour une enquête autour de la femme âgée dans nos sociétés, de leur propre rapport au corps, à leur liberté, … une galerie de portraits topissime !!
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