AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B004TV06R8
(25/03/2011)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Lettres écrites de Lausanne : Cécile, 17 ans, tombe amoureuse d’un jeune lord anglais Edward en voyage à Lausanne. Mais répond-t-il à son désir ? Et quel drame cache son mentor, William ? Qui était Caliste ? Vous l’apprendrez au travers des lettres qu’écrit la mère de Cécile à son amie parisienne.

À l’origine deux romans publiés séparément, les « Lettres écrites de Lausanne » et ses suites « Caliste ou la continuation des lettres écrites de Lausanne ... >Voir plus
Que lire après Caliste ou Lettres écrites de LausanneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'auteure, Isabelle Agneta van Tuyll van Serooskerken van Zuyle, est née en 1740, en Hollande dans une très riche et noble famille. Elle était intelligente, féministe, peu conformiste et belle. Elle était compositrice et musicienne, fut demandée plusieurs fois en mariage, mais Belle de Zuylen était aussi romanesque. Elle n'avait pas bonne opinion du mariage mais, après une passion pour l'oncle de Benjamin Constant, bien plus vieux qu'elle, elle épousa M. de Charrière.
Ces Lettres de Lausanne ou Caliste, sont, sous couvert de roman, un traité sur l'éducation des filles et la condition des femmes. Caliste, personnage qui occupe toute la deuxième partie de ces Lettres, est une histoire dans l'histoire.
Claudine Hermann, qui préface parfaitement cette édition Des Femmes de 1979, en parle très bien, je lui laisse donc la parole :
« L'une des idées intéressantes me paraît être que Caliste soit aimée en remplacement du frère, que la cousine soit épousée à cause de son fils et que la consolation finale soit trouvée dans une promenade touristique avec le jeune lord. On ne peut pas dire mieux que la femme occupe dans la société une position de remplacement où l'amour ne peut être qu'un accident fâcheux. le plus triste est que le jeune lord, connaissant l'histoire de Caliste, n'en décide pas pour autant d' épouser Cécile qu'il aime, démontrant par là l'inutilité de la littérature et l'impuissance du récit. »
Germaine de Staël, qui admirait sincèrement les écrits de Mme de Charrière, reprend beaucoup de Caliste pour sa Corinne. Vraiment beaucoup. Mme de Staël prendra aussi le jeune Benjamin Constant amant de Mme de Charrière ! Dans cette histoire, Benjamin Constant est loin d'avoir un beau rôle, cf la préface de Claudine Hermann où le mot « muflerie » est lâché. Mais Mme de Charrière, intelligente et pleine d'humour, a de bonnes réponses.
L'amoureux de Caliste, les amoureux de Caliste, le père, le mari, sous la plume de Mme de Charrière, n'ont pas le beau rôle : ils sont faibles, bornée, plein de préjugés, fats, inconscients. Certes, leur société les a élevé en leur faisant croire qu'ils avaient la science infuse de tout et des femmes. Mais quand même, sont-ils lents ! L'amoureux narrateur de la deuxième partie de ces lettres est d'une faiblesse et d'une mollesse qui m'a tant irritée que j'aurais cessé la lecture, si la plume de l'auteure ne m'avait retenue !
Et Caliste excuse, comprend, s'excuse, pardonne alors qu'elle devrait, et pourrait se permettre d'envoyer tout balader ! mais vivre en dehors de la société demande une force peu commune.
Pour le plaisir de lire la fine et belle écriture de Mme de Charrière, quelques extraits...
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je me sou-viens qu’une autre fois, invitée chez une femme chez qui je devais aller, elle refusa. – Mais pour-quoi, lui dis-je ? cette femme, et tous ceux que vous verrez chez elle, ont de l’esprit et vous admirent. – Ah ! dit-elle, ce ne sont pas les dédains marqués que je crains le plus, j’ai trop dans mon coeur et dans ceux qui me dédaignent de quoi me mettre à leur niveau ; c’est la complaisance, le soin de ne pas parler d’une comédienne, d’une fille entretenue, de Milord, de son oncle. Quand je vois la bonté et le mérite souffrir pour moi, et obligé de se contraindre ou de s’étourdir, je souffre moi-même. Du vivant de Milord la reconnaissance me rendait plus sociable, je tâchais de gagner les cœurs pour qu’on n’affligeât pas le sien. Si ses domestiques ne m’eussent pas respectée, si ses parents ou ses amis m’avaient repoussée, ou que je les eusse fui, il se serait brouillé avec tout le monde. Les gens qui venaient chez lui s’étaient si bien accoutumés à moi, que souvent sans y penser ils disaient devant moi les choses les plus offensantes. Mille fois j’ai fait signe à Milord en sou-riant de les laisser dire ; tantôt j’étais bien aise qu’on oubliât ce que j’étais, tantôt flattée qu’on me regardât comme une exception parmi celles de ma sorte, et en effet ce qu’on disait de leur effronterie, de leur manège, de leur avidité, ne me regardait assurément pas.
Commenter  J’apprécie          130
P. S. Peut-être ce que j’ai dit est-il vieux comme le monde, et je le trouve même de nature à n’être pas neuf : mais n’importe ; j’y ai pris tant de plaisir, que j’ai peine à ne pas revenir sur la même idée, et à ne pas vous la détailler davantage. Ce privilège de la noblesse, qui ne consisterait précisément que dans une obligation de plus, et plus stricte et plus intimement sentie ; qui parlerait au jeune homme plus haut que sa conscience, et le rendrait scrupuleux malgré sa fougue ; au vieil-lard, et lui donnerait du courage malgré sa faiblesse : ce privilège, dis-je, m’enchante, m’attache et me séduit. Je ne puis souffrir que cette classe, idéale peut-être, de la société, soit négligée par le souverain, qu’on la laisse oubliée dans l’oisiveté et dans la misère ; car si elle s’enrichit par un mariage d’argent, par le commerce, par des spéculations de finance, ce n’est plus cela : la noblesse devient roturière, ou, pour parler plus juste, ma chimère s’évanouit.
Commenter  J’apprécie          30
Voilà comme, avec des mots qui se laissent mettre à côté les uns des autres, on fabrique des caractères, des législations, des éducations et des bonheurs domestiques impossibles. Avec cela on tourmente les femmes, les mères, les jeunes filles, tous les imbéciles qui se laissent moraliser.
Commenter  J’apprécie          20
Lettre 7 :
« On parle tant des illusions de l’amour-propre. Cependant, il est bien rare, quand on est véritablement aimé, qu’on croie l’être autant qu’on l’est. Un enfant ne voit pas combien il occupe continuellement sa mère. Un amant ne voit pas que sa maîtresse ne voit et n’entend partout que lui. Une maîtresse ne voit pas qu’elle ne dit pas un mot, qu’elle ne fait pas un geste qui ne fasse plaisir ou peine à son amant. Si on le savait, combien on s’observerait, par pitié, par générosité, par intérêt, pour ne pas perdre le bien inestimable et incompensable d’être tendrement aimé. »
Commenter  J’apprécie          00
Lettre 15, parlant des frères jumeaux :
« … en admirant la vivacité d’esprit et la gentillesse du cadet, on aurait voulu qu’il parlât moins, qu’il fût circonspect et modeste, sans penser alors qu’il n’y aurait plus rien à admirer non plus qu’à critiquer chez aucun des deux. On ne voit point assez que, chez nous autres humains, le revers de la médaille est de son essence aussi bien que le beau côté. Changez quelque chose, vous changez tout. Dans l’équilibre des facultés, vous trouverez la médiocrité comme la sagesse. »
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : littérature néerlandaiseVoir plus


Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11095 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}