Ce polar était bien parti pour figurer dans mes "chouchous" car au début, l'enquête menée, dans la région d'Annecy, par le Commissaire Marac (encore un flic plutôt paumé) était originale. le style de l'auteur assez gouailleur, "popu", et plein d'ironie, me séduisait. J' ai même adoré l'escapade dans la réserve d'Indiens au Canada (je les ai toujours préférés aux cow-boys dans les westerns de mon enfance).
Grosse déception, à la moitié du livre, quand j'ai pressenti (avec raison) l'identité du coupable, et encore plus à la fin,que j' ai trouvée totalement "tirée par les cheveux".
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Tout le charme du livre se trouve dans le personnage absolument décalé du policier: le commissaire Marac, aux qualités d'observateur hors pair. L'écriture en est vivante, ce qui en fait une lecture agréable. Mais cela fait tout de même un peu juste, sauf si on recherche un moment de détente.
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J'aurai bien aimé avoir un gosse, mais éternellement moutard. Je ne les aimais pas une fois dépassé le stade de l'adolescence. Ils avaient une façon trop brutale de me rappeler que j'avais été eux. Que j'avais eu la même envie de tout faire péter, de refaire ce monde qu'ils semblaient regarder à travers un écran vidéo. Le même mépris pour ce putain de fric dont ils avaient le plus profond besoin et qu'ils prenaient sans la moindre vergogne où il se trouvait. La même absence des valeurs que nos parents nous avaient consciencieusement fait rentrer dans le crâne, ou même ailleurs, à coups de pied dans le cul. Cette façon de mettre tous les adultes dans le même sac en considérant qu'ils étaient des vieux tout juste bons à ne rien comprendre. Comme si nous n'avions pas vécu des explosions de passions et des bonheurs juvéniles. Des airs de guitare sous des balcons et des serments d' amour éternel. Des jupes retroussées et des souffles courts. Comme si notre vie s'était terminée le jour où ils avaient baissé pour la première fois leur slip devant une copine et que leur sexe avait servi à autre chose qu'à pisser le plus haut possible contre un mur. Comme s'ils étaient les explorateurs d'un monde dont ils se gavaient à coups de pub, et nous les critiques intolérants et résignés de leurs découvertes. Ils avaient l'air de tout savoir et ne touchaient qu'à l'écume des choses. Ils se voulaient les orthodoxes de notre temps et n'étaient que les comptables de son absurdité.
- Commissaire Marac, votre collègue m'avait annoncé votre venue. Soyez le bienvenu à Little America, me dit-elle en me tendant une main que je saisis comme s'il s'agissait de celle de Jeanne d'Arc.
J'ai toujours eu un mal de chien à croire en Dieu et tous ses sbires, d'autant qu'il ne m'a jamais fait le moindre signe pour me dire qu'il croyait en moi. Après quelques rencards avec lui quand j'étais jeunot, j'ai rangé sa carte de visite dans un tiroir et avec le temps j'ai fini par oublier son adresse, son téléphone et même son nom. mais là, la môme Zimmer m'aurait tenu par la main pour me convertir, j'aurai opté pour Dieu, Jéhovah, Bouddha, Zarathoustra ou le Grand Manitou sans me poser de questions.
Pour Arcady, les choses étaient différentes, simples conséquences d'une gloutonnerie effrénée.
Son bide avait une propension à une expansion naturelle et la simple vue de l'ombre d'un sandwich jambon-beurre, avec ou sans cornichons, lui faisait prendre une livre d'un coup, comme d'autres la perdent à la seule idée de sauter un repas. Au fur et à mesure des années, le débordement de la masse graisseuse par-dessus sa ceinture n'avait fait que s'amplifier et elle tombait en plis superposés comme ceux d'un shar-pei, ces chiens asiatiques ridés comme les fesses d'une centenaire souffrant d'hémorroïdes depuis un demi-siècle.
Peut-être pour avoir bonne conscience, je me suis plongé pendant un moment dans la lecture de quelques bouquins emportés en catastrophe, "Histoire des Indiens d'Amérique du Nord, "Un siècle de déshonneur", "L’Âme indienne". Tous ces morts au nom du fric et du pouvoir étaient enfouis dans cette terre et semblaient la scruter aussi immuablement que l’œil du remords dans la tombe de Caïn. De temps en temps, ils venaient chatouiller les doigts de pieds de l'homme blanc et obligeaient ses dirigeants à cracher au bassinet en fermant les yeux pour ne pas trop en dire. Quant aux malheureux Peaux-Rouges survivants, ils avaient autant de fierté qu'un brin d'orge paumé dans une bouteille de bourbon.