Après avoir abandonné en cours de lecture Les Autodafeurs, un livre que j'avais peu aimé à cause de sa fausse efficacité et son manque d'originalité, rien ne vaut un bon vieux texte poétique (qui m'avait attiré au salon du livre pour sa, disons-le, magnifique couverture) comme L'école des Loisirs sait très bien les choisir. Comme quoi, moi qui me tourne de plus en plus vers la littérature adulte, les livres jeunesse sont encore parfaitement aptes à bluffer des lecteurs (je n'ai jamais perdu cette conviction !).
Marie Chartres nous expose, dans
Comme un Feu Furieux, ou plutôt nous fait ressentir les émotions d'une jeune adolescente prisonnière de sa ville arctique, Tiksi. Prisonnière de tout en quelque sorte, de sa mère morte, de son frère muet, du sombre de sa maison.
A mi-chemin entre récit initiatique, recueil de poèmes, récit magique, récit d'aventures, ce roman est avant tout une oeuvre qui se distingue par sa force poétique ancrée à la fois dans un moment présent très fort et dans le passé et le futur. le mot « parfait » ne conviendrait pas à ce roman qui ne cherche en rien à être superbement captivant ou abouti mais qui est plutôt sobre et modeste. Mais pourtant je ne peux pas m'empêcher de penser que dans
Comme un Feu furieux tout est magnifique. Il y a une certaine maturité et une certaine justesse dans la description de l'auteure de ce monde qui nous est inconnu : le froid et la nuit de la Russie..
Chaque personnage a sa part de mystère, car Marie Chartres est très avare de descriptions physiques (la 1ère personne en narration l'est souvent) mais est paradoxalement plutôt abouti, car on le comprend grâce à la plume fine, distinguée et pourtant claire et directe de l'auteure. On est complètement happés par l'univers de Gavriil, ce grand frère qui est trop bouleversé pour former des phrases, de Lazar, son contraire, celui qui pose des questions à tue-tête pour repousser son chagrin de petit garçon qui a perdu sa maman, par celui de la protagoniste qui parle de ses rêves, partir et quitter à jamais ce noir, du vieillard édenté qui épluche ses légumes, d'une frappante justesse; et aussi et surtout par la ville, tout simplement, et ses maisons mourantes.
Pour résumer, s'il est possible de résumer ce qu'on ressent à la lecture d'un tel livre,
Comme un Feu Furieux est un roman qui se veut pour lecteurs jeunesse mais qui sera compris par quiconque captera l'extraordinaire justesse et modestie de son écriture (le roman est entrecoupé de très beaux poèmes, peut-être les plus beaux que j'ai jamais lu), de son histoire, de son univers, de ses personnages et des thèmes qu'il aborde comme le deuil et la reconstruction.
CRITIQUE COMPLÈTE SUR https://lecturefolle.wordpress.com/2015/06/13/
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