Cause à l'autre

John Anson est un courtier d'assurances qui réussit dans son métier mais qui vit quand même au dessus de ses moyens car il claque tout son fric auprès des prostituées et sur les champs de course. Il doit d'ailleurs beaucoup d'argent aux bookmakers et Sailor Hogan, un ex boxeur devenu encaisseur de dettes, se charge de le lui rappeler.
Aussi quand il rencontre Meg Barlowe et qu'il en tombe amoureux , il imagine avec elle de se débarrasser de l'encombrant mari après lui avoir fait signer une confortable police d'assurance. Mais avec Maddox, le responsable du contentieux soupçonneux à l'excès et Steve Harmas, son enquêteur le plus habile, il est absolument indispensable de peaufiner dans les moindres détails le meurtre et de fournir un alibi irréfutable à Meg Barlowe bénéficiaire de l'assurance.
Pourquoi ne pas reproduire le modus operandi d'un tueur sadique qui sévit dans la région et qui attaque les couples qui batifolent dans leurs voitures au clair de lune, tuant l'homme et violant la femme ? L'idée peut paraître séduisante, mais Anson ne sait pas qui se cache derrière le tueur et il ne se doute pas qu'il est victime d'une sombre machination.

Publié simultanément outre-Atlantique et en France en 1963, "Cause à l'autre" est le cinquième et dernier opus de la série qui met en scène Steve Harmas, l'enquêteur d'assurance. On y retrouve le chef du contentieux, Maddox ( Maddux dans "Vipère au sein" que je viens de lire et de critiquer sur notre cher site littéraire) et sa secrétaire Patty Shaw. Au début de la lecture, j'ai eu comme une impression de déjà lu, du moins en ce qui concerne l'intrigue générale, à savoir un agent d'assurances, amoureux d'une femme mariée, qui fomente le meurtre du mari pour toucher l'indemnité d'assurance. Exactement le thème du roman noir que James M. Cain a écrit en 1935 dont le titre est "Double indemnité" repris en 1944 dans un recueil dee nouvelles et adapté au cinéma la même année par Billy Wilder sous le titre "Assurance sur la mort" avec Fred McMurray, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson pour ce qui reste un grand classique du film noir.
James Hadley Chase complexifie à souhait la trame narratrice initiale et met Steve Harmas dans la peu d'un autre Steve... l'inspecteur Carrella créé par Ed McBain, en donnant à l'enquête un côté "Police Procedural" qui fait la part belle à la recherche des indices et des preuves matérielles pour confondre les meurtriers. Cela montre bien tout le talent d'un auteur qui ne se cantonne pas à un seul genre de littérature policière.

John Anson est courtier dans la prestigieuse Assurance "National Fidélity Insurance Corporation" et est vraiment dans la panade : il n'a plus une thune en poche et est endetté à plus de 10.000 dollars auprès de deux bookmakers peu recommandables.. Ainsi quand il fera la connaissance de Meg Barlow qui l'a sollicité pour faire contracter une assurance vie à son mari (que lui ne veut pas) tout son corps sera parcouru de décharges électriques. Elle le séduira et ensuite, mettront ensemble un plan machiavélique pour assassiner le mari génant en vue d'empocher la prime d'assurance vie de 50.000 dollars.. le plan apparaitra comme sans faille. apparaitra.. mais dans les faits en sera-t-il de même ???

Encore une fois, Chase nous sert son éternelle histoire du trio diabolique.. oui, je dis encore une fois car l'auteur a du écrire une bonne vingtaine de romans sous le même thème.
Mais on ne s'en lasse pas car le génie est là.. souvent le même postulat et à chaque fois on est accroc.. mais comment fait-il ???

Ce roman à l'ambiance morbide et à la violence décomplexée verbale ou physique, vous étouffera par son emprise totalement hypnotique ! Voyez-vous le film d'Alfred Hitchcock "Psychose" ?? ce noir et blanc sépulcral et ses plans teintés d'ombres inquiétantes ?? et bien tout dans ce roman fait penser à ce film de par son ambiance.. ce livre suscite des frissons macabres, un malaise diffus.. les portraits esquissés flirtent avec le politiquement incorrect cher à l'auteur

Si vous avez déjà lu ce genre de pitch d'un précédent roman du Grand Chase sachez qu'il n'y a rien de plus délicieux que de voir un personnage se débattre (en pure perte) contre la malchance du destin.. le suspense laisse sans voix pour qui n'aurait jamais ouvert un livre de Chase !! quel tempo !! quelle mise en scène précise !

En tout cas, il n'y a pas à dire, il y a vraiment deux périodes différentes dans la carrière littéraire de Chase.. je viens de relire au moins 5 ou 6 de ses romans à la suite situés dans sa deuxième période (grosso modo de 1967 à 1984) et celui-ci écrit en 1962 détonne vraiment à coté de par son environnement malsain !

Je lui met la note maximale bien évidemment.

Thème classique de la fraude à l'assurance que J.H Chase utilise dans plusieurs de ses romans.
Si john Anson, un agent d'assurance minable parvient avec le concours de la troublante Meg Barlowe à assurer Phil pour 50.000 Dollars et le refroidir, il ne va pas pour autant avoir la vie facile car Phil se révèle être un cadavre plein de surprises et Meg sa complice, remplie de vices...
Un très bon roman psychologique, dans lequel l'auteur met tout son talent pour échafauder une intrigue