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Denis-Armand Canal (Traducteur)
EAN : 9782253115977
445 pages
Le Livre de Poche (15/02/2006)
4/5   13 notes
Résumé :

A partir de la vraie vie de Sarah Baartman, la “Vénus Hottentote”, Barbara Chase-Riboud a écrit entre histoire et légende, un roman d’une force d’évocation et de persuasion rares. Issue d’un peuple nomade d’Afrique du Sud, orpheline, Sarah est vendue comme esclave à un missionnaire anglican du Cap. A la mort de ce dernier, la petite revient dans sa tribu pour y subir incision de la vulve et autres rit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Barbara Chase Riboud nous raconte la vie de Saartje Baartman dite"La Venus hottentote".
Sarah naît en Afrique du Sud en 1789.
Orpheline, elle sera vendue à deux reprises et exhibée comme objet de foire à cause de ses particularités physiques : des organes génitaux protubérants.
Elle vécut en Angleterre, à Londres de 1810 à 1814.
Ensuite, elle termina ses jours à Paris où elle mourut, probablement de pneumonie en 1816 à l'âge de 27 ans ,après avoir été exhibée dans les foires, dans les cirques, après s'être livrée à la prostitution, après avoir succombé à l'alccol, à la morphine. Elle était bafouée de tous côtés et désespérée.
La dernière partie du livre est très intéressante car elle nous livre les débats qui existaient à cette époque entre scientifiques au sujet de la reconnaissance en tant qu'hommes des nègres, des sauvages comme ils les appelaient.
C'est ainsi que l'auteure reproduit une correspondance de Georges Cuvier qui aura le droit de disséquer le cadavre de Sarah.
Barbara Chase-Riboud fait succéder autour de Sarah un nombre incalculable de personnalités comme Charles Darwin qui réféchissent chacun à leur tour en tant que scientifiques ou viennent la regarder comme Jane Austen..., Napoléon Ier...
Les restes de Sarah furent exhibés à Paris. Le dernier endroit où son squelette a été montré a été le musée de l'Homme.
En 2002, finalement, Sarah Baartman est officiellement rendue à l'Afrique du Sud pour y être incinérée.
Les dernières pages sont frappantes : c'est Sarah qui prend la parole derrière la vitrine où ses restes sont exposés comme si son âme planait encore.
Un roman parmi les plus marquants que j'aie lus sur la reconnaissance de l'humain au 18ème et 19ème siècle !
Je l'ai lu en 2006 en version poche et redécouvert à plusieurs reprises en relisant des chapitres grâce à mes petites fiches qui me guident.
Une très belle lecture qui nous en apprend sur la bizarrerie et la supériorité subjective de l'homme blanc.
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S'inspirant d'une histoire vraie, l'Américaine Barbara Chase-Riboud retrace la vie de Saartjie - Sarah - Baartman, de son véritable prénom Ssehoura. Née chez les Khoekhoe, des pasteurs nomades de l'Afrique du Sud, en 1789, la fillette voit ses parents et son peuple massacré par les colonisateurs hollandais puis anglais. Il est en effet de "bon goût" d'avoir une tête empaillée de ces autochtones, qu'ils appelleront par mépris Hottentots (bègue en hollandais), à côté des autres trophées de chasse...

Tour à tour vendue comme esclave, puis exploitée comme bonne d'enfants, Sarah est emportée vers l'Angleterre pour être exhibée en tant que Vénus hottentote, aux formes callypiges, marque de beauté des femmes khoekhoe et devenues sources de fascination mêlée de moqueries pour les curieux londoniens. Réduite à l'état de caricature dans une cage, Sarah endure les flots de haine, de mépris, de propos graveleux et de sarcasmes du public. Parfois, un éclat de compassion dans l'oeil d'un quidam, qui l'atteint d'autant plus dans sa dignité mortifiée.
Montrée aux côtés d'autres "monstres", très en vogue alors, il apparaît que les véritables monstres sont devant la cage, ou à ses côtés pour exploiter la jeune femme.

Barbara Chase-Riboud construit son récit en ouvrant en prologue sur l'épilogue de l'existence de Sarah. Celle-ci meurt de tuberculose à Paris le 1er janvier 1816, à seulement 27 ans, le corps et l'esprit minés par les épreuves, la morphine, l'alcool - pour tenir pendant ses expositions et oublier les humiliations -, la prostitution et la maladie.
Comme si ça ne suffisait pas, son cadavre est vendu au célèbre naturaliste Cuvier pour dissection et appuyer sa thèse du Hottentot en tant que chaînon manquant entre "l'orang-otan et le nègre", dans la chaîne de la création des espèces. L'auteure nous fait assister à une conférence démonstration entre tenants de la phrénologie, naturalistes, anatomistes et autres scientifiques de l'époque. Les arguments volent autour du cas Sarah, les spécialités se contrecarrent et s'affrontent. Pourtant tous se rejoignent sur la suprématie physique, morale et intellectuelle de l'homme blanc occidental.  C'était dans les années 1810 et il est navrant de constater qu'en dépit des progrès éthiques et scientifiques, deux cents ans après, encore trop de personnes restent ancrés sur cette aberrations pour prôner leur racisme.

L'histoire de Sarah est, on s'en doute, très douloureuse à lire. Même si l'héroïne fait preuve d'une dignité qui la grandit face aux hordes moqueuses et viles qui se pressent au spectacle. La lecture de cette biographie romancée m'a fait penser à une précédente lecture : Cannibales de Didier Daenninckx. Ainsi qu'au très beau et très dur film Elephant Man avec John Huston dans le rôle de John Merrick.

J'ai trouvé ce volume par hasard dans une Boîte à Livres. J'avais déjà lu La Grande Sultane de Barbara Chase-Riboud, quand j'étais adolescente. Je suis contente d'avoir pu lire sa Vénus hottentote, même si les sentiments qui m'ont agitée au fil des pages ont oscillé entre compassion, admiration pour Sarah et indignation, colère et dégoût pour ces êtres qui osent se revendiquer d'humanité.
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Barbara rend hommage à Sarah dans ce livre criant tellement de vérité qu'il en donne la chair de poule. Comment a-t-on pu, à une époque pas si lointaine, faire ça à une jeune femme qui avait la seule tare d'avoir été noire dans un monde où les hommes blancs se pensaient être au sommet de l'évolution humaine ?
Ce livre devrait être lu dans les écoles, pour ne pas oublier un passé pas si lointain qu'on tente pourtant d'enterrer aujourd'hui. Sarah Baartman fut une femme parmi tant d'autres qui a eu le malheur de croire en la bonté du Monde. Jusqu'à en tomber malade, mourir et voir ses os et tout ce qui la constituait exposé à la vue de tous pendant presque deux cent ans avant qu'enfin, son sort ne fasse l'hunanimité et qu'elle soit rendue à sa terre natale.
Ce livre m'a bouleversée plus que je ne l'aurais pensé, moi qui ait pourtant, pour des travaux d'études, lu beaucoup d'articles sur les exhibitions humaines que les colonies se permettaient à une époque.
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passionnant ouvrage
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon cercueil sortit du ventre de la machine.
Etonnée, je vis des milliers de gens de couleur...Ils se levèrent tous pour m'acclamer.
"Maman Sarah...Maman Sarah...
Un océan de sons...
Moi, Sarah Baartman, la non-humaine, devenue un symbole de toute humanité.
...Je découvris que mon squelette sans larmes pouvait quand même en verser...
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Les livres parlent à tout le monde, sans tenir compte de la couleur. C'est toute l'idée d'un livre. Un livre est un pays tout entier. Un livre te sort de la prison de ton esprit. Et lire, c'est écrire. Et écrire, c'est s'appartenir.
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Maître Darwin émit un discret et courtois grognement.
" J'ai une confession à vous faire. J'ai vu la Vénus hottentote lorsque j'étais petit garçon...Elle est aussi fascinante pour moi aujourd'hui qu'elle l'était alors...à mes yeux d'enfant...
...Et puis la retrouver ici, dans cette cage de verre...naturalisée...Pauvre créature...
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La nuit tombait. Oh ! pleurez, pleurez dans le bocal de mes intestins luisants, lavez ma merde, lever l'ancre de ma vésicule ! Oh, lève-toi, ma brise, et ramène-moi vers les terres salées! Honte sur mes geôliers, malédiction sur mes maîtres! Oh grand héron pourpré, franchis la Seine, transporte mon âme, n'abandonne pas la bergère à leur merci ! Viens jeter cette gardienne de troupeaux sur le dos d'un taureau furieux, fais-moi piétiner jusqu'à la délivrance, sauve-moi de l'abbatoir des sciences ! Honte oui, honte sur vous, maitres de l'univers ! Allez vous faire foutre, messieurs ! Vous n'êtes pas des gentlemen ! Ce n'est pas une exhibition de phénomènes. Je suis à l'étalage, sans compassion, ni compensation, au nom de la grande chaîne des êtres créés. "La Vénus hottentote", archétype de l'humanité inférieure. Le tout dernier degré de la pâte humaine . Détruisez tout cela messieurs ! Détruisez tout cela ! Détruisez-moi...
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Tous les âges y étaient représentés, remarquais-je, les jeunes gens, les personnes mûres ou dans la force de l'âge, les vieux et même ceux qui étaient déjà morts mais qui faisaient semblant de ne rien savoir.
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Video de Barbara Chase-Riboud (1) Voir plusAjouter une vidéo

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