Ne vous attendez pas à voir apparaître la féerique Reine Esther de Perse (et de la Bible), ni Farah Diba Pahlavi - qui a entretemps 81 ans. Il n'y a même pas d'ayatollah à l'horizon, car
Joan Chase a situé son histoire aux États-Unis. Et la reine de Perse est un surnom de Lil, qui après une vie misérable a fait un gros héritage qui lui a permis de se procurer un énorme ranch dans l'Ohio.
Il s'agit du premier livre de
Joan Chase, publié en 1983 à l'âge de 47 ans. Elle est née en 1936 à Wooster dans l'Ohio et décédée après une longue maladie il y a tout juste 2 ans, en avril 2018. L'auteure a encore écrit 2 autres ouvrages, mais c'est ce roman-ci qui a établi sa réputation et lui a valu 2 prix littéraires aux États-Unis, mais qui sont cependant moins connus en Europe.
L'ouvrage constitue dans sa première partie un roman d'apprentissage ("growing up story") des 4 petites-filles de la reine d'Ohio, situé dans les années 1950. La seconde partie nous offre un flashback historique et la troisième et dernière partie nous raconte la dispersion de la famille après la vente du ranch de la grand-mère Lil Snyder.
La matriarche est à la tête d'une famille nombreuse qui compte entre autres 4 gamines, nées en l'espace de moins de deux ans : Anne et Katie, les filles de Grace, décédée, et Célia et Jenny, les filles de Libby, une autre fille de Lil.
Dans le premier relativement long chapitre (une soixantaine de pages sur les 257), c'est Célia qui joue la vedette. À 14 ans elle est grande et élancée et d'une beauté qui a comme effet que sur le terrain de la ferme il y a constamment des garçons qui s'y cachent dans l'espoir de la voir. Les 3 autres petites-filles observent avec des sentiments mitigés ce spectacle, mais regrettent que son succès éloigne Célia, qui semble vivre dans un autre univers, d'elles.
Sa mère Libby, une couturière accomplie, est nettement moins charmée par le succès de Célia et craint pour sa fille aînée le pire dans cette région peuplée d'amish et mennonites super pieux. Les scènes entre mère et fille se succèdent dès lors en dépit de Dan, le fier père, qui essaie, le plus souvent vainement, d'intervenir en faveur de la paix dans le ménage. Il est vrai que Dan, comme boucher du coin doit se lever à l'aube et nécessite un minimum de repos. En plus, c'est un brave type.
Tout en faisant très attention à sa virginité, le défilé des petits amis continue : après Corley, il y a Mike, Bud, Roger, Hal et Phillip. Ce dernier, riche et ambitieux, entraîne une accalmie de la tension entre mère et fille... jusqu'à ce qu'une découverte scandaleuse ruine la candidature de Phillip définitivement !
Heureusement qu'il y ait le jeune Jimmy qui sait persévérer.
En lisant ce roman vous allez vous rendre compte que la belle Célia n'est pas une mauvaise fille du tout ; bien au contraire, elle est toujours prête à aider gens et animaux qui souffrent.
Je présume que cet ouvrage s'adresse principalement à un jeune public, bien que j'aie trouvé la description par
Joan Chase de la vie à la campagne dans ce coin du nord-est des États-Unis intéressant à cette époque du tube "Peggy Sue" de Buddy Holly et du film "La fureur de vivre" avec un inoubliable
James Dean.
Et la reine de Perse ou Grand-Mère "avait survécu à plus de batailles que nous n'avions vues en rêve, un satané vieux cheval de guerre" concluait l'Oncle Dan.