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EAN : 9782130589273
288 pages
Presses Universitaires de France (07/09/2011)
3/5   3 notes
Résumé :
L’attitude rebelle affichée par la « culture rock », loin d’offrir une résistance au règne de la marchandise dans les sociétés occidentales, a au contraire favorisé l’émergence de nouvelles formes de capitalisme.

La lecture classique de la « culture rock » est soit qu’elle constitue une des ultimes formes de résistance aux forces du marché, soit que son image rebelle a été récupérée par la publicité et le commerce. Cet ouvrage avance une troisième int... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
I hear a very gentle sound
With your ear down to the ground
We want the world and we want it...
We want the world and we want it...
Now
Now?
Now!
"When the music is over." The Doors

Ces paroles servent de socle à ce livre de Claude Chastagner. Des paroles qui symbolisent l'émergence d'une nouvelle culture (qui a vu le jour avec les premiers "rebelles" : Elvis, J.Dean, M.Brando puis s'est développée de manière plus expressive et revendicative lors de la guerre du Vietnam, des grands rassemblements comme le festival de Woodstock avec guitares et basses euphoriques branchées sur amplis).

Entre l'enfance et l'âge adulte, les baby boomers découvrent l'adolescence, ce besoin de s'exprimer, de renverser, d'inverser l'ordre établi...la guitare devient l'ennemi des adultes, des parents, de ceux qui ont le monopole de l'ordre moral...
Guitare : instrument rebelle par excellence qui rassemble toutes les classes sociales. le rock est une musique rebelle donc qui amène la révolte (The Who - Won't Get Fooled Again, MC5 - Out The Jams, The Rolling Stones - Street Fighting Man) et la guitare en devenant électrique, ce sont les émotions, les attentes, ce besoin de s'exprimer tel un cri, qui surgissent..."Pas de compromis, fini le conformisme".
Tel est le message exprimé par cette génération. C'est le temps de l'émancipation, des contestations à base de slogans.

Jim Morrison l'exprime dans ces paroles mais cette rebellion soulève des interrogations : Comment allons nous changer la donne, comment allons nous changer le monde? Nous assistons à un réel besoin de tout posséder, de profiter de tout, de consommer...Le rêve d'une nouvelle société voit le jour. Oui mais...
...cette rebellion représente aussi l'ambiguïté de cette culture, que l'on appelle désormais contre culture où le rock'n'roll devient le Rock. Demander le monde tout de suite va de pair avec ce besoin de consommation, une certaine forme de jouissance matérielle...et pourquoi tout le monde n'en profiterait pas, hein? Car si aujourd'hui, nous évoluons dans une société capitaliste, C.Chastagner nous le rappelle :

le rock et le capitalisme se rejoignent sur ce besoin de modernité car au final ils sont indissociables. La modernité, c'est transgresser, c'est se rebeller, c'est bouger!!! Et un slogan, un!!! La publicité a trouvé son nouveau créneau.
Le rock s'exprime, fait vendre et les baby boomers qui représentent des consommateurs potentiels en masse sur un marché porteur, sont donc la cible principale des entrepreneurs, publicitaires, multinationales...et c'est parti!!! On parle alors de récupération, le rock n'a plus le monopole de ses slogans, de ces concepts et chacun est gagnant : publicité, promotion...La révolte devient alors une activité lucrative. Et oui, la rebellion rapporte "à condition qu'elle reste une image, un spectacle" nous rappelle C.Chastagner. On parle alors au sein de la culture rock d'une relation décomplexée à l'argent, à la consommation et au capitalisme. le Star System est né.

Claude Chastagner nous expose d'ailleurs dans cet essai deux courants qui s'opposent. D'un côté, les radicaux mettant le doigt sur cette nécessité de changer le monde, persuadés que de ce partage de culture rock peut émerger le progrès social. D'un autre coté, les post modernistes dénonçant cette récupération où tout désir de changement est vain. Les multinationales du disque ont récupéré les slogans rock. "Le rocker a succombé à cet appât, celui de l'argent, de la gloire."

Mais ces deux courants ainsi exprimés, l'auteur veut croire à une autre lecture du rock car il doit bien exister des interstices.

Des interstices? Selon Chastagner, "être dans l'interstice, c'est se glisser par effraction dans les modes établis de représentation pour les subvertir (renverser) et proposer des possibilités de vie nouvelles, des rapports au monde inédit." Et d'après lui, il existe des artistes dans l'interstice...car le véritable artiste rebelle, celui qui lutte vraiment contre l'ordre établi, celui qui est autant dans le plaisir immédiat que dans la critique, celui qui symbolise vraiment la résistance...est celui qui s'invente une relation personnelle au monde.

L'auteur prend l'exemple de Frank Zappa et un de ces morceaux "Do you like my new car", mélange d'absurde, d'humour décapant, parfois graveleux mais c'est surtout cette hilarante satire sociale chez Zappa qui le différencie, souligne Chastagner.

Cette nouvelle lecture du rock que nous propose l'auteur est intéressante car il nous explique, en autre la différence entre cri et slogan. Au début du livre, le cri est analysé comme un slogan, ensuite que ce cri fait vendre et dans le dernier chapitre, il nous explique qu'il existe une profonde différence entre cri et slogan quand on y réfléchit bien, quand on le médite...tenterions nous de dire. Ce dernier chapitre vaut à lui seul le détour car après avoir exposé, défini la culture rock, son développement, son ambiguïté, sa récupération commerciale, sa participation à l'avénement du capitalisme, à l'échange marchand...l'auteur nous expose enfin sa vision. "Ce qui est en jeu est de l'ordre du personnel et de l'individuel". Il faut inventer une relation personnelle au monde nous dit Chastagner...et peut-être pas forcément le vouloir, le posséder.

Ce livre bouscule pas mal d'idées reçues sur le rock.

L'auteur s'intéresse au phénomène qui se propage, celui des musées où de nombreuses expositions sur la musique voient le jour, on parle d'institutionnalisation de la musique "qui est une façon de faire taire" d'après l'auteur. le vrai problème nous dit Chastagner est que les premiers à vouloir défendre cette institutionnalisation de la musique et à la faire parler, à s'exprimer sont aussi les premiers à l'embaumer et "embaumer, c'est tuer".

L'auteur consacre un chapitre tout aussi intéressant sur le rapprochement entre rock et pop art car ce dernier va permettre au premier de se construire une image, donner forme à son esprit rebelle mais on y retrouve les mêmes mécanismes, ambiguïtés et interrogations, analyse Chastagner. le Pop art veut dénoncer mais sa production artistique est dédiée au matérialisme, à la consommation. le message ne semble plus très clair, il en va de même pour le rock, une logique commerciale s'empare de l'artiste quelqu'il soit.

Ce livre est donc un essai sociologique où la culture rock est analysée en long, en large et en travers. L'auteur a parfois tendance à partir dans de grands discours avec un vocabulaire bien recherché. En lisant "De la culture rock", mes longues heures de cours de Sciences Economiques et Sociales au lycée me sont revenues en mémoire. Et oui, Claude Chastagner est professeur et ça se remarque. Mais on a le plaisir à le lire, surtout lorsqu'il analyse la pochette d'album de "Sergent's Pepper Lonely Hearts Club Band" des Beatles, lorsqu'il chronique l'abum 666 d'Aphrodite's Child. Et comme dit précedemment, le dernier chapitre "Interstices" est terriblement attendu tout au long du livre. Claude Chastagner redéfinit le terme Rebellion, pose un regard lucide sur la culture rock en finissant par cette citation de Frank Zappa qui résume bien son point de vue :

"Sans transgression de la norme, il n'y a pas de progrès possible. Mais avant de chercher à transgresser efficacement, on doit au moins s'être familiarisé avec la règle, avec la norme dont on veut s'écarter."

Lien : http://jerryroad.over-blog.c..
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Cet ouvrage a été une agréable découverte même si j'avoue que certains passages ont été parfois trop long et même répétitif.

L'auteur souhaite voir s'il est possible de définir une culture rock. Comprendre son esprit rebelle et les répercussion dans notre société (s'il y en a eu). Analyser le rapport entre le rock et l'industrie commerciale mais aussi l'art. le rapport du rock avec la guitare, instrument ultime qui définira cette musique. le rapport entre le rock et les musées mais aussi avec ses fans.

Je redécouverts des classiques du rock d'une toute autre façon. Totalement fascinée sur le chapitre de la pop art. Je ne me rendais pas compte qu'autant d'artiste avait eu des liens avec le rock.
L'auteur met aussi les mots justes sur les relations ambigus entre le rock et notre société de consommation. Et dans le fond c'est bien vrai: cette musique qui se positionne comme rebelle, qui ne souhaite pas rentrer dans la machine classique a pourtant un énorme besoin de dépendre du circuit normal pour vivre, pour se faire entendre et puis aussi pour gagner sa vie.

J'ai pu aussi découvrir cette bizarrerie d'avoir enfermé le rock dans des musées. Endroit où le silence règne, on y implante le bruit le plus fort. le musée renferme l'art, l'endroit devient un lieu de visite, on regarde, on apprend...J'ai du mal à comprendre l'aspect rock mis en boîte ainsi, les fans aussi d'ailleurs.

Dans tous les cas le livre est très intéressant.
Habituée à lire des romans, j'avoue tout de même avoir mis du temps à arriver au bout de l'ouvrage, parfois tout simplement à cause de l'écriture ou le plus souvent à cause des références. Et oui, je n'ai que 25 ans, les années 60 je ne les ai pas connues, de plus j'écoute avec un véritable plaisir les "classiques du rock" mais je ne connais pas bien son histoire, toutes les personnes qui ont joué un rôle important, ni les la littérature spécialisée sur le sujet.

L'auteur passe très souvent par une sorte d'ex-cursus avant d'arriver au véritable lien avec le rock. Les conclusions sont très éclairantes sur le sujet mais tout ce que développe l'auteur avant d'y arriver m'a souvent fait perdre le fil rouge de ma lecture.

Enfin ceci est juste un bémol.
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Voici un livre qui va étayer votre culture du Rock. En effet, il décrit de manière très précise et complète, l'histoire du Rock et de ses origines.

Tout d'abord, on y découvre l'évolution de la jeunesse des années 50 filant droit vers la culture Rock que nous connaissont aujourd'hui. Il est mention de groupes connus et de leurs influences.

Ensuite, la guitare ainsi que toutes les choses qu'elle représente pour les rockeurs sont également survolées. Mais aussi des dates clés, que bien des personnes reconnaîtrons (mai 68) et leurs rôles dans toute cette machine de rébellion.

Vous l'aurez compris, cet ouvrage est une mine d'informations.

De surcroît, c'est bien écrit et les mots sont intelligemment choisit. Pour peu que cela vous intéresse, vous vous délecterons sans mal de cet afflux d'informations.

Si vous êtes amateur de Rock, alors foncez sur cet ouvrage sans hésiter.

Comme certains d'entre vous l'aurons remarqué, les romans me sont bien plus familiers et pour ce type de lecture ci, j'ai plus de mal à rédiger une critique fort intéressante. Il est vrai que n'ayant pas d'histoire à résumer, cela limite la critique d'emblée. J'espère que cette critique plaira tout de même à certains.

Je tiens, comme toujours, à remercier Babelio pour ce Masse Critique ainsi que les éditions partenaires ( la Presse Universitaire de France dans ce cas-ci ).

Vous pouvez retrouver cette critique sur mon blog :
Lien : http://lazonelibre.eklablog...
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
13 septembre 2011
La culture rock, depuis 50 ans, à travers ses paradoxes et contradictions.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Progressivement, la synergie entre la musique populaire et le capitalisme s'est articulé autour de la posture rebelle. Ce rapprochement est essentiel aux pratiques contemporaines de consommation. C'est sur les formes extérieures de rébellion que les maisons de disques assoient la crédibilité de leurs artistes. Produire de la distraction, du spectacle, ne suffirait pas. Il faut un enrobage, une justification idéologique. Sans la rhétorique rebelle, le rock perdrait une grande part de son attrait.
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Mais l'échec de ces musées s'explique aussi par le rapport ambigu qu'ils établissent avec ce qui représente pourtant leur raison d'être, la musique rock...Accoler le terme "musée" à celui de "rock" tient malgré tout de l'oxymore. Comment concilier le cahier des charges exigeant d'un musée avec la vitalité éphémère, indocile et irrévérencieuse que le rock est censé représenter? La musique rock n'est-elle pas aux antipodes de toute forme de conservation, de préservation et d'éducation?
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C'est précisément le travail des médias: créer et orienter le désir. Sous l'effet de l'urbanisation, le démantèlement des liens sociaux traditionnels avait laissé un vide relationnel. La consommation pouvait d'autant mieux le combler que le produit proposé possédait une forte charge émotionnelle. La musique populaire, structurée autour de la figure de la star qui prend en charge la demande affective et relationnelle, est un de ces produits. D'un coût relativement modeste, facile à produire et à distribuer, jouant sur le plaisir et l'émotion et pouvant aisément être ajusté à différents types de goûts, le disque s'est avéré un produit particulièrement bien adapté à la production marchande du XXe siècle.
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le rock'n'roll est une force de modernité, il entraîne le démantèlement des carcans et des tabous de jadis. Il est la musique du progrès, la musique de la mobilité et de l'indépendance.
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