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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Totalement charmée et embarquée par l'univers de gunpowder imaginé par Emmanuel dans cette revisite fictive de l'Amérique coloniale qu'on connaît, je ne pouvais en rester là. Sachant que l'auteur, dans le même état d'esprit que moi, avait donné non pas une suite mais une nouvelle aventure pour déployer cet univers, je me devais d'y retourner. Et j'ai appris entre temps qu'un troisième roman arrivait à la fin de ce premier semestre, je suis joie !

Je peux maintenant dire et confirmer qu'Emmanuel est vraiment doué pour nous embarquer dans des histoires qui peuvent sembler classiques mais qui se révèlent toujours surprenantes au final dans le détail de leur déroulé avec des figures puissantes et une émotion qui nous saisit pour ne plus nous lâcher. C'était le personnage de Cérès qui m'avait frappée et le destin tragique du Prince Amaru, dans L'Empire du Léopard, c'est Azel, cette fois, chasseur de prime et fils illégitime de la haute noblesse terrienne, qui me happe au point d'éclipser presque les autres personnages.

Car après, L'Empire du Léopard et sa fin assez définitive, l'auteur relance ici son univers dans une nouvelle direction avec une foison d'intrigues et de personnages à suivre cette fois, comparé à la simplicité de son premier roman ici. Il ne reprend que peu de personnages, il faut dire que l'histoire se déroule plus de 20 ans plus tard et rebâtit plutôt quelque chose de neuf sur les cendres de l'ancien, une fort belle idée. J'ai ainsi aimé retrouver ces terres bien connues et en même temps différentes d'autres avec des problèmes similaires et pourtant différents et donc une nouvelle génération de héros.

Le roman se découpe en trois parties qui ont chacune leur vie propre et qui ont laissé un impact différent sur moi. Je suis ainsi longtemps restée sous le choc de la première partie et sa conclusion assommante, ne parvenant que difficilement à suivre la deuxième partie où pourtant tout se met en place, avant que sa conclusion, comme à chaque fin de partie, ne m'embarque dans une folle aventure tragique. Car le thème de ce nouveau roman, peut-être encore plus que le précédent, est clairement les drames de la colonisation et de la marche forcée vers un Empire et une emprise dont certains ne veulent pas et contre laquelle ils vont se rebeller vaille que vaille. Sauf que l'auteur est malin, il brouille les pistes et nous emmène sur trois à quatre trames narratives principales qu'on pense au début déconnectées, ce qui a joué sur mon appréciation d'une plus que les autres et ma difficulté à entrer dans les autres, mais qui vont finir par faire sens et nous surprendre. C'est malin. C'est plus intense et approfondi que dans son premier roman, mais je ne suis pas sûre d'avoir plus aimé sur le moment, car cela m'a un peu perdue.

Il faut dire que l'auteur commence son roman sur les chapeaux de roues avec la présentation d'un héros assez intense, en rupture de plusieurs manières, dont la trajectoire de vie assez dramatique va fasciner de bout en bout, au point d'étouffer presque tous les autres personnages croisés, qui semblent bien fades et presque simples en comparaison. Azel est ce personnage qui m'a emportée et bouleversée. Fils illégitime, il a en plus une relation compliquée à son père, qui l'a eu avec une femme mystérieuse, et qui depuis a épousé une femme à peine plus âgée que lui. Il a également des relations tendues avec ses demi-frères et a choisi la voie de la fuite et de la liberté, mais une forme d'obligation morale, bien malgré lui, va le ramener vers cette famille et son destin va lui éclater à la figure alors qu'il fait tout pour lutter contre. Cette résistance, cette manière de freiner des quatre fers et de pourtant toujours se retrouver entraîné malgré lui et de sombrer, j'ai trouvé ça magnifique, vraiment digne des meilleurs récits mythologiques ! A l'inverse, les retrouvailles avec un Artémis toujours en butte au pouvoir de sa cousine, était assez classique, ce qui lui a fait perdre en charisme, alors que clairement c'est toujours un agitateur hautement intelligent comme je les aime. Seule, l'espionne Zuhaitza, a su lui donner la réplique, avec l'écriture sensible imaginé par l'auteur d'une femme, forcée de prendre le statut d'un homme parce que traditionnellement dans sa tribu quand le fils aîné meurt, c'est la fille qu'on fait devenir « homme » qui le remplace. J'ai trouvé cette idée excellente et j'ai adoré son exploitation dans la relation complexe entre elle et Azel.

En ce qui concerne l'intrigue, elle est multiple et mon appréciation en fut de même. Tantôt totalement embarquée comme au début quand Azel et sa belle-mère tentent d'aider un convoi d'indigène à fuir ce régime oppressif en franchissant les montagnes. Tantôt plus passive, à l'image de l'humeur du héros, quand il part dans son désir de vengeance et se laisse porter par les événements. Tantôt totalement secouée quand à chaque fin de partie, l'auteur accélère le rythme, fait pleuvoir action et révélation et nous livre des scènes folles, parfaitement séquencée et bandante visuellement parlant. J'en ai vu de toutes les couleurs ! Mais la couleur que je retiens, c'est ce gris bleuté qui parcours l'oeuvre et la couverture, un gris de vague à l'âme, de ras-le-bol de ce colonialisme mal pensé, oppressif, pas intégrateur, excluant donc, mais également un bleu d'espoir, d'horizon lointain et d'amitié. Je pense à celle superbe entre Azel et son loup qui m'a tellement rappelé celle de Fitz et Oeil-de-Nuit ❤ Ce fut donc une lecture pleine de beauté et de douleur.

J'ai conscience de ne pas en dire beaucoup sur l'intrigue mais je ne veux vraiment pas en dévoiler plus pour vous laisser les mêmes surprises que moi, pour vous laisser vivre les mêmes riches et belles émotions que moi et affronter leur complexité. Sachez juste que si vous avez aimé L'Empire du Léopard, l'auteur va encore plus loin dans l'exploitation des mécanismes du colonialisme qu'il y ébauche, qu'il poursuit sa fine et légère exploitation d'une mythologie basée sur des fées tout sauf douces et gentilles, et qu'il nous fait plaisir à faire aboutir certaines destinées qu'on avait laissées en suspens. C'est donc un merveilleux tome compagnon qu'il faut lire après celui-ci.

J'avais déjà trouvé en L'Empire du Léopard une fresque des plus complètes pour plonger dans un monde colonial agité. Je trouve en La Piste des Cendres un versant encore plus dramatique et mélancolique où on découvre que même après le drame, certains n'ont toujours rien compris et qu'il faut encore se lever contre eux. Doté d'un personnage à la destinée puissante qui m'a totalement envoûtée, j'ai été un peu aveugle au reste tant sa souffrance et sa douleur m'ont saisie en plein coeur. Ce fut donc plus pour moi un roman dont le héros m'a marquée au fer rouge, qu'un roman où l'histoire m'a emportée. Celle-ci étant assez classique et prévisible dans l'ensemble une fois le ton tragique perçu. Je n'ai cependant pas boudé mon plaisir et j'ai adoré retrouver cette profondeur, cette magie, ce mysticisme et ces drames, dans un univers richement pensé dans plein de détails. Je sais déjà que je serai là et bien là pour le prochain tome compagnon : Souveraine de Coronado.
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Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la chute de L'Empire du Léopard. La Couronne du Coronado règne désormais en maitre sur la Péninsule de la Lune d'Or. le territoire de sa colonie s'est étendu, sa population a augmenté et son industrie s'est développée, créant un fossé entre le Sud, en pleine révolution industrielle et dominé par Carthagène, la capitale, et le Nord, rural et agricole.
Une situation qui rappelle en miroir inversé la guerre de Sécession et la guerre civile en Argentine entre fédéralistes et unitaires courant XIXe siècle.
C'est dans le Nord, justement, que commence notre récit. Azel, enfant illégitime d'un noble du Coronado a fui sa famille pour devenir chasseur de primes et vit désormais en solitaire, jusqu'au jour ou il accepte d'aider un membre de sa famille. Une décision qui va bouleverser sa vie à jamais.
Car si la péninsule est une poudrière, alors elle vient de s'embraser. L'allumette ? L'assassinat du vice-roi qui déclenche une guerre civile contre laquelle la couronne n'est pas préparée. En désespoir de cause, la reine rappelle son cousin, le général mercenaire Artemis Cortellan mis à la retraite force sur une ile isolée.
Chargé de défendre le Sud, ce dernier pourrait bien avoir, comme à son habitude, d'autres plan derrière la tête...

Disons-le tout de suite: La Piste des cendres est clairement un cran au dessus de l'Empire du Léopard, déjà fort sympathique. L'auteur a encore une fois pris le soin de creuser ses personnages et encore une fois c'est Artemis qui, à mes yeux, se démarque le plus, même si j'ai su au fil des pages apprécier Azel. Pour les personnages secondaires on trouve également des figures attachantes dont une qui est peut-être la plus belle réussite de l'auteur.

Ce dernier a un don pour plus, que donner vie à des paysages, plonger son lecteur dans une ambiance particulière, ce qui peut paradoxalement frustrer car certains environnements ne demandent qu'a êtres explorés en profondeur, même si la Lune d'Or est déjà chargée question lieux intéressants. le roman comporte également plusieurs scènes marquantes tant dans leur déroulement que dans leur description qui resteront en tête même une fois le livre refermé.

La lecture fut donc agréable. de plus, la ou l'Empire était lent, la Piste est bien mieux rythmée, même si j'ai trouvé que la deuxième partie trainait un peu en longueur. La plume de l'auteur est agréable, souple et dépourvue de fioritures ce qui facilite la lecture.

En résumé nous avons donc un roman maitrisé, doté de personnages attachants et d'une intrigue solide se déroulant dans un cadre original, le tout porté par une plume de qualité.
Que demande le peuple ? Un troisième livre ?
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Vous aviez aimé L'empire du léopard et son univers atypique, ses élans de noirceur et d'horreur, son incroyable et ô combien charismatique colonel Cérès Orkatz ? Moi oui. Et c'est pour cette raison que j'attendais depuis plus d'un an la sortie du nouveau roman d'Emmanuel Chastellière, suite qui n'en n'est pas une, La piste des cendres. Seconde incursion dans les terres du Nouveau-Coronado qui, même si elle m'a plu, n'a pas réussi à me toucher avec la même intensité que le précédent roman.

La piste des cendres n'est donc pas une suite directe de L'empire du léopard. Vingt-cinq ans séparent les deux récits et la première chose qui frappe le lecteur est le changement d'atmosphère entre cette fatidique année 1870, chargée d'humidité, de jungle et de manque de moyens et ce nouvel Nouveau-Coronado dont les frontières ont été repoussées jusqu'au Nord, paysage de montagnes et de plaines démesurées. Cette entrée en matière est particulièrement convaincante et trouvera un écho certain chez les lecteurs de L'empire du léopard.

Nous découvrons alors les personnages principaux : Azel, habitant du Nord, dont le métissage est regardé comme une particularité peu enviée dans cette société dans laquelle vous existez soit en tant que colon, soit en tant que colonisé. le flamboyant Artemis Cortellan, que les «anciens» connaissent déjà, mercenaire puis homme politique à la retraite (forcée) et passablement cousin de la Reine Constance. Ou encore Andelo Calider, journaliste qui ne goûte qu'avec peu d'entrain la propagande qu'on lui sert afin de légitimer les actions d'un gouvernement centralisateur.

Si j'ai immédiatement accroché au personnage d'Azel, tourmenté comme pouvait l'être Cérès, je me suis montré plus sceptique en découvrant la situation de ce second puis troisième narrateur.

Et cette crainte s'est malheureusement avérée fondée.

Alors que L'empire du léopard offrait un sentiment de continuité, une narration plus cadrée, La piste des cendres a pris le parti de diversifier son intrigue, aussi bien sur le plan géographique que thématique. Et cela joue, je trouve, en défaveur de l'intrigue d'Azel.

Autant la première partie est incroyablement bien maîtrisée, avec une découverte du personnage d'Azel qui marque, une relation avec Ombeline d'une grande justesse (sans aucun doute l'un des gros points forts du roman) et un final dont je me souviendrai longtemps... Autant la suite m'a donnée l'impression que l'intrigue d'Artemis et de Calider non seulement diluait l'intensité de celle d'Azel mais existait en grande partie dans le simple but d'illustrer les problèmes politiques, un peu convenus, du Nouveau-Coronado.

Le meilleur exemple pour illustrer mon propos est le personnage de Zuhaitza, que l'on découvre une fois le récit bien installé. C'est un bon personnage, mais on ne la voit tout simplement pas assez. Ou du moins pas suffisamment pour que je puisse comprendre ou ressentir l'intensité de sa relation avec Azel. Et à choisir, j'aurais échangé certains chapitres de Calider contre plus de temps pour approfondir Zuhaitza et, par extension, l'intrigue d'Azel.

C'est donc un sentiment assez frustrant car j'ai l'impression qu'Azel, qui porte en très grande partie le récit sur ses épaules, s'efface un peu trop à partir d'un certain point.

Reste que j'ai apprécié le roman : la relation entre Azel et Ombeline est vraiment magnifique, aussi bien dans ce qui est dit que dans ce qui ne l'est pas, et la fin de la partie 1 est d'une incroyable puissance. Cette relation, profonde et touchante, qui consumera Azel dans sa terrible fuite avant lors de la deuxième partie. Ce sont vraiment dans ces moments que j'adore le travail d'Emmanuel Chastellière.

Constance, également, est à ranger dans ce fonctionne très bien dans roman. Plus nuancée qu'elle ne le laisse paraître, on ne la voit pas beaucoup et pourtant, l'une de ses interactions, aussi brève que touchante lorsqu'elle évoque sa Salamandre (j'évite le spoil !), m'a plus marquée que l'ensemble des atermoiements de Calider.

Enfin, la très faible présence de fantasy joue clairement en faveur de la fin. Je n'en dirai pas plus afin de vous laisser le plaisir de découvrir cela par vous-même mais cette quasi-absence d'éléments magiques donne aux rares démonstrations surnaturelles des allures cauchemardesques qui ne sont pas sans rappeler ce qu'une certaine Cérès a pu subir.

Est-ce que j'ai aimé La piste des cendres ? Oui. Est-ce que je le conseille au nouveau venu comme au connaisseur ? Absolument.

Car si, pris dans son ensemble, j'ai moins aimé ce bouquin, certains moments viennent me rappeler pourquoi j'aime tant le travail d'Emmanuel Chastellière. Je n'ai malheureusement pas accroché autant que je l'aurais souhaité à la narration de Cortellan et de Calider mais la première chose qui m'est venue à l'esprit en terminant La piste des cendres c'est : à quand la suite !
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La piste des Cendres est le nouveau roman d'Emmanuel Chastellière publié chez Critic. Il se déroule dans le même univers que L'Empire du léopard également chez Critic.

L'intrigue se situe 25 ans après le dénouement du précédent livre d'Emmanuel Chastelière, qui voyait la conquête d'une nouvelle terre baptisée Nouveau Coronado au dépens de son peuple natif et de l'Empire du Léopard. On démarre donc l'intrigue avec d'une part les aventures d'Azel, fils métis d'un colon du Coronado et d'une indigène, qui essaye de se faire une place en tant que chasseur de primes, mais va vite devoir faire des choix par rapport à sa famille et par rapport à son passé. Et d'autre part avec les remous politiques et l'histoire d'une Sécession entre une partie du Nouveau Coronado, le Nord, un peu isolé géographiquement mais couvert de ressources, et le Sud, représenté par Carthagène, la capitale de la colonie, siège du pouvoir mais avec des tensions fortes entre les classes sociales.

Au départ, on est un peu déboussolé par cette double narration, mais cela va former un tout pour monter crescendo dans la dernière partie et proposer au passage plusieurs surprises bien vues. On suit donc les destins croisés d'Azel, d'Artemis Cortellan, militaire tentant de mater l'insurrection au nord, de Zuhaitza, compagne de voyage d'Azel, et de Calider, journaliste de Carthagène partagé entre son devoir d'informer et son appartenance au Nouveau Coronado. Les autres personnages sont nettement en retrait, sauf un des frères d'Azel et la reine de Coronado qui prennent pas mal d'épaisseur dans la dernière partie du roman.

Le style de l'auteur est bien fluide, on s'imagine bien l'action, mais les passages de description sont nettement moins visuels. J'ai trouvé le rythme du roman assez irrégulier, avec certaines scènes trop rapides, et d'autres qui s'étirent en longueur. Cela sert parfois le roman, notamment pour imposer une ambiance, mais globalement j'ai moyennement accroché. Pourtant plusieurs scènes sont vraiment très réussies et d'une belle intensité, le guet-apens de la première partie ou la scène de guérilla de la deuxième partie par exemple.

Les personnages évoluent tout au long de l'histoire, surtout Azel, Zuhaitza et Calider. Azel court à travers l'histoire et fonce vers une destinée que l'on imagine forcément tragique, à la manière d'un Spartacus ou William Wallace, mais un peu moins actif, et qui semble plus subir que véritablement agir. C'est dommage mais j'ai eu du mal à vraiment avoir de l'empathie pour ce personnage, alors que j'en ai plus eu pour Zuhaitza. le personnage d'Artemis Cortellan est aussi bien campé, sorte de général fantasque, a priori loyal et respectable, mais j'ai trouvé le dénouement trop inattendu pour sa part.

Le récit s'apparente à un roman historique revisité, il ne prend que de très rares choses au monde de l'imaginaire. Il mixe des considérations type conquête de l'ouest américain avec des questionnements politiques et étiques sur la colonisation et l'intégration. Avec l'entité de la Croix-Blanche, l'auteur aborde aussi la problématique religieuse. On a du mal à situer l'époque technologique correspondant au roman dans notre histoire : on est au début de l'industrie du pétrole, mais pour d'autres choses on est plus tôt dans l'histoire (poudre et canons). C'est assez original et cette approche permet de se poser quelques questions.

Au final c'est un roman ambitieux qui propose une lecture assez longue, pour suivre les dissensions au sein d'une jeune colonie annexée par une grande puissance traditionnelle. Les personnages permettent de se situer au coeur d'un conflit et de se poser les questions de l'intérieur. le texte est intéressant et se lit bien, mais j'ai eu du mal à m'immerger totalement dedans, je n'ai pas eu le coup de coeur, ou la forte vibration que l'on peut ressentir pour ses personnages. Cela m'a en tout cas permis de découvrir un auteur très intéressant, et m'a donné envie de lire Celestopol qui a priori devrait plus me convenir.
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Tout d'abord, je précise que je n'avais pas lu "L'empire du Léopard" qui se déroule avant "La piste des cendres". Et je le précise simplement pour dire que cela ne gêne en rien la compréhension.
Les deux romans se passent dans le même univers, mais il n'est pas nécessaire de lire le premier pour comprendre le second.
Ceci étant précisé, je dois reconnaître que rien ne manquait au rendez vous fixé par la quatrième de couverture.
De grands espaces, des héros, des anti héros, des méchants, du mystique et même une vraie guerre civile.
Pour autant, je ne suis pas certain que ce roman laissera une trace indélébile dans ma mémoire littéraire.
Je n'ai rien à reprocher à l'auteur qui m'a fait passer un bon moment de lecture mais je n'ai rien lu non plus qui m'ait transporté.
Si on me demande si c'est un des meilleurs que j'ai lu, je dirais non mais si on demande s'il est bien, je dirais oui.
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Azel est un paria issu d'un père de la noblesse du Coronado (un riche colon) et d'une indigène (ma mémoire défaille, je ne sais plus si l'acte était consenti ou non). Il n'est à sa place auprès d'aucun des deux peuples qu'une lutte oppose toujours par-ci par-là. Ses errances de chasseur de primes le poussent sur une route dangereuse où une troupe de mercenaires change sa vie à jamais. Azel ne vit alors plus que pour se venger tandis que le Nouveau-Coronado est déchiré par une guerre civile nord-sud. L'occasion pour Artemis Cortellan de revenir sur le devant de la scene après avoir été mis au placard une bonne décennie par sa cousine la Reine Constance. Lui qui a soumis l'empire du Léopard réapparaît pour servir la patrie sudiste et mater la révolte indigène menée par un certain Loup Gris.

L'empire du Léopard et La piste des cendres sont deux belles briquasses, on évitera donc de se faire les dents de lait dessus. L'auteur prend son temps pour déballer son univers et son histoire, et à titre personnel c'est le genre de lenteur qui me passionne mais que tout le monde n'appréciera pas forcément. Expérience en fantasy adulte francophone recommandée (on ne va pas se cacher que le Français est plus léger à la traduction que quand on le lit en VO). Toutefois si des néophytes veulent tenter l'expérience, ça reste jouable. L'univers est familier puisqu'il s'inspire directement de la colonisation de l'Amérique du sud par les Espagnols vs Aztèques et Incas. Un monde qu'on a donc facile à se representer pour autant qu'on ait un brin de culture générale et/ou d'imagination.

La piste des cendres succède dignement à L'empire du Léopard : même univers, même folklore et même qualité d'écriture. Les personnages sont également réussis : ils sont une poignée à se partager le roman ce qui crée de l'action tout le temps, partout. le roman est choral : Azel est un métisse et n'est à sa place auprès de personne, on s'y attache vite et bien sans trémolos. Artemis est un homme d'action exilé, une sorte de vieille fouine oubliée. Jophiel un mercenaire opérant pour le plus offrant (on le déteste). le Loup Gris la figure de proue de la révolte autochtone. Et vous excuserez ma mémoire défaillante, mais il y a aussi le premier journaliste d'investigation du Nouveau-Coronado. Bref des portraits divers et variés qui insufflent beaucoup de vie au roman. Pas le temps de se lasser d'un protagoniste qu'on passe au suivant.

Je vous dirais bien qu'on ne s'ennuie pas mais j'avoue avoir eu un petit passage à vide vers la mi-récit. Mais quand arrive le moment critique où on se dit “tiens, je m'ennuie un peu, serait-il pas temps que quelque chose de nouveau se passe ?”, l'auteur opère un twist de haut vol qui rebooste carrément l'intrigue et qui est hyper intelligemment placé. En prenant un peu de recul j'ai toutefois un petit goût de trop peu concernant la trame fantasy très effacée que j'aurais aimé voir plus présente. Il est question de folklore local, d'alchimie et d'artefacts sacrés que j'ai trouvés sous exploités. Pareil pour les fées (qui n'ont de joli que leur nom, vraiment) : sans un réveler trop, l'une de ces petites bestioles malfaisantes s'acquoquine à Azel, mais finalement il en resort assez peu de choses. Un alchimiste tombe également du ciel sans trop convaincre.

Le contexte socio-politique de la piste des cendres vaut par contre le detour : les indigènes entrent en guerre ouverte contre le Nouveau-Coronado lui-même divisé par une lutte sécessionniste Nord-Sud. L'ambiance est à la poudre et aux manigances entre puissants. Guerre civile, colonialisme, quête identitaire, propagande et émergence journalistique enrichissent le tout. La dimension western est présente quoique timide, on a moins de marqueurs far west que ce à quoi la communication éditoriale nous fait rêver. Cela n'empêche pas La piste des cendres d'être un livre multi-facettes à lire en stand-alone ou, pour les courageux, à enchaîner après l'excellent Empire du Léopard.
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J'ai aimé suivre Azel, ce personnage écartelé entre deux mondes, celui de son père riche éleveur venu du continent des conquérants et celui de sa mère, domestique indigène.
Les personnages sont bien campés et peu conventionnels.
Entre la quête de vengeance d'Azel, les manigances d'Artemis, les motivations de Zuhaitza et les secrets du Loup Gris, le récit ne manque ni de rebondissements imprévisibles ni d'action.
Les points de vue multiples, comme celui du journaliste Calider qui se veut impartial, nous offrent une vision complète des intérêts en jeux.
J'ai aimé découvrir un univers qui change agréablement de la classique Fantasy médiévale, rappelant notre nouveau continent après la victoire des conquistadors. Je n'ai pas lu le premier roman qui se déroule dans le même contexte mais ça n'a pas pénalisé ma compréhension de l'histoire.

Alors pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste après cette lecture ?

Après la découverte du prologue j'ai immédiatement commandé le livre, totalement conquise par l'écriture, le personnage d'Azel, l'apparition de la Fée...
Peut-être de ce fait en attendais-je un peu trop ?
Je me suis demandé "Mais … où est la magie ?"
Azel reste persuadé que la fée n'est qu'une invention de son esprit, on n'a que l'affirmation d'Artemis et c'est peu. L'alchimiste semble une pièce rajoutée, pour justifier la classification en Fantasy. Jophiel et sa bande semblent créés pour justifier l'idée de vengeance. Et les licornes n'apportent rien de magique.
(Peut-être, je l'avoue, est-ce aussi que j'aime les romans un peu plus optimistes et que le parcours d'Azel ressemble vraiment à un chemin d'épines.)
Alors je n'ai pas boudé mon plaisir, mais c'est comme si j'avais mangé un excellent gâteau à la crème alors que j'ai demandé une tarte à la rhubarbe.

Si on enlève la scène de la grotte il reste un très bon livre d'aventure, très bien écrit, dans un autre univers.
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Quatrième ouvrage de l'auteur pour ma part et bien qu'il soit intégré dans la même continuité que l'Empire du Léopard, le présent roman possède la qualité d'être autant indépendant que intelligemment présent dans l'univers créé par l'auteur.

Dans la Fantasy, c'est assez rare d'arriver à proposer de la consistance dans un format qui ne se repose pas sur l'enchaînement des volumes. Les fameux" cycles". La Piste des cendres offre une belle sensation d'univers, avec ce qu'il faut de surprise et de fatalité dans le destin de ces personnages pour tenir l'attention du lecteur.

Rythmé comme on le devrait s'attendre d'un "western fantastique", ce livre délivre quelque moments marquants et intenses, des moments qui restent dans nos mémoires malgré l'accumulation des lectures.
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Eh bien, quelle claque !
Un mélange de fantasy, de western et d'historique, qui donne quelque chose de presque réaliste avec quelques touches de fantasy par-ci, par-là. Même si c'est totalement imaginaire.

Dans un territoire colonisé, nous suivons Azel, jeune métis né d'un père colon et riche propriétaire et d'une mère indigène disparue, qui ne trouve sa place ni du côté des colons, ni du côté des indigènes.
J'ai eu du mal à m'attacher à Azel, même si j'ai beaucoup de compassion pour lui.
Il se retrouve malgré lui au coeur d'une guerre civile et c'est cette partie que j'ai absolument a-d-o-r-é-e. J'ai pourtant du mal en général avec les complots politiques et les scènes de bataille. Mais, vraiment, ces machinations politiques et ces retournements de situation, c'est du génie ! Je me suis régalée !
Et un coup de coeur pour le personnage de Cortellan, l'ancien vice-roi, que je trouve à la fois diabolique et très humain. J'ai adoré suivre son histoire !
Petit point qui m'a gênée: la relation compliquée entre Azel et sa belle-mère. J'avoue que je n'ai pas forcément aimé et trouvé ça intéressant.
En tout cas, un récit plein de rebondissements et captivant ! Et j'ai senti un certain attrait pour L Histoire qui donne cet aspect réaliste au roman.
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« La Piste des cendres » d'Emmanuel Chastellière se déroule dans le même univers que « L'empire Léopard » (publié également en 2018 aux éditons Critic).

La lecture de ce premier roman se déroulant déjà dans la péninsule de la Lune d'or, n'est pas essentiel, ce nouveau récit se suffit à lui même (il se passe un quart de siècle après) même si force est de constater qu'à la fin de sa découverte, l'envie de le faire sera très prégnante.

25 ans plus tôt, les territoires de ce qui s'appelle désormais le « nouveau Coronado » ont été colonisé.
Un anniversaire qui s'apprête à être fêté en grande pompe, l'arrivée de la Reine Constance est annoncée, mais il faut auparavant veiller à ce qu'Artemis Cortellan, le cousin de la souveraine, rappelé d'exil, matte les envies d'indépendance des propriétaires terriens du Nord, ainsi que des indigènes rebelles menés par le mystérieux «Loup Gris ».

Cofondateur d'Elbakin.net, un site de référence dédié à la Fantasy, Emmanuelle Chastellière connaît bien le genre et reprend ici ingénieusement tous les ingrédients qui le composent pour étoffer une création personnel qui fleure bon le far-west et flirte avec le « Gunpowder », malgré des scènes classiques où l'escrime à toute sa place.

Les armes à feu, pistolets et canons sont présents dans cette intrigue qui continue de s'inspirer lointainement de l'histoire américaine (les indigènes étant descendant d'un peuple qui rappelle les aztèques), mais qui ne renie en rien le féérique… (On y élève des licornes!)

L'auteur s'amuse à tromper de façon ingénieuse le lecteur, nous proposant de suivre les péripéties d'Azel, le fils illégitime d'un riche éleveur, en alternant avec les actions militaires d'Artemis Cortellan.
Métis, le jeune garçon se voit brimer dans le prologue par ses deux frères qui n'ont de cesse de lui rappeler sa condition. Un des ressorts du livre est justement cette ambivalence qui ira de perd avec l'existence ou non de la magie.

L'histoire commence quelques années plus tard, lorsque ayant fuit le ranch, Azel, devenu chasseur de primes, par la nouvelle épouse de son père.

Un fil conducteur qui, on finit par s'en rendre compte, n'en est pas vraiment un en réalité, c'est un des points forts de ce roman qui comporte de vrais rebondissements !

Là où on pourrait s'attendre à une « bête » histoire de vengeance, on découvre, après un retournement à 180 degrés, une fresque historique passionnante (avec ses complots politiques et religieux) dans un univers original conté au travers les destins de personnages mémorables (outre ceux déjà cités, on pourra également signalé Zuhaitza, une indigène intrépide) sympathiques ou que l'on aime détester et dont Emmanuel Chastellière développe brillamment la caractérisation.

Certes, le récit s'étend sur plus de 600 pages et on pourrait critiquer le rythme, le style d'écriture relativement posé, malgré de savantes trouvailles qui étayent sans cesse ce continent imaginaire (on en voudrait encore plus c'est le principal reproche).

L'intérêt ne diminue à aucun moment, on s'intéresse incontestablement au nouveau Coronado, et voit chez l'auteur un vrai savoir faire, et une écriture qui ne peut que gagner en maturité.

On a envie d'en contraire plus sur le passé de cette colonie ( Pourquoi ne pas lire « L'empire Léopard ») et même son devenir ou celui de l'empire qui l'annexe (dans un avenir prochain un autre tome?).
Un livre qui fait du bien, un auteur à suivre incontestablement.
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