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Que dire d'un tel chef d'oeuvre ? Que dire d'un livre où tout est présent ! "Tout" signifie ce que rêve un lecteur, voyager dans des contrés lointaines où le monde était encore en découverte, voyager au coeur d'événements historiques fondamentaux pour l'Histoire de France interpréter par un aristocrate mais surtout un homme très pieux, très cultivé et très bon politicien. Je préfère vous dire tout de suite que je suis follement amoureux de cette oeuvre et j'ai encore honte de n'avoir pas lu les deux autres tomes.
Alors qu'est-ce que j'ai adoré ?
L'auteur en lui-même, je ne le connaissais aucunement et quoi de mieux que de lire ses Mémoires pour le connaître. C'est donc un homme très sage grâce à la religion donc je préviens à ceux qui veulent lire ce livre qu'il parle énormément de son rapport à la religion mais aussi des principes fondamentaux de la religion et jusqu'où peut-on aller tout en se battant pour la liberté. Bien que je n'adhère pas à ses idées aristocratiques défendant en partie le roi, François René de Chateaubriand défend la liberté et toutes ces paroles sont d'une justesse remarquable.
La traversée de différents événements de l'Histoire de France est un voyage époustouflant puisqu'on de plus on le ressent vraiment, au coeur de l'histoire. Chateaubriand voit les citoyens prenant la Bastille, il voit les différentes exécutions, le serment du jeu de paume et j'en passe, tout ces événements ressenti sous un angle nouveau, celui d'un homme aristocrate mais pour la liberté du peuple. Il côtoie également Napoléon en étant son ambassadeur. Je suis vraiment très surpris que ce roman ne soit pas utilisé dans les cours d'histoire sur la Révolution Française et la suite.
La traversée également du monde par un grand voyageur est tout simplement magnifique, grandiose. La découverte des civilisations du nouveau monde, la réaction d'un homme face aux chutes du Niagara, comment il écrit tout ce qu'il voit relève du génie.
Pour tous les lecteurs amoureux de la littérature française, aimant les livres qui font voyager dans des contrées merveilleuses et de superbes témoignages sur une époque très riche pour la France, lisez ce livre !!!!!
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En 2023 j'ai décidé de faire quelques marathons littéraires car la course à pied n'est pas mon amie… mais les livres, oui.

J'ai lu un nouveau tome de « A la recherche du temps perdu ». Cette année fut placée du côté de Guermantes…

Ayant lu des oeuvres de Flaubert et De Stendhal, Hugo et Balzac ne me tentant pas il me prit l'envie de remonter le temps. Je me décidais pour Chateaubriand pour des raisons bien chauvines… et non pas parce qu'il était le père du romantisme… Mais parce que né à Saint Malo, son nom évoque ma région natale. J'ai longtemps habité près d'une ville qui porte son nom phonétiquement parlant (mais sans lien entre les deux).
Me voilà donc partie pour découvrir les Mémoires d'outre-tombe. le titre m'interpelle. le projet est intéressant. Un livre écrit pour être publié post mortem.

Je suis actuellement à la fin du second tome et je dois dire que ce premier tome m'a paru plus intéressant et surtout moins pompeux. Dans ce premier tome, Chateaubriand narre son enfance, sa famille… Saint Malo, Combourg et Rennes. C'est nostalgique, poétique et pas trop pédant.
L'auteur a une très belle plume sans aucun doute…

Il décrit l'histoire de sa famille et les soubresauts que traverse la Bretagne et la France car il est né en 1768 (pile 2 siècles avant moi 😉).

Né d'un père austère et autoritaire et d'une mère pieuse, Chateaubriand adore la mer. Destiné à une carrière militaire (car n'étant pas l'ainé, il est sans le sou). Fuyant la révolution, il va devenir écrivain et homme politique. Il finit ce premier tome en exil à Londres, après avoir été en Amérique et y aurait rencontré Washington ! Mais cette rencontre est mise en doute par certains. Car Chateaubriand a une forte tendance à se peindre de façon très positive.

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Seul un homme ayant assumé des responsabilités publiques, ayant joué un rôle dans l'histoire, est habilité à écrire ses mémoires. Pour les obscures personnes privées, on parlera d'autobiographie. Ainsi, Chateaubriand, ministre, ambassadeur ou opposant sous la Restauration, peut rédiger des mémoires de son action politique. Seulement, Chateaubriand a lu et admiré, comme toute sa génération, les Confessions de Rousseau, cet écrivain issu du peuple genevois, philosophe et romancier, personne strictement privée. Ce modèle de Rousseau le conduit à inclure dans les Mémoires de sa vie publique, ses souvenirs privés, ceux de l'enfance, de la Bretagne, de la jeunesse, du temps où il n'était qu'un obscur petit nobliau breton aux grands rêves de voyages, et de libéralisme politique. D'autre part, à la différence des grands mémorialistes comme Retz ou Saint-Simon, ou des autobiographes comme Rousseau et Stendhal, la grande Histoire ("avec une grande Hache", disait Perec) a bouleversé sa vie : ce premier volume des Mémoires, qui va de la naissance de l'auteur à l'émigration à Londres pendant la Terreur, est visité par la Révolution, qui, selon ses termes, impose une fin brutale au monde qu'il connaissait, et en fait naître un autre dans la violence. Tout écrivain qui, comme lui, a eu vingt ans en 1789 et vit encore en 1820, est "un nageur entre deux rives", le témoin d'un monde révolu et d'un nouvel ordre culturel et social. Donc, même s'il n'avait eu aucune carrière publique, Chateaubriand eût été fondé à écrire ses mémoires, car L Histoire est intervenue dans sa vie.

Ce sens particulier de l'Histoire trouve son illustration littéraire dans la chronologie particulière du récit. Chateaubriand, loin de suivre uniment un ordre chronologique, le bouleverse en incluant dans les pages consacrées aux souvenirs du passé le plus lointain, les circonstances de la rédaction, et des réflexions sur la fuite du temps et sur l'avenir. Prenons sa page la plus célèbre, qui figure dans toutes les anthologies, celle de "la grive de Montboissier" (première partie, livre III, p. 102 dans cette édition) : il évoque le chant d'une grive entendu en juillet 1817 dans le parc du château détruit de Montboissier, où Henri IV et Gabrielle d'Estrées s'aimèrent il y a deux siècles : le chant de la grive rappelle à l'auteur ce qu'il sera dans deux siècles, et le ramène aux années de son adolescence au château de Combourg. Les souvenirs affluent à sa mémoire. Enfin, se demande-t-il, pour combien de temps se souviendra-t-on de son livre ? Certainement pas les deux siècles que dura ce château détruit sous la Révolution... La façon dont le Temps agit dans cette page, comme dans mille autres, est proprement vertigineuse.

Un mot enfin sur l'édition du Centenaire, publiée par Garnier Flammarion, établie par Maurice Levaillant et préfacée par Julien Gracq. On a pu qualifier cette édition de "monstre philologique", car le lecteur est censé y trouver toutes les notes, variantes, corrections, documents, manuscrits et appendices laissés par l'auteur lui-même. C'est donc probablement l'édition la plus complète que l'on puisse trouver. On se réfèrera aux historiens, et aussi à Philippe Muray*, pour suivre les péripéties romanesques de la publication des Mémoires d'Outre-Tombe.

*Exorcismes spirituels, I, L'oeuvre en viager.
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Les "Mémoires d'Outre-Tombe" sont peut-être l'ouvrage le plus connu De Chateaubriand. Les résumer est chose impossible et inciter à les lire, en ces temps voués à la dictature de l'image et du clinquant, relèverait pour certains de la gageure. Pourtant, malgré tout ce qui peut, en eux, heurter notre sensibilité moderne, ces "Mémoires ..." que l'auteur a polis et repolis en les tirant très souvent vers la biographie romancée, méritent non seulement qu'on les lise mais encore qu'on les relise.

Les douze premiers livres des "Mémoires d'Outre-Tombe", c'est avant tout Combourg, l'antique château où Chateaubriand passa son enfance et son adolescence. En tous cas, c'est la première image qui nous vient plus tard à l'esprit lorsqu'on évoque ce premier tome. Des pierres descellées sur les chemins de ronde battus des vents ; le souffle du vent s'infiltrant dans des pièces trop hautes d'où la mauvaise saison chasse toute chaleur ; des fantômes que réveillent les histoires gothiques racontées par les dames De Chateaubriand ; un père distant et figé dans une sorte de misanthropie mal dissimulée ; une mère bavarde et pieuse, qui avait dû rêver mieux que cette solitude grandiose mais terrible ; une soeur trop aimée avec qui le futur romancier entretiendra toujours une relation ambiguë et enfin un petit garçon voué au bleu marial par sa nourrice bretonne, qui se transforme peu à peu en un adolescent incertain, romantique avant la lettre, qui rêve aux hiboux et aux horizons lointains, peut-on concevoir meilleur terrain pour une nature d'écrivain ?

Evidemment, ce premier volume comporte encore bien d'autres choses, dont de saisissants portraits des ténors de la Convention brossés par un oeil visionnaire dans la tourmente révolutionnaire qui va tout emporter. Il y a aussi le mariage de l'auteur, une évocation discrète et gourmée ; des considérations très instructives sur l'idée que Chateaubriand se faisait de la noblesse et de ses représentants - considérations auxquelles, toute sa vie, fait exceptionnel pour n'importe quel homme ambitieux, il restera fidèle ; les descriptions des paysages encore inexplorés de ce qui deviendra les USA ; l'exil temporaire en Angleterre alors que, à Paris, le frère aîné du romancier est fauché par la Terreur et même, cerise sur le gâteau pour le littéraire impénitent, une espèce de mini-essai sur les littératures française et anglaise.

L'ensemble dans un style unique qui semble jouer au trait d'union entre la langue quasi parfaite des Lumières et les longues tirades parfois fabuleuses, parfois ampoulées qui s'apprêtent à marquer le XIXème siècle commençant. Un prodige, ce style. Lu à haute voix, il se savoure comme quelque mets rare et singulièrement fruité. Lu "dans la tête", il arrive qu'on s'y sente un peu perdu, étourdi par sa cadence hautaine et ses envolées d'oiseau de proie.

Seule ombre au tableau : le désir forcené de Chateaubriand de se poser en victime du Destin. Comme tout romantique digne de ce nom, il aime les apitoiements et les invocations un peu baroques : Dieu, l'Univers, le Siècle, la Révolution, la Nature, etc ... il les apostrophe tous. Mais compte tenu du plaisir raffiné qu'il nous offre si généreusement, ne peut-on pas lui pardonner cette faiblesse qui nous rappelle finalement que, tout comme nous, Chateaubriand était bien un être humain ? ;o)
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Eduqué par un père sévère et taciturne, une mère aimante et pieuse, Chateaubriand a passé toute son enfance triste et solitaire en Bretagne, où il a pu développer une puissante imagination à partir de ce qui l'entourait. Après avoir tergiversé entre une carrière de marin et d'ecclésiastique, sans vocation ni pour l'une ni pour l'autre, il s'engage finalement dans l'armée. Il arrive à Paris vers la fin juin ou le début juillet 1789, il assiste à la prise de la Bastille, aux premières agitations et à quelques séances folkloriques de l'assemblée nationale. Opposé à la monarchie absolue, il est surtout dégoûté par les violences et le chaos. Devenu impie par « le désespoir sans cause qu'il portait au fond du coeur », il s'embarque pour le Nouveau-Monde en 1791, sous prétexte de trouver le passage nord-ouest de l'Amérique. Un voyage d'à peine un an. Début 1792 il est de retour en France et se marie aussitôt avec une inconnue. Puis il repart se battre avec les émigrés pour finir par s'exiler en Angleterre jusqu'en 1800.
Le début de ses Mémoires ressemble plus à des confessions. le jeune Chateaubriand avait lui aussi un peu subi l'influence des Lumières, la plus manifeste est celle de Rousseau, il n'aurait peut-être pas écrit ses mémoires de la même manière sans le précédent du promeneur solitaire. Il est pourtant difficile de savoir quel était son positionnement politique exact à l'époque (royaliste toujours, mais jusqu'à quel point ?). Au début de la révolution, il fréquentait Malesherbes, le beau-père de son frère, et semble avoir à peu près partagé ses idées, c'est d'ailleurs sous sa protection qu'il part en Amérique. La révolution a été fatale ou nuisible à beaucoup de membres de sa famille (son frère a été guillotiné), on peut comprendre l'amertume qu'il en a conçue, l'exacerbation d'une humeur déjà mélancolique et, après coup, sa destruction en règle de tous les mythes de la Révolution : La prise de la Bastille ? Une escroquerie commise par des gueux incapables de rien si on ne leur avait pas ouvert les portes de l'intérieur. Marat ? « Un Caligula de carrefour », Camille Desmoulins ? « Un Cicéron bègue », Danton ? Une « face de gendarme mélangé de procureur lubrique et cruel », il ne s'attarde même pas sur le cas de Robespierre. Toutefois, même dans le dénigrement il gardait son sens de la tragédie et son talent pour donner vie à ses descriptions, il sublimait même ce qu'il abhorrait et révélait tout le pathétisme de la situation.
Des flâneries dans le port de Brest à l'enfer du club des Cordeliers en passant par les déserts de l'Amérique, il fait revivre toute sorte d'ambiances, il rend tout majestueux par son imagination et ses souvenirs baignent dans l'onirisme. Par exemple, il s'était créé une femme idéale qu'il appelait sa sylphide ; plus amoureux de ce fantasme que de n'importe quelle femme réelle, c'est autour d'elle qu'il a créé ses grands personnages féminins. Quand il narre sa rencontre avec le modèle d'Atala sur une île de l'Ohio, on se croirait en plein rêve : il s'endormit sous un magnolia, quand il se réveilla deux jeunes indiennes étaient assoupies sur ses épaules, « une brise traversa le bocage et nous inonda d'une pluie de roses de magnolia. Alors la plus jeune des Séminoles se mit à chanter ». N'est-ce pas parfait comme image ? Personnellement, je serais tombé amoureux pour moins que ça. C'est beau comme une idylle antique. le chevalier De Chateaubriand est né cinq siècles trop tard, il était fait pour vivre au temps des troubadours et non des révolutions.
Le récit égocentré et rêveur De Chateaubriand ne donne pas des Mémoires conventionnelles, peut-être que cela change par la suite quand il acquiert de la notoriété et rencontre des célébrités. On peut se poser des questions sur la réalité de quelques faits qu'il rapporte, mais tout est d'une incontestable et grande beauté. Il n'est jamais ennuyeux avec ses arrangements et ses embellissements, son style est celui d'un maître artisan, un orfèvre qui forgeait des phrases pour les conserver et les réemployer au besoin. Il me semble que tout Chateaubriand est dans ces Mémoires, les lire suffi pour le connaître complètement.
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Kalliope, dans une critique précédente sur ce même site, s'irritait du côté pleurnichard De Chateaubriand. Malgré l'exagération de la remarque je ne peux qu'y souscrire. Il est vrai que le chantre du romantisme se complaisait dans l'auto-flagellation. Certainement les restes d'un catéchisme associant les perversions masochistes à des règles d'or. Mais la religion ne fait pas tout (heureusement !). N'oublions pas que cet aristocrate né sous l'Ancien Régime a vu s'effondrer un monde sous ses yeux et partir en fumée toutes ses espérances de jeune privilégié. Il y avait de quoi sombrer dans un profond pessimisme.
Plutôt que de m'en irriter, j'ai eu plaisir à entendre cette sourde plainte. le récit autobiographique a cela d'amusant qu'il nous dévoile en creux la personnalité de l'auteur, non seulement à travers ses actes et ses réflexions, bien entendu, mais surtout par ses silences et la tonalité générale de son oeuvre. Écrites vers la fin de sa vie, ses Mémoires font entendre la voix d'un homme sensiblement marqué par les vicissitudes d'une vie hors du commun. Rien que cela vaut le détour et évite l'écueil de la monotonie.
Chateaubriand a le don d'associer les genres. du récit de son enfance bretonne, avec ses premiers émois dans les bois de Combourg où devant les vagues écumantes des côtes malouines, on passe à la chronique historique avec la Révolution à partir de 1789. Puis suit un récit de voyage, avec la découverte du Nouveau monde. Enfin les derniers livres entraînent Chateaubriand dans des carnets de guerre, celle engagée par les princes de l'Europe contre la nouvelle République française, puis par la peinture de l'Angleterre, sa terre d'accueil, après sa désillusion militaire. On ne peut pas faire si dense et si riche en si peu d'années !
Pleurnichard peut-être, mais alors on n'a jamais si bien pleuré.
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Je cite la 4è de couverture : "Quand vers 1830 Chateaubriand revient aux Mémoires de ma vie entrepris depuis plus de vingt ans, il les juge trop intimes et réoriente son projet. A travers le récit de sa propre existence, les Mémoires d'outre-tombe seront également l'épopée de ce temps qu'il a vécu et comme témoin et comme acteur. Son destin deviendra ainsi exemplaire de celui d'une génération qui connut à la fois l'effondrement de l'ancien monde et le début du nouveau, issu de la Révolution. La première partie de ces Mémoires est la plus personnelle. Car l'écrivain y retrace le commencement d'une vie qui se découvre à nous comme un récit de formation : celui du jeune chevalier breton bientôt parti pour l'Amérique et de l'aristocrate qui combat dans l'armée des Princes, puis émigre en Angleterre, avant de revenir en France pour y devenir Chateaubriand."

Un classique incontournable.
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Chateaubriand l'un des plus grands écrivains de son époque nous dévoile dans cette première partie de ces mémoires la première partie de sa vie. La composition des Mémoires d'outre-tombe est le fruit en grande partie de sa mémoire, mais elle s'appuie aussi sur de nombreuses notes qu'il avait écrites à différentes époques de sa vie. L'écriture de ses mémoires lui aura pris 45 ans.

Chateaubriand fait preuve d'une très bonne capacité dans l'analyse de l'esprit humain. Toute sa vie il aura lutté en défense des principes religieux et de l'indépendance des hommes. Il a traversé son époque et s'est appliqué à la peindre sur le vif. Il avoue ne pas réellement tenir à la vie, car elle ne l'a jamais favorisé, lui qui pourtant venait d'un milieu bourgeois. Cette vie qui lui sera souvent ingrate, ne lui donnera pourtant pas le coup de grâce à de nombreuses occasions alors que lui-même en faisait la demande. Faut-il préciser que pour son époque il devait être d'une formidable constitution.

C'est sûrement dû à ces épreuves, et ce détachement de la vie, qui vont le mener à cultiver un certain besoin d'indépendance et le mener à voyager. Rare sont ceux qui peuvent écrire une autobiographie, et se vanter d'avoir vécut une vie d'aventurier, rencontré les plus grands hommes de sont temps, et les principaux évènements qui ont bouleversé le cours de l'histoire.

« J'ai traversé plusieurs fois les mers ; J'ai vécu dans la hutte des Sauvages et dans le palais des rois, dans les camps et dans les cités. Voyageur aux champs de la Grèce, pèlerin à Jérusalem, je me suis assis sur toutes sortes de ruines. J'ai vu passer le royaume de Louis XVI et l'empire de Bonaparte ; J'ai partagé l'exile des Bourbons, et j'ai annoncé leur retour. Deux poids qui semblent attachés à ma fortune la font successivement monter et descendre dans une proportion égale : On me prend, on me jette un manteau, pour m'en dépouiller encore. Accoutumé à ces bourrasques, dans quelque port que j'arrive, je me regarde toujours comme un navigateur qui va bientôt remonter sur son vaisseau, et je ne fais à terre aucun établissement solide. »

« Des auteurs français de ma date, je suis quasi le seul dont la vie ressemble à ses ouvrages : Voyageur, soldat, poète, publiciste, c'est dans les bois que j'ai chanté les bois, sur les vaisseaux que j'ai peint la mer, dans les camps que j'ai parlé des armes, dans l'exil que j'ai appris l'exil, dans les cours, dans les affaires, dans les assemblées, que j'ai étudié les princes, la politique, les lois et l'histoire. »

« J'écris principalement pour rendre compte de moi à moi-même. Je n'ai jamais été heureux. Je n'ai jamais atteint le bonheur que j'ai poursuivi avec la persévérance qui tient à l'ardeur naturelle de mon âme. Personne ne sait quel était le bonheur que je cherchais ; Personne n'a connu entièrement le fond de mon coeur. La plupart des sentiments y sont restés ensevelis ou ne se sont montrés dans mes ouvrages que comme appliqués à des êtres imaginaires. Aujourd'hui que je regrette encore mes chimères sans les poursuivre, que parvenu au sommet de la vie je descends vers la tombe, je veux avant de mourir, remonter vers mes belles années, expliquer mon inexplicable coeur… »

Dans ces quelques courts extraits, il est facile de constater tout le génie littéraire de cet auteur. Il est sans doute la personne la mieux placée pour tenter de justifier la rédaction de ces mémoires.

Si vous en entamer la lecture, cela vous permettra de pénétrer dans l'intimité d'un très grand écrivain, et de découvrir de façon précise une époque. Deux raisons pour vous donner envie de lire cette oeuvre.
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Les Mémoires d'Outre-tombe, sont tout d'abord, comme le signale son titre à juste titre, une oeuvre posthume. le récit se veut également contenir une large part d'autobiographie. le jeune héros a, tout comme l'auteur, souffert de l'absence ou de relations conflictuelles avec son père. C'est dans cet ouvrage que l'on découvre l'une des plus belle description de célèbres batailles (si tant soit peu qu'une description de bataille puisse être belle). Ce livre comporte aussi les grandes étapes de la vie De Châteaubriand.
Ayant un arrière fond historique et inclut ainsi l'Ancien Régime, la Révolution de 1789, celle de 1830 et enfin la Monarchie de juillet. Livre historique et romancé de la plus merveilleuse des façons, grâce à le prouesse de son auteur, ce livre est l'un des classiques de la littérature. A lire.
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Une belle réflexion sur le temps qui passe et le passage du XVIII au XIXe siècle.
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