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Critique de NMTB


Un vrai roman la vie De Chateaubriand ! Comme beaucoup d'autres Français de son époque, à la différence près qu'il a connu une petite renommée littéraire avec le Génie du Christianisme. A la suite de ce succès, le premier consul Bonaparte essaye de l'enrôler à ses côtés en le nommant secrétaire de l'ambassadeur à Rome, comme un garant de sa bonne disposition pour l'Eglise. C'est à l'occasion de ce séjour à Rome qu'il raconte l'agonie de Mme de Beaumont, une jeune dame tuberculeuse qui a apparemment beaucoup comptée pour lui, puisqu'elle est venue passer ses derniers jours auprès de lui et mourir dans ses bras. Il s'arrête assez longuement sur cet évènement, tout comme sur la condamnation à mort du duc d'Enghien qui met fin à sa courte collaboration avec Bonaparte : Chateaubriand en tant que royaliste ne pouvait pas accepter ce qu'il jugeait comme une arrestation abusive et une condamnation arbitraire. Cette date du 21 mars 1804 marque une rupture dans son esprit, le début de la tyrannie de Bonaparte.
Mais si la vie De Chateaubriand est un roman, comment qualifier celle de Bonaparte ? Epique, bien sûr. Si je me souviens bien, Chateaubriand regrettait, dans le Génie du Christianisme, qu'il y ait peu de grandes épopées dans l'histoire récente ou de grands sujets qui permettraient d'égaler celles de l'antiquité. Il ne savait pas encore qu'il allait en vivre une fameuse. le problème c'est que Chateaubriand, tout en admirant Bonaparte - « Mon admiration pour Bonaparte a toujours été grande et sincère » écrivait-il -, détestait Napoléon. Il détestait l'homme qui avait mis fin à l'anarchie de la Terreur en instituant la tyrannie de l'Empire. Il fait une biographie noire de l'empereur, où il a rassemblé, je crois, tout ce qu'on a pu dire de mal sur lui : il le représente en jeune Corse davantage attaché à l'Italie, méprisant les Français, baragouinant à peine notre langue, avec la reproduction d'un document bourré de fautes d'orthographe, homme de main des terroristes, cruel, pilleur, cynique, et finalement despote ennemi de la liberté. Il cherche à casser le mythe et à contrecarrer la propagande officielle mise en place dès le règne de Napoléon ; il cite notamment les Bulletins de l'armée pour montrer toute leur désinformation. Il regrette que les souvenirs de son despotisme soient noyés par les jeunes générations dans la légende : « son histoire est finie et son épopée commence. »
De toute façon, Chateaubriand se montre critique avec tous les hommes d'Etat français, même avec les rois. Il est peu disert sur Louis XVI qu'il n'a rencontré qu'une fois sans même lui adresser la parole. Il a eu plus de relations avec Louis XVIII, mais on a l'impression en le lisant qu'il ne trouvait pas ces deux rois à la hauteur des évènements. Il faut comparer avec les éloges qu'il adresse aux autres chefs d'Etats étrangers : Fredéric Guillaume II, croisé sur les champs de bataille ; le tsar Alexandre, héros antagoniste de Napoléon, magnanime, équitable, humble et respectueux ; et surtout Washington qui reste pour lui le modèle du chef d'Etat.
Son positionnement politique me laisse toujours perplexe, j'ai l'impression qu'il était républicain par raison et royaliste par fidélité et qu'il mettait un point d'honneur à ne pas se renier ; il faut peut-être faire preuve d'un peu d'imagination pour le comprendre exactement, car aucune des institutions que nous connaissons n'était encore bien définie à l'époque, et pour lui la République était quasiment un synonyme de la Terreur. Il avait de toute façon un esprit de contradiction assez développé et détestait les carriéristes versatiles. Lui, au contraire, se faisait une gloire d'être toujours resté fidèle à la monarchie.
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