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EAN : 9782246682813
367 pages
Grasset (02/02/2005)
4.21/5   42 notes
Résumé :

Ici, une ancienne actrice défigurée par la foudre s'offre à l'éclair qui viendra la reprendre... Là, un homme accumule chez lui, jusqu'à vivre un enfer, les fantômes pourtant bien paisibles de ses proches décédés... Ailleurs encore, un chauffeur de taxi découvre au cœur de la ville qu'il parcourt depuis des années une rue inconnue, où le goût de l'existence devient bouleversant... ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Les nouvelles ne sont pas ma tasse de thé et comme il faut, dit-on, suivre sa pente à condition qu'elle monte j'ai sauté sur ce recueil de Châteaureynaud (car j'aime Châteaureynaud). Et le bougre est très fort. Certains de ses textes sont conformes au genre et possèdent une évidente cohérence: dans "Les soeurs Ténèbre", par exemple, trois soeurs, la jeune, la plus très jeune et la franchement vieille, rencontrent tour à tour le malheureux Ringo qui ne pourra pas leur échapper puisqu'elles sont les avatars contemporains -et cinématographiques- des Parques. On ne m'en voudra pas de ce qui ressemble à un divulgachage car l'identité des soeurs n'est pas l'enjeu de la nouvelle: Châteaureynaud ignore la chute au profit de l'atmosphère et crée des univers mélancoliques, subtilement traumatisants.
Mais ce que j'ai préféré, ce sont justement les textes qui ressemblent moins à des nouvelles qu'à des extraits, comme sortis d'une vaste somme romanesque. Dans "La seule mortelle", le narrateur a passé son enfance dans un camp de réfugiés avant d'être reconnu comme le possesseur d'une immense fortune. le lecteur en est averti dans les 10 premières lignes et ensuite... Ensuite, plus rien! L'intrigue n'a rien à voir avec ce préambule et le destin de l'héroïne qui nous est révélé ne nous console pas de devoir tout ignorer de celui du narrateur. Lire ces nouvelles a quelque chose à voir avec le choix d'une glace le dernier jour de l'été: au goût exquis de la mûre que nous léchons avec volupté se mêle le désespoir d'avoir renoncé à la griotte. Lire, c'est choisir et donc renoncer. Nous le savons tous mais Chateaureynaud a l'art de nous servir en même temps et une histoire et l'absence de toutes les autres.
Bref, c'est délicieux et frustrant, j'ai adoré mais je vais me chercher maintenant quelque chose de plus roboratif.
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Oups, on dirait bien que j'ai la mémoire qui flanche...
Impossible de me rappeler comment cet étrange recueil de nouvelles a bien pu atterir dans ma PAL !
Sans doute ai-je lu quelque part un avis enthousiaste, qui m'aura incité à noter dans mon petit carnet ce titre loufoque ? À moins qu'il ne se soit retrouvé dans ma liste complètement par hasard (mais les plus belles découvertes ne sont-elles pas celles qu'on fait par hasard ?)
Toujours est-il qu'il était là, discrètement planqué sous de trop nombreuses lectures en souffrance, patientant sagement et depuis trop longtemps.
Il attendait son heure.

Et quel bonheur de se pencher enfin sur ce curieux petit livre ! Quel plaisir d'y découvrir ces onze textes troublants, empreints de mystère et de poésie ! Quelle belle expérience que celle entreprise par Georges-Olivier Châteaureynaud, qui par sa prose habile nous conduit en marge du réel, à la lisière de onze univers très voisins du nôtre et pourtant subtilement différents...
L'auteur excelle en effet dans l'art du décalage, du pas de côté fantaisiste, du léger glissement dans l'imprévisible. A coup d'infimes "distorsions du réel", il nous guide en douceur de l'autre côté miroir, à la rencontre de personnages complètement singuliers. Chacun d'eux, dont le quotidien semble de prime abord tout à fait classique, se trouve confronté à des évènements pour le moins étranges (un pêcheur d'ormeaux découvre une maison perdue dans la brume sur un îlot en pleine mer, une ancienne comédienne frappée par la foudre court la campagne dans l'espoir d'attirer sur elle un nouvel éclair, un chauffeur de taxi se retrouve coincé dans une rue qui n'existe pas sur la carte...) et c'est avec grand plaisir que le lecteur se laisse embarquer dans ces situations rocambolesques à souhait.

Sans entrer dans le détail des onzes nouvelles proposées, aux chutes toujours inattendues, je me contenterai de vous assurer qu'elles sont toutes aussi réussies les unes que les autres !
Dans chacune d'entre elles, la mort n'est certes jamais bien loin (l'une évoque une jeune fille projetée dans un jardin d'eden aux côtés d'êtres immortels, l'autre revisite le mythe des trois Parques, dans une troisième une bohémienne révèle aux convives d'un restaurant combien de temps il leur reste à vivre, etc...), et pourtant aucune n'est véritablement angoissante. Georges-Olivier Châteaureynaud y distille juste ce qu'il faut de fantastique et de surréaliste pour instaurer une atmosphère envoutânte qui intrigue plus qu'elle n'inquiète, qui surprend plus qu'elle n'effraie.

Seule la nouvelle intitulée "Civils de plomb", nettement plus sombre, déroge un peu à la règle puisqu'elle expose une avancée scientifique (assez perturbante) permettant de "ressusciter" - sous forme de bibelots animés d'un semblant de vie - des défunts de sa famille et de ramener chez soi ces artefacts venus d'outre-tombe.
Si ma mémoire capricieuse m'autorisait à ne retenir qu'un seul texte, peut-être serait-ce celui-là.

Je suis en tous cas ravi d'avoir fait connaissance avec M. Châteaureynaud à travers ce recueil savoureux : grand merci à celui ou à celle par qui cette petite merveille d'imagination et d'extravagance est arrivée jusqu'à moi !
Qu'il ou elle me pardonne d'avoir oublié son nom.
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Si je n'avais déjà eu une excellente expérience de lecture avec le magnifique « L'autre rive » de Châteaureynaud, le titre de ce recueil de nouvelles aurait probablement suffi à m'appâter. « Singe savant tabassé par deux clowns »… Est-ce que ça ne vous vend pas du rêve, un titre pareil ? Est-ce que ça ne vous promet pas du rire, de l'absurde, de la poésie, du culot, de la magie, de la bizarrerie ? Châteaureynaud appartient à cette caste jamais suffisamment applaudie des écrivains qui tiennent leurs promesses et chacun de ses courts récits est un petit rêve brumeux, angoissant, cruel ou loufoque au sein duquel le lecteur est invité à s'immiscer.

Au hasard de ces déambulations oniriques, il croisera une foule de personnages, pour la plupart des pauvres diables, des loosers attachants ou agaçants qu'un faux pas va soudain propulser au-delà des frontières de la réalité. Dans son appartement luxueux, un milliardaire dépressif écoute, fasciné, le récit d'une prostituée qui prétend avoir côtoyé des immortels. Guidé par une souriante fillette à la peau blême, un jeune garçon fait une pêche miraculeuse dans une masure abandonnée sur la plage. Un soigneur d'éléphants tente de sauver une belle écuyère des atteintes d'équilibristes libidineux. Un producteur ruiné et abandonné par sa femme se laisse séduire par trois soeurs répondant aux noms de Clotho, Lachésis et Atropos. Tous ces récits ne sont pas fantastiques, mais tous possèdent cette étincelle de magie, cette aura d'étrangeté ténébreuse qui rendent l'univers de Châteaureynaud si singulier et si subtilement inquiétant. Certains personnages réapparaissent d'un récit à l'autre, parfois dans des circonstances très surprenantes, renforçant le sentiment du lecteur d'aborder un nouveau monde, un peu en marge du notre.

Si je ne termine pas ce recueil aussi ravie qu'à la lecture de « L'autre rive », c'est probablement parce que la nouvelle est un format qui peine généralement à me satisfaire complétement : je ressors toujours d'un recueil avec un petit sentiment de trop-peu, l'impression d'avoir seulement barboté dans un bain où j'aurais préféré me prélasser plus longuement. Captivant et charmant donc, mais trop bref à mon goût. Heureusement, je n'ai fait qu'effleurer pour le moment la bibliographie de Châteaureynaud et j'espère bien y débusquer encore quelques pépites.
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Il a fallu une excellente chronique d'Arakasi pour que je me décide à ressortir de son étagère ce recueil de nouvelles qui y dormait depuis bien trop longtemps. J'étais à peu près certaine de l'aimer, pourtant - l'Autre Rive, acheté en même temps, m'avait enchantée et j'étais bien décidée à explorer tous les autres écrits de l'auteur.
Mais voilà, les recueils de nouvelles, ce n'est pas ma tasse de thé : si certaines histoires m'ont marquée autant que certains romans, j'en ressors souvent avec le sentiment de quelque chose de trop court, d'un peu accessoire, vite oublié. Et puis j'ai besoin de laisser maturer une histoire après lecture - dans un recueil, tout s'enchaîne trop vite et finit par s'embrouiller, ou alors il faudrait que je m'arrête de lire, mais s'arrêter de lire au milieu d'un trajet en RER peut vite tourner au drame. Et je lis beaucoup dans le RER.
Bref.

Point de drame en l'occurrence, ni même de déception. Tout en donnant à chaque texte une puissance particulière, l'auteur conserve de l'un à l'autre une certaine unité qui permet de se laisser captiver sans réelles ruptures : unité thématique, la plupart des nouvelles tournant autour d'une rencontre, d'un basculement. Unité, surtout, d'univers : un monde qui ressemble au nôtre, qui est le nôtre, mais comme posé au bord d'un abîme, au bord d'un miroir derrière lequel il peut passer à chaque instant. Un monde où tout devient possible, surtout le plus étrange.
Il y a un soupçon d'absurde, là-dedans. Plus qu'un soupçon de cruauté aussi, parfois. Mais aussi, et surtout, beaucoup de poésie.

Pas de canard boiteux, dans ce recueil; même si certaines nouvelles m'ont plus séduite que d'autres, même si la fin de quelques unes m'a paru sur le coup un peu frustrante. Celles-là mêmes, au fond, ouvrent sur trop d'interrogations, de possibles, de rêve, pour laisser réellement à désirer.

Mais de quoi ça cause, tout ça, me demanderez-vous peut-être à ce stade. le titre ne vous suffit pas, vraiment ?
Cela parle d'une femme qui put se croire un jour immortelle. de pêche fabuleuse dans une vieille maison libérée un instant de la mer. de promiscuité étouffante entre morts et vivants. D'un jeune homme découvrant les douceurs fallacieuses et les cruautés de la vie au coeur très secret d'un sanatorium. Pour mes préférées. Mais on y croise aussi trois soeurs aux allures de destin, un perroquet trop savant, des acrobates libidineux poursuivant une belle écuyère, d'ingénieuses machines à fusiller, un chauffeur de taxi bibliovore, et bien d'autres choses, bien d'autres êtres encore. Tous plus improbables et fascinants les uns que les autres, à l'image de ce titre si délicieusement tourné.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Onze nouvelles oniriques, subtilement fantastiques et durablement marquantes.

Depuis plus de trente-cinq ans, Georges-Olivier Châteaureynaud écrit des nouvelles au fil de l’eau et au fil de ses rêves, une centaine à ce jour.

La première des nouvelles de ce recueil (publié en 2005 aux éditions Grasset, et en poche chez Zulma en 2013), «La seule mortelle» est à mon goût un chef d’œuvre du genre. Le narrateur a passé sa petite enfance dans un camp de refugiés avant d’hériter d’une immense fortune. Solitaire éternel protégé par son argent, il reste hanté par l’histoire inoubliable que lui a conté une nuit, Mathilde, une prostituée de palace au front dissimulé sous un turban, un conte magnifique sur les illusions cruelles d’une vie de mortel.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le roi habite la plus vaste de ces maisons. Les rares provinciaux de passage déposent devant sa porte des offrandes qui tiennent lieu d'impôts : un couffin de légumes, une volaille, un quartier de viande, un carré de tissu… C'est ce qui fait qu'il est le roi. On le laisse régner pourvu qu'il ne se mêle pas des affaires de ses sujets. De temps en temps, au fil des siècles, un roi parle de tracer des routes, de dresser les cadastres des propriétés, de recenser la population. Alors on l'égorge et on assied sur le trône de jonc tressé un villageois connu pour son indolence ou sa pusillanimité. On place entre ses mains un spectre en moelle de sureau, et on lui dit : "Ne trouble pas la paix du royaume, sinon gare à toi !"
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Signez, et mourrez comme bon vous semble ! Mieux encore, faites de votre fin une apothéose, une "performance", dirait-on outre-Atlantique. Est-on coupable de mourir ? Non, bien sûr ! Alors il faut rompre avec des pudeurs d'un autre âge comme avec les pratiques misérables qu'elles éternisent : l'attente angoissée du dernier souffle, le lit d'hôpital et le paravent des agonies, tout cela est inconfortable et indigne. De plus en plus on vit et on aime au grand jour. Pourquoi ne mourrait-on pas sous les feux de la rampe ?
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Ecoute-moi; tu n'es qu'une petite fille, tu ne sais pas quel poids écrase le cœur des adultes, à l'instant même où ils abattent leur besogne en chantant. Tu l'ignores, mais ils comptent les jours, ils mesurent en secret le temps écoulé et celui qui reste à venir. Chaque instant leur est retranché... Pour eux tout printemps est un printemps de moins !
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Savez-vous que les seins d'Aïda sont parmi les plus belles choses que j'aie vues au monde, à égalité avec les tigres adultes et les petits chiens ?
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Je n'étais jamais assuré que nous parlions de la même chose et que les mots revêtaient pour lui et pour moi la même signification [...] Il se produisait d'incessants glissements de sens, des croisements, des contaminations, des substitutions, des sauts de carpe de la raison, comme si l'on n'avait communiqué qu'au moyen d'à-peu-près, de jeux de mots, d'allusions obscures et pourtant transparentes. La vérité était là sous la surface, poisson phosphorescent dans l'eau noire des phrases.
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