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Critique de Pois0n


Hana to Asashin, c'est l'histoire d'une jeune fille au destin brisé, dans un monde fantasy fortement inspiré du Japon médiéval et donc sans concessions. La scène d'introduction, brutale, donne le ton : Aiko a la malchance d'être le fruit d'un amour impossible et sa seule existence pourrait bien faire basculer le fragile équilibre entre les grandes puissances locales. Autant dire que sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille...

Pourtant, la première partie du roman s'avère beaucoup plus douce : bien que captive et destinée à devenir prostituée, Aiko a donc été choyée et a bénéficié d'une éducation raffinée : musique, cérémonie du thé, danse et bien sûr plaisirs de la chair. En outre, elle possède une beauté stupéfiante à même d'attendrir les coeurs les plus durs, y compris celui du plus redoutable assassin du coin. Évidemment, ce qui doit arriver arrive et les deux jeunes gens tombent amoureux. de ce côté-là, autant prévenir, si la différence d'âge entre les tourtereaux n'est pas énorme, la demoiselle est vraiment jeune au début du récit, un point pouvant potentiellement déranger, mais justifié par le contexte et atténué par la sincérité des sentiments que se portent Aiko et Joshiro.
N'allez pas pour autant croire qu'Hana to Asashin est une romance : si le premier tiers du récit insiste beaucoup dessus, un retour régulier au complot qui se trame dans l'ombre ne cesse de rappeler au lecteur que la guimauve ne va pas durer. Grosso-modo, toute la seconde moitié du livre est consacrée aux manigances politiques, tandis qu'Aiko découvre le fonctionnement d'une maison des plaisirs. Et si l'ouvrage comporte quelques scènes de sexe, fort bien écrites sans toutefois trop entrer dans les détails, il y a finalement beaucoup plus de passages violents.

Là encore, Aurélie Chateaux-Martin parvient à décrire l'horreur sans atteindre la précision d'un Maxime Chattam. Quelque part, tant mieux, parce que niveau atrocités, Hana to Asashin ne fait pas dans la dentelle : meurtre, viol, torture, tout y passe ou presque ! A côté de ça, l'auteure excelle pour décrire la tranquillité d'un jardin, le luxe opulent d'une maison close ou retranscrire toute la tension de l'infiltration d'un palais. La narration s'avère donc finalement très équilibrée, à même de séduire un public peu habitué à la dark fantasy classique « sans filtre ». Et, si la trame de l'histoire s'avère globalement assez prévisible d'un bout à l'autre, comme dans l'excellent « Ceux des limbes » de Camille Brissot, l'absence de mystère n'est pas grave du tout tant la plume de l'auteure rend son déroulement plaisant à suivre ! Mention spéciale aux missions de Joshiro, où l'on a presque l'impression de suivre le jeune homme perchés sur son épaule. Avec lui, on sursaute au moindre bruit, on guette les coins d'ombre... Délicieusement immersif ! A l'inverse, petit bémol en ce qui concerne la magie, dont le fonctionnement est expliqué à Aiko en long, en large et en travers... alors que la jeune fille ne l'exploite à aucun moment dans l'histoire. Certes, ça en justifie l'usage occasionnel par d'autres personnages, mais c'est tout.

Les personnages, parlons-en, justement : ils sont dans l'ensemble très réussis. La naïveté et l'optimisme d'Aiko ne sont jamais navrants (elle ne connaît rien du monde, rappelons-le), la rendant au contraire attachante. Impossible non plus de ne pas adorer Jaia, la figure paternelle et empreinte de sagesse. A l'inverse, les ennemis se révèlent aussi cruels et dénués de scrupules qu'il est (in)humainement possible de l'être. Non, vraiment, le seul qui ne s'avère en fin de compte pas complètement crédible, et c'est... (spoiler) (fin spoiler)

Bref, à cause de ça, après plus de deux-cent pages de qualité constante, la conclusion du récit ne s'avère pas tout à fait à la hauteur de tout le reste. Alors que les évènements décrits sont censés être atroces, paradoxalement, on s'attendait à plus de sang, plus de drames. Mais n'allez cependant pas croire que la fin est ratée, au contraire : la dernière scène s'avère tout simplement parfaite.

Hana to Asashin est donc un joli voyage dans un univers japonisant, tantôt aussi sucré et doux qu'un chamallow, tantôt aussi dur, froid et tranchant que l'acier d'une lame.
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