Un livre à plusieurs voix très intéressant car il évoque les circonstances de la réalisation fin 2005 de la première greffe partielle de visage ("première" internationale) sur une jeune femme française blessée par son chien. Au gré des témoignages, on chemine dans le temps et dans l'espace et on suit, pas à pas, Isabelle dans son parcours douloureux d'accidentée dévisagée, de patiente en attente d'un don, de première greffée du visage devant faire face à cette nouvelle réalité mais aussi à la curiosité malsaine des journalistes. On suit également les équipes de médecins et autres spécialistes qui ont oeuvré à cette reconstruction, malgré les questions éthiques que cela pouvait poser... et qui ont osé franchir le pas. A la lecture de ce livre, j'ai été bouleversée par le courage d'Isabelle, fière du savoir-faire des médecins français, réconfortée par l'abnégation des personnes soignants (infirmières, kinés, ergothérapeutes, orthophonistes, médecins) qui pendant des mois ont accompagné l'intéressée vers sa nouvelle vie, admirative et reconnaissante en direction de la famille de la donneuse, mais aussi atterrée par la méchanceté des gens et le voyeurisme des journalistes. Avant, pendant et après, on verra que cela n'a pas été une mince affaire. Ni pour les médecins et les autorités de tutelle, ni pour la principale intéressée qui après avoir fait le deuil de son visage, doit apprendre à accepter et à apprivoiser le visage d'une autre, tout en luttant contre les risques potentiels de rejet. Et puis, après avoir refermé le livre, j'ai voulu savoir ce qu'il était advenu d'Isabelle. Quelques clics m'ont permis de constater que cette "première" a été suivie par quelques autres et que cette prouesse médicale est aujourd'hui, dans certains pays, presque une "routine". Ce livre, mais aussi tous les autres témoignages vidéos que l'on trouvent sur Internet, éclairent la finalité du don d'organes (en faveur duquel je milite), à savoir : permettre que la mort d'une personne permettre à une autre (ou à plusieurs autres) de vivre ou de revivre dans ces conditions décentes de dignité humaine. Un livre "sensible" mais jamais voyeur que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie         10
Récit de la première greffe de visage.
L'auteure, qui a créé un lien personnel avec Isabelle Dinoire, première greffée du visage, fait le récit de son drame, l'accident qui l'a défigurée et l'opération de reconstitution faciale tentée et réussie. Elle donne également à entendre les voix multiples de ceux qui ont joué un rôle, psychologique ou médical, auprès d'Isabelle.
On suit à la fois les émotions d'Isabelle, l'agitation de l'équipe de chirurgie maxillo- faciale d'Amiens et les liens entre les médecins.
Récit d'une bataille hors du commun qui pose les questions liées à de telles chirurgies: peut on vivre avec une partie du corps d'un autre?
Aucun sensationnalisme dans ce superbe récit mais beaucoup d'humanité.
Commenter  J’apprécie         30
Voilà un livre tout empli d'humanité et de don de soi. http://macuisinerouge.canalblog.com/archives/2008/03/13/8305909.html
Commenter  J’apprécie         10
Elle était de nuit quand elle a fait le premier pansement d'Isabelle. Impressionnée, oui. Elle l'a été ! Car elle n'était pas préparée. Les pansements créent des liens. C'est là que s'échange l'essentiel, là que les relations se tissent, pendant ces longues heures où la souffrance est à nu.
Isabelle est dans le projet, l'espérance, voilà ce qu'entend Gabriel B.
Quant à lui, il insiste sur ce qui attend Isabelle :
"Vous n'aurez plus votre visage d'avant.
--Oui, je sais.
--Ni celui de la donneuse. Vous n'aurez pas ses traits.
--Oui...
-- Ce visage sera un troisième visage. Une création en quelque sorte... Vous aurez donc la nécessité, ajoute-t-il, de vous l'approprier.
-- Approprier ?
--Oui, l'apprivoiser, le dompter, comme un titre ou un écureuil. Car, au début, ce sera comme un masque, sans expression !"
Elle écoute attentivement ce que lui dit le Dr B.
"Ce sera votre travail, Isabelle, de tout faire pour que ce visage soit à vous."
Le mot "appropriation" convient à Isabelle et le mot "travail" aussi : le travail ne lui fait pas peur. Et puis cette "création" qu'elle pourrait faire sienne, n'est-elle pas celle voulue par tous, à Lyon comme à Amiens ?...
De cette journée lyonnaise, Isabelle revient avec le sentiment réconfortant de son utilité. Une "patiente" modèle... Celle qui patiente.
Rencontre avec Noëlle Châtelet, “Laisse courir ta main” (Seuil)
Rencontre présentée par : Pierre Mazet
On ne tourne pas autour de la problématique du corps pendant cinquante ans sans que le corps se rebiffe ! C'est ce que Noëlle Châtelet va enfin admettre en se retrouvant un jour clouée au lit, au point de déposer une main courante contre X, à travers un dialogue brillant et enlevé, sans concession. Noëlle Châtelet fait un inventaire approfondi des questions qui l'obsèdent et nous entraîne dans les coulisses du processus de création, éclairant avec sincérité le sens à la fois intellectuel et intime de son parcours.
Retrouvez son livre chez vos librairies indépendantes : https://www.librairies-nouvelleaquitaine.com/
Inédite édition de l'Escale du livre, du 24 au 28 mars 2021 et durant tout le printemps
https://escaledulivre.com/
Suivez nous
Youtube : Escale du livre - Bordeaux https://www.youtube.com/channel/UCPVtJFeOHTTNtgQZOB6so1w
Facebook : escale.dulivre https://www.facebook.com/escale.dulivre
Instagram : escaledulivre https://www.instagram.com/escaledulivre/?hl=fr
Twitter : escaledulivre https://twitter.com/escaledulivre
© musique : Hectory - Réalisation et sound design : Grenouilles Productions - création graphique : Louise Dehaye / Escale du livre 2021 - Inédite édition
+ Lire la suite