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Critique de dourvach


Ce roman de Messieurs ERCKMANN et CHATRIAN (publié en 1864) reste inaltérable. Son charme (au port majestueux) reste un mystère : à lire effectivement sous un arbre, dans le silence presque absolu (une grive musicienne ou un merle vous enveloppant de son chant, depuis les feuillages).

Est-ce dû à la langue ? Elle est souple, fluide, facétieuse, aimante, bienveillante, optimiste... "datée" ou "désuète" [diront certains — étiquetages contemporains qui font toujours sourire... ]

Comme je rejoins l'avis de notre ami HORUSFONCK : "L'Ami Fritz" est un beau récit qui est là pour nous rappeler combien le bonheur et la joie de vivre peuvent être simples..."

Fritz Kobus, bourgeois bien pourvu par ses parents, est un type bien : un "epicaures" comme le qualifie son voisin et ami David Sichel (le "rebbe" de Hunebourg), un religieux qui ne souhaite que le bien d'autrui et l'harmonie matrimoniale ; Katel (la bonne de Kobus) une vieille fille râleuse ; "la petite Sûzel" une fille très simple vivant chez ses parents, des paysans dévoués ; le gras percepteur Christian Hâân (qui a pour tâche ingrate de racketter "pour le Roi" même les plus misérables) est aussi un bon bougre, lui et le grand Frédéric Schoulz (ancien sergent de la Landwehr en 1814) sont de bons compagnons pour les parties de "youker" à la Brasserie du Boeuf-Rouge ou celle du Grand-Cerf ; le "zigeuner" (bohémien) Iôsef un violoneux pauvre, fier, reconnaissant et taiseux...

Dites-moi en quoi l'optimisme et l'amour de la vie seraient-elles "désormais" des vertus déplacées et "démodées" en Littérature ?

Vaut-il vraiment mieux s'obliger à bâfrer les matières fécales orléanesques familiales de Yann Moix (autofiction à scandââle + voyeurisme = Miam-miam !), s'habituer à la prose si vulgaire et anodine de tels ou tels ouvrages à la mode précaire des Temps "défoncés" (subutexeries en série d'une « Ecrivaine Majeure ») ou "s'addicter" aux textes dépressifs répétitifs d'un certain "Prix Goncourt"... plutôt que préférer déguster tranquillement sous le "Tannenbaum", 150 ans après sa très saine création [discours pour "vieux réac' ", 'ttention !], "L'Ami Fritz" des très républicains Emile Erkmann et Alexandre Chatrian ?

Un lecteur nous parle quand même d' "antisémitisme passif" concernant le bon "rebbe"... (Là, faudrait qu'on m'explique !). Une lectrice, de "quasi-pédophilie" (Fritz Kobus a 36 ans et Süzel 17 quand l'un tombe amoureux de l'autre). Aïe-aïe-aïe... :-)

L'important serait donc aujourd'hui pour le Lecteur de se transformer en petit Procureur des mentalités "attardées" des siècles passés... C'est vrai que cela nous prouve notre supériorité de "lecteurs contemporains-clairvoyants" ..."à qui on ne la fait pas"... (Tu parles !).

Si "L'Ami Fritz" représente le "provincialisme", j'accepte bien volontiers de m'asseoir sur tous les ouvrages du Grand Maître Houellebecq et tous les machins branchouilles à Despentes... pour re-savourer la moindre ligne des ouvrages de Charles Ferdinand RAMUZ (de Lausanne), de Georges SIMENON (de Liège), d'André DHÔTEL (d'Attigny), de Bruno SCHULZ (de Drohobytch), de Tarjei VESAAS (de Vinje), de Julien GRACQ (de St-Florent-le-Vieil) et de MM. Emile et Alexandre ERCKMANN-CHATRIAN (de Phalsbourg et Soldatenthal)... Vive le Provincialisme, crénom de nom !!!

Nous sommes à l'Ecole de la fine observation des "us & coutumes" de gens présumés "sans histoire" que l''on a pu admirer tout d'abord dans les passionnants téléfilms "Heimat - Eins" [1984]", "Die Zweite Heimat" [1992], "Heimat - Dritte" [2004] - ceux et celles du village de Shabbach, au fil des siècles - et du chef d'oeuvre cinématographique définitif que demeurera sans doute le lumineux "Heimat" se déroulant dans les années 1842-1844 ("Die Andere Heimat") et comprenant "Chronique d'un rêve" - "L'exode" [2013] du très perfectionniste Edgar REITZ, poète des images et de sons...

Bref, découvrons et savourons dès à présent "Histoire d'un conscrit de 1813", "L'Ami Fritz", "Histoire d'un sous-maître" : tous ces hauts chefs d'oeuvre si modestes du "duo" ERCKMANN-CHATRIAN...
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