Après avoir dévoré successivement « L'Âme du mal », «
In Tenebris » et «
Maléfices », «
La promesse des ténèbres » vient augmenter ma pile de livres lus de
Maxime Chattam pour la porter à, l'instant où j'écris ces lignes, à neuf unités.
Cet écrivain équivaut, pour moi, à de la lecture-plaisir, à de l'enchantement et à une absence de mauvaise surprise. Il est THE AUTOR dont je suis fan, qui a une imagination débordante, qui surprend sans cesse et qui nous piège inévitablement.
Vous pouvez donc comprendre à quel point j'étais ravie quand @lireencore93420 m'a proposée de partir ensemble à la découverte de cet opus qui semblait avoir bonne presse et bénéficiais de critiques majoritairement positives. Je ne pouvais refuser d'autant qu'il lève le voile sur le mystère entourant le mari d'Annabel depuis
In Tenebris.
Bien que l'action soit antérieure, je vous conseille de lire ce préquel ou tome 0 de la Trilogie du mal après la saga. Vous entretiendrez ainsi le suspense jusqu'au bout quant au sort finalement réservé à Brady.
Que les fans se rassurent ! ce volume est dans la même veine de ce à quoi l'auteur nous habitue d'ordinaire. Très vite pour ne pas dire quasi immédiatement, grâce ou à cause d'une plume très visuelle, nous assistons, comme si nous y étions, à une scène insoutenable, hyper violente, nauséabonde qui nous plonge instantanément dans une ambiance sombre, cruelle et ténébreuse. Une certitude s'impose alors : l'horreur sera indéniablement notre compagne de lecture !
A la sortie, je dois avouer que j'ai accroché à l'histoire. Malgré la confirmation que l'abomination transpire le long des pages, je me félicite de l'avoir choisi et surtout de l'avoir entrepris dans la continuité du triptyque. Je pense que le décryptage de l'ensemble en a gagné en intérêt et en intensité. Un seul mot me vient à l'esprit pour le qualifier : Cauchemardesque !
En pénétrant dans l'antre d'un vaste atelier en plein coeur de Brooklyn, nous faisons la connaissance du héros principal au moment où son existence vient de basculer. Qui est-il ? Pourquoi, lors de ce premier contact, nous semble-t-il anxieux, troublé, nerveux ? Que cache-t-il ?
Cet homme, Brady 0'Donnel, journaliste indépendant, a expérimenté quelque chose d'effroyable, qui l'a changé à jamais et le confrontera, dans un futur proche, à ses propres démons.
Dans New-York Mégapole de tous les possibles. de tous les excès.
Où la verticalité des buildings s'oppose à celle des souterrains, toujours plus profonds, peuplés de SDF. Où des hommes se déguisent en vampires pour se repaître de la vie de leur partenaire.
Où l'industrie pornographique underground se développe à une inquiétante vitesse.
Où l'on vend la mort filmée en direct.
Il a rencontré Rubis, starlette de film X.
Comment s'est déroulé leur échange ? Que lui a-t-elle dit ? Que s'est-il passé pour que dans son sillage, il plonge dans l'enfer ?
Sautez à votre tour dans cette lugubre et dégueulasse aventure. Dans ce maelström dans lequel certains ont franchi la frontière entre fantasme et perversion, la limite entre humanité et barbarie. Vous saurez…
Excellente fiction qui tourne autour de la pornographie hardcore diffusée en dehors des circuits commerciaux sur fond de peuple-taupe. Sujets on ne peut plus monstrueux, délicats, rarement traités dans la littérature que Maxime nous régurgite avec le souci du détail sans voyeurisme. Il nous entraîne dans un univers où l'humanité laisse place à la bestialité. En nous informant, il nous pousse à nous interroger sur la question du rapport de l'homme au sexe, au sadomasochisme et à la pornographie en général. C'est dur, écoeurant mais pas inintéressant.
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé la partie sur les « more-people ». Ces sans-abris qui vivent dans les souterrains des grandes villes à l'écart du monde extérieur. Je me suis instruite sur cette communauté dont je connaissais l'existence.
Trame divisée en trois parties qui outre le fait de nous faire voyager dans les abysses du mal, est savamment et originalement bien construite puisque l'enquête en cours est abordée alternativement de deux manières différentes. Je m'explique : pour démêler le vrai du faux et aboutir à la vérité, Brady avance comme il peut, en utilisant les informations qu'il récolte de part et d'autre. La Police New-Yorkaise, quant à elle, procède légalement en ayant recours aux procédés traditionnels (témoignages, analyses, perquisitions…). Nous suivons, si j'ose dire, deux investigations en une.
Comme de coutume, l'ensemble est documenté et travaillé pour donner à l'intrigue de la cohérence, de la crédibilité. Par d'innombrables rebondissements, de surprises, l'action est au premier plan. Il n'y a pas d'ennui, ça se lit facilement. Nous ne pouvons qu'adhérer.
Grâce à une mécanique bien rodée reposant sur des chapitres courts, se terminant sur des fins ouvertes, il nous tient en haleine jusqu'au dernier mot.
Style rythmé basé sur une écriture fluide, vivante qui ne nous fait pas subir l'histoire.
Tension qui va crescendo pour atteindre son paroxysme dans le final. Dénouement surprenant, non deviné. Je n'ai rien vu venir. J'en suis ressortie avec le sentiment d'avoir été baladée tout au long du récit et de m'être fait piéger.
Il me fait voir sous un autre angle la relation entre Jack et Annabel dans «
In Tenebris ».
Les personnages, dessinés convenablement, sont plaisants à accompagner.
Brady O'Donnel ne m'a pas totalement convaincue. Je ne sais que penser de cet être tourmenté qui m'est apparu autant attachant, courageux que quelconque ou faible. Je crois que, sous prétexte de savoir, son obsession de continuer n'était en fait qu'un moyen de se jauger face au Mal. Il flirte entre aversion et attrait.
Sa femme est fidèle à l'image que j'avais d'elle suite à nos précédentes rencontres.
Le binôme Jack-Annabel reste professionnel, compétent, complémentaire.
Le couple Brady-Annabel est tout autre de la représentation que je me faisais de leur relation à la fin de la trilogie. Je me figurais deux individus en osmose, fusionnels, inséparables. J'ai croisé un homme et une femme assez distants, n'arrivant pas à communiquer, à partager, à s'aimer véritablement. Petite déception !
En bref, bouquin sordide, noir, très noir. Par un habile et palpitant scénario, M.C nous fait descendre dans les tréfonds de la perversité et de la déchéance humaine. Perturbant, me diriez-vous ? Assurément pour les sévices commis, les conditions de vies évoquées ici et là. Mais, à mon humble avis, ce qui est le plus dérangeant c'est qu'en tant que lecteur nous ne puissions lâcher ce roman. Comme hypnotisés, en dépit d'une répulsion évidente, par la découverte de ces pratiques déviantes, de cette communauté bizarroïde et heureusement minoritaire encline au mal, qui fait, qui retire du plaisir à faire
le mal. le génie de l'homme de lettres réside dans cette capacité à nous retenir nonobstant un sujet qui donne le-haut-le-coeur. Est-il besoin de préciser que l'optimisme n'y est pas présent ? A l'inverse de la promesse… des ténèbres.
Je me le procure ? : Oui. Je le recommande vivement sauf aux personnes impressionnables. C'est performant, maîtrisé, intelligent, captivant. C'est aussi barbare, rude, sans aucune retenue. Âmes sensibles s'abstenir ! Certains actes de torture sont intolérables à lire.
Si vous décidez de me suivre, vous aurez dans les mains une oeuvre choquante, répugnante. Vous passerez par de l'angoisse, de l'inquiétude, de la tristesse, du dégoût, de la colère mais vous apprendrez énormément et ne vous regretterez probablement pas.
Je me suis une nouvelle fois délectée. Cependant, après avoir avalé plusieurs éléments de sa bibliographie à la suite, j'ai besoin dans ma prochaine lecture, de retrouver du calme, de la légèreté. Oublier l'omniprésence du glauque, du gore.
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