Pourquoi ne pourrais-tu pas pleurer? Tu crois qu'il y a ici quelqu'un qui n'a jamais pleuré ? Tu crois que quelqu'un ici peut assurer qu'il ne repleurera jamais plus de sa vie ? Ca m'étonnerait. Si l'homme a été doté d'un instrument aussi beau que les larmes c'est tout de même pour s'en servir un tant soit peu, et pas seulement durant les premières années de son existence...
Il ne put s'empêcher de faire l'analogie entre les groupes de garçons et de filles et des grappes de raisin. Ils parlaient entre grappes, s'échangeant par moments des grains entre groupes. Il y avait du raisin blanc, du plus foncé - à la limite du noir - et même du jaune. Toutes ces grappes faisaient partie d'un vaste champ, la plupart ne se croiseraient jamais, mais tous finiraient de la même façon. Il était amusant de se dire qu'en fonction de là où il avait poussé, un raisin aurait une saveur différente, amer, piquant, doux, il y en avait pour tous les goûts. Finalement les hommes sont du raisin, se dit Sean, cultivé dans d'immenses champs à pousser que l'on appelle pays, région, ville ou maison ; on vient tous de la même terre et on pousse tous de manière plus ou moins similaire, mais on n'a pas les mêmes goûts.
Pourquoi cherches-tu à t'inventer un genre, sois toi-même, les gens sont tellement plus originaux lorsqu'ils sont naturels !
C'est le personnel ici qui me cause des soucis, sinon ça va. Tu sais ce qu'ils mont fait hier ? Ils sont venus me réveiller pour me dire que je n'avais pas pris mes pilules, et tu sais ce que c'est comme pilules ? Ce sont des somnifères ! Tu vois le tableau...
C'était une société d'apparence. Il fallait tout faire pour montrer aux autres, les vêtements, les voitures et même les animaux étaient devenus des faire-valoir pour leurs propriétaires. Bientôt ce serait au tour des enfants si ça n'était pas déjà le cas. A vrai dire Korn n'appréciait pas la technologie et cette société moderne parce qu'elle risquait à long terme de remplacer par des accessoires ce qu'il avait de plus précieux... la Magie.
L'homme dans sa quête du savoir ultime et de la modernisation incessante remplace la Magie naturelle d'autrefois par une magie qu'il crée de toutes pièces, au péril de son humanité.
En pleine journée les choses n'ont jamais le même reflet que la nuit, disait souvent grand-père Anatole, avant de connaître quelque chose il faut en avoir vu les ombres.
Tirer un trait définitif sur ses jouets, c'était enterrer son enfance à jamais. C'était creuser ce fossé qui éloigne pour l'éternité les adultes du monde des féeries juvéniles, cela revenait à renoncer à la magie de l'enfance. Il aimait trop ce monde où l'on pouvait encore se donner l'illusion d'être vraiment quelqu'un d'autre.
De nos jours, les scientifiques se plaisent à répéter que nous n'utilisons qu'une infime partie des capacités de notre cerveau, je crois que le chiffre actuel est de l'ordre de 30% à peine de ses facultés. Mais que se passerait-il si certaines personnes arrivent à se servir des 70% restants? Des hommes et des femmes capables d'utiliser 100% des facultés de leurs cerveaux.
À force de penser, j'ai alors réalisé que l'on était jamais vraiment adulte. Qu'il existerait ad vitam aeternam un soupçon de folie - peut-être un résidu de l'enfance - qui nous empêcherait d'être pleinement responsable comme un adulte devrait l'être, mais qui faisait notre originalité humaine. Quel que soit l'âge.
"Tous les serments doivent se faire à minuit , dans l'endroit le plus effrayant et le plus solitaire que l'on puisse trouver....Le mieux, c'est une maison hantée, elles sont presque toute démolies...."
Tom Sayer à Huckleberry Finns.Marck Twain.