AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Julien Chatelet (Autre) Audiolib (Autre)
EAN : 978B07L427NKS
Audiolib (16/01/2019)
  Existe en édition audio
3.88/5   3505 notes
Résumé :
La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls.
Un havre de paix.
Du moins c’est ce qu’ils pensaient....
Meurtres sordides, conversations téléphoniques brouillées par des hurlements inhumains et puis ces vieilles rumeurs de sorcellerie et ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents...
Que lire après Le signalVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (653) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 3505 notes
Quand un nouveau Chattam sort, j'ai toujours beaucoup d'espoir… Celui de retrouver l'auteur à son meilleur niveau. Celui qui m'a fait vibrer et frissonner. Celui de ses débuts.

En commençant, le Signal, je m'étais dit que c'était de bonne augure. Mais malheureusement je suis vite retombée.

Certes, l'auteur a voulu rendre hommage à des grands noms de la littérature : Lewis Carroll, Stephen King, Matheson, Lovecraft,...
L'idée est louable. le seul hic, c'est que le trop est l'ennemi du bien.

Je m'attarderais sur Stephen King, puisque c'est l'auteur que je connais le mieux.
Certains éléments "d'hommage" se voient comme le nez au milieu de la figure ( le chapitre dans les champs de mais avec l'épouvantail), d'autres sont plus subtils (vers l'épilogue du roman les fameux "Tak !" ou l'on pense inévitablement à désolation et aux régulateurs).
Il y en a beaucoup d'autres, mais je ne vais pas m'étendre pour tous les énumérer.

Malheureusement, je constate avec effroi que Chattam est resté très classique, dans du déjà vu.

Il faut néanmoins reconnaitre à Maxime Chattam qu'il n'est jamais aussi bon que quand il décrit l'horreur. Certains vont sans doute trouver ça glauque, mais quand il décrit un cadavre en décomposition grouillant de vers, le lecteur entend les asticots se déplacer dans la chair putride ; et le lecteur sent l'odeur qui émane de bout de chair… C'est là que réside, pour moi, le vrai talent de l'auteur.

Il a beaucoup de romans déjà écrits et en attente (selon une interview). Si en tant que lectrice j'avais un conseil à lui donner, ce serait de prendre son temps. Il n'a aucune obligation de sortir un roman par an. Donc de prendre son temps pour nous surprendre à nouveau… il l'a déjà fait, il pourrait le refaire, j'en suis certaine. Je garde espoir.

Petit aparté sur la couverture du roman… elle est juste magnifique. Et Chattam en argent c'est quand même mieux qu'en vert ! ( voir mon billet et la quatrième de couverture de L'appel du Néant).
Commenter  J’apprécie          19126
Pour une fois, j'écris une chronique en musique!
Afin de pouvoir rester encore un peu dans l'univers de ce roman, je me réfugie une fois de plus dans cette ténébreuse ambiance musicale conseillée par l'auteur.
Une bonne expérience qui fait la différence et que je recommande fortement pour cette lecture.
Je tiens ensuite à souligner le magnifique travail éditorial sur cet objet-livre que je trouve sublime avec son jaspage noir.
Je précise que j'avais la version numérique, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'acheter la version papier (oui je suis faible!), notamment pour pouvoir me référer plus facilement au plan de Mahingan Falls que j'ai consulté assez régulièrement en lisant l'histoire.

Ne cherchez pas l'ambiance de la trilogie du Mal, car ici on n'est pas dans le thriller. On baigne plutôt dans le fantastique avec de la sorcellerie, de l'ésotérisme et du paranormal.
Au premier abord, je me suis demandée si l'auteur manquait d'inspiration pour faire ainsi référence à son histoire personnelle à travers la famille Spencer. Mais une fois le doute passé, je me suis laissée porter.
Maxime Chattam nous isole dans la ville de Mahingan Falls, un endroit presque coupée du monde, avec Salem à quelques kilomètres... pas très rassurant comme contexte!
L'ambiance générale m'a directement fait penser à Stranger Things (parfois même un peu trop). J'ai également pensé à Ça de Stephen King.

On suit les Spencer qui assistent à des événements étranges dans leur nouvelle maison qui semble être hantée.
Les enfants du couple et leurs nouveaux amis vont former un groupe d'ado qui va explorer les environs et mener une enquête après avoir vécu une scène effroyable et surnaturelle.
En parallèle, un flic fraîchement débarqué dans la ville va être lui aussi alerté par des incidents inexpliqués.
On est vraiment imprégné par l'ambiance spéciale de la ville qui reste au premier plan dans ce livre. A travers les nombreux personnages, on déambule dans les différents quartiers, le port, les forêts, les champs... où partout se déroulent des faits inquiétants, effrayants et inattendus. Les disparitions se multiplient, les morts suspectes également.
L'auteur a su augmenter graduellement l'apparition des phénomènes et les sentiments de frayeur éprouvés par ses personnages.
On a de temps en temps des petits pics d'horreur avec des scènes mémorables.

L'aspect psychologique est très fortement développé.
Le style m'a encore fait penser à du King, notamment avec les fameuses phrases en italique lorsque les personnages se parlent à eux-mêmes pour s'autoflageller.
On sent le malaise s'amplifier au coeur de la ville et les inquiétudes grandir au fil des pages.
La liste des défunts est bien longue et pour chaque cas, la mort est loin d'être douce. Au passage, Chattam nous fait cadeau de quelques viscères et litres d'hémoglobine.
Par contre, je n'ai pas vraiment adhéré à l'explication finale, mais j'ai passé un excellent moment tout au long du livre avec cette atmosphère si particulière.

Un roman d'ambiance horrifique qui change de ce qu'on a pu connaître de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          11615
Je referme ce pavé, mon premier roman de Maxime Chattam. Qu'en penser ?

Une atmosphère ombragée dans cette petite ville de Manhingall Falls, des citoyens qui disparaissent, qui fuient, qui meurent. Quel mystère. Et... même pas peur.

Un couple avec ses trois enfants qui emménagent dans La maison. Qu'on imagine vite hantée. Un air parfois glacial, un fantôme cannibale dans le grenier, des cauchemars pour baby Zoey. Et... même pas peur.

Le bouquin c'est tout de même aussi, et sans spolier, ce « fantôme » maléfique dans les champs de maïs qui poursuit des jeunes de treize ans. Des jeunes qui parlent et se comportent comme s'ils en avaient cinq de plus. Un « fantôme » tellement surréaliste que j'ai trébuché.
Et, toujours, même pas peur.

Même pas peur parce que je m'attendais à une atmosphère beaucoup plus fouillée, plus habitée dans une torpeur. Une nature témoin et rebelle, des personnages apeurés, une maison flippante à vous empêcher de dormir. Avec des descriptions de la peur beaucoup plus empreintes. Un côté beaucoup plus ésotérique qui triture la réalité pour la rendre angoissante. Des personnages plus crédibles, des adultes et des jeunes plus convaincants. Et une atmosphère beaucoup plus scalpée. Pour une fois que je me lance dans un roman dit « d'horreur », j'avais envie de lire un roman possédé, diabolique. Mais je n'ai rien ressenti de tel. Il y a aussi un peu trop de longueurs je trouve. Condenser l'histoire sur la maison aurait été plus pertinent selon moi.

C'est un gentil mais très long roman qui certes apporte son degré d'addiction et d'emprise mais ne m'aura que très moyennement convaincue. Je pense que dans ce même registre, Stephen King détient la palme de la plume possédée.
Commenter  J’apprécie          11123
Plonger dans le Signal, dernier thriller signé Maxime Chattam, c'est partir pour une longue aventure dans un espace assez réduit, cette ville balnéaire imaginaire de Mahingan Falls où ça commence fort avec un terrible accident puis c'est la pauvre Lise Roberts, baby-sitter modèle, qui a une très mauvaise surprise…

On l'a compris, nous sommes aux States et l'auteur, bien que Français, préfère situer un thriller de l'autre côté de l'Atlantique, c'est son habitude et j'avoue tout de suite que c'est le premier livre de cet auteur reconnu que je lis.
Le livre, justement, n'est pas ordinaire déjà par sa taille impressionnante, une belle couverture très soignée mais surtout avec toutes les pages bordées de noir comme autant d'avis de décès ce qui, tout compte fait, est bien approprié, vu le nombre de vies qui vont s'éteindre au fil de la lecture.

Sans révéler ce qui pourrait nuire au suspense et à la tension extrême bien entretenue tout au long du roman, je peux dire que c'est la famille Spencer qui est au centre de l'histoire. Alors, je vous les présente. Thomas, le père, est un auteur de théâtre à la recherche d'inspiration après un premier gros succès. Olivia, la mère, était une animatrice vedette de la télévision mais elle met sa carrière entre parenthèses. Ils ont deux enfants : Chadwick (13 ans) et Zoey (2 ans), plus Owen, du même âge que Chad. Thomas et Olivia l'ont recueilli après le terrible accident qui a coûté la vie à ses parents, sa mère étant la soeur d'Olivia.
Les Spencer ont quitté New York pour acheter une maison, un coup de coeur, à Mahingan Falls, et ils s'installent, pleins d'espoir dans cette nouvelle vie qui s'offre à eux ! Pour garder Zoey, ils recrutent Gemma Duff dont le frère, Corey, devient vite ami avec Chad et Owen, auxquels s'ajoute un garçon plus âgé, Connor.
Très vite, des événements bizarres se manifestent dans la maison et autour. le passé des habitants précédents sont explorés et on apprend qu'une des malheureuses impliquées dans ce qui fut appelé « Les sorcières de Salem », logeait ici. L'auteur parle aussi des Indiens, premiers habitants, massacrés par les premiers colons. C'est riche, ça fourmille d'informations mais les morts atroces se succèdent, semble-t-il gratuitement, juste pour faire frémir le lecteur. Il faudra aller au bout pour tenter de comprendre. Tout ? Pas sûr ! Mais ce mont Wendy qui domine la ville est à la fois indispensable et surpuissant.
Un homme est essentiel avec les personnes déjà citées : Ethan Cobb, un flic nouveau dans la ville qui n'admet pas les compromissions et les négligences de son chef. La peur est omniprésente comme la ressentent bien les quatre ados : « Ils avaient peur. Une de ces peurs viscérales qui donnent envie de vomir, qui coupent les jambes et dont on sait qu'elles ne sont pas anodines. Parce que c'est le corps qui sent le danger. »
Ésotérique, très sanglant, mettant en grand relief un gros problème de notre monde dit moderne, le Signal est une histoire pleine de leçons terribles, inquiétantes, stressantes. Les hommes ouvrent des tas de pistes sans maîtriser toutes ces technologies folles comme le nucléaire, les robots, les … - je ne le dis pas ! – et tous les êtres humains qui ont tant souffert, à qui on a ôté la vie, sont peut-être là, de l'autre côté du miroir… ?


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          953
« L'homme, à force de vouloir se prendre pour Dieu, a peut-être ouvert la porte des enfers... »

***

4e :

La famille Spencer vient de s'installer à Mahingan Falls.
Jusqu'ici, tout va bien.
Un vrai paradis.

Si ce n'étaient ces vieilles rumeurs de sorcellerie, ces communications téléphoniques brouillées par des cris inhumains, ce quelque chose d'effrayant dans la forêt qui pourchasse les adolescents, et ce shérif complètement dépassé par des crimes horribles...

AVEZ-VOUS DÉJÀ EU VRAIMENT PEUR EN LISANT UN LIVRE ?

***


Nous étions quelques fans, je pense, à attendre notre cher Maxime Chattam au tournant...
Même si pour ma part je ne l'ai jamais réellement fustigé, je n'avais tout de même pas ressenti l'engouement habituel pour ses deux derniers bouquins (hors Autre-Monde), et j'étais impatiente à l'idée de retrouver cette écriture qui m'a tant fait vibrer par le passé.


Inutile de garder le suspens plus longtemps ; je n'ai pas été déçue cette fois-ci =)
Pour autant, ce n'est pas le coup de coeur espéré... bien que j'ai tout de même englouti les 750 pages de ce joli petit pavé en moins de trois jours - preuve d'un vif intérêt, comme toujours.

En fait, c'est mitigée que je ressors du 25e roman de cet auteur que j'affectionne particulièrement.

Déjà je n'ai pas eu peur en lisant « Le Signal », contrairement à ce que clame la quatrième... (mais bon, avouons-le, les phrases d’accroche sautant aux yeux sur les premières ou quatrièmes de couverture, souvent exagérées dans l’unique but d’attirer le chaland, sont rarement représentatives du contenu).
Probablement un peu trop habituée à cette littérature, je suis devenue plutôt aguerrie en la matière - et peut-être même intransigeante parfois - , malgré cela j'imagine assez facilement les craintes qu'un lecteur plus « lambda » sera à même de ressentir. Car s’il y a bien quelque chose que Chattam sait faire, et bien faire, c'est coller à ses mots une angoisse de tous les diables. Ses descriptions autour du trépas sont toujours extrêmement visuelles, réalistes et si précises dans les détails les plus gores que l'on s'y croirait (et pourtant on a franchement pas envie d’y être !) - Ça prend aux tripes, viscéralement.


Seulement voilà, j'ai mon lot de déceptions aussi - certaines dont je ne peux m'ouvrir sans risque de spoils, que je suppose malvenus envers ceux d'entre vous qui ne l’auraient pas encore lu.
Je peux en revanche partager quelques regrets : l'abus de scènes - que les mauvaises langues qualifient carrément de plagiat mais dont j'aurais tendance à adoucir la dénomination en « hommage » ou clins d'oeil aux maîtres du genre parce que, après tout, les citations de Stephen King et Lovecraft en exergues tendent bien à accréditer le fait que M. Chattam savait parfaitement ce qu'il faisait... - ; de longueurs souvent inutiles ; de poncifs récurrents ; et de quelques clichés également (voulus ou non).
À vouloir trop bien faire...

J'aurai sans doute aimé qu'il se lâche davantage - à l'image du Cycle de l'homme [reprenant « Les Arcanes du chaos » / « Prédateurs » / « La théorie de Gaïa »] ou du diptyque du temps [que composent « Léviatemps » et « le Requiem des abysses »], qui mettaient c’est vrai, la barre haut, très haut. Trop, peut-être ?


Cependant, il faut laisser à l'auteur son talent indéniable et tout ce qui le caractérise.
Ça reste un récit addictif, un page-turner haletant et un très bon Chattam au final - surtout si l'on évite les comparaisons qui viennent à l'esprit des plus acharnés des lecteurs de romans d'horreur et d'épouvante, des aficionados en somme ^^


« Et pendant ce temps, l'ombre grandissait, inlassablement. »


Oserez-vous suivre le Signal ?

Très bonne lecture à tout le monde !
Commenter  J’apprécie          664


critiques presse (1)
Liberation
07 décembre 2018
La route est très longue, le paysage des phrases de Chattam un peu plat, mais l’intrigue turbine avec régularité, dans quelques heures on sera arrivés, nous ne sommes pas pressés.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (253) Voir plus Ajouter une citation
- Vous saviez que le diable était à peine présent dans la religion pendant la première moitié de l'ère chrétienne ? Jusqu'au Moyen Age pour être précise. Une évocation parmi d'autres, un rôle très secondaire en somme. Tout à changé sur décision du pape. L'Eglise médiévale, profondément affaiblie par son clergé constitué de nobles et de corrompus, discréditée, loin du peuple, était en pleine dérive, en totale perte d'influence et à terme risquait gros. Des enjeux internes, financiers et politiques, des schismes possibles ébranlaient ses structures. A défaut d'avoir sonné la fin du monde comme l'Eglise l'annonçait, l'an mille résonna davantage comme l'annonce de son propre déclin. il lui fallait un ennemi à la hauteur, un levier colossal pour faire pression, se rendre indispensable à nouveau. Alors l'Eglise puisa dans ses mythes et fit jaillir de sa manche la figure des Enfers qui menaçait de corrompre les hommes s'ils ne s'empressaient pas de se blottir à nouveau dans son giron.

[…]


- Ne plus remettre en question l'autorité religieuse, unique réponse possible à la déliquescence du monde et au salut des âmes immortelles, voilà en résumé le tour de force du pape. Et donc reprendre en main une situation qui dérapait de plus en plus dangereusement pour l'avenir du christianisme, en usant de la peur et de la répression légitimée. Là-dessus, la peste noire décima entre trente et cinquante pour cent de la population, la guerre de Cent And frappa, entrecoupée de famines , et le diable en fut décrété responsable, avec l'aide terrestre de toutes celles et tous ceux qui avait cédé à sa dévotion. Ainsi naquit la chasse aux sorcières.
Commenter  J’apprécie          572
Prologue

Filant en pleine nuit, la camionnette ressemblait à un minuscule vaisseau
perdu dans l’immensité du cosmos. Entourée d’obscurité, elle flottait dans le
néant, guidée par ses phares blancs, comme propulsée par les lueurs rouges à l’arrière. La Ford se mit à tourner pour suivre la route à flanc de colline. Elle était seule sur des kilomètres à la ronde.

À l’intérieur, Duane Morris se concentrait pour ne pas perdre de vue le
ruban d’asphalte étroit qui défilait face à lui. Il était hors de question de
ralentir. Il devait maintenir une allure suffisante pour rester le moins de temps possible dans le secteur.

Le silence régnait dans l’habitacle feutré et cela lui plaisait. Pas de distraction avec la musique ou la radio, rien que lui et ses pensées, tout entier concentré sur un seul objectif : ne pas commettre d’erreur. Il fallait
reconnaître que dans son domaine Duane Morris n’était pas un amateur. Il
s’enorgueillissait même d’être l’un des meilleurs. Officiellement, sa plaque
indiquait qu’il exerçait la profession de détective privé, mais la plupart de ses clients savaient que ça n’était pas tout à fait exact. Le bouche à oreille
demeurait sa meilleure publicité, ça et son obsession du détail qui le rendait si doué au point que les deux tiers de sa clientèle, toujours satisfaits, étaient constitués du même pool d’entreprises fidèles à ses services. Duane n’avait pas besoin de faire de prospection, l’argent venait frapper à sa porte avec la régularité d’une marée.

Ses yeux descendirent un bref instant sur le compteur. Quatre-vingts
kilomètres-heure. Parfait. Il serait bientôt de retour sur la route principale et
de là sur l’autoroute en quelques minutes. Ensuite il serait invisible, le temps
de rejoindre Boston et le soleil se lèverait, il serait distillé dans le trafic et
l’anonymat du flux. De toute façon, Duane ne laissait rien au hasard. Jamais.
Même si une caméra de surveillance l’attrapait quelque part sur le chemin, la camionnette était intraçable. Fausses vraies plaques « empruntées » à un
véhicule du même type, elles feraient illusion en cas de contrôle rapide.
Autocollants leurres posés la veille sur la carrosserie pour la maquiller, ils
finiraient brûlés le soir même dans le poêle du garage, après que Duane aurait démonté les pneus pour en mettre d’autres modèles usés, mais au marquage totalement différent. Même si on analysait d’éventuelles empreintes de roues dans la terre, personne ne pourrait prouver que c’étaient les siennes après ça.
Duane raserait sa barbe dès son arrivée au garage, et il couperait ses cheveux pour changer d’apparence bien qu’il soit persuadé que la casquette qu’il arborait suffirait à masquer ses traits, surtout pour une caméra à la définition médiocre.
Une fois encore, il avait tout prévu. Il était impossible de remonter
jusqu’à lui.
De toute façon, se donnerait-on autant de mal pour ce qu’il venait de
faire ? Il n’était même pas certain que c’était véritablement illégal. Bon, en y
réfléchissant un peu, ça devait forcément l’être, mais pas au point de risquer
de la prison. Et puis cette fois-ci ses employeurs – première collaboration, ils
avaient obtenu son numéro par le biais de leur nouveau chef de la sécurité
avec lequel Duane avait travaillé par le passé – l’avaient grassement
rémunéré, et personne ne payait autant pour quelque chose d’aussi simple si c’était une procédure autorisée. Non, bien sûr que non. Sinon ils auraient
envoyé directement leurs propres gars sur place pour faire le boulot et pas
Duane Morris, en pleine nuit, avec la simple consigne « Personne ne doit
savoir ».
Duane avait dû suivre une formation éclair pour bien comprendre
comment opérer. Ça ne lui était jamais arrivé auparavant et cela l’avait
beaucoup amusé, même si en soi ce qu’il devait apprendre était ennuyeux. Il
avait procédé comme à son habitude : avec application, pour ne surtout pas
prendre le risque de rater son coup le jour J. Mais tout s’était déroulé à
merveille. C’était un jeu d’enfant. Ses employeurs seraient satisfaits. Une fois
de plus, Duane Morris avait exécuté sa mission à la perfection.
Pour se féliciter, Duane décida qu’il appellerait Cameron une fois tout son
travail de nettoyage effectué. Il avait mérité un peu de bon temps. Il se doutait que Cameron n’était pas son vrai nom, les escorts utilisaient des
pseudonymes la plupart du temps, mais il s’en moquait. N’en faisait-il pas
autant lui-même ? Tout ce qui comptait se résumait aux heures passées avec Cameron, et elles valaient le moindre dollar dépensé. Non seulement
Cameron avait une vraie petite gueule d’ange, mais son corps était de la
trempe de celui de ces statues grecques sculptées pour inspirer l’idée de
perfection. Duane ne put s’empêcher d’accompagner ces pensées d’un large
sourire. Cameron était son point faible, il le savait. Mais il restait un homme
et pas une machine, au moins dans sa vie privée.
Un virage prononcé rappela Duane à la réalité et il freina brusquement
pour ne pas sortir de la route, avant d’enfoncer à nouveau l’accélérateur, une
fois dégagé de la courbe. Maudite voie sinueuse. Dehors il n’y avait que le
noir, partout. Impossible de distinguer la moindre source de vie, ni le relief
pourtant imposant qui l’entourait. Pas une parcelle de lune ou d’étoile ne
filtrait à travers la couverture de nuages invisibles. C’était aussi surprenant
qu’effrayant.
Quelque chose attira brusquement l’attention de Duane dans le rétroviseur
intérieur. Il ne vit pourtant rien une fois les yeux levés dans sa direction.
Qu’avait-il cru percevoir ? Un mouvement derrière sa camionnette ? Le
suivait-on ? Non, c’était impossible, il l’aurait repéré depuis longtemps, et
puis rouler sans aucun phare, si rapidement, sur une route dangereuse, ce
n’était pas possible. À moins d’être équipé de lunettes de vision nocturne.
Un filet de sueur froide longea alors sa colonne vertébrale.
Seuls les types du FBI utilisaient ce matériel pour une filature discrète.
Avait-il les fédéraux sur le dos ? Pas pour une mission aussi futile, non,
c’était idiot…
Duane eut soudain la bouche sèche. Non que cette bêtise le préoccupât,
mais par le passé il avait opéré sur des affaires autrement plus importantes et hautement sensibles. Du genre à compter les années de prison par dizaines s’il se faisait pincer.
À présent il ne tenait plus en place. Ses pupilles passaient de l’asphalte
craquelé devant lui aux rétroviseurs pour s’assurer qu’il n’y avait pas un autre véhicule dans son sillage. Rien. Seulement le vide obscur à trois cent soixante degrés.
Duane donna un coup de frein pour éclairer davantage l’arrière de la
route. Personne, cette fois il en était certain.
Il avait rêvé. Son coeur commença à reprendre un rythme normal.
Puis il sentit de nouveau un mouvement dans le rétroviseur central. Et il
comprit. Tout son corps se tendit sur son siège.
C’était à l’intérieur ! Quelqu’un derrière lui sur la banquette ou dans
l’espace qui servait de coffre.
Duane se mit à réfléchir à toute vitesse. Qui pouvait être caché là ? Et
pourquoi ? Il ouvrit la bouche pour mieux respirer et après s’être assuré que la route était droite, il se pencha vers la boîte à gants pour y saisir son Glock 9 mm.
Il allait le lever pour allumer le plafonnier avec le canon, histoire de
montrer à son passager clandestin que la plaisanterie était terminée, lorsqu’il
se retint. L’autre pouvait se jeter sur lui et leur faire faire une embardée
tragique. Non, mauvaise idée. Mieux valait s’arrêter. Duane allait sortir pour
ouvrir la porte latérale, là il serait maître de la situation. Oui, c’était plus
malin.
Il regardait devant pour voir où stationner lorsqu’il capta un autre
mouvement dans le rétroviseur. Ses yeux remontèrent d’un coup et il la vit.
Une femme. En tout cas, elle avait des cheveux longs et gras en pagaille,
dissimulant une partie de son visage. Et dans la pénombre de l’habitacle, elle lui parut très pâle. Elle se tenait tout au fond du véhicule.
Qu’est-ce qu’elle foutait là ?
Duane lâcha l’accélérateur et serra la crosse de son arme.
Nouveau mouvement. Duane regarda le rétroviseur et, cette fois, elle était
assise sur la banquette juste derrière lui. Comment avait-elle fait pour aller si vite ?
Son coeur s’emballa et il ne put plus se contenir. Il leva son Glock pour
qu’elle ne puisse pas le manquer :
– Ok, la promenade est terminée ! Tu ne bouges plus !
Duane avait le souffle court, la voix moins menaçante qu’il ne l’aurait
voulu. Son propre corps était en panique.
– On va s’arrêter pour s’expliquer, toi et moi. Si tu approches, je te tire une balle dans le buffet, c’est clair ?
Duane vérifia dans le petit miroir si elle obéissait.
Il vit la femme écarter une longue mèche torsadée et, lorsqu’il aperçut sa
bouche tordue et ses dents grises, la peur l’inonda jusqu’au bout des doigts.
Commenter  J’apprécie          41
- Je vais vous dire : personne ne m'empêchera jamais de rouler ! Oh que non ! Les examens médicaux pour le permis, je veux bien, mais pas une stupide interdiction liée à l'âge. Et puis quoi encore, nous aurons bientôt tous une date de péremption obligatoire ? " Allez, mon bon monsieur, il faut y aller maintenant, céder la place aux jeunes, vous avez fait votre temps, il n'y a plus assez d'air frais et de nourriture pour tout le monde, soyez aimable et mourez !
Commenter  J’apprécie          548
- [...] Je vous le dis : je suis une fan. Je suis « appui » de connaissance !
Tom fut tenté de corriger l’expression avant de capituler.
- C’est un livre qui va parler de quoi ? enchaîna-t-elle.
- Eh bien, ce n’est pas exactement un livre, plutôt une pièce et...
- J’adore les romans policiers ! C’est mon genre préféré. En même temps vous deviez vous en douter, pas vrai ? Je n’ai pas le temps de lire, avec tout ce que je fais, mais j’adore les livres ! Ça donne un cachet dans une entrée, vous ne trouvez pas ?
Tom se massa le bas du visage. Il sentait que cette conversation allait être compliquée.
Commenter  J’apprécie          380
Elle redoutait chaque soir l’instant de vérité, celui où il devient difficile de fuir, de se mentir, lorsque l’oreille repose sur l’oreiller, qu’il n’y a plus un bruit sinon le lancinant battement de son propre cœur, que les pensées continuent, elles, de tressauter sans aucune velléité de s’estomper… Habituellement, son cerveau bien organisé lui projetait les listes de ce qu’elle avait oublié de faire dans sa journée et qu’il fallait faire basculer sur celles du lendemain ; puis suivait en général ce qu’elle avait mal fait, ce qu’elle aurait voulu changer dans ses actes, bref, rien que des choses assez peu positives pour rejoindre les bras de Morphée.
Commenter  J’apprécie          300

Videos de Maxime Chattam (111) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maxime Chattam
Retrouvez la série fantastique culte Autre Monde de Maxime Chattam, dans une nouvelle édition pour adolescents !
New York, de nos jours. Un blizzard exceptionnel s'abat sur la ville et plonge ses habitants dans le noir. D'étranges éclairs bleus rampent le long des immeubles, les palpent, semblent à la recherche de proies... le lendemain, le monde a irrémédiablement changé, les adultes ont disparu.
Retrouvez les deux premiers tomes: Tome 1 : https://www.albin-michel.fr/autre-monde-lalliance-des-trois-tome-1-9782226492289 Tome 2 : https://www.albin-michel.fr/autre-monde-malronce-tome-2-9782226492296
Nous suivre sur les réseaux sociaux : Instagram : https://www.instagram.com/albinmichelstories/ TikTok : https://www.tiktok.com/@editionsalbinmichel
+ Lire la suite
autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (7926) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur Le signal

Le roman se déroule dans une ville imaginaire nommée...

Castle Rock
Mahingan Falls
Maningan Falls
Maningan Hall

15 questions
74 lecteurs ont répondu
Thème : Le signal de Maxime ChattamCréer un quiz sur ce livre

{* *}