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3,73

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà. La décision est prise, je fous le camp en Patagonie. A la recherche du temps perdu ou de Florent Pagny. Un endroit loin de tout, et de tout le monde. Un lieu qui envoûte, qui exaspère, qui enchante, qui rend fou. Une folie douce, celle de voir les vagues s'échouer sur le rivage écorché de la Terre de Feu, celle de traverser la solitude de la pampa et de rencontrer des brigands, des nazis et des juifs, des mormons et des brontosaures. Un vagabondage nostalgique dans des terres si lointaines qui ne peuvent qu'émouvoir le pauvre type assoiffé de bières et de voyages littéraires. Tiens, perdu au milieu de la pampa, un vent qui dépoussière le poncho et fait voler le panama, un bouge perdu, hallucination divine, je rentre et m'installe au bout du comptoir. Je commande una cerveza, por favor, mi guapa. Au loin quelques nuées de fumée s'élèvent dans le ciel. le vent hurle plus fort. Je m'attends à voir rentrer dans le bar aussi bien un berger qu'un général Pinochet. Où donc a-t-il parqué ses moutons ?

Avant de débarquer dans l'inconnue Tierra del Fuego, je sors mon petit livre rouge, pas celui du communiste, ni même celui d'un dictateur d'extrême-droite. le mien a été écrit par un jeune anglais, décédé trop tôt, grand voyageur, grande âme, grand écrivain. Il raconte tout, l'Histoire, l'économie, la géologie, la politique, l'âme humaine, le soleil, la terre, le feu, le sel, les rencontres, les gens. Il ennuie par moment, il passionne par d'autres. Bruce Chatwin, une sacrée rencontre, mine de rien, mine de sel ou d'or ou de cuivre. Ce livre rouge est indispensable. Au même titre que pour franchir le Cap Horn l'envie se fait sentir de sortir au vent toute la littérature de Francisco Coloane, avant de m'aventurer dans la profondeur de ces terres, j'éprouve le besoin de lire les textes de Florent Pagny et ce long récit de voyage de cet amical anglais. Parce que toute la Patagonie tient dans ces 284 pages et 97 chapitres.

Bruce pose le pied à terre, l'envie de boire une bière et sort son carnet pour décrire les saveurs de cette bière et de cette terre…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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« Les matins d'Ushuaia commençaient dans un calme plat. de l'autre côté du canal de Beagle on apercevait la silhouette dentelée de l'île d'Hoste et l'étroit défilé de l'Angostura Murray qui mène à l'archipel Horn. Au milieu de la journée, l'eau se mettait à bouillonner et la côte disparaissait au loin derrière un écran de vapeur. Les habitants de cette ville, apparemment sans enfants, avaient le visage violacé et jetaient des regards peu amènes aux étrangers. »

Je n'avais encore rien lu de cet écrivain-voyageur, trop tôt disparu, qui fait partie des classiques du genre. Personnellement je place Nicolas Bouvier tout en haut de mon panthéon pour la littérature de voyage. Mais je dois reconnaître que Bruce Chatwin est un candidat sérieux à la seconde place.

Une enfance passée à rêver autour des aventures, notamment en Amérique du Sud, d'un cousin de sa grand-mère, le capitaine Charley Milward, lui donnera l'envie inextinguible de partir sur ses traces.

Chemin faisant, il parcourra la Patagonie en tous sens, Terre de Feu comprise. Il s'intéresse à la plupart des communautés très variées qui se sont acclimatées à ce rude pays au fil du temps. Chatwin est fasciné par les aventuriers, les hors la loi, les révolutionnaires aussi. Ce qui nous vaudra par exemple des pages sur le Royaume d'Araucanie et de Patagonie d'Antoine de Tounens ou Butch Cassidy en cavale…

Ce livre, qui a un côté savamment désorganisé, se lit avec beaucoup d'intérêt. J'ai aimé cette manière de sauter sans cesse d'un sujet à l'autre, en sachant qu'au final le tour des thèmes abordés sera complet. L'écriture de Bruce Chatwin est un modèle du genre. L'écrivain nous livre ses impressions, parfois déconcertantes, sans jouer les baroudeurs alors qu'il prend souvent des risques de se perdre en chemin.
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Écrivain explorateur et surtout marcheur, Bruce Chatwin nous entraîne dans d'incroyables histoires qui se sont déroulées en Patagonie à différentes époques, et y ajoute aussi ses propres rencontres.

Parfois on s'y perd un peu car ce carnet de voyage, composé de 97 chapitres très courts, décrit une multitude de personnages. Les portraits sont « croqués » en quelques mots bien choisis.

Finalement la Patagonie est très peuplée et héberge une galerie d'aventuriers : descendants de mineurs gallois, petits-fils d'Italiens, curés, Mormons, zoologistes, tondeurs de moutons. Bruce Chatwin nous relate des histoires d'Indiens Patagons, de révoltes ouvrières et d'attentats anarchistes. Il y a aussi Orélie Antoine de Tounens, ce français qui en 1859 s'est proclamé empereur des Araucans au Chili. Vers 1902, Butch Cassidy (de son vrai nom Robert Leroy Parker) y séjourna quelques temps, la Patagonie étant une cache idéale pour les hors-la-loi.
C'est un livre très bien documenté pour découvrir le sud de l'Argentine et du Chili jusqu'à la Terre de Feu.

Lecture conseillée avant de s'y rendre !
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Une mosaïque bariolée où s'entrecoupent des histoires de pionniers, explorateurs ou terriens, marins, mormons... ou bandits de grand chemin ; des descriptions comme des bulles colorées qui éclatent, en font un récit de voyage digne de Trelawney ou de Lévi-Strauss.
Peu à peu se dévoilent, au cours d'enquêtes, des pans de l'histoire non seulement patagonienne mais également mondiale, constellés de figures locales et d'hommes célèbres.
Le tout est aguichant.
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Il suffit d'un rêve d'enfance prégnant et durable pour qu'une vie bifurque au gré d'une aventure, d'un voyage …. Cette madeleine de Proust sera ici une peau de brontosaure (qui se révélera en fait de mylodon) encadrée dans un séjour anglais. La terre de cocagne et de mystère sera la Patagonie.
Ayant grandi, l'auteur part au pays des rêves d'enfance et y découvre une terre où sont venus échouer les déshérités : Allemands, Russes, Juifs, Anglais, Gallois … Chacun emportant avec lui un peu de sa culture, pacotille élevée au rang de Graal.
On y suit les pas de Butch et du Kid, de révolutionnaires revenus de tout, Orélie Ier roi périgourdin d'Araucanie mais aussi les premiers habitants qui semblent avoir été ensevelis sous terre sans laisser de trace comme les Araucans ou encore les Fuegiens.
Récit de voyage à la rencontre des rêves désabusés, de périodes révolues dans une nature immuable et âpre où la vie dure semble comme cristalliser l'humanité dans ce qu'elle a de plus ordinaire, où la solitude se fait l'écho de périodes disparues, où le passé est bien plus présent que le présent lui-même ….
Voyage mélancolique au milieu de nulle part
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De son périple en Patagonie, l'écrivain voyageur Bruce Chatwin tire une série de portraits des multiples rencontres qu'il a faites au cours de son voyage : éleveurs venus d'Ecosse, d'Angleterre, aventuriers, révolutionnaires, marginaux et histoires du passé se mêlent aux paysages sublimes de cette terre du bout monde balayée par le vent et où parviennent à pousser, tendrement protégés, quelques rosiers de l'ancien monde. Belle invitation au voyage...
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Bruce Chatwin : En Patagonie
Ed. Grasset 1979

C'est un souvenir d'enfance qui conduit Bruce Chatwin jusqu'au détroit de Magellan, à la Terre de Feu et au Cap Horn : un fragment de peau de brontosaure (?) ramené par Charles Milward, un cousin lointain et exotique. Ce fragment contemplé derrière une vitrine chez sa grand-mère éveille une vocation. Plus tard, une carte de Patagonie accrochée au mur chez Eileen Gray.
Nous sommes en 1976, le Chili de Pinochet, l'Argentine de Videla. Des juntes militaires dures, mais la Patagonie aux frontières qui sinuent entre lesdeux pays est si loin, si peu peuplée … Qui la peuple ? Des Gallois, des Ecossais, des Allemands, des Espagnols, des Russes, des Mormons,
jetés au bout du monde par les aléas individuels ou politiques. Ils se sont approprié les meilleures terres de cette immense région pleine de couleurs. Il reste peu d'Indiens : ils ont résisté longtemps mais ont fini massacrés, ou parqués dans des réserves, contaminés par l'importation de l'alcool et des maladies. Les tentatives de conversions par les missionnaires ont sauvé, comme en Afrique, des lambeaux de cultures et de langues objets de mépris, à commencer par celui de Darwin. Toutes les conditions sont réunies pour faire de la Patagonie un réservoir d'excentriques, d'aventuriers, de fermiers brutaux, de peones serviles, de pilleurs de banques, de bandits de grands chemins, de chômeurs en colère, de syndicalistes violents et de militaires répressifs. Certains d'entre eux sont des légendes vivantes, même après leur mort. L'odyssée du cousin Charlie, la cruauté du “Cochon rouge” massacreur d'Indiens, la virée argentine de Butch Cassidy et du Kid, le recueil par le Révérend Thomas Bridges de la langue des Yaghans, au bout du bout de la Terre de Feu sont des morceaux d'anthologie.
Ce sont ces régions aux histoires pleines de bruits et de fureur que parcourt Bruce Chatwind, logeant parfois à la belle étoile, parcourant d'autres fois des étapes de 60 km – les camions sont rares – en promenant son regard lucide, curieux et empthique sur un environnement humain ou naturel hors normes. Là où nous n'imaginons que brumes, pluies, grisailles et morosité, l'auteur nous peint des régions enchantées :

(…) Se dressant au-dessus d'une rivière d'un vert jade, ses parois (d'une meseta) formaient un rempart abrupt de 600 mètres, entassement de strates volcaniques zébré de rose et de vert comme une bannière de chavalier. Là où la meseta s'arrêtait, quatre montagnes, quatre sommets s'empilaient les uns sur les autres : d'abord une bosse pourpre, puis une colonne orange, un faisceau d'aiguilles roses et, au faîte, le cône gris cendré d'un volcan éteint couronné de neige.
La rivière se jetait dans les eaux turquoises d'un lac, le Lago Ghio. Dominant des rives d'une blancheur aveuglante, les falaises présentaient des parois tantôt uniformément blanches, tantôt rayées horizontalement de strates brunes. le long de la rive nord une bande herbeuse séparait les eaux de saphir bleu des lagons des eaux opalines du lac. Des milliers de cygnes à col noir piquetaient la surface. Les hauts fonds étaient roses de flamants. (p. 122)

Quant aux Yaghans nomades – on sait toute la passion que Bruce Chatwin éprouvait pour le nomadisme – l'auteur manifeste devant leur langue aux ressorts logiques si étrangers aux nôtres un étonnement admiratif ;

Les Yaghans étaient des nomades nés, mais ils n'allaient jamais très loin. Leur ethnographe, le père Martin Gusinde, a écrit d'eux : “Ils ressemblent à des oiseaux migrateurs qui ne tiennent pas en place et ne trouvent le bonheur et le calme intérieur que lorsqu'ils voyagent”, et leur langue révèle une attitude proche de celle du marin obsédé par l'espace et le temps. Car, quoique ne comptant pas jusqu'à cinq, ils définissaient les points cardinaux avec de minutieuses distinctions et lisaient les changements saisonniers comme on lit un chronomètre de grande précision. (p.197)

Et la peau de brontosaure, prétexte de la randonnée ?
C'était celle d'un mylodon ou paresseux géant.

En Patagonie tient du récit de voyage, du journal intime, de l'épopée, de l'ethnographie et de la sociologie. Grande culture de l'auteur, écriture parfois décousue mais “classe”, moments poétiques et mondes disparus ou en voie de disparition : les grandes croisières australes tellement mode à l'heure actuelle peuvent-elles donner ce sentiment d'aventure authentique et cette envie de découvertes que Bruce Chatwin réussit à insuffler à ses lecteurs ?
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"En Patagonie", m'avait particulièrement marqué à l'époque
Promu à un avenir brillant , il travaille pour Sothebys's .
Problèmes de vue et de vues , Allez !
Il largue tout, direction la Patagonie et road !

De mémoire ( approximatif ) , il avait dit :
"Une maison n'a juste besoin que d'un porte -manteau pour y poser son chapeau."

Dans en Patagonie, des anecdotes, entre journal de bord, carnet de voyages, journal intime....tout est si riche....
Par la suite, j'ai lu la quasi intégralité de son oeuvre, et chaque fois un plaisir recommencé.
Bonnes lectures
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[...] En Patagonie ne se contente pas de nous décrire un chemin et ne reste jamais centré sur son auteur-voyageur. C'est un roman résolument tourné vers les gens, ce qui le rend passionnant. Lire ce livre, c'est rencontrer les habitants de la Patagonie et écouter leurs histoires. Bruce Chatwin nous parle aussi bien de ceux qu'il a croisé en chemin que de ceux qui ont vécu sur cette terre il y a plus ou moins longtemps. C'est alors que le voyageur devient conteur, déployant sous nos yeux des histoires plus ou moins légendaires. [...]
Lien : http://federicoconejo.wordpr..
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Un peu déçue par ce récit de voyage que j'imaginais mythique.
Des très belles pages, et d'autres où l'on s'égare un peu, on perd le fil du voyage. C'est une belle galerie de personnages mais il manque un peu d'émotions, d'expériences du voyageur.
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