C'est un texte qui ne se livre pas comme ça.
Il pique, il grince, il émeut, révolte, percute. ..
Une famille toxique et maltraitante de province. ..
Un enfant qui croit trouver dans les coups
enfin, une marque d'attention.
On n'est pas chez les pauvres et le fric
est une arme de rétorsion.
La mère pourrait remporter un prix
pour son silence et son regard fixé ailleurs..
Ce garçon est élégant, doué, inventif..
Son père refuse qu'il soit danseur
alors qu'il pourrait intégrer
l'école de l'opéra de Paris .
Il decide d'être couturier, et ne permet alors
à personne de gacher son rêve.
Départ pour Paris où il vit dans la précarité
imposée par ses parents.
Il découvre le monde de la mode, de la haute couture.
Animé par le désir de réussir,
il travaille avec passion et sans relâche
ses dessins sont remarquables et remarqués...
Mais son enfance pillée le poursuit,
marque sa difficulté d'aimer,
d'accepter, et de vivre son homosexualité.
Deux fois par semaine, pendant quinze ans
il passe dix minutes chez sa psychanalyste
pour essayer de réparer la casse.
Ce récit est fiévreux, touchant ,heurtant.
C'est une mise à nu
Il faut l'accepter.
Son premier roman m'avait beaucoup plu.
Celui ci est encore plus fort ,du genre inoubliable .
"Dire" est le récit d'une instropection detachée de tout sentimentalisme, une écriture qui vise sans complaisance les maux qui rongent pour parvenir à s'en défaire coûte que coûte. Par la mise à distance que permet l'écriture et par la confrontation de deux voix qui s'entremêlent, celle de l'auteur et de sa psychanalyste décédée durant les attentats de Charlie Hebdo, Emmanuel Chaussade parvient à montrer comment l'on reprend possession de sa vie après avoir vécu divers épisodes traumatiques.
C'est un exercice réussi dans le portait en action d'une sensibilité acerbe que le langage structure. Un livre courageux et touchant !
Chaque lundi et chaque mercredi, durant 10 ans, le narrateur s'installe sur le divan, entendant indéfiniment cette même phrase « Alooooors ? Racontez-moi ! ».
Posant ainsi des mots sur ses démons, le narrateur évoque son enfance incomprise au sein d'une famille toxique, fermant les yeux sur les abus dont il a été victime. Il se rêve danseur mais son père lui interdisant, il s'inscrit aux Beaux-Arts. Sur Paris, la mode lui ouvre les portes. Hélas, cette ascension brusque le déstabilise. A-t-il droit au bonheur ? le voilà rattrapé par les maux qui le rongent depuis toujours.
« Dire blesse mais ne tue pas.
Les mots peuvent briser un enfant, ravager un adolescent, dévaster un homme.
Dire les mots à bras-le-corps pour donner du sens à sa vie. »
Dans ce roman court au style particulier, Emmanuel Chaussade nous dit l'essentiel. Ne passant pas par quatre chemins, il raconte les années de souffrance, de mal-être qui l'ont amené sur le divan de sa psychanalyste. L'auteur ne triche pas avec nous, tout est dit, posé, donnant la nausée par moment et l'envie de crier.
Une mise à nu rendant hommage à celle qui l'a écouté de nombreuses années et dont la vie a été arrachée par des terroristes.
Parce qu'aujourd'hui il ne peut plus lui Dire, il l'écrit et c'est talentueux à lire.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/11/12/39703644.html
2e livre très réussi d'Emmanuel Chaussade qui confirme les promesses entrevues dans « Elle, La mère ». Une écriture incisive qui retranscrit la thérapie psychanalytique de l'auteur pendant de nombreuses années sous l'égide d'Elsa Cayat, disparue tragiquement lors de l'attentat de Charlie Hebdo.
Coup de coeur conseillé et emprunté il y a peu. Voilà quelques temps que je n'avais pas été aussi piqué au vif. L'écriture est incisive, percutante et terriblement efficace dans les images. On souffre avec l'auteur, une émotion pointue et redoutable.
Véritable OVNI.
La beauté de la jeunesse se fane très vite
quand elle n'est pas intérieure
À quoi ça sert la guerre ? À rien. Quitte ou double. Il dit la vérité au médecin pendant les trois jours d’incorporation. Coup de poker. Réformé. P4. Débile léger. Réformé par le même médecin qui a exempté Yves Saint Laurent quelques années plus tôt. Avant de tamponner le document qui le libérera de ses obligations, le vieux militaire lui souhaite le même destin que son idole.
Il a enfin une chambre pour lui tout seul. Découvrir son corps qui se transforme. Quelques poils ont commencé à pousser au-dessus de son sexe qu’il n’arrête pas de regarder, de toucher, de malaxer. Érections jour et nuit bien malgré lui. Il est en apprentissage de son intimité. Il fait claquer sa bite tendue contre son ventre. Il enroule sa queue autour d’un stylo. Il étire ses couilles jusqu’à hurler en silence. Il a enfin une chambre pour lui tout seul. Trouver les réponses aux questions qu’il se pose à l’infini. Il a enfin une chambre pour lui tout seul. Se révolter. Être déboussolé. Être bouleversé. Adolescence entre vivre et mourir. À onze ans, il vit, il n’existe pas encore.
Il aime son métier mais le monde de la mode lui est de plus en plus insupportable. Monde sans profondeur et sans intégrité. Monde qui impose au lieu de proposer. Il ne comprend pas pourquoi, maintenant, les femmes sont fières d’exhiber des sacs et des vêtements aux initiales de leur fournisseur. Avant, les étiquettes se mettaient à l’intérieur. Achetés aujourd’hui à prix d’or. Fabriqués pour rien, clandestinement, à l’autre bout du monde. Accessoires et vêtements exposés au même moment, dans un décor identique, partout sur la planète. Il ne s’explique pas pourquoi les femmes qui adoraient hier détestent aujourd’hui.
Il confond tout. Il prend les coups pour des marques d’amour. Ils font attention à lui, puisqu’ils le cognent. Les coups, c’est sûrement ça l’amour. Il est debout, face à eux, face à leur violence. Il a décidé de ne pas tomber. Il ne se plaint pas. Même pas mal. Ce qui lui fait mal, ce n’est pas leur violence, ce sont leurs mots. Tous ces mots qu’ils lui crachent dessus. Tous ces mots qu’ils vomissent et qu’il ne comprend pas toujours. Mots qui ne sont d’aucun secours. Mots sans amour. Mots en rafale. Mots blessants. Il reçoit leurs mots et leur répond par des sourires insolents.
Denise, orpheline, débarque sur le pavé parisien avec ses deux frères...