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3,83

sur 263 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quel récit étrangement composé !
Le titre accrocheur et percutant m'a laissé suggérer qu'il s'agissait d'un témoignage sur l'inceste sous forme d'auto-fiction. J'ai pensé aussi que l'auteure s'attacherait à faire des liens avec la psychogénéalogie.
Et me voilà perplexe, déconcertée...

La première partie, bizarrement tirée en longueur, nous narre de manière romancée le comportement braconnier d'un aïeul durant la guerre à la fin du 19ème siècle...
Le chapitre suivant prend un ton factuel et nous amène à une cousine éloignée qui interpelle Sophie Chauveau sur l'inceste perpétré par son oncle et toutes deux observent les similitudes de leur vécu, puisque l'auteure, elle, a subi l'inceste infligé par son père...
Quelques chapitres nous décrivent toujours factuellement l'arbre généalogique et la longue série de membres de la famille incestueux. Leur "enquête" est une sorte de recensement, sans qu'une réflexion approfondie soit véritablement entreprise quant à ce troublant (et dérangeant !) phénomène de répétition.
Ensuite, l'auteure couche sur le papier comme couchée sur le divan d'un psychanalyste, les turpitudes de son père, le climat incestueux perpétuel, même aux yeux de tous, et loin de susciter la protection de sa mère, cette dernière banalisant au contraire ces attouchements inappropriés. Pis, elle se montre jalouse de sa fille pour laquelle son mari éprouve plus de désir...

Tout suinte l'infect, le sordide, l'impunité, la perversion. On ressent énormément à l'écrit que Sophie Chauveau a percolé chaque événement ou parole chez le psy. Tout est très analysé, intellectualisé, réfléchi, mis à distance. Pourtant c'est comme si tout n'avait pu filtrer et que des résidus toxiques demeuraient. Comme si l'auteure n'avait pu encore tout à fait métaboliser au-delà de la colère et que la plaie était finalement restée béante. Cela se conçoit évidemment, mais l'auteure achève son propos en se disant "guérie" de tout ça, qu'elle a pu pardonner, à elle-même surtout (car on le sait, les victimes portent la honte que devrait ressentir leur bourreau) et avoir pu se réinventer. Personnellement, j'ai des doutes, mais qui suis-je pour le dire.

Bref, cette lecture m'est apparue comme une sorte de règlement de compte familial et je me suis demandé si en l'état ce témoignage était arrivé à maturation et si en tant que lecteurs, nous ne nous trouvions pas mis à l'état de voyeurs. Quelque-chose m'a mise mal à l'aise, un peu comme si j'écoutais à la porte du cabinet du psychologue...

Je ressors en outre interloquée par la narration polymorphe et par ce qui se dégage à la fois de si intime et de si distancié, froid dans son expression.
Est-ce un récit qui manque de pudeur, à la manière de son père qui se promenait nu dans la maison avec ses mains baladeuses... Inconsciemment sans doute.
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Après avoir écrit son témoignage sur l'inceste subi, l'auteur est contactée par Béatrice, une cousine qui a subi le même sort.
Ensembles, elles vont remonter l'arbre généalogique de ce monumental inceste familial qui s'étend sur 4 générations. Les hommes ont pratiqué l'inceste, la violence, la naturisme et l'exhibitionnisme sans jamais être inquiétés par la justice. Difficile lecture sur l'inceste, l'ancrage familial machiavélique , le comportement et l'attitude de es hommes mais aussi la complicité active ou passive des femmes de cette famille. L'auteur retrace l'historique invraisemblable de l'inceste, le non dit, la honte pour les victimes celles qui parlent, celles qui ont fui...
Une écriture qui apparaît comme une thérapie, une volonté que le cercle infernal cesse enfin.
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Sophie Chauveau a eu l'audace de révéler l'inceste dont elle a été victime durant des années dans son roman, "Noces de Charbon". Suite à cette révélation, une cousine, Béatrice, prend contact avec elle pour lui avouer avoir vécu la même chose....
Les deux femmes vont alors croiser leurs souvenirs et remonter l'arbre généalogique d'une famille de parents incestueux sur quatre générations.
Les hommes, mais aussi les femmes s'échangent, les enfants ainsi que les petits-enfants sont "déniaisés" dans le lit des aïeux, les mains se baladent sur les corps à longueur de journée; car le corps de chaque membre de la famille appartient aux autres.
Etrange philosophie.
Cette fresque familiale racontée parfois sous une forme narrative, parfois sous forme de réflexion, questionnement personnel, comporte des passages choquant pour le lecteur ayant vécu dans une famille au comportement "normal". L'atmosphère y est étouffante.
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Sans remettre en cause le propos, l enquête minutieuse et oh combien édifiante, au bout d un moment, ça a été trop pour moi : trop d horreur, de sordide, d inacceptable et de répétition sans fin de cette perversité. Je n en pouvais plus, les pages me collaient aux doigts, j ai lâché l affaire. Ce n est donc pas un jugement c est juste que lorsque je sais que le récit n est pas de la fiction, l émotion monte et me fout en l air.
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En fait, j'ai abandonné ! Trop dur !
Je comprends parfaitement la démarche de Sophie Chauveau, d'autant qu'avec sa notoriété elle peut peut-être avoir une certaine influence pour faire avancer notre loi inique envers les criminels sexuels, en particulier à l'égard des enfants ! Comment peut-on encore aujourd'hui maintenir une prescription sur ce type de crime!? Sophie Chauveau explique très bien les dégâts terribles sur les enfants victimes de ces bourreaux souvent parents proches ! Elle rejoint la pétition de Séverine Mayer sur Internet qui s'est battue, avec tant d'autres, pour tenter d'obtenir l'imprescriptibilité de ces crimes lors du vote à l'assemblée au printemps 2018 ...
Et, de tout cela on retient également le poids du silence dans les familles où, souvent, les victimes sont jugées coupables !
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L'histoire commence à Paris en 1870, pendant le siège des prussiens. La ville est menacée par la famine, il ne reste plus à manger que les rats, les chiens et les chats. Arthur, petit épicier de province, a alors une idée géniale et criminelle : tuer et faire débiter par un ami boucher l'un des grands animaux de la Ménagerie du Jardin des Plantes.
Ce crime originel et symbolique, qui ne sera jamais puni mais au contraire récompensé, et fondera la fortune familiale, est à l'origine de la toute-puissance, de l'absence totale de limites et de la perversion impunie d'une lignée d'hommes qui, génération après génération, perpétuent l'inceste comme instrument de jouissance et de possession ultime.
Ce récit est aussi le morceau de bravoure du livre, glaçant, puissant, évocateur.

Les pages qui suivent décortiquent les conséquences de cette racine familiale criminelle, à travers les souvenirs collectés par deux cousines, Sophie et Béatrice, qui ont été victimes d'inceste. Leurs recherches montrent bientôt qu'elles ne sont pas seulement deux, mais que l'inceste est une pratique généralisée, ominprésente dans cette grande famille.
L'autrice décrit le climat d'irresponsabilité et de toute-puissance qui conduit les membres de la famille - surtout les hommes, mais pas seulement - à sexualiser leurs relations avec leur progéniture, à entretenir la confusion entre les générations, à jouir des plus faibles qu'eux sans remords et dans la plus totale impunité. La libération sexuelle est à la fois un attribut de la nouvelle bourgeoisie et un prétexte à tous les excès.

Un texte important pour comprendre comment la perversion s'installe et se propage dans les familles, jusqu'à ce qu'on ait le courage de lui tourner le dos pour la fuir, ou de la dénoncer pour y mettre un terme.
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Extrait Kobo lu suite au passage de Camille Kouchner à La Grande Librairie. Je n'irai pas plus loin. Les résumés me suffisent. Pas envie de voir détaillées par le menu ces générations de vilains affreux prédateurs familiaux salaces violents débauchés sans morale. Mais je respecte et admire l'autrice qui fait éclater cette vérité en la mettant en perspective historique. Sans ce livre, CK n'aurait pas écrit pour dénoncer son ignoble beau-père. Donc un livre indispensable. S'il n'existait pas il faudrait l'inventer. Mais de là à le lire ? Pas de temps pour ces horreurs...
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