AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lesaloes


Une trilogie couvrant le Quattrocento, l'âge d'or de Florence, notre quinzième siècle, à travers les biographies romancées de trois des représentants de la Renaissance italienne, tous natifs de la République florentine : Fra (frère) Filippo LIPPI, moine libertin et noceur, relevé de ses voeux par le Pape lui-même sur intervention personnelle de Cosme de Médicis, après ses relations sacrilèges avec la nonne Lucrezia - qu'il épousera - et deux des plus grands génies de la peinture universelle, son élève le mélancolique Sandro BOTICELLI, auteur entre autres de fresques de la Sixtine à Rome, des saisissants Printemps et Naissance de Vénus exposés aux Offices et enfin Léonard de VINCI (40 km à l'ouest de la cité) dont les trésors appartiennent au patrimoine de l'humanité.

Affirmons-le d'emblée, même si la réalité a pu dépasser la vraisemblance de la fiction romanesque, l'auteure S. CHAUVEAU ne brille pas par la justesse de la psychologie de ses héros : on en retient les tentatives laborieuses et parfois incohérentes de l'exploration des ressorts intimes de leur personnalité et son insistance et parti-pris trop lassants pour développer à longueur de pages les frasques et choix sexuels des protagonistes, prostituées pour Lippi, rapports homosexuels pour Boticelli et Vinci, dans ces milieux qui toléraient alors les nombreux artistes déclarés "invertis".

La trilogie vaut cependant par la reconstitution de la vie quotidienne et la chronologie historique de la République florentine, cité-état au sommet de sa puissance débordant des strictes limites de la métropole après l'écrasement de Sienne et de Pise, dominée, hors la parenthèse Savonarole, par les MÉDICIS, richissimes protecteur des arts, avec Machiavel, César Borgia et rois de France en guest stars. On suit Vinci dans le duché de Milan du condottiere Ludovic FORZA le Maure, plus de quinze ans de vie, où il peindra la célébrissime fresque de la Cène du réfectoire du couvent des Dominicains.

Le meilleur de ces récits, l'effervescence artistique. Au sein de ces villes stimulées par leur émulation, on demeure impressionnés par les communautés quasi familiales des ateliers de cette génération de génies, les rivalités et progrès de maîtres s'affranchissant à mesure des figures religieuses imposées pour transmettre leurs innovations à leurs pairs et disciples. Et surtout par la genèse des chefs-d'oeuvre ou la révélation des rapports entretenus par les peintres avec leurs modèles lors de leurs longs tête-à-tête créatifs : Lippi et Lucrezia en multiples Madones ; Boticelli, Simonetta Vespucci, la plus belle femme de Florence (morte à 23 ans) et Sandra Lippi le Printemps et La naissance de Vénus ; Vinci et les favorites de Forza La Belle Ferronnière et La Femme à l'Hermine et bien sûr la Mona Lisa de la Joconde.

Sur les traces de géants, une trilogie pour sentir, le temps de leur vie, le souffle d'un siècle foisonnant et respirer l'air éthéré des cimes.
Commenter  J’apprécie          72



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}