Dans ce tome 1 de ce que les auteurs ont nommé "Arthur une épopée celtique", le lecteur decouvrira le personnage clé de Myrddin (alias Merlin, même si jamais ce nom n'est mentionné dans ce tome).
"Myrddin le fou" est un être à part, un de ces déviants qui, loin d'être mis au ban de la société ou conspué, sera au contraire respecté voire craint. On suspecte qu'il ait été touché par les Dieux eux-mêmes.
Mais "fou", Myrddin le deviendra lorsqu'il se retrouvera au coeur d'une lutte fratricide, d'un déchirement entre fils de Bretagne, d'une escarmouche opposant des hommes qui auraient dû faire cause commune et faire bloc face aux menaces extérieures. Cet événement lui est insupportable car, avant tout, Myrddin est un défenseur des Kymry, de leur terre et de leur culture, face à des ennemis toujours plus nombreux et puissants.
J'ai beaucoup apprécié ce premier volet du fait de sa richesse. Étant peu familier des mythes et légendes celtiques, je ne peux que croire et aimer les versions présentées par les auteurs : outre celle de Myrddin (homme-enfant sans âge, qui disparaît comme par enchantement et réapparaît de la même manière, qui connaît les plantes et les animaux, prophétise toujours vrai et prodigue de judicieux conseils) on retiendra notamment plusieurs points qui doivent certainement reprendre des légendes plus ou moins connues : la terre offerte aux ennemis si tant est qu'elle tienne dans les limites d'une courroie ; le benêt qui avale par mégarde une potion de connaissance ; la chasse qui s'ensuit avec métamorphoses reflétant un lien particulier (et perdu) à la nature ; le seigneur voyant les travaux de son château défaits chaque nuit tant qu'il n'aura pas mêlé du sang pur aux fondations (croyance qu'on retrouve jusqu'aux confins de la romania et à l'origine de l'utilisation des "reliques" dans les bases des édifices) ; l'homme qui guide un ruisseau aux vertus curatives au son de son instrument ; et j'en passe pour vous les laisser découvrir toutes.
J'ai vraiment apprécié ma lecture d'autant qu'elle fait écho à la trilogie des elfes de
Jean-Louis Fetjaine qui, elle aussi, se base sur la légende arthurienne et débute à une époque où, certes Arthur n'était pas né, mais son père Uther n'était pas encore Pendragon.
À chacun sa version du mythe, à chacun sa vision des personnages, ses explications des faits merveilleux qui les entourent.
J'ai beaucoup aimé le travail des auteurs, que ce soit dans le rendu de la légende, dans les dessins, ou dans leur mise au point initiale au sein de laquelle ils regrettent la couleur nationaliste moderne que l'on veut faire prendre à tout ce qui touche à la culture celtique.
Le deuxième tome doit nous présenter Arthur, j'espère en sortir aussi enthousiaste.