[Librairie Caractères - Issy-les-Moulineaux- 29 août 2021 ]
Premier roman qui se passe dans le Paris des années 20.
Simone Rachel Kahn est une jeune femme de 23 ans, passionnée de littérature, de poésie et de philosophie ; elle deviendra la muse et l'épouse d'
André Breton.. . L'auteure est journaliste et philosophe de formation, et «
Simone » est son premier roman !
Simone, personnage féminin, pouvant nous agacer un moment, étant jeune fille de bonne famille…protégée , à la vie lisse… et puis on s'attache à elle, à cette personnalité qui se cherche, se questionne et refuse les facilités et les goûts conservateurs de son milieu
« Mais ils [
André Breton et
Simone ..] avaient le même intérêt pour la peinture, accueillant tous deux la modernité à bras ouverts et nourrissant un amour immodéré pour Mondrian, une bouffée d'air pur après des siècles irrespirables de belle peinture. C'était cela qui réveillait
Simone de ses torpeurs chroniques : l'expression artistique, cinglante, novatrice, volontiers marginale. Elle ne connaissait pas, en art, la frilosité et la tiédeur et toute sa vie-de son quotidien au choix de ses amis-était consacrée à se tourner vers un monde nouveau, plus radical et méconnu. (p. 83)”
…
Simone n'appréciait pas les « Dada », et plus particulièrement Tzara qu'elle trouvait franchement antipathique . Jeune fille de la bonne bourgeoisie, entre Paris, la Bretagne et Sarreguemines…Jeune femme assez désoeuvrée, en dehors de sa fascination et son attirance pour le Jeune
André Breton. L'ouvrage est fort intéressant, en dépit de quelques longueurs. Ce qui m'a le plus intéressée ce sont les descriptions et des personnalités de l'époque : la célèbre libraire,
Adrienne Monnier dont
Simone fréquente la librairie ,
Jacques Vaché, Picabia, Tzara,
Aragon, etc.
« Que pouvait-elle attendre de ces personnes qui se disaient "négativistes" ? Ils refusaient l'idée du progrès, se définissaient comme des " râleurs littéraires" et s'écriaient à tue-tête qu'ils désiraient abolir le désir. Avec, pour seule devise, la provocation immotivée. Ce qui, au mieux, amusait
Simone; au pire l'agaçait.
Au fil de la soirée et d'une discussion avec l'un d'entre eux, au fond de la salle, elle adoucit son jugement: ils se réunissaient pour outrepasser la guerre qui avait émacié l'Europe. 9 millions de morts....8 millions d'invalides. Les essais littéraires étaient une tentative de réponse aux bombes qui avaient explosé. La guerre était partout et courait entre les lignes, mais ils n'en parlaient jamais directement. C'était un principe qu'ils s'étaient donné. La guerre était devenue la grande absente de leurs textes, mais, insidieusement, elle les régissait. (p. 19)”
Ouvrage que j'ai lu rapidement, l'ayant choisi pour l'offrir à une amie…Ce roman n'a fait que passer très brièvement entre mes mains ! Une lecture instructive, agréable… qui décrit fort bien la période d'après-guerre, et l'ébullition intellectuelle qui a suivi ces terribles années… que chacun souhaitait oublier.
J'ai appris , par ce texte qu'
André Breton avait été bouleversé et marqué , ayant exercé comme infirmier sur le terrain…
« Elle [
Simone] avait été protégée. Par ses parents, par la vie. Peut-être avait-elle trop les mains propres pour apprécier toute la violence des Dada.
Breton avait, lui, senti de près les odeurs purulentes des plaies ouvertes.
Un jour, elle lui demanderait de lui raconter.
L'hôpital de Nantes où il fut infirmier. le 17e régiment d'artillerie. L'hôpital psychiatrique où il vint en aide à des soldats qui avaient vu de trop près le feu. Et l'hôpital du Val-de-Grâce où il avait rencontré
Aragon. Dada était né du sang et tentait de respirer à nouveau par les mots. Dada ne la touchait pas parce qu'elle avait été préservée. Parce qu'elle avait dormi dans du coton égyptien alors qu'ils étaient boueux et poussiéreux livrés à leurs cauchemars sur un lit de camp. » (p. 88)
Toutefois,
Simone, amoureuse, et dans l'admiration d'
André Breton, évoluera, affinera ses goûts et ses jugements au fil de leur grande histoire d'Amour… partagée !