Elisa

🍒 « Ce soir-là au-dessus des saules, au-delà du grand pré d'où parvenait un parfum de foin séché, le soleil se coucha rouge dans le feu qu'il allumait dans le ciel. »
(P.42)

🍒 C'est un petit village de la campagne française, dans les années 20. La vie s'écoule paisiblement dans le hameau familial, au sein de ce foyer modeste. Au début de l'automne de cette année-là, l'arrivée d'Elisa chamboule la vie du petit Jacques, à peine âgé de cinq ans. Orphelin de père décédé à la guerre, il déborde d'un amour qu'il voue entièrement à sa mère, un amour à sens unique, auquel elle répond avec effacement, avec résignation. Il n'est qu'un jeune enfant mais il cherche déjà sa place, « jeune-vieillard » dans les bras de sa mère, jeune frère moqué par les plus grands. Elisa, par sa beauté et sa légèreté, devient l'objet de toutes les convoitises : jalousée par l'intendante du hameau, présence rassurante pour la mère débordée, elle est aussi l'objet des désirs du jeune Jacques qui voit en elle la source de l'amour maternel qu'il n'a jamais reçu …

🍒 Entre attentes et espérances, matins ensoleillés et nuits humides, désir charnel et rêves innocents, Jacques Chauviré nous confie un récit intime, à la lisière de la chimère, entre réel et imaginaire. L'enfance est un univers de possibles, de démesure et d'infini : il ne connaît aucune limite, aucune frontière, aucune barrière. Elle est un monde d'affranchissement, de défi, d'absolu. A mesure qu'on en sort apparaissent les craintes et les doutes, les rivalités, les questions, souvent sans réponse. Avec lui, l'immobilisme.

🍒 Ce récit est celui d'une vie, un entrelacs de destins inséparables, il est le feu et l'eau, l'espoir et la déception, il est le début et la fin, et le début encore. Il n'est pas écrit, il est murmuré à notre oreille, fredonné tel un chant jamais écrit, raconté telle une histoire qui n'a jamais existé. Il est la poésie, la délicatesse, la fragilité, la douceur des plus belles histoires d'amour.

Ce petit livre m'a procuré un grand plaisir de lecture.
Le narrateur se souvient de l'arrivée d'Elisa , jeune bonne de 18 ans, venue aider sa grand-mère et sa mère dans la maison familiale située dans l'Ain.
C'est la fin de la grande guerre, le narrateur qui a 5 ans n'a pas connu son père qui est mort au champ de bataille, il vit chez sa grand-mère qu'il trouve sévère, avec son frère un peu plus âgé.
Il est encore « très collé » à sa mère, partage son lit et se sert de son sein comme d'un doudou !
Le récit est simple et sain , sans explication psychologisante.
L'enfant va tout de suite être très attiré par Elisa qu'il « s'approprie » et dont il voudrait bien toucher le corps, comme il touche celui de sa mère.
Avec cette relation, il est obligé de faire l'apprentissage de la séparation. Même si Elisa aime beaucoup l'enfant, elle vivra sa vie, quittera la famille pour se marier et le petit Jacques ira à Lyon pour entrer à l'école.
Ce livre véhicule beaucoup de tendresse, il est aussi un éclairage sur des modes de vie d'un autre temps. L'écriture est limpide.
La fin réserve une jolie surprise.
Jacques Chauviré, médecin généraliste et écrivain est un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaisse pas. !

C'est un language fluide de la description, simple et prégnante, telle un souvenir. Les termes sont calmes et touchants. Ils sont si proches de nous que l'on projette aisément, dans les histoires de nos ancêtres. Les racines fugaces, toujours contées sur le ton qui refuse de heurter. Un moment doux et affectueux.

Nous avons découvert, avec le très beau "Passage des émigrants", ce médecin de 88 ans qui s'est tourné vers la littérature sur le tard. Ses romans évoquent le plus souvent ses souvenirs personnels, dans un style classique, un peu suranné, mais toujours plein d'humanisme.

"Elisa" est le récit de l'attachement d'un petit garçon, orphelin de père, pour sa nourrice, Elisa. Elle lui apporte la tendresse que sa mère oublie de lui donner, et, nous le verrons à la fin, elle non plus ne l'oubliera jamais.