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EAN : 9782080274946
216 pages
Flammarion (02/03/2022)
4.27/5   43 notes
Résumé :
"Le 5 mai 2017, durant l'entre-deux-tours de la présidentielle, un tweet révèle des milliers de courriels de l'équipe d'En Marche. Il sera massivement relayé pour tenter de faire basculer l'opinion, et avec elle l'élection.Qui était à la manoeuvre de ces MacronLeaks ?Le GRU russe, qui aurait hacké les boîtes mail, l'alt-right, l'extrême droite française... et 20 000 bots, des robots pilotés par intelligence artificielle."D'élection en élection, une lame de fond s'ab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il ne s'agit pas là d'un énième livre se contentant de déplorer l'influence néfaste des réseaux sociaux sur notre tissu social. David Chavalarias, mathématicien et spécialiste en systèmes complexes, va beaucoup plus loin que cela : il démontre, à l'aide de dispositifs d'étude élaborés permettant une cartographie précise de ce qui se joue sur les réseaux sociaux (notamment Twitter, mais pas que), comment agissent et se conjuguent des phénomènes tels que les biais cognitifs inhérents à la nature humaine, les chambres d'écho, les bulles de filtre toxiques, la marchandisation des données sociales, les manipulations d'opinion assistées par IA, les ingérences étrangères (surtout russes) et, subséquemment, comment se forment chez les internautes occidentaux des opinions et des croyances d'une telle nocivité qu'elles mettent les démocraties en danger par la polarisation et la radicalisation qu'elles engendrent. Si vous en doutez, songez par exemple à l'avertissement majeur que constitue la prise d'assaut du Capitole par des hordes d'individus issus de l'Alt-Right et intoxiqués par QAnon, deux mouvances souvent elles-mêmes manipulées en sous-main de manière magistrale par l'IRA, l'organisation russe de propagande sur internet.
Et si ce qui s'est passé aux USA en 2021 n'était pas déjà assez inquiétant pour les démocraties occidentales, sachez que la France est, depuis 2017, dans le collimateur des mouvances et entités subversives américaines et russes susmentionnées, dont le travail de sape tous azimuts (contre les institutions, les médias, la communauté scientifique, etc.) est relayé et amplifié localement par l'extrême-droite et/ou les théoriciens du complot hexagonaux. Avec un succès indéniable si l'on en juge par leur influence grandissante auprès d'un nombre sans cesse croissant d'internautes, y compris auprès d'internautes dont les sensibilités politiques sont pourtant à l'opposé (quiconque observe attentivement les réseaux sociaux ne peut en douter).

Bon, je ne vais pas résumer ou passer en revue tout ce qui est développé dans cet assez court mais très riche ouvrage qui fait autant appel aux mathématiques, à la cybernétique qu'à la psychologie. C'est un cri d'alarme qui demande à être lu in extenso. Un cri d'alarme dont la lecture devrait peut-être même être rendue obligatoire pour quiconque navigue sur un réseau social ou dispose d'une carte d'électeur.
Moi, j'en suis sorti encore plus préoccupé que je ne l'étais déjà. Et, malgré l'intelligence des recommandations proposées par David Chavalarias dans sa conclusion (notamment celles pour des actions au niveau collectif), je suis extrêmement pessimiste : trop peu de responsables politiques et de citoyens semblent avoir pris la pleine mesure du danger que représentent et les réseaux sociaux tels qu'ils fonctionnent actuellement et les individus ou organisations qui les utilisent à des fins pernicieuses.
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A la tête d'une équipe de chercheurs du CNRS, L'auteur a scruté à la loupe la circulation d'informations sur les réseaux sociaux en général et sur Twitter en particulier. Les constats décrits, sont donc le résultat d'une démarche scientifique rigoureuse qui leur confèrent un valeur importante de témoignage et de cri d'alarme. de nombreuses techniques de manipulation des esprits et de leurs conséquences néfastes pour la démocratie sont exposées avec des exemples saisissants et nous alertent d'un grave danger imminent dont on n'a pas encore pris la mesure. Esquissant quelques pistes correctives, David Chavarias fait oeuvre de lanceur d'alerte dans cet ouvrage que tout citoyen adepte familier de l'usage des réseaux sociaux devrait lire pour en mesurer les limites.
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Autant annoncer la couleur, ce bouquin m'a vraiment enthousiasmée, et j'ai pris des notes telle une forcenée tout au long de ma lecture.

Son auteur, David Chavalarias, se propose d'étudier les messages des politiques postés sur twitter, et les liens que ces derniers entretiennent avec d'autres bulles informationnelles.

Je ne vais pas détailler ici les propos de l'auteur, d'autres très bonnes critiques ont déjà été publiées, mais si les termes / noms suivants vous interpellent, foncez sur le bouquin : astroturfing, chambre d'écho, bulles de filtre, biais de confirmation et de négativité, transparence des algorithmes, micro-communautés, data brokers, chatbot Tay, alt-right, 4Chan, capitalisme d'influence. Une sommité théorique au carrefour de l'information, des réseaux sociaux, de la politique et de la sociologique. le tout sous-tendu par des exemples bien explicités, qui donnent une profondeur différente à l'analyse des mouvements et évènements politiques entre 2015 et 2020.

A cette lecture, difficile d'être optimiste quand on voit les sournoises stratégies employables en ligne pour saturer l'espace public d'information et tenter d'influer sur les élections ; c'est surtout le renforcement de la polarisation des débats qui m'effraient, et que je remarque bien sur twitter où les uns et les autres s'accrochent à leurs positions, refusant de plus en plus de débattre avec quiconque aurait une opinion trop divergente de la leur. A défaut d'optimisme, le minimum est néanmoins de comprendre les biais auxquels on peut être exposé en ligne.

A lire, à faire lire !
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Un peu de sociologie vue sous l'angle de la data et des big tech ?
Etant dans le milieu de l'IT, je connais très bien la valeur des données, les cercles et bulles d'échanges, la primauté de l'affect sur le rationnel, la primauté du négatif face au positif...
Mais je n'avais pas conscience de leur pouvoir manipulatoire , au delà du simple commerce, de la transformation d'envies en besoins, de l'alimentation du consumérisme.
Merci donc à David Chavalarias et son équipe de recherche du CNRS pour leur travaux.

Si je me projette, avec l'IA, il est possible d'automatiser les fermes de bots (par cibles, par fréquences et par moments) et donc d'avoir une manipulation XXL via les divers canaux (réseaux sociaux ou sites "alternatifs").
Avec la théorie des grands nombres ou même celle du chaos, il est très certainement possible de modéliser les conséquences d'une telle démarche (ah si j'avais le temps et surtout les compétences !).

Dois-je préciser que je vous en conseille la lecture ?
Mais attention ! Avec les ressources en ligne, vous risquez d'y consacrer bien plus de temps que sa seule lecture ;-)

Livresquement vôtre
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Malheureusement, cet ouvrage à vocation informative n'est pas exempt d'un parti-pris conséquent dans son orientation idéologique, ce qui en dessert grandement le propos. S'il nous démontre bien une chose au fil de son déroulé, c'est que son auteur lui-même n'échappe assurément pas aux divers biais de sélection, confirmation, négativité, et influence sociale décrits malgré son expertise dans ce domaine, et qu'il est idéologiquement captif, lui aussi, de chambres d'écho et de bulles d'information algorithmiques. Ainsi, aucune nuance n'est apportée, et il évoque « l'extraordinaire avancée médicale du vaccin Covid » (p.95), l'utilité fondée des masques (p.60, alors qu'une revue systématique de la littérature dans la prestigieuse revue scientifique Cochrane démontre l'inverse), puis juge que des informations complotistes poussent des citoyens à aller manifester tous les samedis contre le passe vaccinal sans même questionner la privation de libertés fondamentales qu'il institue (p.101). Il s'étonne ensuite de la défiance grandissante envers des médias de masse qui seraient selon lui fiables, présente les sondages comme des outils au service de la société citoyenne et le fact-checking comme un outil précieux pour rétablir la « vérité ». Sa démonstration est à sens unique et ne questionne jamais l'influence des lobbies en ligne. Malgré quelques informations éparses et quelques perspectives de solutions à peine développées en fin d'ouvrage, Toxic Data manque son objectif de constituer un outil central dans l'éclairage de l'opinion publique concernant l'information numérique, trop partisan, insuffisamment nuancé -voire à sens unique, et trop peu informatif.
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critiques presse (1)
LeMonde
02 mai 2022
David Chavalarias propose une analyse critique de l'influence de Twitter ou Facebook sur les opinions politiques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Islamo-gauchisme:

La première percée dans l’imaginaire des Français s’est en effet produite en octobre 2020, quand Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, a accusé un député LFI d’islamo-gauchisme en plein hémicycle. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a planté le clou : alors qu’il était interrogé sur le meurtre de Samuel Paty 6, il a dénoncé les « ravages de cette idéologie » qui « de loin en loin, mène au pire », en ciblant directement l’organisation étudiante UNEF 7. Cependant la polémique est rapidement retombée.

Affaire classée ? Loin de là. C’était sans compter l’opiniâtreté de la chaîne CNews qui, en février 2021, relance le débat en invitant Frédérique Vidal à se prononcer sur ce concept jugé fondamental. La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation répond alors que l’« islamo-gauchisme » « gangrène la société dans son ensemble, l’université n’est pas imperméable ». Trois jours plus tard, à l’Assemblée nationale, elle persiste et signe en annonçant demander au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « un bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relèverait de la recherche académique et ce qui relèverait du militantisme islamo-gauchiste. Il n’en fallait pas plus pour lancer un débat national sur le sujet, le CNRS se fendant notamment d’un communiqué de presse au vitriol indiquant que l’islamo-gauchisme, « slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique 8 ».

Bref, cette intervention au plus haut niveau de responsabilité, ainsi que la réaction épidermique du milieu universitaire qui s’est ensuivie, a fourni à ce concept une visibilité inespérée. Frédérique Vidal a réussi à faire en deux semaines ce que l’extrême droite a peiné à faire en plus de quatre années : l’attention des Français et de la classe politique pour ce terme a été multipliée par 100 !
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L’intoxication numérique atteint les fondements même de nos démocraties en affectant le bon fonctionnement des élections présidentielles. L’issue du processus électoral a de moins en moins de chances de refléter la volonté des Français, et de plus en plus de risques de donner le pouvoir à un candidat qui n’a aucune intention de jouer le jeu de la démocratie (voir chapitre 12). Il est donc urgent de trouver un mode de scrutin moins vulnérable à ce nouveau contexte.

Un tel mode de scrutin existe : c’est le jugement majoritaire. Décrit en 2007 par deux chercheurs du CNRS, Michel Balinski et Rida Laraki 16, il se déroule en un seul tour et part d’un principe simple : pour permettre aux électeurs de choisir collectivement la personne la plus à même de les représenter, il faut qu’ils soient capables d’exprimer leurs opinions avec nuance et que l’ensemble de ces opinions soient prises en compte, les positives comme les négatives. Ainsi, le jugement majoritaire propose un nouveau principe de vote : on demande à chaque électeur d’évaluer tous les candidats indépendamment sur une échelle de valeurs, qui va de « à rejeter » jusqu’à « excellent ». Une fois les votes récoltés, tous les candidats ont le même nombre d’évaluations, et le candidat le mieux évalué l’emporte.
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Prenons un exemple issu de l’ancien monde. Coca-Cola a été, à une époque, dans le top 10 des entreprises à plus forte capitalisation au niveau mondial, comme l’est aujourd’hui Facebook. La communication de Coca-Cola est principalement axée sur le concept de rafraîchissement, comme en témoignent ses divers slogans depuis plus de cent ans. L’intérêt de l’entreprise n’est pourtant pas que vous soyez désaltéré, mais de vous donner soif, tout en vous faisant croire qu’un Coca-Cola va vous désaltérer ! L’astuce est donc de proposer une boisson dont le taux de sucre vous laissera une sensation de soif en bouche, tout en vous recommandant de la boire bien fraîche afin que, sur le moment, cela vous désaltère. Ainsi, c’est votre réfrigérateur qui vous rafraîchit – Coca-Cola vous donne juste l’envie d’en ouvrir la porte.
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En France, le Rassemblement national est le parti qui semble apprécier le plus la publicité ciblée sur Facebook. Il consacre plusieurs milliers d’euros par an à la promotion des pages Facebook de ses leaders, Marine Le Pen et Jordan Bardella, et de son parti (respectivement 25 000 euro, 30 000 euro et 15 000 euro entre avril 2019 et janvier 2021 14). La publicité politique étant interdite au cours des six mois précédant une élection présidentielle, les montants dépensés en campagnes publicitaires numériques sont bien moindres que dans d’autres pays. Mais rien ne dit que la situation sera la même lors des prochaines campagnes, car les pratiques évoluent très vite et il est relativement facile de contourner l’interdiction de publicité politique 15.
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La probabilité d’un basculement de notre démocratie vers l’illibéralisme à l’occasion d’une prochaine élection n’est plus négligeable, qu’il soit le fait d’un candidat clivant ou d’un candidat dédiabolisé. Et, comme le veulent les lois mathématiques, l’avènement d’un phénomène probable devient certain avec le temps ! Bref, on peut sans risque affirmer que, si nous ne faisons rien, le nombre de futurs présidents élus démocratiquement est désormais compté ! Pour reprendre une fausse citation du dictateur Kim Jong-Un dans une vidéo truquée 14 réalisée par l’ONG RepresentUs 15 : « La démocratie est fragile et peut facilement se briser ; tout ce que vous avez à faire, c’est… ne rien faire. »
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Vidéo de David Chavalarias
David Chavalarias vous présente son ouvrage "Toxic data : comment les réseaux manipulent nos opinions" aux éditions Flammarion.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2610232/david-chavalarias-toxic-data-comment-les-reseaux-manipulent-nos-opinions
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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