L'inconscient de l'islam

J'attendais beaucoup de cette lecture, censée nous fournir des clefs pour saisir ce que l'Islam a de particulier dans la structuration de l'inconscient des croyants.
Je reste sur ma faim, un peu agacée par le pédantisme du style de Malek Chebel qui abuse de termes savants et de formules alambiquées pour exprimer sa pensée.

Sa théorie de la Mère dévorante ne m'a pas convaincue, les imagos maternelles monstrueuses n'étant pas réservées aux musulmans.

Le chapitre sur la valeur littéraire universelle des Mille et Une Nuits est plus accessible et je ne peux qu'adhérer à cette prise de position pour la défense de ces contes devenus patrimoine de l'humanité.

Malek Chebel prêche pour une "modernisation" de l'Islam qui, tout en conservant la spiritualité du Coran et la valeur symbolique des interdits religieux, ne soit pas une religion castratrice et destructrice, mortifère et impitoyable, comme celle que veulent imposer les ayatollahs de tout poil.
Il prône une séparation du séculier et du religieux, de la politique et de la foi.

Par la barbe du Prophète, je pense qu'il a raison.

Malek Chebel a permis un certain regard sur l'Islam, même si celui-ci n'apporte pas grand chose sur l'inconscient et sa vision islamique, il n'en demeure pas moins que l'auteur a tenté de vulgariser une approche théologique pour permettre à tous de comprendre certains aspects.

Sur la base de thèmes spécifiques, le harem, le kamikaze, les livres, Malek Chebel tente de nous donner quelques clés pour comprendre le modèle du musulman véhiculé par les intégristes, définie certaines paroles du texte sacré utilisées "à l'envers" et utilise une base historiques pour appuyer ses propos.
Le livre débute sur la femme en tant qu'épouse mais aussi la femme captive du harem, ce harem que les califes et autres gouverneurs ont peuplé grâce à une pseudo guerre sainte utilisant la volonté d'islamiser les païens pour s'arroger de nouvelles femmes.

La femme comme objectif de guerre n'est pas propre à l'islam.

Ainsi Malek Chebel nous explique "l'histoire" et l'évolution du harem, sa psychologie et son organisation pour démontrer au final que les femmes mêmes enfermées avaient un certain pouvoir et comptaient bien en jouer.
Du coup on se rend compte que l'homme mélange la religion avec ses désirs propres.

Un autre point important: le kamikaze ! Il existe en effet des musulmans prêts à se sacrifier pour une idéologie qui n'est pas l'Islam.
Malek Chebel n'apporte rien de nouveau dans ce court essai, des choses déjà dites et redites à propos de l'Islam, du contexte historique et actuel, mélange dans un chapitre le Jihad et une explication sur les contes des Mille et Une Nuits qui peut paraître curieux au premier abord. le seul point intéressant est révélé dans le chapitre traitant du Ma(n)ternel, terme désignant à la fois la mante religieuse et le maternel en d'autres termes : la mère dévorante qui devient mère respectée qu'à la naissance d'un fils et qui acquière toute sa "puissance maternelle" qu'avec l'arrivée du rejeton, de la descendance tant attendue et expliquant ainsi l'importance donnée à l'homme. Je trouve cette théorie pas vraiment farfelue mais pas non plus exclusive au monde musulman, dans beaucoup d'autres cultures la naissance d'un fils et la protection abusive de la mère sur celui-ci est très marquée également.

En conclusion, cet essai n'apporte pas vraiment d'éléments nouveaux sur l'inconscient musulman, je dirais même qu'il est bien trop général et que les théories abordées pourraient s'appliquer à bien d'autres cultures et religions.
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