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EAN : 9782356410184
1 pages
Audiolib (15/03/2008)
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3.96/5   235 notes
Résumé :
Texte enrichi et lu par l'auteur.
Préambule lu par Jean Mouttapa.

« En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. (…) Ce qui est en jeu n'es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 235 notes
Le libraire qui m'a vendu ce petit livre m'a dit simplement "il y a, comme ça, des êtres de lumière.." Cela résume bien l'impression que m'en a laissé la lecture, pas si différente d'ailleurs des autres ouvrages de François Cheng même si, là, ses pensées sont directement adressées à notre compréhension, sans être distillées dans l'ambiance d'un roman. Et c'est un vrai bonheur de s'imprégner de ces réflexions... Qui ne s'est pas un jour interrogé sur le sens profond et intrinsèque de la perception du Beau ? Sujet de tant de controverses argumentées par les notions des différentes civilisations, qui s'achèvent inévitablement par un apaisant "chacun ses goûts !". Eh bien non ! Merci à vos précieuses méditations Monsieur Cheng, enrichies des concepts de l'Occident autant que de l'Orient, de nous délivrer de cette commode (mais rageante) tempérance : la beauté n'est pas qu'une affaire de goût des hommes, mais se situe à un "niveau plus élevé, plus en amont, plus proche de la source même de la Création". Et la Beauté a sans nul doute éclairé le chemin de votre âme pour guider votre plume.
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La beauté sauvera-t-elle le monde ?
Cette question est en exergue du livre de François Cheng, Cinq méditations sur la beauté.
On peut en effet sérieusement se poser la question et être épris d'un doute effroyable en ces moments où l'actualité nous montre une humanité malmenée chaque jour par la barbarie toujours présente, inlassablement, cette barbarie qui montre le visage le plus laid de l'humanité.
Le thème de la beauté pourrait aussi se révéler comme un sujet futile. Or il n'en est rien, car tout dépend de quoi on parle lorsqu'on convoque le thème de la beauté. Et c'est ce que je vais vous dire un peu plus loin.
Enfin, et je ne pensais pas être rattrapé par l'effroi de l'actualité des jours qui précèdent l'écriture de ce billet, parler de beauté à l'heure où le monde continue de s'effondrer encore un peu plus chaque jour dans la barbarie humaine, parle de beauté alors que la misère est omniprésente autour de nous ici et là dans presque chaque rue que nous empruntons au quotidien, parler de beauté alors que la nature est de plus en plus violentée par les catastrophes naturelles ou écologiques. Parler de la beauté, la belle affaire !
Oui mais voilà, parler de la beauté, c'est dire autre chose aussi... Casser certaines représentations, entrer dans un chemin de lumière qui irrigue et irradie d'intelligence. François Cheng au travers de ces cinq méditations sur la beauté m'a pris la main pour m'entraîner dans ce chemin inspirant.
A quoi bon alors parler de la beauté si ce n'est pas pour rendre l'homme au meilleur de lui-même ; et surtout risquer une parole qui puisse le transformer.
Parler de la beauté, c'est aussi en contrepoint garder une conscience lucide et aigüe de la barbarie de l'humanité. Parler de la beauté, c'est garder la laideur de la haine à distance.
Mais quand on parle de beauté, de quoi parle-t-on au juste ? D'un visage ? D'un regard ? du reflet d'une âme dans l'intériorité d'une personne ? du reflet de la nature dans toute sa splendeur ? de l'art aussi bien sûr ? Un poème ? Une sculpture ? Une peinture ? Un oratorio ?
Parler de la beauté avec autant de hauteur en ces temps futiles et troublés était une véritable gageure. Je trouve que François Cheng réussit à merveille à relever le défi.
Si j'ai été impressionné par l'érudition de l'auteur dans cet essai très riche, je serai nuancé sur d'autres aspects.
D'une part François Cheng, une fois l'effet d'étonnement franchi, enfonce beaucoup de portes ouvertes se contentant d'énumérer un peu comme un inventaire à la Prévert toutes les preuves existantes de la beauté dans notre humanité, citant ce que d'autres avant lui ont produit comme preuves.
D'autre part, François Cheng, homme croyant si j'ai bien compris son parcours, justifie à de nombreux endroits l'existence salvatrice de cette beauté comme preuve d'une existence divine. Or, cela en tant même qu'agnostique, je ne peux bien sûr l'approuver. Selon moi, cette part de beauté qui réside dans l'humanité, à travers différents actes et traces, est bien la preuve d'un libre -arbitre fondé, celui de l'homme, s'emparant de son seul destin.
Pour autant il peut y avoir un sacré, qui élève, qui nous grandit, qui aide à accomplir ou révéler cette beauté, quelque chose de plus grand que nous, c'est bien n'est-ce pas la définition du sacré, mais dans cette définition j'y vois aussi quelque chose qui appartient à l'humanité, qui relie l'universel à l'intime...
Mais pour revenir au texte de François Cheng, ce dernier s'appuie sur Platon pour dire que le beau est indissociable du bon et du vrai. Exprimé comme cela, disant ainsi la possibilité de la beauté, je me suis senti en agréable compagnie.
Et puis, François Cheng citant dans les premières pages de son livre un certain Charles Baudelaire, un de mes poètes préférés, pour étayer son raisonnement, non pas à charge mais au contraire dans le sens de son propos, j'avoue avoir été séduit.
François Cheng ne révolutionne aucune pensée ici. Il demeure très conventionnel, rappelant à notre mémoire ce que nous savons peut-être déjà, c'est la vertu du pas de côté, mettre en lumière notre richesse intellectuelle, notre héritage. À d'autres endroits, il m'a donné envie de lire des philosophes comme Socrate, Plotin, Saint-Augustin, Kant, Merleau-Ponty... Se détachant de la pensée de Hegel, qui m'a fait souffrir durant mes études en école prépa.
« Chaque être est virtuellement habité par la capacité à la beauté, et surtout par le désir de beauté », nous dit François Cheng.
Questionnant le sujet de la beauté naturelle que nous observons, résulte-t-elle d'un accident ? D'un hasard ? La naissance de notre humanité vient de très loin, elle est née d'une matière devenue vivante, façonnée par les temps.
C'est à partir de la troisième méditation que François Cheng aborde vraiment le sujet de la beauté s'entrelaçant avec l'être humain. Bien sûr on ne peut ni s'appesantir ni évacuer le sujet de la beauté physique. La beauté intérieure est présente, peut aussi revenir dans un regard, un visage, comme quelque chose de profond, caché, précieux, qui revient à la surface d'une eau. Malheureusement, j'aurais tant voulu croire ce que dit ici François Cheng : « Ayons la hardiesse d'affirmer que si tout visage de haine est laid, en revanche tout visage humain en sa bonté est beau. »
Dans cette déambulation, je fus ce petit oiseau venant me poser sur les pages de ce livre, passant d'une méditation à l'autre par quelques battements d'ailes, picorant de si belles inspirations. Un instant je me pose sur cette très belle citation d'un certain Jacques de Bourbon Busset qui dit que l'âme est la « basse continue » de chaque être, cette musique rythmique, presque à l'unisson du battement de coeur, et que chacun porte en soi depuis la naissance. Elle se situe à un niveau plus intime, plus profond que la conscience.
La quatrième méditation évoque la finalité du beau dans l'art, le beau produit dans l'art. C'est une déambulation très riche en érudition, mais au final le constat est relativement banal, déjà vu. Certes, citer Cézanne, Pissarro, Van Gogh, Renoir, Monet Sisley pour parler de la beauté en peinture paraît évident, mais à la fois presque conventionnel et dans une vision réduite si l'on considère comme l'auteur le précise, la beauté en art c'est quelque chose que l'on éprouve.
Plus tard, à la cinquième méditation, François Cheng m'a offert la possibilité de regarder la beauté dans le prisme de son héritage chinois, évoquant le qi, c'est-à-dire le souffle, à la fois matière et esprit, là où peut-être tout se relie et tout se tient. C'est sans doute l'endroit où je me suis le plus délecté de la pensée de François Cheng.
François Cheng est érudit, la richesse de cette érudition m'a ébloui, sa manière d'en témoigner, peut-être un peu moins, malgré une écriture incroyablement belle et pure...
Je referme ce livre, enthousiasmé par la lumière qui est venue se poser sur ces pages, j'ai été parfois déçu ou frustré à certains endroits. Il n'en demeure par moins un magnifique plaidoyer pour l'humanité que nous devons sauver coûte que coûte.
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Toujours aussi subtil que l'esprit de Monsieur CHENG , quel plaisir de le lire, avec sa maestria épistolière habituelle sur un sujet intéressant : la beauté. Il nous livre sa digression avec tellement de clarté, cette promenade philosophique qui me fait regretter de ne pas l'avoir croisé sur les bancs de l'école.!

Quelle magistrale poésie dans son propos ! chers profs de philo, seriez vous jaloux pour ne pas nous le conseiller ou l'étudier ?
Pendant ma lecture j'ai repensé comme un écho à un roman amusant d'Eric Emmanuel Schmitt "et si j'étais une oeuvre d'art"..; dans notre société où le PARAÎTRE et tellement plus important que le "PAS ÊTRE"...et les "canons de beauté" tellement relatifs ! Différents de l'Orient et de l'Occident, du Nord au Sud..

"La beauté de l'âme l'emporte sur la beauté physique"
Georges SAND
Je vous recommande cette lecture.
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Quand François Cheng se penche sur la question de la beauté, il nous entraîne dans une réalité pluridimensionnelle. Partant de l'univers dans lequel « nous sommes la conscience éveillée, le coeur battant de la matière », il explore la Beauté en s'appuyant sur les trois Idées platoniciennes - le Vrai, le Bien, le Beau - . Loin d'une vision angélique, pour le philosophe, la beauté n'exclue pas le mal puisqu'elle en est le pendant extrême.

Beauté de la Nature, beauté de l'être humain, beauté de l'art, beauté que François Cheng définit comme « le désir de chaque être de tendre vers la plénitude de sa présence au monde », une « présence rayonnante et reliante ». Parce que chaque être est unique et irremplaçable et qu'il porte en son sein cette capacité à la beauté, s'impose à lui un rapport au temps et à l'espace où la notion d'éphémère le renvoie à sa condition de mortel.

Ainsi la beauté conduit chacun à s'élever, se dépasser, se transfigurer. Elle ne se réduit pas à une beauté apparente, superficielle, artificielle destinée à séduire, manipuler, dominer. La Beauté est régie par une force bien plus puissante qui est le principe de vie, jaillissant du plus profond de l'Etre. En cela elle est reliée au sacré. La vraie beauté se nourrit de bonté. Elle y puise sa noblesse et la force de son rayonnement. La beauté inclue naturellement l'amour, la compassion, le sens de la justice, la dignité.

Enfin sur le plan de la création artistique, fort de sa double culture occidentale et chinoise, François Cheng, s'appuie sur ces deux grandes traditions esthétiques afin de dégager des critères pour juger de la beauté d'une oeuvre, l'art étant le résultat d'une rencontre, « d'un entrecroisement entre une présence qui s'offre à la vue et un regard qui la capte ».

Ces cinq méditations se dégustent avec délectation. Elles imposent la lenteur de la lecture, le temps suspendu de la pause, permettant de mieux goûter, la saveur du texte, l'intelligence des idées. Le regard se porte alors sur ce qui s'offre à sa vue, et peut saisir la beauté éphémère de l'instant…
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Un très bel exposé sur la beauté enrichi par la pensée chinoise qui alimente la réflexion sur ce thème. J'aime ces définitions de la beauté que propose l'auteur « la vrai beauté est celle qui va dans le sens de la Voie étant entendu que la Voie n'est autre que l'irrésistible marche vers la vie ouverte, autrement dit un principe de vie qui maintient ouvertes toutes ses promesses » et « la beauté est quelque chose de virtuellement là, depuis toujours là, un désir qui jaillit de l'intérieur des êtres, ou de L'Être, telle une fontaine inépuisable qui, plus que figure anonyme et isolée, se manifeste comme présence rayonnante et reliante, laquelle incite à l'acquiescement, à l‘interaction, à la transfiguration ». Elles mettent l'accent sur le processus évolutif suscité par la beauté. Il est beaucoup question aussi de la perception de cette beauté allant de son expression formelle à son aspect subtil et démontrant son universalité. La beauté est inhérente à la vie, sa perception elle, est subjective car dépend de la sensibilité de l'observateur. Toutefois il semble que dans le cas de cette qualité, le niveau vibratoire perçu ensemence un état vibratoire chaque fois plus subtil et entraine en cela la nécessité presque vitale de s'alimenter à nouveau à sa source. Ces 5 méditations sont un appel et une semence à nos propres méditations et un encouragement à l'ouverture et à l'élévation.
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Parce que le principe d'amour est contenu dans le principe de beauté, que l'amour découle naturellement de la beauté, et que celle-ci manifeste en outre ce qui advient de l'amour : communion, célébration, transfiguration.
Ajoutant aussitôt que cette beauté, en tant que valeur absolue, n'est nullement un astre inaccessible suspendu dans un ciel idéal. Elle est à portée de l'humain, mais se situe bien, nous l'avons dit, au-delà d'un quelconque état de délectation et de "bons sentiments". Elle comporte la prise en charge de la douleur du monde, l'extrême exigence de dignité, de compassion et de sens de la justice, ainsi que la totale ouverture à la résonance universelle.
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Chez Cézanne, la beauté est formée de rencontres à tous les niveaux. Au niveau de la nature représentée, c'est la rencontre entre le caché et le manifesté, entre le mouvant et la fixité ; au niveau de l'agir de l'artiste, c'est la rencontre entre les touches apposées, entre les couleurs appliquées. Et au-dessus de cet ensemble, il y a la rencontre décisive entre l'esprit de l'homme et celui du paysage à un moment privilégié, avec dans l'intervalle ce quelque chose de tremblant, de vibrant, d'inachevé, comme si l'artiste se faisait réserve ou accueil, en attendant la venue de quelque visiteur qui sache habiter ce qui est capté, offert.

Cinquième méditation
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En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l'univers vivant : d'un côté, le mal; de l'autre, la beauté.
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Pour nous en tenir à la seule Nature, il n'est pas difficile de dégager quelques-uns des éléments qui tissent le sentiment du beau que nous éprouvons tous :
la splendeur d'un ciel étoilé dans le bleu de la nuit
la magnificence de l'aurore ou du couchant partout dans le monde
[...)
Toutes ces scènes nous sont si connues qu'elles en deviennent des clichés. Notre pouvoir d'étonnement et d'émerveillement en est émoussé, alors que chaque scène, chaque fois unique, devrait nous offrir l'occasion de voir l'univers comme la première fois, comme au matin du monde.
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Mais pour nous en tenir au thème de la beauté, nous,
constatons qu'à l'intérieur de la présence de chaque
être, et de présence à présence, s'établit un complexe
réseau d'entrecroisement et de circulation. Au sein de
ce réseau se situe, justement, le désir que ressent
chaque être de tendre vers la plénitude de sa présence
au monde. Plus l'être est conscient, plus ce désir chez
lui se complexifie: désir de soi, désir de l'autre, désir
de transformation dans le sens d'une transfiguration, et
d'une manière plus secrète ou plus mystique, un autre
désir, celui de rejoindre le Désir originel dont l'univers
même semble procéder, dans la mesure où cet univers
apparaît en son entier une présence pleine d'une splendeur
manifeste ou cachée. Dans ce contexte, la transcendance
de chacun dont nous venons de parler ne se
révèle, ne saurait exister que dans une relation qui
l'élève et la dépasse. La vraie transcendance, paradoxalement,
se situe dans l'entre, dans ce qui jaillit de plus
haut quand a lieu le décisif échange entre les êtres et
l'Être.
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« Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie » de François Cheng c'est à lire chez Albin Michel.
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