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Critique de Bouteyalamer


L'article défini du titre - le livre - suivi d'une abstraction - le vide médian - donne à ce recueil une perspective étrange. Perspective mal éclairée par la préface qui propose une « Philosophie esthétique » fondée sur le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme, qui cite Merleau-Ponty, Shitao et Cézanne, et dont le dernier mot, Transfiguration, avec sa majuscule, évoque le christianisme. « Les sages de la Chine antique », nous dit Cheng, « distinguaient trois types de souffles émanant tous du souffle primordial et agissant de façon concomitante : le souffle yin, le souffle yang et le souffle du Vide médian ». Les contresens occidentaux s'effacent difficilement : le vide et l'inanité, à l'opposé du souffle de l'esprit que nous ne saurions assimiler au vide. Mais un recueil de poèmes n'enseigne pas la sagesse de la Chine antique et toutes les licences sont permises au poète.

On trouve ici une centaine de pièces généralement courtes, sans titre ni ponctuation, naturalistes dans les images, qui insistent sur les contrastes (sang, mort, naissance), sur la répétition cyclique et sur l'ambiguïté du monde (« chaque fois re-commencer le monde », « nous re-naissons », « in-attendu », « in-vu », « in-accès » etc.). La facture est classique : des stances (p 189), un art poétique (p 215), des pièces académiques. Par exemple (noter le encor) :
« Au bout de la nuit, un seuil éclairé
Nous attire encor vers son doux mystère
Les grillons chantant l'éternel été
Quelque part la vie vécue reste entière » (p 123)
Des jeux verbaux :
« Non dû mais don
Mais abandon
À l'endurance à la durée
D'où l'abondance inespérée
Tout don de vie abonde en don » (p 107) (Je demande pardon mais les rimes internes et en fin de vers évoquent le jeu badin repris par Hugo : « Triton trottait devant/Et tirait de sa conque/De si ravissants sons/Qu'il ravissait quiconque »).

François Cheng est aussi calligraphe et nous donne une vision digne des lavis de Shitao :
« L'étang derrière la brume
Trois pins à flanc de colline - depuis quand sont-ils là ? -
Se dévoilant d'un coup
Ils dévoilent la face de l'initiale lumière
Qui nous déchire
L'espace d'une aube » (p 44).
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