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EAN : 9782850185885
184 pages
Epi (30/11/-1)
3.62/5   8 notes
Résumé :
C'est un recueil d'André Chénier (1762-1794)- le plus grand poète français du XVIII ème siècle- qui comporte des poèmes choisies et qui constituent les premières versions de la poésie romantique naissante en France. Le recueil contient le fameux poème de "La Jeune captive" ainsi que les "Iambes", mais aussi une somme considérable d'odes et d'élégies.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
André Chénier n'est plus un poète réel qui a vécu au XVIII ème siècle, c'est un mythe; le mythe consacré par les romantiques (surtout Vigny). Ce recueil contient les deux tiers de son oeuvre poétique (connue). Les poèmes y sont divisés en quatre grandes parties (Poèmes, Élégies, Odes et Iambes). On constate ainsi la variété de l'oeuvre de ce poète de la beauté (beauté des rythmes, des vers, des sentiments...). Des poèmes épiques d'inspiration mythologique vers ces poèmes vindicatifs (les iambes) qui annoncent "Les Châtiments" de V. Hugo, en passant par les élégies (mythologiques) et les magnifiques odes qui regroupent ses poèmes les plus connus et étudiés. Les beaux poèmes et les poèmes forts il y en a plusieurs. D'abord cette ode à la jeune captive (trop jeune pour mourir) qui est l'une des pièces les plus touchantes et attendrissantes par la beauté de ses tableaux métaphoriques :

Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson;
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin:
Je veux achever ma journée.

Ensuite, il y a les élégies (sans titre) qui gardent ce ton émotionnel; avec des élégies destinées à la maîtresse rebelle. Aussi, on peut noter les longs poèmes dont "L'Aveugle" qui sont de très beaux poèmes où la mythologie est employée harmonieusement :

Dieu dont l'arc est d'argent, dieu de Claros, écoute ;
O Sminthée-Apollon, je périrai sans doute,
Si tu ne sers de guide à cet aveugle errant.

Enfin, il y a ces âpres Iambes avec leur rythme singulier:

Contre les noirs Pithons et les Hydres fangeuses,
Le feu, le fer, arment mes mains ;
Extirper sans pitié ces bêtes vénéneuses,
C'est donner la vie aux humains.
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Un recueil qui ne m'emballais pas au début mais c'est avéré de plus en plus intéressant. Au début nous retrouvons des muses, des héros, des poètes grecs et bien que la langue soit très belle cela manque un peu de coeur. Mais au fur et à mesure du récit on se recentre sur l'Europe puis sur la France puis sur le poète et ses textes gagnent en profondeur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
.................... Terre, terre chérie
Que la liberté sainte appelle sa patrie ;
Père du grand sénat, ô sénat de Romans,
Qui de la liberté jeta les fondements ;
Romans, berceau des lois, vous, Grenoble et Valence,
Vienne, toutes enfin, monts sacrés d'où la France
Vit naître le soleil avec la liberté !
Un jour le voyageur par le Rhône emporté,
Arrêtant l'aviron dans la main de son guide,
En silence et debout sur sa barque rapide,
Fixant vers l'orient un œil religieux,
Contemplera longtemps ces sommets glorieux ;
Car son vieux père, ému de transports magnanimes,
Lui dira : « Vois, mon fils, vois ces augustes cimes. »

Au bord du Rhône, le 7 juillet 1790

1787 - [p. 80]
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Quand au mouton bêlant la sombre boucherie
Ouvre ses cavernes de mort,
Pâtres, chiens et moutons, toute la bergerie
Ne s’informe plus de son sort.
Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine,
Les vierges aux belles couleurs
Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine
Entrelaçaient rubans et fleurs,
Sans plus penser à lui, le mangent s’il est tendre.
Dans cet abîme enseveli
J’ai le même destin. Je m’y devais attendre.
Accoutumons-nous à l’oubli.
Oubliés comme moi dans cet affreux repaire,
Mille autres moutons, comme moi,
Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire,
Seront servis au peuple-roi.
Que pouvaient mes amis? Oui, de leur main chérie
Un mot à travers ces barreaux
Eût versé quelque baume en mon âme flétrie;
De l’or peut-être à mes bourreaux...
Mais tout est précipice. Ils ont eu droit de vivre.
Vivez, amis; vivez contents.
En dépit de Bavus soyez lents à me suivre.
Peut-être en de plus heureux temps
J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune,
Détourné mes regards distraits;
A mon tour, aujourd’hui; mon malheur importune:
Vivez, amis, vivez en paix.
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L’épi naissant mûrit de la faux respecté;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l’été
Boit les doux présents de l’aurore;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui,
Je ne veux point mourir encore.

Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort,
Moi je pleure et j’espère; au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête.
S’il est des jours amers, il en est de si doux!
Hélas! quel miel jamais n’a laissé de dégoûts?
Quelle mer n’a point de tempête?
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L’innocente victime, au terrestre séjour,
N’a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n’est resté de lui qu’un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
Adieu, dans la maison d’où l’on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
La campagne d’été rend la ville déserte ;
Dans l’enclos paternel nous ne te verrons plus,
De tes pieds, de tes mains, de tes flancs demi-nus,
Presser l’herbe et les fleurs dont les nymphes de Seine
Couronnent tous les ans les coteaux de Lucienne.
L’axe de l’humble char à tes jeux destiné,
Par de fidèles mains avec toi promené,
Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N’inquiéteront plus nos soins officieux ;
Nous ne recevrons plus avec des cris joyeux
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
A bégayer les sons offerts à ton oreille.
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.
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"Le courroux d'un amant n'est point inexorable.
Ah ! Si tu la voyais, cette belle coupable,
Rougir et s'accuser, et se justifier,
Sans implorer sa grâce et sans s'humilier,
Pourtant de l'obtenir doucement inquiète,
Et, les cheveux épars, immobile, muette,
Les bras, la gorge nus, en un mol abandon,
Tourner sur toi des yeux qui demandent pardon !
Crois qu'abjurant soudain le reproche farouche,
Tes baisers porteraient son pardon sur sa bouche."
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Vidéo de André Chénier
André CHÉNIER – Un poète dans la Terreur (France Inter, 2015) Émission Ça peut pas faire de mal, présentée par Guillaume Galienne, diffusée sur France Inter, le 24 janvier 2015.
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