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Gérard Walter (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070101320
1120 pages
Gallimard (01/01/1940)
4.06/5   18 notes
Résumé :
ŒUVRES COMPLÈTES :
Poésie - Prose - Œuvres inachevées - Correspondance - Appendice [1940] . Édition de Gérard Walter, 1120 pages, rel. peau, 105 x 170 mm. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 57), Gallimard -oec. ISBN 2070101320.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
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L'Homère des temps moderne !

Beaucoup d'étudiants ont dû souffrir en lisant les longs poèmes d'André Chénier, très beaux, mais peu faciles à lire aujourd'hui, la longueur des poèmes pouvant en rebuter certains : bucoliques, élégies, idylles, épitres, odes et diverses poésies.

Chénier n'est publié qu'en 1819, après sa mort sur l'échafaud à 32 ans, le 25 juillet 1794.
Il est sans conteste le plus grand poète du 18ème siècle. Il parlait le grec à 16 ans. Marqué de culture antique, son oeuvre importante est inspirée des poètes grecs et romains dans un style très pur. Admiré par les classiques au 19e, les romantiques considèrent qu'il apporte un souffle nouveau à la poésie. Plusieurs s'en inspirent : Vigny, Hugo, Musset.
Sainte-Beuve : « André Chénier est un des maîtres de la poésie française et un de nos plus grands classiques en vers depuis Racine et Boileau. »
Victor Hugo parle d'un « romantique parmi les classiques. » et lui dédie un poème « À André Chénier :

Bucoliques - Extrait de « La nymphe endormie »
« Je sais, quand le midi leur fait désirer l'ombre,
Entrer à pas muets sous le roc frais et sombre
D'où, parmi le cresson et l'humble gravier,
La naïade se fraye un oblique sentier.
Là j'épie à loisir la Nymphe blanche et nue
Sur un banc de gazon mollement étendue,
Qui dort, et sur sa main, au murmure des eaux,
Laisse tomber son front couronné de roseaux. »

Certaines odes sont exceptionnelles.
Alors qu'il est emprisonné à Saint-Lazare, il compose pour mademoiselle de Coigny, incarcérée également, une Ode « La jeune captive »
Extrait :
« Ainsi, triste et captif, ma lyre, toutefois
S'éveillait ; écoutant ces plaintes, cette voix,
Ces voeux d'une jeune captive ;
Et secouant le joug de mes jours languissans,
Aux douces lois des vers je pliais les accens
De sa bouche aimable et naïve. »

Triste fin pour le poète. Il avait cherché la haine de certains révolutionnaires : Ode à Charlotte Corday à la mort de Marat, attaque de Robespierre et tentative pour sauver Louis XVI de la guillotine malgré qu'il soit un républicain convaincu. Cela faisait beaucoup…
Il aurait dit avant de mourir en se tapant le front : « Je n'ai rien fait pour la postérité, pourtant j'avais quelque chose là ! ». La légende dit qu'il serait monté à l'échafaud en lisant Sophocle et en prenant la peine de corner la page de son livre et de le glisser dans sa poche juste avant de trépasser.

Extrait des derniers vers d'André Chénier. C'est beau :
« Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphire
Anime la fin d'un beau jour,
Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre.
Peut-être est-ce bientôt mon tour.
Peut-être avant que l'heure en cercle promenée
Ait posé, sur l'émail brillant,
Dans les soixante pas où sa route est bornée,
Son pied sonore et vigilant,
Le sommeil du tombeau pressera mes paupières.
Avant que de ses deux moitiés
Ce vers que je commence ait atteint la dernière,
Peut-être en ces murs effrayés
Le messager de mort, noir recruteur des ombres,
Escorté d'infâmes soldats,
Remplira de mon nom ces longs corridors sombres. »

Comment ne pas reconnaître à la lecture de la poésie d'André Chénier que nous restons éblouis par un style, une intelligence, une culture, un talent, qui confinent au génie.

Une plaque sur le mur d'enceinte du cimetière Picpus à Paris rappelle son souvenir :
ANDRÉ DE CHÉNIER
Fils de la Grèce et de la France
1762 – 1794
Servit les muses
Aima la sagesse
Mourut pour la vérité

***
Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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André Chénier est ordinairement - et presque canoniquement - salué comme "le seul grand poète du XVIIIe siècle". Sans doute, c'est vrai. Mais c'est aussi l'un des plus grands moralistes et polémistes français par le courage physique et le talent littéraire. Bien plus que ses Jeunes Tarentines qui ont barbé des générations de potaches, je retiens - comme pour Valéry qui prolongea la veine - ses articles, ses libelles, son oeuvre en prose, limpide et lumineuse comme un cristal dans la nuit. C'est un éclaireur qui prend des risques à chaque phrase, qui prononce des vérités suicidaires, s'expose, se sacrifie. Il sait qu'il doit mourir, que la Terreur l'a condamné; il ne fuit pas, ne renonce pas: il serre les événements au plus juste, et c'est l'empreinte de la mort qui donne à tout ce qu'il écrit son caractère d'immortalité. André Chénier est un des rares écrivains chez qui l'homme et l'oeuvre ne font qu'un, chez qui la pureté du style répond à la pureté des intentions et les audaces littéraires à un courage saisissant. Quiconque aurait l'intelligence de le relire dans le climat para-révolutionnaire que nous vivons depuis trois mois serait impressionné des leçons qu'il contient...
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Évohé!
Aux amateurs ou simples curieux de la poésie classique, des nymphes des sources, de la République des lettres, et des polémiques politiques bien senties en défense d'un certain idéal des Lumières : il faut lire Chénier.
Par leur classe, par leur style ces vieilles choses sont rafraîchissantes.


Vous reprendrez bien une petite élégie pour la route...
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Il s'agit ici d'une oeuvre inachevée peu connue de l'auteur qui nous offre ici un drame qui démarrait bien mais qui n'a pas pu être conclu car l'auteur est mort avant d'avoir pu finir son oeuvre : on ne connaitra donc jamais la conclusion de ce drame et c'est bien dommage !
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Comme son nom l'indique, ce livre est un recueil des articles que l'auteur a écrit au fil du temps dans les colonnes du "journal de Paris" et son style y fait merveille car ce sont de vraie petites chroniques historiques qui nous sont offertes ici !
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
VII
LA JEUNE CAPTIVE

" L'épi naissant mûrit de la faux respecté ;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été
Boit les doux présents de l'aurore ;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui,
Je ne veux point mourir encore.

Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort :
Moi je pleure et j'espère. Au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête.
S'il est des jours amers, il en est de si doux !
Hélas ! quel miel jamais n'a laissé de dégoûts ?
Quelle mer n'a point de tempête ?

L'illusion féconde habite dans mon sein.
D'une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J'ai les ailes de l'espérance.
Échappée aux réseaux de l'oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel
Philomène chante et s'élance.

Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m'endors
Et tranquille je veille ; et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J'ai passé les premiers à peine,
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.

Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson,
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.

O mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les cœurs que la honte, l'effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts.
Je ne veux point mourir encore. "

Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix,
Ces vœux d'une jeune captive ;
Et secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliai les accents
De sa bouche aimable et naïve.

Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feront à quelque amant des loisirs studieux
Chercher quelle fut cette belle.
La grâce décorait son front et ses discours,
Et comme elle craindront de voir finir leurs jours
Ceux qui les passeront près d'elle.

p.185-186
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Invocation à la Poésie

Nymphe tendre et vermeille, ô jeune Poésie !
Quel bois est aujourd’hui ta retraite choisie ?
Quelles fleurs, près d’une onde où s’égarent tes pas,
Se courbent mollement sous tes pieds délicats ?
Où te faut-il chercher ? Vois la saison nouvelle :
Sur son visage blanc quelle pourpre étincelle !
L’hirondelle a chanté ; Zéphyr est de retour :
Il revient en dansant ; il ramène l’amour.
L’ombre, les prés, les fleurs, c’est sa douce famille,
Et Jupiter se plaît à contempler sa fille,
Cette terre où partout, sous tes doigts gracieux,
S’empressent de germer des vers mélodieux.
Le fleuve qui s’étend dans les vallons humides
Roule pour toi des vers doux, sonores, liquides.
Des vers, s’ouvrant en foule aux regards du soleil,
Sont ce peuple de fleurs au calice vermeil.
Et les monts, en torrents qui blanchissent leurs cimes,
Lancent des vers brillants dans le fond des abîmes.

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LA JEUNE CAPTIVE (extrait)

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J’ai passé les premiers à peine.
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.

Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin,
Je n’ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.

O mort ! Tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts ;
Je ne veux point mourir encore.

***
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La jeune Tarentine

Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.

Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.

Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de la cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L'élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage, et dans ce monument
L'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.
Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.

Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée.
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.
L'or autour de tes bras n'a point serré de nœuds.
Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.
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Dernières poésies
Extrait 3
 
 
Brillants d'un généreux orgueil.
S'il est écrit aux cieux que jamais une épée
N'étincellera dans mes mains,
Dans l'encre et l'amertume une autre arme trempée
Peut encor servir les humains.
Justice, vérité, si ma bouche sincère,
Si mes pensers les plus secrets
Ne froncèrent jamais votre sourcil sévère,
Et si les infâmes progrès,
Si la risée atroce ou (plus atroce injure !)
L'encens de hideux scélérats
Ont pénétré vos cœurs d'une longue blessure,
Sauvez-moi ; conservez un bras
Qui lance votre foudre, un amant qui vous venge.
Mourir sans vider mon carquois !
Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange
Ces bourreaux barbouilleurs de lois,
Ces tyrans effrontés de la France asservie,
Égorgée !... Ô mon cher trésor,
Ô ma plume ! Fiel, bile, horreur, dieux de ma vie !
Par vous seuls je respire encor (.... )
Quoi ! nul ne restera pour attendrir l'histoire
Sur tant de justes massacrés ?
Pour consoler leurs fils, leurs veuves, leur mémoire ;
Pour que des brigands abhorrés
Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance ;
Pour descendre jusqu'aux enfers
Nouer e le triple fouet, le fouet de la vengeance,
Déjà levé sur ces pervers ?
Pour cracher sur leurs noms, pour chanter leur supplice !
Allons, étouffe tes clameurs ;
Souffre, ô cœur gros de haine, affamé de justice.
Toi, Vertu, pleure si je meurs.
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Videos de André Chénier (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Chénier
André CHÉNIER – Un poète dans la Terreur (France Inter, 2015) Émission Ça peut pas faire de mal, présentée par Guillaume Galienne, diffusée sur France Inter, le 24 janvier 2015.
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