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Georges Buisson (III) (Éditeur scientifique)Édouard Guitton (Éditeur scientifique)
EAN : 9782868782335
544 pages
Paradigme (16/05/2005)
3.33/5   3 notes
Résumé :

L'oeuvre de Chénier n'a été divulguée que longtemps après la mort du poète. Les manuscrits ont connu un destin tourmenté : partages, refus de communication, incendie partiel en 1871... C'est sur un texte demeuré inachevé, fragmentaire, que les éditeurs successifs se sont penchés : aucun n'est parvenu à un résultat satisfaisant. Fallait-il renoncer à disposer d'une édition qui rende... >Voir plus
Que lire après Oeuvres poétiques, tome 1 : Imitations et préludes, Art d'aimer, ÉlégiesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici le premier volume d'une édition critique des oeuvres poétiques d'André Chénier, dont la courte vie ne laissa presque que des fragments, des brouillons et des essais, de génie faut-il le dire. Dans ce premier volume, on voit le jeune poème faire ses gammes et apprendre le métier des meilleurs maîtres, à savoir Horace et les Lyriques grecs. On ne cherchera pas spécialement une note personnelle (bien qu'elle y soit) dans ces textes, ni souvent l'originalité de la pensée (puisqu'il s'agit de gammes), mais on trouvera des vers magnifiques.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
(Élégies)

L'art, des transports de l'âme est un faible interprète ;
L'art ne fait que des vers, le coeur seul est poète.
Sous sa fécondité le génie opprimé
Ne peut garder l'ouvrage en sa tête formé.
Soit que le doux amour des nymphes du Permesse,
D'une fureur sacrée enflammant sa jeunesse,
L'emporte malgré lui dans leurs riches déserts,
Où l'air est poétique et respire des vers ;
Soit que d'ardents projets son âme poursuivie
L'aiguillonne du soin d'éterniser sa vie ;
Soit qu'il ait seulement, tendre et né pour l'amour,
Souhaité de la gloire, afin de voir un jour,
Quand son nom sera grand sur les doctes collines,
Les yeux qui rendent faible et les bouches divines
Chercher à le connaître, et, l'entendant nommer,
Lui parler, lui sourire, et peut-être l'aimer ;
Malgré lui, dans lui-même, un vers sûr et fidèle
Se teint de sa pensée et s'échappe avec elle.
Son coeur dicte ; il écrit. A ce maître divin
Il ne fait qu'obéir et que prêter sa main.
S'il est aimé, content, si rien ne le tourmente,
Si la folâtre joie et la jeunesse ardente
Étalent sur son teint l'éclat de leurs couleurs,
Ses vers, frais et vermeils, pétris d'ambre et de fleurs,
Brillants de la santé qui luit sur son visage,
Trouvent doux d'être au monde et que vieillir est sage.
Si, pauvre et généreux, son coeur vient de souffrir
Aux cris d'un indigent qu'il n'a pu secourir ;
Si la beauté qu'il aime, inconstante et légère,
L'oublie en écoutant une amour étrangère ;
De sables douloureux si ses flancs sont brûlés,
Ses tristes vers en deuil, d'un long crêpe voilés,
Ne voyant que des maux sur la terre où nous sommes,
Jugent qu'un prompt trépas est le seul bien des hommes.
Toujours vrai, son discours souvent se contredit.
Comme il veut, il s'exprime ; il blâme, il applaudit.
Vainement la pensée est rapide et volage :
Quand elle est prête à fuir, il l'arrête au passage.
Ainsi, dans ses écrits partout se traduisant,
Il fixe le passé pour lui toujours présent,
Et sait, de se connaître ayant la sage envie,
Refeuilleter sans cesse et son âme et sa vie.
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(Élégies)

Tout homme a ses douleurs. Mais aux yeux de ses frères
Chacun d'un front serein déguise ses misères.
Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui
Envie un autre humain qui se plaint comme lui.
Nul des autres mortels ne mesure les peines,
Qu'ils savent tous cacher comme il cache les siennes ;
Et chacun, l'œil en pleurs, en son coeur douloureux
Se dit : " Excepté moi, tout le monde est heureux. "
Ils sont tous malheureux. Leur prière importune
Crie et demande au ciel de changer leur fortune.
Ils changent ; et bientôt, versant de nouveaux pleurs,
Ils trouvent qu'ils n'ont fait que changer de malheurs.
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(Élégies)

Sur la mort d'un enfant

L'innocente victime, au terrestre séjour,
N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
Adieu, dans la maison d'où l'on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
La campagne d'été rend la ville déserte ;
Dans l'enclos paternel nous ne te verrons plus,
De tes pieds, de tes mains, de tes flancs demi-nus,
Presser l'herbe et les fleurs dont les nymphes de Seine
Couronnent tous les ans les coteaux de Lucienne.
L'axe de l'humble char à tes jeux destiné,
Par de fidèles mains avec toi promené,
Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N'inquiéteront plus nos soins officieux ;
Nous ne recevrons plus avec des cris joyeux
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
A bégayer les sons offerts à ton oreille.
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.
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(Élégies)

Les esclaves d'Amour ont tant versé de pleurs !
S'il a quelques plaisirs, il a tant de douleurs !
Qu'il garde ses plaisirs. Dans un vallon tranquille
Les Muses contre lui nous offrent un asile ;
Les Muses, seul objet de mes jeunes désirs,
Mes uniques amours, mes uniques plaisirs.
L'Amour n'ose troubler la paix de ce rivage.
Leurs modestes regards ont, loin de leur bocage,
Fait fuir ce dieu cruel, leur légitime effroi.
Chastes Muses, veillez, veillez toujours sur moi.

Mais, non, le dieu d'amour n'est point l'effroi des Muses ;
Elles cherchent ses pas, elles aiment ses ruses.
Le cœur qui n'aime rien a beau les implorer,
Leur troupe qui s'enfuit ne veut pas l'inspirer.
Qu'un amant les invoque, et sa voix les attire ;
C'est ainsi que toujours elles montent ma lyre.
Si je chante les dieux ou les héros, soudain
Ma langue balbutie et se travaille en vain ;
Si je chante l'Amour, ma chanson d'elle-même
S'écoule de ma bouche et vole à ce que j'aime.
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(Élégies)

Oh ! puisse le ciseau qui doit trancher mes jours
Sur le sein d'une belle en arrêter le cours !
Qu'au milieu des langueurs, au milieu des délices,
Achevant de Vénus les plus doux sacrifices,
Mon âme, sans efforts, sans douleurs, sans combats,
Se dégage et s'envole, et ne le sente pas !
Qu'attiré sur ma tombe, où la pierre luisante
Offrira de ma fin l'image séduisante,
Le voyageur ému dise avec un soupir :
" Ainsi puissé-je vivre et puissé-je mourir ! "
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Vidéo de André Chénier
André CHÉNIER – Un poète dans la Terreur (France Inter, 2015) Émission Ça peut pas faire de mal, présentée par Guillaume Galienne, diffusée sur France Inter, le 24 janvier 2015.
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