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Critique de MJF


MJF
24 décembre 2016
J'avais adoré la sensible intelligence de Sophie Chérer dans L'ogre maigre et l'enfant fou, et l'on ne cesse de me vanter La vraie couleur de la vanille, qui patiente pourtant encore dans ma pile de livres à lire. Malgré l'enthousiasme suscité par ces expériences, j'ai rapidement déchanté au contact des premières pages. le lecteur non initié à la culture italienne se perd entre ses deux histoires menées en parallèle qui présentent des personnages aux allures caricaturales. Après avoir pris le temps de relire le nom de l'auteure sur la couverture, j'ai heureusement décidé de poursuivre…


En effet, dès le chapitre suivant, le livre déborde soudainement d'audace et de force! La scène où Caroline, l'adolescente dans la mire d'Olivier, lit son texte en classe sur la baronne italienne en constitue d'ailleurs un moment fort. Devant la moquerie d'un camarade, elle n'hésite pas à foncer, tête levée, pour s'assumer et défendre vigoureusement ses idées. Ce passage est criant d'authenticité et pave la voie à un roman où les femmes et leur courage sont à l'honneur – avec un héros masculin! Se poursuivent donc l'histoire d'Olivier, qui part à la rencontre de la cultivatrice en Sicile et, en alternance, l'histoire d'une simple mère de famille italienne, aux prises avec un mari gentil, mais mafioso, et dont la vie changera à la suite de la télédiffusion d'un reportage sur des femmes de mafieux qui encouragent leurs consoeurs à émanciper leur famille du crime organisé.


Au final, si quelques passages peuvent sembler grotesques, l'essentiel n'en demeure pas moins solide. D'ailleurs, on peut se demander si ces passages n'étaient pas plutôt souhaités tels quels par l'auteure, illustrant ainsi la tendance de l'humain à flirter avec le ridicule. C'est ce que les mots justes et riches de son écriture chargée d'aisance laissent plutôt penser. Sa description du coup de foudre d'Olivier pour Caroline est à cet effet savoureuse!


« Avant[…] son prénom sonnait autrement. Il ne sonnait pas du tout. À présent, il l'apprivoise, il le repeint, il le polit. Il se sert de tout ce qu'elle a dit, des livres qu'elle lui a conseillés, des chansons qu'elle a chantées, des émissions de télévision qu'elle a regardées, des couleurs qu'elle a portées, pour s'approcher d'elle à son insu. Il se sert du fond du coeur. Il se sert du bout des ongles. […]Il prend appui sur le peu qu'il sait, le peu qu'il voit, pour aimer de toutes ses forces tout le reste, qui lui échappe. »


Et si d'autres scènes liées à la mafia peuvent paraitre tirées par les cheveux pour un jeune lecteur québécois, une rapide recherche Internet confirme la véracité de plusieurs aspects de l'histoire : la baronne, la révolte de femmes de mafieux en Italie et certains exemples d'enfants assassinés, pauvres victimes collatérales de milieux pourris par le crime. Malgré certains de ses défauts exposés, la culture italienne sort somme toute indemne du livre. La mafia est attaquée; la culture est encensée. Si le crime et ses fusils peuvent tuer bien des splendeurs, ils ne peuvent rien face à la littérature, l'amour, la musique ou… l'huile d'olive.
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