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Premier roman que je lis du chanteur du groupe Zebda, né à Toulouse de parents algériens. Je me régale de cette prose tantôt intellectuelle (BAC A5), tantôt le parler rebeu. Des concerts à droite, à gauche et un boulot où il écrase des steaks entre deux pains de forme rond où on lui impose le prénom Chris. La vie de quartiers de Toulouse, sa famille, ses potes, son groupe, ses émois amoureux. le combat d'être arabe ou français, la gauche qui passe au pouvoir, puisque l'histoire se passe dans les années 80. Qu'il est bon d'entendre les noms des chanteurs que l'on a aimé ! C'est frais, enlevé, une verve jubilatoire qui n'est pas sans rappeler San Antonio ou Audiard.
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Suite de "Ma part de Gaulois".
Magyd, bac en poche, a quitté le bercail.
Cette suite est pour moi un cran au-dessus, parce que c'est dans ce début de vie d'adulte où il est plus libre de ses faits et gestes que toutes les contradictions de Magyd explosent.
Empli de sa cité toulousaine et de ses origines algériennes, sur le calque des années 80 françaises, il nous raconte combien il est impossible de rejeter en bloc son éducation tout en voulant cracher dessus. Combien il est rude de s'entendre dire comment mettre sa singularité en sourdine, tout en voulant ressembler à celui qui ose aborder le sujet.
Un roman qui révèle la source de son militantisme sur scène à coup de mots bien sentis.
Ça éclabousse et ça forme.
Ajoutez à ça la truculence de sa plume, ça donne un témoignage qui mérite largement qu'on s'y arrête.
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Ce récit est un instantané de la société au milieu des années 80 avec son lot de racisme ambiant et les questions identitaires des français à qui on fait comprendre qu'ils ne sont pas vraiment français... Juste avec les formes de son prénom, le Madge, Madjid, Magyd, et même l'improbable et injuste Chris, les volte-face s'enchaînent! S'il est toujours le même au fond de lui, il est impossible de satisfaire à la fois les injonctions de ses potes musiciens, de ses potes d'enfance, de sa famille, et les exigences des regards que tout le monde pose sur lui. Ce n'est pas juste "avoir le cul entre deux chaises", la vie de Magyd est parfois à la limite de la schizophrénie car la musique le sauve mais le maintient tête dans le guidon et l'éloigne de certaines racines, tandis que tout engagement politique même associatif subit des jugements de toutes parts.
C'est une belle plume je le savais déjà car j'ai vécu quelques années en écoutant les textes de Zebda en boucle et en allant régulièrement à leur concert. Néanmoins je ne connaissais pas Magyd, je m'en rends compte maintenant car les messages passaient en priorité avant les individus. Ce récit m'a appris à quelle occasion la chanson "je crois que ça va pas être possible" a vu le jour. Ça sentait clairement le vécu à plein nez mais c'est toujours édifiant de faire vivre aux lecteurs et lectrices la situation comme elle s'est réellement présentée.
Bon, il faut quand même que je précise que le miroir déformant de ce récit qui se passe il y a presque 40 ans est glaçant tant notre société ne s'est pas améliorée. .. loin de là! Restons motivés!... Et merci à l'auteur, à Babelio et aux éditions Actes sud pour cet envoi.
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La part du sarrasin Magyd Cherfi Actes sud
1981. En France, cette date est synonyme quasi de révolution politique. En mai de cette année, avec l'élection présidentielle et la victoire de François Mitterrand, les adversaires du natif de Jarnac imaginaient voir débarquer les chars russes sur les Champs-Elysées à compter de juin. Mais Tonton, en stratège, a joué une partie d'échecs dangereuse pour désarçonner la droite ; se servir du Front National, faire monter le parti extrême et son leader Jean-Marie le Pen avec ses discours anti-immigrés que touhent un bon nombre de français issus de l'immigration à commencer par Magyd Cherfi qui livre son récit dans « la part du sarrasin », paru chez Actes sud.
Le Madge a quitté le nid familial, pas en très bons termes. Il fait de la musique, du rock, pas celle qu'on attend qu'il fasse, lui l'Arabe qui a eu son bac, le passionné de littérature et de chanson française. Il a quitté le quartier mais ne peut s'empêcher d'y retourner. Avec Pierrick, Djibou, ses acolytes, mais aussi Hélène et Riton, il tente de faire évoluer les représentations à son modeste niveau sans oublier ses combats. Mais le climat ambiant de montée du FN et de son arrivée à l'Assemblée Nationale n'est pas propice aux changements qu'il désirait.
Magyd Cherfi, chanteur de Zebda, poursuit son récit introspectif avec ici le début de sa vie d'adulte, de conscientisation politique et de déboires idéologiques, communautaires ou amoureux. Il n'est pas tendre avec celles et ceux qui ont jallonés cette période mais il est surtout dur avec lui-même et c'est ce qui faut de ce récit un témoignage coup de poing prenant de ces années 80 en province pour un arabe qui veut être avant tout vu comme le français qu'il est. Magyd Cherfi questionne avec humour parfois, gravité de temps en temps, et sans pincettes souvent le poids des représentations, de la religion, les éléments constitutifs d'une identité. Là où il est totalement crédible, c'est qu'il ne se revendique pas un titre de chevalier blanc. Il faut apparaître sans retenue ses failles, doutes, contradictions , tout cela dans une langue qui ravit le lecteur à chaque page. La part du sarrasin pourrait presque être classé comme un récit socio-historique mais ce serait nié à Magyd Cherfi le statut d'écrivain qu'il a sans aucun doute.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio, les éditions Actes Sud et Magyd Cherfi pour m'avoir offert ce privilège de lecture en tout début de la rentrée littéraire.

1981.
Le bac en poche, Magyd Cherfi quitte le cocon familial pour voler de ses propres ailes et vivre sa vie de jeune adulte.
À cette époque là, sa vie est rythmée par la musique, le rock et les petits concerts.
C'est le début du groupe Zebda et dans la cité où il n'a de cesse envie de revenir, certains s'interrogent sur la passion que voue Magyd à écrire des textes bien français et à l'amour qu'il porte à la littérature française.
Côté culture musicale, il s'inspire de Reggiani, Renaud, Brel, Sardou entre autres...
Au grand dam des copains de cité qui voudraient le voir chanter en arabe, une langue qu'il peine même à parler.
Alors la chanter, il ne l'envisage même pas.
Tout ça, Magyd Cherfi nous l'expliquait à merveille dans « Ma part de gaulois » que j'avais tant aimé ( coup de coeur de la rentrée précédente et listé au Goncourt)
Mais malgré cela, Magyd, qui ne souhaite en rien renier ses origines, se retrouve justement face à ses propres contradictions et c'est exactement ce qu'il décortique dans «La part du sarazin »
Comment être bien français quand on est né en France de parents algériens et comment ne pas être moins d'origine arabe lorsque l'on se sent Français avant tout.
Et comment surtout s'imposer et faire sa place face au sentiment de «  déloyauté » que l'on inspire aux autres fils d'immigrés, copains de cité ?
J'avoue du coup que j'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman au départ avec le sentiment de ne pas reconnaître l'écriture de Magyd au début , tant pour la forme que pour le fond.
Moi qui avait tant aimé « Ma part de Gaulois » j'avais cette fois beaucoup d'incompréhension.
Il m'a fallu quelques chapitres pour parvenir à comprendre le tableau qu'il nous dressait.
Et puis, piano piano au fil des pages, tout s'est éclairé pour moi et j'ai commencé à retrouver le style de narration à laquelle j'avais tant adhéré dans « Ma part de gaulois » et le plaisir de lecture s'est installé.
Ce sentiment contradictoire qu'il décrit est analysé avec beaucoup de justesse.
Et puis dans ce livre, outre cette difficulté à se positionner, Magyd nous évoque aussi ses premiers émois, ses premières amours mais aussi sa relation à ses parents. Et c'est très beau.
Et bien sûr, comme l'histoire se déroule à Toulouse, j'ai eu l'occasion de retrouver à travers les pages, des endroits qui me sont familiers.
Et enfin, une scène décrite dans ce livre et qui m'a renseignée sur les raisons d'écriture d'une des chansons du groupe Zebda.
Pour résumer, malgré mes quelques difficultés du début, j'ai pris du plaisir à lire encore une fois ce récit autobiographique de Magyd dont la maîtrise textuelle est prouvée depuis longtemps.
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Magyd Cherfi, ‘le Madge', qui a obtenu son bac littéraire dans « Ma part de Gaulois », nous partage dans ce récit fictionnel une nouvelle tranche de vie inspirée de la sienne, dans les années 80. Avec une belle écriture, vivante, imagée, il nous ramène dans son ancienne cité, nous fait rencontrer les caïds et les gamins, nous emmène écouter les cours de maths et les réunions dans le local associatif, nous embarque en concert dans des salles vides avec son groupe de rock, Zebda, qui tente de percer. La vie lui souffle en permanence le chaud et le froid, avec son lot de joies, de luttes, de hontes, de déceptions, de douleurs.
Amoureux de la langue française, le Madge est tiraillé entre deux cultures, il se sent profondément français mais il est perçu comme un traitre par sa famille kabyle et par les potes de la cité. C'est le moment de la Marche des Beurs, faut-il en être ou pas, à qui profite le mouvement ? le moment de la montée du Front National. le moment aussi où il tombe fou amoureux. le moment de faire des choix, et de se réconcilier.
C'est vrai, c'est juste, c'est tendre, drôle et violent à la fois, c'est touchant. C'est à lire.
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Après "Ma part de Gaulois", me voici plongée dans la suite, l'après-bac, les débuts du groupe qui deviendra, à la fin du roman, Zebda avec un contrat chez Universal et les premières grosses scènes. Dans cet intermède, rien de vraiment neuf : la même recherche identitaire, les mêmes tiraillements entre la culture d'origine et la culture française. Cette même difficulté à outrepasser les règles inculquées par les parents et plus globalement la grande famille algérienne, notamment en ce qui concerne les filles ou plutôt les femmes, ce qui parait "normal" pour les Français pure souche et qui ne l'est pas du tout pour les enfants d'immigrés. L'accent est mis aussi sur les fachos (épisode du concert où Magyd et Abdu se font casser la gueule juste parce qu'ils sont noir et arabe), mais aussi se voient refuser l'entrée d'une boîte de nuit... tout ce racisme dont ils n'avaient pas eu "connaissance" avant de sortir de la "cité".
J'aime assez, comme dans le livre précédent, cette prise de recul adulte, cette analyse de ses propres comportements qui ne sont pas forcément enjolivés, qui sont parfois bien débiles, irréfléchis, impulsifs, par cette libération via les mots et la culture française, c'est cru mais expliqué. On a toujours le même style parfois un peu brouillon, catalogue, il y a la cadence mais pas le liant, sans parler des "y" employés n'importe comment (il n'est pas un peu bourbonnais, au fond ? mdr).
En tout cas, ce sont des ouvrages qui m'ont apporté une "connaissance" plus juste, moins aléatoire, des jeunes qui vivent dans les cités, à cheval entre deux cultures, avec ce devoir de loyauté, avec ce manque d'espoir aussi. Choses que j'avais déjà découvertes il y a bien des années avec le film culte "La haine", mais ici en plus accessible, en moins violent puisqu'on se fabrique nous-mêmes nos propres images. Vraiment intéressant donc !
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