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Citations sur Ma part de Gaulois (94)

De ma banlieue nord hachés menus par une société qui a rêvé d’un « vivre ensemble » sans en payer le prix. Je raconte une fêlure identitaire, un rendez vous manqué. C’était l’année 1981, la gauche arrivait au pouvoir la besace pleine de l’amour des hommes et les premiers Beurs accédaient au bac. Le bac, une anecdote pour les Blancs, un exploit pour l’indigène. Tout était réuni pour cette égalité des droits tant chérie.
La promesse d’une fraternité vraie semblait frémir.Pourtant la rencontre de la France et de sa banlieue n’a pas eu lieu, elle n’a toujours pas vu la lumière car l’exception française persiste, celle d’être français et de devoir le devenir…”
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Elle nous dirait plus tard, dans son lit d'hôpital, qu'ils s'étaient jetés sur elle pour la simple raison qu'elle lisait un livre. Père et frère d'une seule main l'avaient déchiquetée pour un bouquin. Ils l'avaient avertie maintes fois qu'ils ne voulaient plus la voir lire (...)
Elle s'était dit : "Je vais m'en passer" et se contentait de quelques heures en notre compagnie pour lire. Puis un jour de malheur je lui avais parlé d'un livre démoniaque de Zweig, -Vingt-quatre heures de la vie d'une femme-, qui raconte l'histoire d'une bourgeoise à qui rien ne manque et qui abandonne tout pour vivre l'amour qu'elle croit vrai et le temps de vingt-quatre heures, elle finit par tout perdre.
Mon récit l'avait envoûtée et elle n'avait pu résister davantage. Ensuite ils l'ont surprise l'objet entre les mains (...)
Après avoir raconté ça, elle a ri en disant : "Quand ils m'ont attrapée j'avais fini le livre alors je pouvais mourir."
J'ai maudit cette illusion de croire qu'un livre vous sauve, un livre quartier nord ça vous écourte le passage sur terre. (p. 46-47)
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Je me remémorais nos années d’ados qui nous avaient vus tous les deux privés de foot et de jeux avec les copains, interdits de bon temps et d’aventures de cape et d’épée, sauf que moi j’avais trouvé un véhicule qui m’emmenait beaucoup plus loin que le terrain de foot : l’écriture. Lui s’ennuyait et rongeait son frein avec des envies de vengeance quand je rêvais d’en découdre avec les mots. Des mots qu’il n’avait pas. Il n’avait que l’élasticité de son corps pour s’exprimer, un corps allumé par une âme rancunière. Méchante mixture.
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Je me suis cru tiraillé, schizophrène et bancal, je ne l'étais pas plus que d'autres, sauf qu'habité par deux histoires qui se faisaient la guerre, deux familles hostiles, deux langues irrémédiablement opposées, me suis plu à être la victime expiatoire
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Un jour, j'ai utilisé le mot "éventuellement" (premier adverbe prononcé dans la cité) à l'endroit d'un copain qui me proposait une place de remplaçant pour un tournoi de foot, un tournoi de sixte. Un sixième coéquipier faisait défaut.
- Alors tu viens?
- Heu... Éventuellement.
Et là...
- Oh le casse-coquilles, tu peux pas répondre normal!
- Ben quoi?
- Faut toujours que tu nous sortes tes mots de l'école, on s'en branle de l'école de tous tes morts, parle comme tout le monde! (P.30)
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Dieu, tu comprends pourquoi les pauvres n'aiment pas partager ? A force de ne rien avoir jamais, ils ne rêvent pas de posséder mais de tout posséder (...)
Un pauvre c'est coléreux, ça montre sa richesse pour être sûr de faire mal, il a besoin d'éteindre un incendie de deux siècles parfois. Au fait, mes aïeux ? Depuis combien de temps tirent-ils tous les diables par la queue ? Non, ne répondez pas sinon je vais frapper ma mère ! Pourquoi ? Mais pour m'avoir engendré, tout simplement ! (p. 81)
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— Il n’y a rien de plus stupide que de courir derrière une balle qu’il faut domestiquer avec ses pieds. Un ballon, ça ramène l’intelligence au plus bas du corps dans ce qu’il a de plus laid, les pieds. C’est avec sa tête qu’on devient un homme, on la remplit d’abord et la vie mon fils t’apparaîtra comme du miel. Mon fils, c’est pas bien de se servir de ses pieds.
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(...) moi ça m'avait réchauffé le coeur de voir Agnès, Hakima et Hélène rire sans retenue, ça nous rappelait tout l'intérêt de notre job d'animateurs de quartiers, ici les mômes étaient vifs et osaient l'improbable, on s'ennuyait jamais. Avec eux l'étonnement toujours pointait le bout de son nez, et ça nous cinglait l'âme. (p. 52)
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Il a acquiescé goulûment. Ensuite, on s'est payé ce luxe inexistant en banlieue: le silence. Nous étions seuls, face à face, sans nul besoin de ces paroles qui essaient de tromper le vide. (p. 64-65)
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Putains de Français, vous n'en avez pas assez des victoires dans tous les domaines ? La littérature, les arts c'est vous, les guerres c'est vous, la fille aînée de l'Église c'est vous, la Révolution c'est vous ! Ne restent que des imitateurs !
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