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Critique de sandrine57


En 1981, les sondages donnent Mitterrand vainqueur de l'élection présidentielle et dans les quartiers Nord de Toulouse, on tremble. Pour les émigrés algériens, il est avant tout l'homme qui a crée les conditions légales de la torture en Algérie, il déteste les arabes, il va sans doute les renvoyer au pays. Mais pour Magyd, 1981, c'est surtout l'année du bac. Après des années à subir les quolibets des gamins de la cité, le nez dans les livres, la consécration est au bout du chemin. Une grande première dans ce quartier où l'échec scolaire est la norme, le CAP la seule voie proposée. C'est sûr, Magyd sera docteur ou ingénieur !

Dans un roman largement autobiographique, Magyd Cherfi, le parolier et chanteur du groupe Zebda raconte ses années de jeunesse dans une cité des quartiers Nord de Toulouse, l'histoire à la fois personnelle et universelle d'un jeune beur coincé entre deux cultures, deux modes de pensée, deux mondes. Tiraillé entre ses origines kabyles et sa ''part de gaulois'', Magyd grandit dans le double giron de l'école de la République qui prône l'intégration et l'égalité des chances et celui de sa mère qui a mis tous ses espoirs sur la tête de son rejeton le plus doué. Mais dans la cité, aucune protection, si on aime les études, les livres, la langue française, on est un traître, un pédé, à la botte des français : pas de partie de foot avec les copains mais des insultes et des tabassages en règles. Mais Magyd fait front. Il crée une association de soutien scolaire, anime un club de théâtre, milite pour l'égalité des sexes. La cité telle qu'il la décrit est un mélange entre les les amitiés solides, les liens crées par un parcours commun, une certaine joie de vivre méditerranéenne, des fêtes partagées et le mal de vivre de la deuxième génération qui n'a pas su ou pu trouver sa place dans une société française aveugle à la misère des banlieues, le repli sur soi, le communautarisme, la drogue, la violence. Magyd Cherfi se qualifie de schizophrène, résumant là les difficultés de ceux qui comme lui sont nés en France, sont français et que l'on renvoie sans cesse à leur condition d'''arabes''. On sent chez lui ce tiraillement entre ses deux cultures mais aussi le désir de pouvoir les concilier en étant tout simplement lui-même, ou un arabe ou un gaulois ou un beur ou un maghrébin ou un fils d'immigrés ou un français issus de l'immigration ou tout cela à la fois.
Chronique douce-amère qui n'occulte pas le côté sombre des cités avec la violence, surtout celle faite aux femmes, la délinquance, le rejet de la France, Ma part de gaulois et aussi un hymne à la jeunesse, à l'espoir, à l'accomplissement de soi, à l'amour maternel, à l'amitié, à l'intégration sans le renoncement à ses racines, à la France multiculturelle.
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