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Critique de Merik


A croire que c'est une mode, les chanteurs qui franchissent le mur du son pour tomber dans les lettres : Bob et son Nobel, Gaël et son petit pays, Magyd et son bac en cité...

Dans les quartiers Nord toulousains, ceux-là même de funeste mémoire qui ont vu naître un certain Merah, il n'est pas habituel que l'on traîne sur un banc avec un livre entre les mains. Et ça n'est pas une affaire de météo.
Magyd tente néanmoins l'expérience, au risque de récolter la panoplie d'insultes qui vont avec, de pédé à tarlouze en passant par des références à sa mère. Il faut dire que sa passion des mots est suffisamment forte pour tenter malgré tout ce contre-pied identitaire.
Enfin, "identitaire" est un bien grand mot dans ces quartiers d'errance, où les jeunes sont écartelés entre deux cultures si voisines et si distinctes à la fois. C'est ce dont souffre ouvertement Magyd, partagé entre la cité où les copains ne dépassent généralement pas la cinquième, et le lycée où les copains fantasment la pauvreté en jouant dans des groupes de rock déglingués.
Magyd construit malgré tout sa petite réputation de scribouilleur amateur de mots.
« -C'est sympa ce que t'écris.
Oh l'incroyable adjectif qui veut dire à la fois c'est nul et c'est bien. Maudit adjectif passe-partout qui permet le compliment sans affoler son destinataire, qui vous débarrasse d'une position inconfortable en proposant un pouf qui vous engloutit, qui flatte sans vous proposer les nues et qui n'est ni désobligeant ni porteur de louanges. »
La voie de la culture est donc celle qui fera entrevoir à Magyd autre chose que l'univers de la cité. Il y développera un réseau associatif de soutien scolaire et d'atelier théâtre, tout en passant le bac, chose que sa mère ne manque pas de lui rappeler...

le récit autobiographique du chanteur des Zebda m'a attrapé par le col pour me traîner sur le terrain des souvenirs. Je m'y suis revu, dans ces quartiers à forte mixité culturelle où j'ai moi-même passé mon enfance, malgré mes origines largement gauloises. C'est sûrement un de ses points forts à mon avis, cette authenticité qui s'en dégage, et qui lui donne des airs de roman historique des 80's. Plaisir accentué par la façon si particulière qu'a Magyd Cherfi de triturer les mots et les expressions, au risque parfois de perdre en fluidité dans la narration.

Bref, un bon moment de lecture, bien plus que « sympa ».
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