Photographe, c'est le premier métier d'Agnès Varda. Elle aime les gens, ça se voit et elle les photographie quand elle arpente les rues. D'ailleurs, plus tard, elle fera beaucoup de documentaires comme témoignage d'une époque.
Après avoir été la photographe attitrée du Festival d'Avignon et du TNP (Théâtre national populaire) de
Jean Vilar elle se rend à Cuba en décembre 1962 pour un reportage. Elle arrive à la Havane quatre ans après que le dictateur pro-américain Fulgencio Batista a été renversé par
Fidel Castro et son movimiento 26 de Julio. Il faut dire aussi que le projet de Varda s'inscrit dans la tradition des voyages d'artistes et d'intellectuels français à Cuba comme
Simone de Beauvoir, avec qui elle partage son engagement de féministe.
Agnès Varda va faire des photos en séries pour en faire un film "Salut les Cubains" avec un mélange de personnages du monde de la politique et de la Culture. Mais ses photos fixent surtout l'atmosphère de la Havane, la démarche chaloupée des cubaines, les danses de rue improvisées, la coupe de la canne à sucre, les défilés militaires et les discours du leader Maximo devant la foule qui montre des visages à la peau noire ou blanche dans une même admiration que suscite la révolution.
C'est assez original de faire un film à partir de photos. Ça ne retire rien à la qualité de ces photos en noir et blanc qui paraissent être saisie à la volée mais qui témoignent de la très grande acuité du regard photographique d'Agnès Varda.
Heureusement, le Centre Pompidou a fait découvrir ce travail photographique pour la première fois fin 2015 grâce à une exposition qui a eu lieu à Paris à la galerie de photographie, que je regrette de ne pas avoir vue. Mais je me rattrape avec c'est très beau catalogue d'exposition qui m'a été offert.